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Guards Brothers présente
Gen' Saku

L'horloge sonna. Trois coups. Ces trois coups signifiaient tant pour Aoda. Il s'approcha de l'écran de l'ordinateur, qui affichait désormais « Terminé. » Ce mot seul signifiait tant pour lui, c'était un grand moment dans sa vie, mais aussi dans l'Histoire à elle seule. Un évènement dont on parlerait encore dans cent ans, dans un millénaire, dans une éternité.  

Car à partir de ce moment là, Aoda était éternel. Pas seulement son nom, mais lui-même, sa création. La capsule commença à s'ouvrir. Il s'approcha alors qu'une fumée bleue, semblable à une brume très épaisse, s'échappait de la capsule. A l'intérieur, sur le sol, était recroquevillé un bambin. Il ne pleurait pas, ne riait pas, il n'avait même pas les yeux ouverts. Il dormait, roulé en boule sur le sol de la capsule.  

Aoda s'approcha de lui et prit son pouls. Il était en vie. Il allait crier de joie mais se ravisa : il ne fallait pas réveiller l'enfant. Il le prit dans ses bras et le posa sur un lit recouvert de draps très propres, attendant l'être depuis des semaines entières désormais. Il borda le bébé et se rapprocha à nouveau de l'écran.  

Il regarda la photo qui était déposée à ses côtés. Il s’y voyait lui-même, en compagnie de Shige, sa femme depuis maintenant deux ans. Elle dormait, là-haut, dans le lit à l’étage de la maison. Elle y dormait seule depuis plusieurs semaines – Aoda ne dormant pas ou alors sur le canapé, trop fatigué pour monter les escaliers.  

Son regard bascula alors vers l’enfant qu’il avait laissé là-bas. Il était beau. Il était toute sa vie. Aoda repensa alors à sa vie il y a six mois encore. Six mois déjà. Il avait l’impression que ça faisait dix ans, le seul lien le raccrochant encore à cette époque étant Fukayama, un ami qu’il avait gardé – et qu’il n’avait pas revu depuis des semaines.  

Depuis ces dernières semaines, les seuls amis qu’il prenait le temps de revoir étaient ses instruments. Il allait maintenant devoir attendre. Attendre que l’enfant se réveille ou que lui-même aille le réveiller.  

Le téléphone sonna.  

En un instant se déroulèrent cent mille questions dans l’esprit d’Aoda : Et si ce téléphone venait de réveiller le bébé ? Qui allait répondre ? Et si c’était la police ? Il approcha sa main du combiné et décrocha. Il ne dit rien. Personne non plus de l’autre côté. Simplement un souffle rauque. Qui cela pouvait-il être ? Il était trois heures du matin passées, et appeler à cette heure était très rare, même entre scientifiques vivant la nuit.  

« Aoda ? C’est toi ? »  

C’était Fuka au bout du fil. Sa voix était plus rauque que d’habitude, comme si il venait de fumer. Ou alors était-ce une déformation de l’appareil. Peu importait, Aoda était finalement content de l’entendre. « Ouais. » répondit-il simplement, car c’était tout ce qu’il pouvait dire. Parler du bébé à Fuka n’aurait pas été une très bonne idée – du moins pour le moment.  

« Tu étais où ? J’essaye de te joindre depuis des semaines ! »  

Il lui fallait une excuse. Des vacances. Le bébé bougea de quelques centimètres sur son lit. Aoda eut soudain peur qu’il se réveille et se mette à pleurer, mais il n’en fit rien. « Pourquoi tu m’appelles à cette heure-ci ? » Il était trois heures du matin. Il t’appelle car il a découvert ce que tu manigançais.  

