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Guards Brothers présente
Une Guerre d'Acier - Episode 3 : Le Sort d'un Mage

« Le temps est venu de se soulever ! »  

- Le Mage  

 

Le Mage se tenait sur l'estrade – fabriquée en vitesse par quelques hommes pour compenser sa taille moyenne et qu'il puisse dominer son assistance. Almias se tenait un peu en retrait, le Mage l'avait gardé sous son aile depuis leur rencontre – il aimait dire que celui-ci lui portait bonheur. L'assistance du Mage s'étendait sur des lieux – des centaines, peut-être des milliers de personnes s'étaient réunis pour écouter ce qu'il avait à dire. Après son passage dans la ville d'Almias, le Mage avait traversé nombre d'autres bourgs et nombreux avaient été ceux qui l'avaient suivi. Il avait laissé pousser sa barbe blanche – qui lui donnait sans doute un air plus sage. Alors, lorsque tous se turent, il se mit à parler : « Merci à vous, mes frères, mes sœurs, d'être venus aujourd'hui ! » Les oreilles se tendirent. On entendait au loin le remue-ménage de la ville. « Nos deux souverains marchent en guerre – le pauvre Firmin lève le deuil de son peuple – une hérésie, tandis que le gros Grégoire viole notre religion. Il est temps ! Le temps est venu de se soulever ! » Les cris de guerre et les applaudissements fendirent la foule. Tous acclamaient le mage. Nous allons nous aussi en guerre. Almias regarda le Mage. Il m'a recueilli. Il est le premier à le faire.  

Le vieil homme attendit avant de poursuivre son discours – comme si il profitait de l'ivresse de la foule. Après quelques instants il dit : « Nous pouvons essayer de renverser ces deux Souverains, mais leurs héritiers ne feront que continuer leur œuvre. Nous pouvons essayer cependant. Les maudire, les tuer, et mettre leurs troupes en grève. » Beaucoup ne comprirent pas ce que voulait dire le Mage. Almias, lui, assimila ses paroles aussitôt. Il veut lancer un sort contre le Roi Grégoire et le Roi Firmin. Les tuer. En était-il capable ? Almias ne pouvait prétendre connaître la Magie aussi bien que le vol à la tire mais il ignorait si tuer un homme à distance était possible – tout serait trop simple sinon, et il aurait put le faire depuis longtemps. Et pourquoi ne pas tuer les héritiers en même temps ? Tout cela le dépassait.  

Des murmures s'élevèrent de toute l'assistance, certains applaudissaient, on pouvait lire sur quelques visages un semblant de peur – ou d'inquiétude. Le Mage leva les bras en l'air, de la même façon qu'il l'avait fait pour faire apparaître les nuages noirs. Alors, dans une langue ancienne, il prononça : « Ome Res Occide Malin. Des Ombre Ome Ha-Noh Res Bringa. Occ. Occ ! » De manière assez surprenante, après que le Mage ait prononcé ces paroles, il n'y eut ni nuage noire, ni flammes s'évadant de ses doigts, ni de monstre sortant de la forêt, ni d'armée de ténèbres.  

Juste le vent, le bruissement des feuilles, le silence.  

Le Mage baissa ses bras. Almias remarqua alors qu'en prononçant ces quelques mots il avait fermé ses yeux. Est-ce que ça va marcher ? Est-ce que les deux Rois vont mourir ? Il respectait le Mage – il ne l'admirait pas, il ne l'aimait pas nécessairement non plus, mais il le respectait – mais tuer les deux hommes les plus puissants de son temps par quelques mots dans des langues disparus semblait totalement impossible. L'homme fit une révérence à son assistance et se retira, tandis que les murmures reprenaient et que certains hommes et femmes reprenaient le chemin de la ville. Almias s'approcha du Mage. « De quelle langue s'agissait-il ? » demanda t-il.  

Le Mage regarda le jeune garçon avec un petit sourire. « Connais-tu les origines de la religion du Nehadar, mon garçon ? » Almias haussa les épaules. Il ne s'y était que très rarement intéressé et connaissait seulement l'existence des quatre dieux. « Le Monde tel qu'on le connaît a été créé par quatre Divins, cette époque est couramment appelée le Nehadar. Ces quatre dieux étaient Ne, dieu du Ciel, Ha, dieu de la Terre, Dar, dieu de la Mer et le Dieu-sans-nom des profondeurs. Ils créèrent l'homme pour interagir avec leur Monde. Une croyance très peu connue dit que chacun d'entre eux créé sa propre espèce d'homme. Nous sommes des enfants de Ha, le dieu de la Terre. Des Haïns comme le dit le Livre Fondateur. Au début du Second Âge de notre monde, de rares écrits parlent des Darins, les enfants de Dar, dieu de la Mer. Ils pouvaient rester des jours entiers sous l'eau sans respirer, et on raconte qu'ils n'avaient jamais soif. Nos ancêtres menèrent une guerre et les Darins fuirent par la Mer de l'Ouest. Lorsqu'on découvrit des Terres il y a quelques siècles par delà ces eaux, on pensa avoir découvert le Dar-noh, autrement dit les terres légendaires d’accueil des Darins. Mais tout ce qu'on y trouva fut des primitifs vénérant un Dieu Araignée. Sûrement quelconque tribu ayant traversé ces mers il y a des millénaires, mais ce n'étaient pas des Darins. On ne trouve aucune trace des deux autres hommes créés par les deux dieux restants. Cependant la langue que je viens d'utiliser possède des origines très floues – lorsque je fit la connaissance de Quim, peut-être connais-tu ce nom, il s'agit d'un grand sage qui traversait nos terres il y a quelques décennies, celui-ci me raconta une passionnante histoire sur les origines de cette langue. Elle serait l’œuvre des enfants du Dieu-sans-nom, une langue des profondeurs aux propriétés magiques sans fin. Une histoire, sans doute, mais depuis je me plaît à me le rappeler. »  

