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Film participant au Concours Vert organisé par Gérard Cousin.  

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Bienvenue dans un monde futur.  

Je ne raconterai pas tout ça à Monsieur Duris. Je lui dis seulement ce que je savais concernant Martin. J'avais pris la décision personnelle de lui faire confiance. Peut-être qu'au fond de moi, je savais que c'était raisonnable de le faire mais je ne crois pas.  

De plus, il avait dit vrai. Il m'avait montré une lettre pleine de mots et de symboles dépourvues de sens.  

«Elle n'a eu que ce qu'elle méritait. Vous en êtes bien consciente, n'est-ce pas ?»  

Voilà sa réflexion. Je ne sais pas pourquoi mais ça réglait complètement la question.  

«Comment avez-vous su ?»  

Ma voix me fit l'effet d'être profonde et bizarre. Elle me semblait rauque.  

«Au moment où vous avez été détecté. Vous n'étiez plus 'verte' et comme votre couleur a changée...».  

Un groupe de collaborateurs, une douzaine, cherchent des types et des filles comme moi. Ils ont la capacités de voir des gens qui ont mon talent ou, comme certains le voient, mon défaut. Ils parcourent le pays et des fois, partent à l'étranger à la recherche de cette lumière verdâtre brillante qu'ils détectent grâce à une technologie inconnue aux yeux des gens ordinaires. Ils ne savent pas vraiment ce qu'ils font, un peu comme ce que j'ai fait à cette pauvre connasse de Nadia (Lisa Edwards).  

«Je vous avais dit que vous n'auriez pas toutes les réponses aux questions que vous vous posez. Je peux cependant vous dire deux/trois choses avant que vous signez le contrat pour travailler dans notre société. Pour commencer, Axelle, je travaille pour une boîte qui s'appelle Bulletcorp. Notre boulot consiste à nettoyer le monde en se débarrassant des Nadia Martin, de ceux qui vivent dans la grande échelle mondiale ou dans une richesse abusive. Le siège principal de la Bullet est à St Propez mais le centre de formation à Orson Welles. Vous êtes une bulletive dès votre naissance, chère amie, et ce n'est pas une carrière facile... mais fabuleusement enrichissante. Nous trouvons les bulletifs et nous les mettons au travail afin de vous aider à affiner votre don. Vous ne gagnerez pas beaucoup au début mais vous allez éprouver énormément de satisfaction. Ce que j'ai à vous offrir n'est qu'une première marche sur un escalier qui peut monter plusieurs étages.  

- Faites-moi une offre que je ne puisse pas refuser, ordonnai-je alors.»  

Et c'est exactement ce qu'il fit.  

Au bout d'une semaine à Welles, Axelle (Cristina Rasmuson) avait déjà le mal de la ville. Fundanse, sa ville natale, lui manquait. Elle avait pensé retrouver là-bas des gens comme elle. Elle avait imaginé rencontrer un garçon mignon avec de beaux muscles et le don de pouvoir voler en lui faisant une démonstration sous ses yeux, mais rien de tout ça n'arriva. Elle était pourtant certaine qu'il y avait d'autres bulletifs à Welles pendant qu'elle s'y trouvait elle-même, mais le formateur Jules Irisa (Dennis Stone) et son équipe les empêchaient de se voir. Elle comprit que les personnes qui se baladaient avec le logo BULLETCORP sur leur ensemble vert n'étaient pas forcément des amis.  

Sa venue à la formation consistait à tuer des gens. Tout simplement. Elle devait ne pas oublier que les cibles étaient des individus minables, des espions, des tueurs en série, nuisibles et qu'ils n'avaient rien de personnels avec la Bulletcorp.  

«Je ne connais pas le détail de tous les examens et des protocoles, mais ils vont vous programmer. Ils vont installer toutes sortes de choses pratiques au niveau inférieur de votre esprit sans que ça ait des conséquences sur votre partie consciente.»  

Ils sont venus l'hypnotiser durant son sommeil. Elle se sentait comme un dossier dans lequel on est venu fouiller en secret.  

Avant son départ en direction de son appartement et de son véhicule de fonction – Bulletcorp les lui fournissait, Axelle eut un dernier appel téléphonique avec Monsieur Duris (Roy McAllister).  

«Qu'est-ce que je vais pouvoir faire seule à St Propez ?  

- A ce stade, je ne suis plus en mesure de vous aider, Axelle. Je n'étais que le recruteur.  

