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Baker Films Production présente
La Vie en (Rose) Mauve

- Film concourant pour le 2ème festival du film d’Animation pour Enfants -  

 

La ville de Sunshine était le berceau d’un bon nombre de personnes heureuses, vivant sans se soucier du temps qui passait et où le malheur n’avait pour l’instant jamais fait son apparition. C’était bien simple : le soleil y avait sa place tous les jours et semblait y avoir posé ses valises également sauf que … le cadre n’était pas aussi idyllique et ça tout le monde le savait également mais personne n’osait en parler car il était interdit de tergiverser sur un sujet fâcheux. Ce sujet fâcheux se situait très exactement en face de la seule école primaire de la ville et dans chaque famille, le soir pendant le dîner, les citoyens parlaient devant leur télévision lorsque leurs enfants étaient couchés. Comme le soleil d’ailleurs, lorsque le noir avait pris place, il était donc maintenant autorisé de parler du sujet qui fâche : Le manoir et son propriétaire.  

Lugubre, sinistre, le manoir haut perché agaçait autant qu’il fascinait car bon nombre d’histoire circulait à propos de son jeune propriétaire, héritier d’une fortune colossale mais seul, horriblement seul à ce qui se disait. Mais chacun des habitants avaient forcément une pensée envers ce problème dont personne ne parlait le jour car grâce au soleil la tourelle centrale de la bâtisse projetait son ombre ténébreuse dans la cour même de l’école … une présence indésirable mais tout le monde faisait avec ce désagrément, les enfants en avait même fait un jeu : la longue colonne d’ombre dans la cour servait finalement d’immense cadran solaire. C’était bien le seul et unique service que donnait ce manoir à la communauté même si au fond, dans cette tourelle tout là-haut où était disposée l’unique fenêtre de la face avant de la bâtisse un grand gaillard sombre surveillait de près tout ce qui se passait dans la cour d’école.  

 

De gros doigts boudinés parcoururent la fenêtre ce matin, comme tous les matins d’ailleurs.  

Dans la pièce délabrée siégeait l’héritier des Kendalls, famille ayant fait fortune dans le commerce d’une poupée capable de prononcer des paroles !!! Une première dans le genre, un succès fabuleux à l’époque et qui l’était tout autant maintenant : tous les bambins avaient grandi avec cette poupée. Il s’agissait de Ken Doll, petit garçon ayant eu les traits de notre ami devenu maintenant difforme et laid, reclu dans le manoir de ses parents...  

 

 

- Il y a un peu plus d’une quarantaine d’années -  

 

L’histoire de Peter, puisqu’il s’agit de son prénom était plutôt triste car ses parents furent comme beaucoup de personnes ici à Sunshine, des habitants travaillant durement dans leur vie avec pour projet de vivre décemment dans une maison correcte à l’époque, il y avait de cela une quarantaine d’années. Franck et Anne Kendalls habitaient dans une chambre miteuse louée par le propriétaire du bar du centre ville. Anne Kendalls rendait service en bossant comme serveuse tandis que Franck Kendalls parcourait le pays en quête d’un job quelconque : il lui fallait ramener de l’argent, sa petite amie était enceinte et le petit allait naître dans un peu plus de 7 mois. Le délai fatidique arrivait à une vitesse phénoménale alors que le couple parvenait à peine à économiser un peu d’argent. Alors Franck Kendalls envisaga d’aller rendre visite à la boutique « Mystère et boule de gomme ». Une boutique connue de tous à Sunshine mais exclusivement ouverte la nuit, période propice à tous les mystères et Franck fut reçu par un homme tout de noir vêtu, un certain Monsieur Strange. La discussion qui s’ensuivit fut ténébreuse et enfin un accord fut trouvé : le propriétaire lui avait prédit un avenir radieux mais que lorsque leur bébé arriverait au monde. Franck devait impérativement l’apporter à cet homme dès que possible pour que la validation de la prédiction soit exaucée. Peter Kendalls arriva avec perte et fracas un beau jour du mois de juin, prématurément et les médecins annoncèrent que le bébé devrait être surveillé régulièrement. La maman se portait bien mais l’accouchement en lui-même fut compliqué et le bébé souffrit pour arriver dans ce monde et tout portait à croire que cela n’était que les prémices d’une vie esseulée et vide.  

