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Morcar Prod présente
All the lonely people

La mi-aout, le soleil brulant, les irritants moustiques. Les vacances.  

 

Mon père m'avait déposé au train de 13h, et j'arrivais bientôt à quai, après moins d'une heure passée sur mon ordinateur, à mater un épisode de ma série préférée. Là, Liam, qui venait d'avoir son permis, devait venir me chercher, avant de nous emmener plus loin, dans la vallée d'Ironbridge. Je descendais du train, lorsque je le vis, de l'autre côté des rails, secouant la main, et affichant un franc sourire, qui lui montait jusqu'aux oreilles. Un sourire qui s'estompa, lorsqu'il vit ma belle, ou demi, ou je ne sais quoi-soeur, me succéder. C'était Maria, la fille de la femme qui baisait avec mon père, bientôt son épouse, au grand dam de ma mère, qui l'aimait encore. Maria était brune, petite, pas franchement fine, plutôt bronzée, mais Maria était russe. Tout l'opposé de sa génitrice, qui était en tout point, le stéréotype de la russe blonde, à la taille de guêpe et aux jambes effilées, cherchant mari pour argent. Non je n'appréciais pas beaucoup ni la mère, ni la fille. Et Liam non plus. Mais mon père, sans doute pour me punir ou simplement parce qu'il ne me faisait pas confiance, m'avait dit « si tu y vas, c'est à une condition : elle doit être présente. Simplement parce qu'elle est majeure, mature, sérieuse et responsable, et que je sais ce dont sont capables une bande de merdeux, seuls, dans une maison perdue en pleine cambrousse ». J'avais accepté, sans en parler aux autres, c'était un sujet sensible ...  

 

Nous étions en pleine route. Liam conduisait, et je lui parlais, assis à ses côté, tandis que la ruskov s'emmerdait sur la banquette arrière. Dans un langage, fait de gestes, de regards et de mimiques, nous nous moquions d'elle et de sa maternelle, sans qu'elle ne le comprenne. C'était lâche, mais nous l'assumions.  

 

Je reconnu le pont de fer, qui donnait son nom à la vallée que nous traversions. C'était très beau. Enfin, nous arrivâmes là où nous devions passer la semaine à venir. C'était une jolie demeure, quoi qu'un peu décrépie. Tommy vint nous recevoir. C'était à lui - ou plutôt à ses parents, partis au Pérou - qu'appartenait le logis. Lui aussi fut surpris en apercevant Maria. Contrairement à Liam, je ne lui en parlais pas vraiment, et puis comme il la trouvait mignonne, il ne vit aucun mal à sa venu.  

 

Nous étions apparemment les premiers arrivés. Heureusement, les autres ne mirent pas trop de temps à nous rejoindre. Nous étions enfin réunis, après plus d'un mois de séparation, et avant d'autres mois encore. En effet, les études étaient sur le point de nous séparer, et de nous répartir dans les différentes villes et universités du pays. C'était triste mais nous étions réalistes ; le temps et la distances auraient, peu à peu, mais forcément, raison de l'amitié et des sentiments qui nous liaient.  

 

Le ciel s'assombrissait, la nuit se profilait, et nous étions tous bien silencieux, bien peu complices, pour des amis. C'était étrange, trouble. Un malaise général semblait dominer. Bien sur, je discutais toujours allègrement avec Liam, mais j'avais bien du mal à engager la discussion avec les autres. Des clans semblaient se former ; Mad et Alice discutaient dans leur chambre et avaient même invité Maria à les rejoindre, sans doute pas pitié ; Tommy passait son temps sur son ordinateur, à écrire, se prenant pour un auteur ; et Liam et moi, comme toujours, nous esclaffions pour un rien, aidés par l'euphorie qui nous gagnait après quelques canettes de bière englouties. Et la soirée continua ainsi.  

 

Le lendemain, je me réveillais sur un matelas trop tassé, aux côtés de Liam, et de Tommy, qui avait finalement réussi à lâcher sa machine. Les filles avaient préparé une bricole à manger, et nous eûmes juste à passer les pieds sous la table. Là, une discussion ne pouvait que s'engager. Mais les mots sonnaient creux. Nous parlions de choses futiles, et les rires n'éclataient pas vraiment. Je me mis alors à observer, car les regards sont plus révélateurs que les mots. Les yeux vitreux de Mad ne m'intéressaient pas. Elle avait dû s'enfiler bien des joints pour être dans cet état, mais c'est tout ce que je pouvais apprendre. A l'inverse, les yeux d'Alice la trahissait ; malgré son sourire, elle semblait éprouver un véritable mal être, et je ne pu m'empêcher de lui demander comment elle se sentait.  