- Vous m'aviez dit qu'Irisa et son équipe étaient là pour améliorer mon talent mais en fin de compte, ils m'ont juste fait passer des tests à la con comme si j'étais retournée à l'école. Quand j'essaie de m'imaginer ce que je vais faire de mon avenir, se débarrasser des types comme Nadia Martin, j'ai... ça paraît sensationnel mais je ne sais pas comment faire !  

- Faites-moi confiance, faites confiance à Bulletcorp... mais surtout, faites-VOUS confiance, Axelle. Là-bas, vous allez rencontrer des jeunes gens comme vous. Ils ont aussi un don.»  

Ce qu'elle faisait, se faire confiance. Mais depuis quelques temps, les choses avaient commencé à mal tourner. Un mauvais pressentiment avait monté en elle. Ça n'allait plus du tout.  

St Propez. Siège social de Bulletcorp.  

Après l'installation dans son appartement, Axelle s'était faite emmener au siège où elle allait travailler à plein temps. Devant l'entrée du siège, une femme d'une quarantaine d'année l'avait accueilli avec un sourire franc et l'avait emmenée dans une salle où un bureau à son nom contenant un écran d'ordinateur l'attendait, ainsi qu'une carte à garder précieusement contenant ses identifiants. Un garçon d'à peu près du même âge qu'elle était déjà présent dans la pièce, il s'appelait Ryan (Matthew Knifey). Pas de nom de famille visible sur son bureau. Tout simplement Ryan. Un troisième bureau portant le nom de Sandra était dans la pièce mais la personne concernée n'était pas encore arrivée. Ryan et Axelle étaient seuls dans la pièce mais le silence régnait. Ils ne se parlèrent pas, ni même ne s'adressèrent pas le moindre regard. Ils avaient fait la même formation, avaient le même don (?).  

Au bout de longues minutes, Sandra (Gaëlle Wilson) entra dans la pièce, fit un arrêt pour observer la pièce et voir où elle devait se rendre, puis s'installa dans son bureau. Toujours ce silence et ce même état d'esprit. Quelques secondes après, leur ordinateur s'alluma devant leurs yeux leur souhaitant la bienvenue et en demandant de mettre leur casque audio . Il contenait un programme marqué Données personnelles, Liste des cibles, Classement général des élèves, Records et Vos professeurs. Un bouton Lancement s'afficha puis les trois élèves cliquèrent dessus. Une présentation de leurs missions se mit en route. Axelle comprit sur-le-champ que tout était déjà prévu et qu'elle n'aurait rien à faire elle-même à part donner ses coordonnées. Elle était hyper excitée de commencer. Le système dans lequel elle venait d'entrer était monté comme un jeu vidéo.  

La liste des cibles étaient suffisamment longues pour durer quelques mois. Plusieurs noms de gens célèbres comme Teddy Lewis, Justine Biebeurre, Joanna Rence ou encore Cyril Martin, le frère de Nadia, y figuraient avec la valeur de leur corps une fois liquidé.  

Cela faisait presque trois heures que les élèves fouillaient dans l'ordinateur, ne s'étant levé que pour aller aux toilettes en vitesse. Axelle sentait sa propre odeur de transpiration et puait comme un fauve. Elle délirait carrément à l'idée de tuer ces gens !  

Elle tapa MARTIN, puis cliqua sur ENTREE.  

L'ordinateur l'invita alors à cliquer sur l'adresse de l'acteur pour savoir ses activités, ses habitudes, ses goûts ainsi que ses proches... et de la meilleure façon de le tuer. Elle cliqua sur LOISIRS : footing, basket ball. Meilleure façon de remplir votre mission : empoisonnement. Elle valida. Ensuite, l'ordinateur l'invita à appeler son sujet pour lui donner un lieu de rendez-vous ou alors de revenir sur sa liste des cibles.  

Elle hésita à l'appeler, réfléchit pendant une trentaine de secondes puis accepta de prendre un rendez-vous avec lui. C'est alors que l'ordinateur la remplaça, organisant le rendez-vous à sa place avec sa propre voix. Un excellent système qui laissa bouche bée Axelle. Au bout d'un moment, elle monta le son avec un sourire au coin des lèvres. C'était une source de distraction. Elle écouta la conversation et en moins de cinq minutes, l'écran afficha : RDV POSE POUR LE 21 MARS 2055 A 17H30. Juste après, ses deux collègues de classe la regardèrent complètement choqué.  