 

« Une urgence, figure-toi. Shibaya a beau t’avoir viré comme un malpropre, il a besoin de toi. Et tout de suite. Il veut que tu lui rendes les résultats que tu avais obtenu sur le dossier Prométhée et que tu as emporté avec toi. »  

Prométhée. Aoda eut un frisson d’angoisse. Les fichiers étaient devant lui, affichés sur son écran. Leur résultat, sur le lit, à côté de lui, dormant profondément. Il ne sut quoi dire, et ce fut quand Fuka demanda « Aoda ? » à l’autre bout du fil qu’il réagit enfin.  

« J’arrive. » répondit-il, et il raccrocha.  

Il enfila son manteau et sortit dans la rue. Il avait pris le temps de couvrir le bébé et de fermer la porte de son labo à double tour – on était jamais trop prudent. La rue était calme. Une ou deux voitures passaient, trois silhouettes louchent parlaient un peu plus loin, et quelques fenêtres laissaient échapper une lumière tamisée.  

Aoda ouvra la porte de sa voiture et démarra. Il faisait nuit noire, mais le ciel était colorée – les lumières du Centre-ville. Il remonta les multiples rues peu fréquentées et finit par s’arrêter devant son ancien lieu de travail. Le laboratoire Hakkaku, l’un des plus importants du pays. Il émettait une sorte de halo bleu tout autour de lui. Plus haut, derrière une fenêtre, Aoda pouvait apercevoir deux ou trois ombres discutant. Peut-être était-ce Fuka et Shibaya ?  

Il entra à l’intérieur. La réceptionniste le reconnu et le dévisagea un instant avant de le laisser passer. Il monta dans l’ascenseur et arriva à l’étage demandé, le numéro 39. Celui des « Laboratoires top-secrets », les projets très avancés du labo et aux retombés économiques prometteuses. Prométhée en faisait partie.  

La porte s’ouvrit devant lui et apparut alors une pièce fermée. Il avait presque oublié ce détail. Il y pénétra et enfila blouse et gants, pour se protéger mais aussi pour protéger tout ce qu’il pouvait y avoir dans Hakkaku level 39. Il poussa la porte de la capsule et se retrouva alors dans un long couloir aux murs blancs. Quelques portes sur les côtés, et trois hommes qui l’attendaient un peu plus loin.  

Il les reconnu tous les trois. Au milieu, le vieillard à la barbe blanche qui le toisait d’un regard noir, c’était le Professeur Shibaya. Il avait passé sa vie dans ce labo jusqu’à obtenir le poste de Directeur du Niveau 39. A droite, c’était Fukayama, le seul ami restant d’Aoda. Un peu plus âgé que lui, pas forcément plus intelligent mais moins con. Le dernier était Luf, du moins c’était son surnom. Son véritable nom étant trop long, tout le monde, même Shibaya, s’étaient mis à l’appeler Luf.  

Aoda s’approcha d’eux jusqu’à se trouver à un mètre de Shibaya. Il le regardait de haut, d’encore plus que lorsqu’il était seulement son employé. Aoda lui tendit un classeur qu’il tenait sous le bras. Shibaya le récupéra sans un mot. « Vous ne vous en êtes pas servi, bien entendu ? » demanda t-il d’un ton froid.  

Aoda réfléchit un instant avant de répondre : « ‘trainait sur mon bureau depuis des mois. » Ils s’affrontèrent du regard. Shibaya ne pouvait être au courant. Personne ne l’était. Même sa femme ne savait pas exactement ce qu’Aoda tramait dans son laboratoire. Fuka lui jeta un regard plein de compassion mais ne dit rien.  

Alors qu’Aoda s’apprêtait à partir, Luf déclara d’un ton calme : « Doc, on pourrait lui demander pour Jouvence. » Il y eut un silence pesant. Aoda ne savait pas ce que pouvait être Jouvence, surement l’un de leurs nouveaux projets. Shibaya se mordit la lèvre tandis que Fuka regardait son patron avec inquiétude. « Très bien. » dit alors Shibaya. « Fukayama, emmenez-le cinq minutes dans la salle 10. Qu’il donne son avis. »  