 

Comme convenu, Monsieur Strange prit précautionneusement Peter Kendall, le bébé prématuré mais rien ne le trompait. Aussi, il mit en application ce qu’il avait prédit et conçut une poupée ressemblant trait pour trait à Peter Kendall. « Juste une chose Franck Kendall, faites un emprunt dès à présent et achetez une grande demeure vous allez besoin d’espace pour stocker » et c’est ainsi que le couple fit l’acquisition du manoir près de l’école.  

 

Et effectivement, alors qu’Anne Kendalls s’occupait du bébé à plein temps ; Franck fut surprit de constater que la prédiction de Monsieur Strange semblait porter ses fruits : de plus en plus de personnes à Sunshine découvrirent avec bonheur ce bébé parleur « Ken Doll » et les petites filles tombaient littéralement amoureuses du joli baigneur : les commandes affluaient à n’en plus finir. Franck fit face dans un premier temps mais il fallut se rendre à l’évidence qu’il fut submergé très rapidement alors qu’en parallèle Anne constatait avec horreur que le masque de douleur du bébé pendant l’accouchement commençait à le défigurer complètement. A ce moment précis de l’histoire, le manoir était d’une vie débordante entre les commandes du succès « Ken Doll » et la vie du couple à côté.  

Mais tout se dégrada très vite, la santé de Franck comme l’aspect physique de Peter devenu imposant, laid. Anne rejoignit dès que possible l’activité de son mari pour l’aider à supporter le poids du projet pendant que leur rejeton vivait aux dépends des aléas de la vie. Brimades, moqueries, Peter subit de plein fouet la vie et dut se débrouiller seul, en tentant de répondre lui-même à ses propres questions. Pourquoi suis-je devenu comme cela ? Pourquoi suis-je différent des autres enfants ?  

 

Peter devenait le boulet et ses parents s’engouffraient dans leurs activités professionnelles à en mourir … ce qui fut le cas bien rapidement. A l’âge de 33 ans, Peter se voyait à la tête d’une société familiale d’une richesse phénoménale grâce à un quiproquo extraordinaire : lui qui était devenu si difforme maintenant était riche grâce à une poupée lui ressemblant trait pour trait alors qu’il était bébé. La mort des deux parents signa l’arrêt définitif de la production des poupées et Peter Kendall resta définitivement dans la demeure de ses parents, portant le deuil douloureux de leurs morts, de cette injustice qui lui était tombé dessus et de cette difformité que tout le monde lui avait pointé du doigt … C’était décidé, si le soleil et le jour était synonyme de moqueries en tout genre, il sortirait la nuit et vivrait de cette manière aussi longtemps que possible …  

 

- De nos jours -  

Les yeux hagards de Peter virevoltaient devant la fenêtre, comme à son habitude il comptait les enfants dans la cour. « 33, 34 et 35 … c’est bon les enfants vous pouvez rentrer » fit Peter, seul, dans la pièce. Il se mit péniblement debout, le parquet craqua sous son poids, puis il marcha lentement vers le fond de la pièce pour faire couler l’eau du robinet. Il se pencha et but à même le robinet. Il soupira longuement, puis fit le tour de la pièce … Du verre était répandu un peu partout dans la pièce, notamment sur son lit … celui de ses parents également.  

Le verre provenait d’un miroir, de tous les miroirs que Peter avait cassé, ne supportant de voir une fois de plus son reflet. Il rejoignit de nouveau la fenêtre et regarda l’ombre de la tourelle dans la cour « 16h30 … dans 8 heures je pourrais sortir tranquillement » fit Peter.  

L’homme depuis des années maintenant se tenait prêt à sortir et vivait essentiellement la nuit, à l’écart des regards inquisiteurs et curieux. Qu’il était bon de respirer cet air si frais la nuit, pas ou peu de personnes dans les rues, Sunshine était à lui et le soleil n’avait qu’à bien se tenir car même lui ne pouvait révéler au grand jour son aspect difforme qu’il détestait tant …  

