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Guards Brothers présente
Les Tours Célestes

Les Tours. Elles lorgnaient à l'horizon, éclairées par le soleil couchant qui faisait resplendir leur façade d'une teinte dorée. Une ou deux étaient bien plus grandes que les autres. Une troisième était de forme ronde, n'ayant pas de coins comme la majorité de ses soeurs. Beaucoup étaient bien plus petites, Tsugu disait tout le temps qu'elles ne faisaient que six hommes de haut. Rien en comparaison des plus grandes, surement dix fois plus grandes que ces nombreuses fourmis qui grouillaient autours d'elles.  

Oka aimait venir ici, les admirer. Surtout le soir, lorsque le soleil les éclairait de tel façon qu'on pourrait les croire faites en or.  

 

La lune apparut et Oka se décida alors à rentrer. Le point de vue qu'elle préférait se trouver à un kilomètre de Shintokyo. Elle traversa le chemin de terre cabossé jusqu'à ce qu'elle arrive près du grillage. Le gardien la toisa d'un air supérieur. Elle le connaissait depuis toujours, c'était Saka. Enfant, il était le premier à préparer les mauvais coups. Depuis qu'il avait revêtit l'uniforme, il s'amusait à regarder ses anciens camarades d'un air supérieur.  

« Tu rentres tard, dit-il. Comme à chaque fois. Un jour tu ne rentrera pas et c'est moi qu'on punira. »  

Ceci dit, il la laissa passer. Les maisons de bois ou de pierres s'étalaient de chaque côté de la voie principale. La plupart des habitants étaient rentrés. Une lumière assez vive resplendissait cependant de la tour de garde la plus proche. Deux hommes armés qu'Oka ne reconnu pas s'y tenait, déplaçant leur projecteur aux alentours de Shintokyo.  

Elle arriva alors devant sa maison, et poussa la porte. Sa mère préparait à manger. Le fauteuil lui, était vide - vide depuis maintenant deux ans. Elles mangèrent, puis sans quasiment se parler partirent se coucher chacune de leur côté. Cette nuit, Oka rêva des Tours. Ces Tours Célestes - peut-être y avait-il des anges à leur sommet ?  

 

Elle se réveilla brusquement. Dehors, un chahut indescriptible - les sirènes étaient toutes en marche et elle entendait des gens crier et appeler des proches. Elle se leva en trombe et fondit vers la fenêtre. Elle vu alors Saka qui, malgré son uniforme, avait l'air de paniquer et guidait la foule vers une direction. Elle l'appela. Il la regarda, et comprenant sa question à travers son regard dit :  

« Les Morts. » commença t-il en avalant sa salive. « Ils arrivent. Des centaines. »  

Tout se passa en un instant alors. Sa mère arriva derrière elle et la pris par la main, courant vers la sortie de la maison - prenant une photo de famille représentant trois personnes au passage. A la sortie attendait Tsugu, le meilleur ami d'Oka même si il avait bien trois ans de plus. Maman posa un baiser sur la nuque d'Oka et dit d'un ton fébrile :  

« Va avec Tsugu. Quitte le camp. J'ai parlé à Nobukoro il va vous accompagner. Je t'aime. »  

Et puis ce fut tout. Sa mère partit avec le reste de la foule, et en un instant, elle avait disparu. Oka avait presque oublié Tsugu qui l'emporta dans le sens inverse de circulation. Ils passèrent entre deux maisons, dans une sorte de ruelle étroite et totalement vide. Après deux minutes de marche, ils arrivèrent auprès d'un homme de grande taille - Oka l'avait déjà vu mais ne s'était jamais intéressée personnellement à son cas : il était gardien, peut-être trente ans, un semblant de pilosité fleurissait sur son menton.  

Il était Nobukoro - l'un des gardiens de Shintokyo.  

Il regarda Tsugu et Oka, puis dit d'une voix grave au garçon : « On prend le Chemin Y. » Ils partirent alors tout trois vers les abords de la ville, où de grands murs protégeaient la ville des Morts. Des gardiens, en haut, tiraient, mitraillaient vers l'extérieur. Ils pénétrèrent alors dans une porte au ras du sol. Elle donnait sur un couloir sombre et gris, qui n'avait surement pas été emprunté depuis des mois entiers.  

Alors ils marchèrent. Peut-être pendant dix minutes, peut-être pendant deux heures. Le couloir était éclairé par des lampes grésillantes, et ils finirent par arriver près d'une porte en fer. Nobukoro la poussa et les deux autres le suivirent. Ils étaient dehors. Il faisait jour. Le soleil venait de se lever, et jetait ses grands rayons sur la forêt qui semblait luire.  

C'est alors que le gardien se tourna vers les deux jeunes et dit :  

« On va aller en ville. Il y a plus de morts que nulle part ailleurs. Tenez. »  

Il sortit de son son sac à dos deux armes à feu. Elles ressemblaient presque à des jouets, si petites, et pourtant si dangereuses.  