Aoda suivit Fuka vers la salle 10. Elle abritait autrefois l’un de ses projets personnels, un peu dérisoire et qui avait dut être abandonné après son départ. Fuka poussa la porte et ils se retrouvèrent au milieu de matériel très cher et d’ordinateurs au bruit d’avions. Aoda s’approcha de son ami et demanda : « Alors c’est quoi Jouvence ? »  

L’autre s’approcha d’un classeur et en sortie une ou deux feuilles. Il les tendit à Aoda. « On a réussi à accélérer le développement de cellules. En gros les organismes touchés par Jouvence I vieillisse plus vite. On a réussit à faire atteindre l’âge adulte à un chien en une journée grâce à ça. Qui dit accélération dit ralentissement. Shibaya veut qu’on inverse le processus, et selon lui on pourrait procurer aux patients une jeunesse plus longue. Il voudrait que tu donnes ton avis sur ce plan là. »  

Les quelques feuilles avaient beau être petites, elles étaient noires de formules et de texte. Aoda mit bien dix minutes à tout lire et une fois sa lecture terminée, fit signe à Fuka. « Ça ne va pas marcher. Ralentir la prophase ne va pas empêcher le vieillissement des cellules. Quoi qu’il arrive les organes vont se détériorer. Faites ce que vous voulez mais vous perdez votre temps en agissant de cette manière. Il y a un moyen, mais pas comme ça. » Derrière Fuka, sur un bureau, était posée une éprouvette fermée par un bouchon en liège. Sur le côté de celle-ci, une étiquette Jouvence. Alors que Fuka invitait Aoda à sortir, une main baladeuse s’empara de la fiole. Et alors Aoda eut les poches plus pleines qu’elles l’étaient en entrant dans la pièce.  

 

 

Le gosse ne bougeait plus. L’anesthésique avait fonctionné. Aoda s’empare de Jouvence qui se trouvait à côté de lui, et sans savoir réellement les quantités préconisés, en vers quelques gouttes dans une seringue et piqua l’enfant. Il le reposa dans la capsule. Elle se referma alors. Il se faisait tard désormais. Aoda traina jusqu’à son canapé et s’écroula dessus.  

Ce fut sa femme qui le réveilla. Shige le regardait avec des yeux tendres. C’est ça qui l’avait fait craquer pour elle. Elle était si belle, et si gentille au fond. Elle le secouait doucement en murmurant son nom. Il peina à se relever et une fois qu’il se retrouva dans une position assise. « Chéri, je t’aurais pas réveillé en temps normal, mais il y a du bruit qui provient de ton labo. Je n’ai pas été voir. Peut-être un chat. » Etait-ce réellement un chat ? Aoda n’en était pas convaincu. Alors qu’il poussait la porte du labo il vit une forme s’agiter derrière la capsule. Il eut un frisson et ferma aussitôt la porte du labo à double tour.  

Il ouvrit la capsule et alors vit un homme. De sa taille, de sa carrure, semblable à lui-même de la tête aux pieds. Le même nez, les mêmes yeux. Seul le fait qu’il soit totalement imberbe pouvait les différencier. L’être fit un pas en dehors de la capsule et regarda les alentours. Il se tenait parfaitement droit. C’était lui. Oui c’était lui. Ça le devait depuis le début. Ça ne pouvait être que lui. C’était son sang, son propre sang. Son double. C’était lui-même.  

Savait-il parler ? Surement pas. L’être devait surement être illettré et analphabète, n’ayant aucune émotion et encore moins conscience de ce qu’il se passait autour de lui. Et pourtant il regardait autour de lui avec un certain intérêt. Son regard se posa sur Aoda et ce dernier put alors lire de la terreur dans ces yeux. Jouvence avait marché, de façon encore plus impressionnante que lui-même aurait put l’imaginer.  

Puis alors il revint à la réalité. Que faire de lui ? Il prit une serviette et la posa sur le dos de l’être qui ne broncha pas. Il regardait toujours Aoda, terrifié.  