La sortie des classes était un de ces moments que Peter adorait … toujours posté devant sa fenêtre il comptait aussi studieusement que possible les enfants et leurs parents. Un de ses gros doigts tapotait contre la vitre pour compter tandis que son autre main pointer. Il jetait un coup d’œil sur son calepin : tout était répertorié selon la taille et le physique des enfants … et quand tout était en ordre, Peter était satisfait de son passe temps et de voir qu’il ne manquait pers … A y regarder de plus près, il vit une ligne non cochée !!!! « Bon sang, la petite mauve n’est pas là !!! Qu’est-ce que … » Peter se tordit comme un diable devant sa fenêtre pour compter de nouveau les parents et enfants qui partaient main dans la main chez eux. L’incompréhension se lisait sur le visage de Peter, cela n’était tout bonnement jamais arrivé dans ses comptes. Comment cela se faisait-il ? La mine renfrognée, il regarda si bien tous les enfants étaient sortis mais il n’y avait plus personne dans la cour … Et de l’incompréhension naissait maintenant une inquiétude certaine. La petite mauve, Peter l’aimait bien cette petite fille toujours habillée de cette couleur qui était celle de Ken Doll.  

 

Le grand gaillard difforme prit son mal en patience en faisant les 400 pas chez lui en attendant l’heure fatidique pour sortir sans soucis. La nuit tomba enfin et Peter ouvrit à la volée la porte du Manoir avec pour seul objectif de résoudre son problème et obnubilé il marcha droit devant lui … pas un chat à l’horizon dans Sunshine. Le patron dans cette ville à cette heure-ci, c’était lui, Peter Kendall. Tous ses calepins en main, il marmonnait inlassablement « Ce n’est pas possible, ce n’est pas possible où es-tu ptite mauve » Peter passa du mieux qu’il le pouvait au dessus de la grille qui séparée la cour de l’école du trottoir, s’érafla les genoux en retombant lourdement sur le sol de la cour d’école puis entreprit de faire le tour de cette dernière. Pour Peter, c’était incompréhensible, lui qui ne représentait plus rien pour personne mais qui avait été le centre de toutes les attentions plus petit avec cette poupée Ken Doll, se demandait s’il était encore possible « d’oublier » une enfant de nos jours ? Enfin il voulait en avoir le cœur net. Il arriva dans le parc des jeux de l’école éclairés par la pleine lune … Peter jeta un regard circulaire et vit d’abord sur sa gauche des éléments de jeu, un peu plus loin le traçage de plusieurs marelles, des ballons, ptite mauve, un toboggan et enfin une balanç… « Ptite Mauve ! » éructa Peter seul. La fillette était allongée sur le sable sur son manteau visiblement et Peter s’approcha tout en sortant sa lampe torche. Son cœur battait la chamade pour plusieurs raisons mais la plus forte fut celle de tenter de sauver Ptite Mauve, l’autre celle d’être vu d’une fillette, il l’avait mit loin dans ses pensées. Elle semblait comme évanouie et Peter l’a secoua doucement, celle-ci bougeait légèrement puis un énorme ronflement se fit entendre. Peter eut un cri de surprise, un cri de fillette en vérité en provenance directe de son moi intérieur et cela le surprit lui-même avant de s’apercevoir que Ptite Mauve se réveillait. Celle-ci ouvrit les yeux puis cria de toutes ses forces s’apercevant de la situation dans laquelle elle était mais surtout de l’individu qui se tenait devant elle !!!  

 

Peter se couvrit les oreilles et prit de panique, ne sut quoi faire pour arrêter cette alarme humaine … ah si il braqua sa lampe sur lui-même « Ptite Mauve ! C’est moi Peter, Ken Doll tu te rappelles ?! » fit Peter à tout va. Le cri de la fillette redoubla d’intensité à la seconde même où la tronche de Peter fut éclairée « du calme, du calme Ptite Mauve !!! » fit Peter, au bout du rouleau. « Je sais que personne n’est venu te chercher Ptite Mauve » fit Peter.  

La fillette hoqueta de surprise puis se recroquevilla sur elle puis se mit à pleurer. « Non non ne pleure pas je suis là pour te sortir d’ici » fit Peter « Pourquoi personne n’est venu te chercher ? Tu t’es caché ? »  

La fillette se calma légèrement puis répondu « Oui, je ne veux plus voir mes parents ils se disputent sans arrêt »  

Peter serra ses poings nerveusement « Tu t’es caché pour cela ? » « Oui Monsieur » fit la fillette immédiatement.  

« C’est pour les punir de ne plus s’aimer et c’est à cause de moi » poursuivait la fillette.  