La ville. Ils allaient en ville, là où il y avait les Tours.  

Ils se mirent alors en marche. Nobukoro n'avait besoin de le signifier, car c'était l'une des règles établies par la Présidence de Shintokyo depuis la création de la colonie - éviter les routes. Ainsi Nobukoro les suivaient-ils accompagné d'Oka et de Tsugu, mais en restant à une bonne cinquantaine de mètres en amont. Les Morts suivaient le tracé des routes, sauf si une présence extérieure se faisait remarquer et les attiraient soudain. Il y avait aussi les Bandits. Ceux qui s'étaient évadés des prisons après le jour J, où qui avaient rejoint ces derniers. Tsugu avait dit plusieurs fois à Oka que ceux-ci étaient les pires, et il le croyait vraiment au vue du sentiment de terreur qui se lisait sur son visage.  

Ils commencèrent à voir des maisons se dessiner près d'eux. Aucun des trois ne pipaient mot, se concentrant sur les bâtiments dans l’appréhension qu'un Mort sorte d'une de ses maisons.  

Enfin, c'était surement la situation des deux autres - car Oka réfléchissait à autre chose. Pourquoi l'avoir fait quitter Shintokyo ? Pourquoi sa mère l'avait-elle remise à Nobukoro et Tsugu ? Mais sa réflexion fut coupée par Nobukoro la poussant à terre. Lui et Tsugu se mirent à plat ventre aussitôt. Une maison en plus bas - elle était entourée de trois silhouettes marchant d'un pas incertain dans le jardin. Des Morts.  

Ils rampèrent alors sur une dizaine de mètres puis se relevèrent, Nobukoro ayant vérifié qu'ils soient hors de vue des trois Morts. Même si les Morts avançaient bien moins vite que les vivants, ils vous suivaient à la trace d'une manière incroyable - pouvant détecter votre trace sur des kilomètres une fois qu'ils vous avaient aperçus.  

 

Ils étaient encore assez loin du coeur de la ville où siégeaient les Tours quand ils s'arrêtèrent. Ils étaient dans la campagne alentours, où des maisons plus ou moins grosses étaient séparés parfois par de simples jardins, parfois par des parcs entiers. Après la Réforme, d'après ce que disait Tsugu, les gens avaient pris conscience de leurs erreurs et nombre de ces parcs avaient été créés - mais c'était déjà trop tard.  

Nobukoro fit un feu et déclara que lui et Tsugu allaient veiller tour à tour. Tsugu s'endormit comme une tombe très rapidement - Oka ne savait comment il arrivait à fermer l'oeil. C'est alors qu'elle se tourna vers Nobukoro. Il regardait le feu s'embraser d'un oeil mélancolique.  

« Pourquoi m'avoir fait quitté Shintokyo, moi et Tsugu ? » lui demanda t-elle brusquement.  

Il mit à peu près trois ou quatre secondes à répondre. Il ne quittait pas les braises des yeux, comme si seul sa vie en dépendait.  

« Ta mère nous avait dit qu'elle ne t'en parlerait qu'au moment voulu. Me l'a t-elle fait promettre aussi ? Oui. »  

Elle ne compris pas tout de suite. « Qu'y a t'il de si secret ? » Puis la photo de famille que sa mère avait pris en précipitation en sortant de la maison lui revint en tête. « Est-ce que ça a un rapport avec... »  

« Ton père, oui. Le jour où s'est arrivé, je ne pense pas que tu savais encore parler. »  

Oui, c'était vrai. Elle se souvenait à peine de son père. Elle ne l'avait pas revu depuis ses deux ou trois ans. Tant d'années étaient passés et le seul visage qu'elle lui connaissait était celui de la photo. Celui où il portait cette chaîne dorée au cou, un pendentif en forme d'avion accroché à celle-ci. « Que s'est-il passé ? »  

Nobukoro détourna ses yeux sur Oka. Il la fixa pendant quelques instants avant de reporter son regard sur ses braises. « Tu lui ressembles trop. »  

« Dites-moi. » répliqua t-elle au tac-au-tac.  

Il sourit. Peut-être était-ce sa manière de rire, Nobukoro ne semblait pas laisser transparaître ses émotions comme les autres. « Tu le sauras. Au moment voulu. »  

Alors elle s'allongea, et presque en un clin d'oeil elle s'endormit. Elle rêva des Tours. Et de ses compagnons de voyage. Et de Maman. Et de son père. Elle fut réveillée par Tsugu qui la secouait en lui disant de se lever. Ce qu'elle fit, et en cinq minutes ils avaient repris leur route. Ils mangèrent des provisions emportées par Nobukoro au bord d'un lac vide d'eau. Un trou en somme. Les Tours semblaient de plus en plus grandes. L'après-midi, ils croisèrent un ou deux morts aux abords d'une ancienne exploitation agricole de grande envergure, mais jusqu'au soir il ne se passa rien.  