Ils se toisèrent un instant et Aoda emmena l’être s’assoir sur l’ancien lit du bébé qu’il était encore la veille. C’est alors qu’on sonna à la porte. Aoda eut un frisson d’angoisse. Il sortit de son labo, prenant soin que l’être ne le suive pas, et referma la porte à clé derrière lui. Il alla ouvrir. Fuka se tenait sur le seuil.  

« Qu’est-ce que tu as fait ? » s’exclama t-il. « Jouvence ! L’éprouvette sur le bureau hier, tu l’as emportée avec toi ! Je t’ai vu sur les caméras ! Où est-elle ? » Aoda ne répondit pas. Il ne pouvait pas mimer l’incompréhension cette fois-ci ; il ne pouvait pas refermer la porte devant Fuka qui appellerait aussitôt la police.  

« Suis-moi. » répondit-il. Et il fit entrer Fuka. Il l’emmena vers son labo, et en poussant la porte, Fuka vit l’être, toujours assis, la serviette sur le dos. Ses yeux se vidèrent, lui aussi était terrifié.  

« Non, non… Tu n’as pas fait ça… » L’être et Fuka se regardaient désormais. Le premier n’avait plus peur, il se contentait de regarder l’homme s’agenouiller devant lui, traitant de tous les noms son créateur.  

 

 

« Non, Aoda, tu ne comprends pas. Ce que tu as fait, ce n’est plus de la science, c’est autre chose, ça va à l’encontre de tout, de l’éthique en elle-même, de la morale, de la nature, de la création divine même. Tu viens de créer la vie. Tu t’en rends compte ? Mais d’une façon que personne n’a jamais expérimentée ! Ce que tu as fait est impensable. Elimine-le Aoda, ou tu vas le regretter. Tout va retomber sur toi à une vitesse que tu ne peux imaginer ! »  

Fuka et Aoda étaient assis sur un banc, devant la maison d’Aoda. Ce dernier ne broncha pas, il se contenta d’un « Non. » catégorique. « Je vais rentrer maintenant. Rentre chez toi, contente-toi de n’en parler à personne. »  

« Mais qu’est-ce que tu vas en faire ? L’élever, c’est ça ? Le garder enfermer jusqu’à ce qu’il puisse dire Bonjour Aoda ? C’est un jouet pour toi. »  

« Rentre chez-toi je te dis. » Et ils se tournèrent le dos. Aoda poussa la porte de chez lui. Shige devait être rentrée du bureau désormais. Aoda n’alla même pas voir dans le laboratoire. Il voulait la voir elle, lui consacrer un peu de temps pour la première fois depuis trop longtemps.  

Il poussa la porte de sa chambre. Non, ce n’était pas possible. Devant lui se tenait son double, debout, immobile, nu. Il avait les yeux rivés vers Shige, inerte sur le lit, couverte de sang. Quand il vit Aoda, il lâcha son couteau et fondit vers la fenêtre par laquelle il sauta.  

Qu’avait-il fait ? Alors qu’une larme coulait sur sa joue, il regardait à travers les carreaux son propre dos nu fuir dans la ruelle en contrebas. Il se regardait, fuyant son propre méfait, impuissant.  

 

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Gen'Saku est une co-production entre Guards Brothers et WB Entertainment écrit par Sandra Takishonda et Chang Lee. Le film met en scène Lee Wong dans le rôle d'Aoda, Courteney Campbell dans le rôle de Shige, Trevor Delerue dans le rôle de Fuka, Lisa Batt dans le rôle de Nasu, Scotty Brigham dans le rôle de Luf et Alex Kruger dans le rôle de Shibaya.

Scénario : (3 commentaires)
une série A de science-fiction de Chang Lee

Lee Wong

Courteney Campbell

Trevor Delerue

Lisa Batt
Avec la participation exceptionnelle de Scotty Brigham, Alex Kruger
Musique par Adria Noyes
Sorti le 07 mars 2026 (Semaine 1105)
Entrées : 21 632 242
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