«Pourquoi vous me regardez comme ça ?  

- Tu brilles, répondit Sandra. Tu es toute verte comme Sangoku quand il y est super-saïyen. Enfin, presque...»  

Axelle se regarda mais ne vit rien. Certainement un phénomène mis en place lors de la formation à Orson Welles.  

Subitement, il vint à l'esprit d'Axelle, comme si elle venait de se réveiller, qu'elle allait devenir une meurtrière. Une meurtrière en série.  

Un bien pour l'humanité de se débarrasser des gens qui dominent le monde à leur façon ? Un mal ? Une indifférence pour les citoyens du monde ?  

Qui jugeait de toute façon ? Monsieur Duris ? Bulletcorp, Ses patrons ? Mais surtout, est-ce si important ?  

Axelle décida que ça ne l'était pas tant que ça. Elle s'en ficha comme son premier string. Mais ce qui la tracassa le plus, c'était de se dire qu'elle avait subi un lavage de cerveau, qu'on l'avait hypnotisée, droguée et qu'elle avait accepté cette proposition, ce travail, suite à une manipulation.  

«C'est incroyable» dit-elle à voix basse en voyant le rendez-vous avec Cyril Martin. Elle allait devoir le tuer lors de son rendez-vous.  

Plusieurs semaines passaient et Axelle avait tué au moins une trentaine de personnes. Le système des assassinats était incroyablement efficace. Elle a sympathisé avec Ryan et Sandra qui étaient les seuls de sa section. Leur jauge était dans le vert, allant jusqu'à 97% d'efficacité dans leurs missions.  

Quand elle pensa à ce qu'elle faisait, Axelle se détestait. Elle était passée quelques fois dans le jaune dans sa jauge de suivi, voire même dans le orange car elle se sentait terriblement mal dans sa peau. Tous ces meurtres... Tous ces gens qu'elle a passé à la faucheuse. Et son don ? Quel don ? Faites moi confiance avait-dit Monsieur Duris. Et elle avait fait. Comment pouvait-elle être aussi conne à ce point ? Elle se dit qu'elle n'était qu'une gamine de 23 ans pour avoir accepté ce travail (très bien payé, certes). Tueuse professionnelle. Elle se demanda si ça valait le coup quand des vies étaient en jeu.  

Et bien entendu, elle continua. Bulletcorp lui offrait tous ses désirs.  

Oui.  

Il avait fallu qu'elle se mette devant cet ordinateur qui lui mettait l'application pour qu'elle se sente à son aise et qu'elle accomplisse ses missions. Elle était comme hypnotisée, manipulée. L'appareil qui lui poussait à faire ces actes était ce fichu d'ordinateur.  

Dans le classement des élèves, elle était troisième, à cent points du premier. Peut-on vraiment la critiquer parce-qu'elle faisait ce qui était devenu son métier ?  

Réponse : Oui évidemment.  

Elle le savait très bien. C'était horrible mais vrai. Et tout ça à cause de ces connards de Monsieur Duris et du formateur Jules Irisa.  

Qui était vraiment aux commandes ? Posez-vous bien la question.  

Elle resta un petit moment devant l'écran, ne sachant pas quel nom taper pour continuer à grimper au classement des élèves. Juste cent points à gagner. Stephen Goobs ? Amber Jobs ? Rosie Reynolds ? Oh, mon dieu, qui taper ? Dans sa tête, les choses commencèrent à bouger. Jusqu'à maintenant, elle n'avait fait que suivre le système mis en place par Bulletcorp. Il lui fallait prendre des risques maintenant. Arrêter le cauchemar tout en continuant le jeu. Elle regarda Sandra, puis ensuite Ryan. Tous les deux étaient du même vert qu'elle. Il lui fallait quelque chose d'énorme pour passer première aux classements des élèves. Il va falloir taper d'autres personnes que celles de la liste proposée.  

Elle tapa le nom de Monsieur Duris à tout hasard et à sa grande surprise, sa fiche se glisse devant ses yeux. Elle se souvint de sa façon de vivre, elle le connaissait très bien. Elle en sait suffisamment sur lui pour poser son rendez-vous afin de le tuer. Juste un coup de fil, et c'est juste le clic de la souris qui compte.  

«Les gars, j'ai une personne pour deux millions de points, dit-elle à Ryan et Sandra. Allô, Monsieur Duris, fit-elle au bout de quelques secondes.»  

Vert brillant, vert brillant.