Au bord du feu, elle ne se coucha pas comme Tsugu et resta assise auprès de Nobukoro. Avant même qu'elle ait put dire quelque chose, il dit : « Au moment voulu. »  

« Vous avez une famille ? » répliqua t-elle subitement. Mais il ne répondit pas. Il fixa le feu fermement, et sembla faire comme si elle n'avait pas parlée. Elle ne savait si c'était le reflet des flammes sur ses pupilles mais ses yeux luisaient.  

 

« Baissez-vous. » Ils étaient dans l'agglomération. Des maisons fleurissaient tout autour d'eux, et ils passaient d'un jardin à l'autre en craignant à chaque seconde pour leur vie. Nobukoro venait de repérer quelques Morts à une centaine de mètres. Depuis leur entrée dans l'agglomération il y en avait beaucoup plus. Une fois accroupie, Nobukoro fit signe à Oka et Tsugu de s'approcher de lui. « Si nous venons à être séparés, commença t-il. Rejoignez la plus haute Tour. Compris ? La Tour au centre de la ville, la plus grande, qui surplombe toutes les autres. » Oka regarda vers le Centre-ville. Une tour aux vitres bleues supplantaient ses soeurs de plusieurs mètres. C'était celle-ci.  

En une heure ils eurent atteint les premiers immeubles. Ceux-ci faisaient dix étages au maximum, mais selon Nobukoro, grouillaient cependant de Morts. Il disait que passer au milieu de ces nids restait pourtant le chemin le plus sur et rapide pour arriver à la Plus Haute Tour.  

Ils marchaient désormais presque tout le temps accroupis - un faux mouvement et ils attireraient tous les Morts du coin. « Par ici. » leur dit Nobukoro, et ils empruntèrent un tunnel souterrain qui les mena bien plus dans le centre de la ville. Avec tant de Tours célestes autour d'eux, ils ne voyaient pas leur destination - mais Oka savaient qu'ils se rapprochaient. Ils ne pouvaient plus être si loin.  

Ils arrivèrent alors près de ce qui avait surement été auparavant une supérette. Nobukoro se tourna vers ses deux protégés et dit assez bas pour qu'Oka tende l'oreille : « Peu de chances qu'il reste des produits conservés. Je vais quand même voir - au cas où on ait un pépin. »  

Il entra dans la boutique. Oka comme Tsugu hésitèrent à le suivre mais finalement ils lui emboîtèrent le pas. C'était la première fois qu'Oka entrait dans une boutique d'avant. Des étagères étaient étalés sur le sol. Des produits en décomposition jonchaient le sol et des tâches de sang peinturluraient les murs. Pendant un instant, elle perdit Nobukoro de vue. Il réapparut sans rien et déclara : « Rien de mangeable. Plus une conserve, je m'y attendais mais... »  

Il s'arrêta alors brusquement. Oka aussi. Tsugu poussa un cri perçant. Des hommes se tenaient là, des armes à feu dans leurs mains, et ils visaient le trio.  

Nobukoro les regarda alors un par un, et dégaina son arme en un instant. Il tira, et les autres suivirent. Tsugu et Oka se cachèrent derrière des étagères. L'homme que Nobukoro avait touché s'étalait désormais sur le sol, inerte. Les deux autres le touchèrent dans la poitrine et Nobukoro s'écroula sur le sol. Il tira encore et encore, touchant ses assaillants. Puis ce fut fini. Les trois brigands étaient tous trois morts. Nobukoro était lui aussi étalé sur le sol mais sa bouche remuait. Oka sentit une larme couler sur sa joue. Elle s'approcha du gardien, suivie de Tsugu, et elle s'écroula sur lui. Sa bouche remuait mais nul mot n'en sortait, il regardait le plafond d'un oeil vide. Elle avait l'impression qu'il voulait lui dire quelque chose. Elle approcha son oreille de ses lèvres, et tout ce qu'elle entendit ce fut « Ils arrivent. » Elle leva les yeux. Dehors, les Morts s’agglutinaient devant le magasin. Mais son regard de se tourna vers un autre détail - c'était le poing de Nobukoro refermé sur lui même. Alors que Tsugu la priait de fuir avec lui, elle entrouvrit les doigts de son sauveur par deux fois. Y luisait un pendentif doré, représentant un avion.  

 

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Co-production entre Guards Brothers et WB Entertainment. Ecrit par Akashi Nodoka (WB Entertainment) et Chang Lee (Guards Brothers - également réalisateur). Présenté pour le 2nd Festival du Film d'Animation pour Enfants. Avec au casting vocal Lily Vinding qui fait la voix de Oka, Lee Wong qui interprète Tsugu, Tsui Wong qui double Nobukoro et Anya Doyle qui donne sa voix à la mère d'Oka.

Scénario : (3 commentaires)
une série A d'animation de Chang Lee

Lee Wong

Lily Vinding

Tsui Wong

Anya Doyle
Musique par Wolfgang Ayres
Sorti le 26 juillet 2025 (Semaine 1073)
Entrées : 18 535 254
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