Filmé réalisé dans la foulée du tournage des Amants du Drugstore, sur les routes des États-Unis avec pour seul matériel un caméra au poing et un micro accroché au bras du cinéaste. Improvisé et avec un budget ridicule, le jeune acteur et son réalisateur ont imaginé un film racontant les fêtes de Noël d'un junky sortant de prison. Ce long-métrage sortira dans peu de salles de Gérardmerveille.  

Les portes immenses et métalliques du pénitencier de Lewisburg en Pennsylvanie s'ouvrent pour laisser échapper un jeune homme gringalet et boiteux. Il s'appelle Jimmy Grant (Mitchell Whitaker) et vient de purger une peine de trois mois fermes pour traffic d'héroïne auprès de clochards de Detroit. Aujourd'hui, il n'a plus un rond en poche même si quelques clochards lui doivent pas mal d'argent. Fallait quand même être stupide pour choisir des sans-abris comme clients.  

Comme il ne sait pas où aller, il monte dans le premier bus qui passe et en descend dès qu'il aperçoit un bar. Au comptoir, il pioche discrètement dans le bol à pourboires et se paye une bière. La première bière depuis trois mois qu'il savoure tranquillement. Il terminera une assiette de frites qu'un client n'a pas fini et s'en va immédiatement en faisant du stop le long d'une route qui mène à Philadelphia. C'est l'hiver, la neige commence à tomber et Jimmy grelotte dans son tee-shirt troué. Il ramasse une clope à moitié entamée qui fume encore et la termine en levant le pouce pour faire du stop. Un routier s'arrête et lui fait signe de monter : "Je t'emmène jusqu'à Philadelphia, je te donne un pull et un sandwich, si en échange..." dit-il en se tâtant les couilles. Jimmy sourit et grimpe dans le camion.  

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THE JUNKY'S CHRISTMAS  

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Dans un motel miteux, Jimmy s'est endormi dans les bras du routier. Au milieu de la nuit, il se lève sans faire de bruit et va faire un tour dans la salle de bain. Il se prend une douche chaude, se brosse les dents avec la brosse à dent du routier et se regarde dans le miroir pour contempler sa maigreur. Il force sur ses muscles et le regardent longuement. Il vit en solitaire dans cette chambre d'hôtel parmi les ronflements d'un routier rassasié de sa nuit érotique. Jimmy se rhabille, prend le porte-feuille du routier et se barre d'ici. Propre, chaudement vêtu et satisfait.  

Il demande au mec de l'accueil où est-ce qu'il peut trouver de la dope, ce dernier lui grifone une adresse sur un bout de papier journal.  

Jimmy est parvenu à rentrer dans une boite de nuit gay où l'alcool et la coke passent de main en main. Il passe la soirée à tous les voler et à danser. Mais cette nuit, il a sa dose de sexe, il devra repousser toutes les avances en temps voulu. La coke lui monte à la tête, d'ailleurs sa tête s'emballe dans les stromboscopes. Il accompagne son début de délire en dansant comme un fou, seul, gênant toutes les folles qui sont sur son passage. Ah, comme c'est beau quand la foule tourne autour de toi et te déteste en même. Tu deviens un centre du monde, un petit nombril horripilant qui jouit de sa décadence. Jimmy est mort de rire, il part en courant, joue à pierre-ciseaux-feuille avec le videur et lui met une baffe avant de courser à travers la bourgade. Il n'est pas encore arrivé à destination et va se reposer dans un café.  

Sa tête est désormais en béton, lourde sur la table du café, il est imperturbable dans son sommeil. Peut-être que Jimmy rêve à ce qu'il va trouver à Philadelphia, des amis, des gens qui l'attendent... Ou peut-être que les souvenirs de prison le rattrape et l'assaillent sans cesse. Mais ici l'histoire ne nous permet pas de savoir ce qui se passe dans la tête de Jimmy, on y voit tout au plus un jeune homme éreinté, seul et laissant son café refroidir.  

Ce qui l'extirpe de son sommeil est la serveuse venue s'assurer que tout va bien pour lui. Il la regardait avec ses yeux brillants (mais un peu absents) et ne comprend ce qu'elle lui disant. Il fallait attendre un peu que le brouillard du rêve se dissipe pour revenir à la réalité. Enfin, il put entendre ces quelques mots : "Tu devrais manger un peu mon chou, t'as l'air de sortir de taule !" La serveuse était une femme d'une quarantaine d'années, blonde, habillée en Mère Noël. Putain, c'est Noël ! se dit-elle dans sa tête. A cette idée, ses doigts se crispent mais il parvient à répondre : "Je veux un immense steack saignant avec d'immenses frites avec de la moutarde." Il mange cela avec une ardeur inouïe et part sans payer. La serveuse lui court après mais elle se prend les pieds dans ses bottes rouges de Noël.  

La neige tombe sur le visage de Jimmy. Il est entré dans Philadelphia il y a quelques heures maintenant. Au bord d'une maison mal clôturée, il tente de s'approcher sans que personne ne le remarque. En même temps, il n'y a personne dehors, ce doit être la rue la plus déserte de Philly. La neige recouvre ses pauvres chaussures colmatée avec du carton et pose ses yeux tout près d'une fenêtre allumée. Il y voit une famille radieuse, heureuse, réunie au pied d'un sapin de Noël fort bien décoré. Il y a la mère qui ressemble bizarrement à la serveuse, le père qui porte des pantoufles ridicules, la petite fille qui joue avec son cheval à bascule et un jeune homme, le fils, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Jimmy. Soudain, Jimmy ouvre la bouche et murmure : "Frangin, je veux te voir. Mais j'ai peur que tu me vois. On se ressemble mais j'ai l'air de rien alors que toi tu as le charme qui t'entoure. Je vais rester les pieds dans le froid glacial de la neige pour te regarder un peu et je vais repartir... n'importe où. Peut-être reviendrais-je te voir quand j'aurai du courage. En attendant, je vais continuer à errer..."  

Jimmy fit demi-tour et s'enfonce dans la profondeur d'une nuit de Noël...  

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THE JUNKY'S CHRISTMAS  

réalisé par Tobbie Whiskey  

avec Mitchell Whitaker  

durée : 1h10