 

Elle se mordit la lèvre, leva ses yeux en ma direction et me dit :  

« Ça va. Tout va bien. ».  

Ce à quoi je répondais :  

« J'ai entendu dire que tu voyais un psy. C'est vrai ? ».  

 

Je senti qu'elle m'en voulait. Ce n'est pas le genre de chose dont les gens aiment parler. Mais je ne me senti coupable de rien, je voulais savoir pourquoi elle était malheureuse, même si au fond de moi je savais. Nous savions tous, mais une discussion devait s'engager, c'était nécessaire. Elle répondit sobrement, en souriant, pour ne pas montrer qu'elle était gênée. Mad se chargea de lui demander « pourquoi ? ». C'était le début d'une confession ... :  

 

« - Ma mère a un putain de cancer puis …  

- Ta mère a un cancer ? Oh mon dieu ... lança Maria, qui voulait participer à la conversation.  

- Puis mon frère est devenu un zombie, il fume, il se shoot, il ...  

- Quoi ? Blaise se drogue ? C'est dommage il est mignon dans son genre … dit Madeleine, encore stone.  

- Ouais enfin c'est surtout depuis que mon père s'est cassé avec sa pouf. Puis après ... continua Alice, avant de se faire couper par Tommy qui s'écriât :  

- Oh merde, quel salaud. Ca me fait penser à ce film danois ...  

- ... en noir et blanc, avec deux acteurs allongés sur un lit en plan fixe, qui s'interroge sur le sens de leur vie, de leur union. Un chef d'oeuvre du genre, vous en conviendrez ... » enchaîna Liam, moqueur.  

 

Ils ne cessaient de l'interrompre, alors qu'elle voulait se confier. Je la relançais, demandant aux autres de se taire et elle nous débita une phrase dont je me souviendrai toujours :  

 

« - Bah c'est juste que mon mec, votre pote comme vous disiez, il croupi six pieds sous terre, alors oui, j'ai ce besoin très con de me confier à quelqu'un. »  

 

Ça venait du coeur. C'était terrible, mais tellement franc. Aucun de nous n'osa l'ouvrir. On ne pouvait rien dire, on ne pouvait que penser. Les souvenirs étaient trop récents pour être érodés (moins de deux mois s'étaient écoulés). Personne n'avait oublié, mais c'était trop dur, trop rugueux, trop pesant pour en parler. Alice, elle, était courageuse, et c'était bien la seule.  

 

C'était à cause de nous. Nathan ne connaissait pas ses limites, c'était sa première cuite, c'était ses dix-huit ans. Et nous, nous l'avions regardé descendre les bouteilles, puis s'allonger sur le sol. Il avait les yeux clos, mais il ne dormait pas, et il ne dormit plus. Jamais plus.  

 

Nous l'avions tué.  

 

« Pète sa mère ! »  

 

Alors que tout le monde réfléchissait, Liam venait de murmurer ces mots. Certains disent « Grave cool ! » , d'autres disent « Trop bien ! ». Nathan, lui, disait « Pète sa mère ! ». C'était son expression. C'était marrant, c'était un gars qui utilisait de beaux mots, et des fois, il te sortait des atrocités. C'était spontané. Et là, alors que tout le monde pensait, Liam venait de nous le rappeler. On se mit tous à l'imiter, et à hurler des mots que lui seul utilisait. On avait l'air con, ça pouvait paraitre malvenu, mais on s'en foutait, on ne calculait rien. Je senti enfin que j'étais en compagnie d'amis, de véritables et bons amis. Tout le monde riait.  

 

Mais d'un coup, Alice se leva, et pris la direction des toilettes. Nous nous regardâmes tous, circonspects. L'avait-elle mal pris ? Nous en voulait-elle encore ? Ça ne m'aurait pas surpris. Mais c'est Maria qui semblait être la plus proche de la vérité, puisque dès qu'Alice revint à table, elle lui posa une question, peut être maladroite, mais totalement clairvoyante :  

 

« Hmm juste comme ça ... de quand date ton dernier cycle ? »  

 

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Logan Horowitz : Landon, le narrateur  

Léa Geoffrey : Alice  

Sam Boston : Liam  

Nina Korkivich : Maria

Scénario : (1 commentaire)
une série B dramatique de Esther Prescott

Logan Horowitz

Léa Geoffrey

Sam Boston

Nina Korkivich
Musique par Alice Isham
Sorti le 31 mai 2025 (Semaine 1065)
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