« Mais non je t’assure » fit Peter mais une colère sans nom montait en lui. Comme Peter, il fallait croire que les enfants n’étaient plus que des personnes sans identité dès que des problèmes surgissent. Ce fut le cas de Peter pour une autre raison mais il fût livré à lui-même rapidement. Peter et la fillette n’étaient plus rien pour pas mal de personnes visiblement et il la rassura du mieux qu’il le pouvait. Enfin, au terme d’une existence insignifiante pour lui, Peter prit son courage à deux mains et vit là, une occasion unique pour prouver qu’il existait, qu’ils existaient et il prit la décision de s’en remettre qu’à lui-même pour se sortir de cette situation. « Ptite Mauve ne bouge pas je reviens immédiatement ok ? » fit Peter « Non me laissez pas maintenant s’il vous plaît j’ai froid » répondu la fillette « Je vais t’emmener une échelle pour nous sortir de ce pétrin » fit Peter avant de partir en courant. Un étrange sentiment de joie et de bonheur se mêlait avec celui d’une peur indicible car tôt ou tard, on chercherait cette fillette, forcément.  

 

La fillette attendit dans le froid et elle grelotta en attendant le retour de cet individu étrange mais qui visiblement, ne lui voulait pas de mal effectivement. Elle entendit une masse tombée de l’autre côte de l’école puis vit l’homme de retour pour la « sauver ». La fillette eut une envie irrépressible de rire en voyant de nouveau l’homme, sapé comme Ken Doll mais dans un corps complètement déformé.. Elle se retint malgré tout « C’est moi Ken Doll ! Tu me reconnais ? Non … bien sûr que non je suis bête » fit Peter habillé des fringues blanches et mauves que Ken Doll portait systématiquement comme poupée. Les yeux illuminés, la fillette se leva et contempla Peter de Haut en bas « Je ne te reconnais pas Ken Doll mais je te crois quand même, t’es marrant » fit la fillette. Peter eut un sourire, le premier depuis un sacré bout de temps, involontaire qui lui fit chaud au cœur. « Allez, viens ne perdons pas de temps Ptite Mauve » fit Peter. Celui-ci se retourna pour reprendre la direction du devant de l’école puis entendit derrière lui « Arrête de m’appeler comme ça Ken Doll !!! Chui pas une ptite morve d’abord !!! » Entonna la fillette.  

Peter, sidéré, se ravisa puis demanda calmement « C’est quoi ton prénom petite ? »  

« Anne » fit la fillette « Comme ma maman » fit Peter du tac au tac.  

 

Et c’était ainsi que Peter Kendall sortit la petite Anne de l’école, fillette seule et livrée à elle-même au détriment de ses parents, bien trop occupés à s’entre déchirés … et jusqu’à ce qu’un individu lui aussi seul, perdu depuis toujours vit enfin ce qui pourrait le sortir d’une vie qui était pourtant destinée à être implacablement vide. D’ailleurs c’était cela la vie, c’était tout ou rien, pour Peter et Anne ils n’étaient plus rien vis-à-vis de leur entourage mais ils feraient tout ensemble pour qu’eux deviennent un tout. Une amitié incroyable entre un marginal et une fillette.  

 

 

--- > Emily Orselli, Directrice du genre Animation < ---  

 

Voici le projet du studio Boost Films Production pour sa 2ème participation au Festival du film d’animation pour enfants.  

 

Ines Mirren, la réalisatrice, reste une valeur sûre pour la studio et nous lui avons confié le projet. Eliza Toutantai étant déjà prise pour le film « Like a voodoo ».  

 

Nous avons souhaité un rôle à contre courant pour le célèbre Steven Cigale qui prête sa voix à Peter Kendall.  

Nolween Bartek interprète Anne / Ptite Mauve  

Bertrand Pçékrouton prête sa voix au père de Peter Kendall (Franck Kendall)  

Kellie Courage prête sa voix à la mère de Peter Kendall (Anne Kendall)  

 

L’orchestration est dirigée par le compositeur Billy Beal.  

Scénario : (3 commentaires)
une série A d'animation de Ines Mirren

Steven Cigale

Nolween Bartek

Bertrand Pçékrouton

Kellie Courage
Musique par Billy Beal
Sorti le 26 juillet 2025 (Semaine 1073)
Entrées : 19 180 401
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