Almias regarda le Mage pendant un moment. Il ignorait l'existence de toutes ces histoires. Il voulait en savoir plus. « Mais, les gens ignorent l'existence des Darins... »  

« Oui, ces légendes sont tombés dans l'oubli. Seul les hommes de Foi, les hommes de science ou les Seigneurs intéressés par la religion connaissent ces histoires – le Royaume de Rodoc pratique encore cette religion mais les rares exemplaires du Livre Fondateur sont scellés dans quelques rares bibliothèques. Les gens comme ceux que tu côtoie ne connaissent que très peu de ces histoires. Mon rêve fut pendant longtemps de traverser la Mer de l'Ouest et d'explorer le Dar-noh, dans l'espoir d'y trouver des vestiges Darins. Mais après les quelques guerres qui s'y déroulèrent il y a un siècle, tous partirent et il n'y reste qu'une ou deux colonies très fermées à seul but commercial. Si nous sortons vivants de cette aventure, je te promets de t'y emmener. »  

Les gens étaient tous partis. Il ne restait que le Mage et Almias. Le vent souffla dans la barbe du vieil homme. Il souriait, mais pas de son rictus habituel – ses lèvres formaient un sourire presque paternel. Peut-il lire l'avenir ? Sais t-il si nous survivrons à cette guerre ?  

 

 

Ses navires coulaient sans problèmes les rafiots des pirates. Tous ces scélérats vont goûter l'odeur des profondeurs de la mer. Nestor Rousse ne faisait que regarder ses hommes combattre depuis la fenêtre de son Castelmagne – sa forteresse imprenable. Ces pirates ne faisaient que l'attaquer depuis deux mois – et il ignorait quand ses murailles allaient tomber. En tant que Seigneur de ces îles Rousses, il était le défenseur du monde de son Roi – il le protégeait de la Mer de l'Ouest et de ses requins. Un jeune homme arriva dans son dos et demanda : « Messire Rousse, j'ai un message du Roi. » Nestor se retourna lentement vers le messager. Il avait l'air complètement apeuré de se trouver ici même, alors que dehors se battait la flotte rousse. Il le regarda de haut et dit :  

« Parle. » Le messager eut un frisson et releva la tête qu'il avait incliné comme si Nestor Rousse était son souverain. Il se tritura la manche et déclara d'un ton inquiet ces quelques mots rapidement :  

« Sa Majesté Grégoire mène une campagne contre Rodoc et le Roi Firmin. Il vous fait appel en tant que son plus grand vassal en terme de nombre de troupes pour l'accompagner, pour prendre Grand-Cité par la mer. » Nestor leva les sourcils. Est-il fou ou demeuré ? Je me bats depuis des mois contre ces forbans et il me demande de lui prêter main forte. « Il m'a dit aussi qu'il comptait sur vous et qu'un refus lui ferait grand mal. » Si je refuse il mettra ma tête sur une pique et dansera avec dans la cour de Noirfort, bien entendu. Nestor s'assit sur son fauteuil tandis qu'à l'extérieur grondait le son de la guerre. Il remarqua alors la présence dans la pièce de son épouse, Sophie Boismont, une roturière. Sans doute ignorait-elle de quoi il était question, de l'étendue des conséquences de la future réponse de Nestor. Si il refusait, il mettait en jeu son propre avenir, celui de sa tête – car il présenterait un affront évident au Roi Grégoire qu'il valait mieux ne pas énerver. Si il acceptait, les pirates finiraient par prendre Castelmagne et violeraient son peuple. Il faudrait reprendre les îles mais à quel prix ? Celui de la vie de son peuple, de la virginité de leurs filles et de l'or de leurs pêches. Qu'avait-il fait à Dar pour que celui-ci le punisse d'un tel dilemme ? Il souffla d'épuisement. Tout ceci n'avait plus de sens, tout se retournait contre lui quoi qu'il fasse, que ce soit pour le bien de son fief ou pour celui de son Roi.  

« Dis à Grégoire que... » Il s'arrêta et regarda le ciel à l'extérieur. Des nuages noirs. Encore. Mais toujours aucune tempête. Est-ce un présage ? Il regarda Sophie. Elle tricotait d'un air idiot un quelconque vêtement pour Tristan, son dernier né. Elle fait encore le deuil de Martin. Il sentit les larmes lui monter aux yeux. Ne pense pas à lui. « Que dis-on sur le continent ? Quels bruits courent ? » demanda t-il au Messager.  

Celui-ci fut un peu prit de court. Il balbutia : « A Salet, avant d'embarquer pour les îles, j'ai entendu parler d'un Mage. Tous parlent de lui, un vieil homme à la magie puissante. Il monterait une révolte pour renverser nos suzerains. » Un Mage ? Peut-être s'agit-il de rumeurs vagues, mais ça ne m'étonnerait pas qu'une révolte se forme. Qu'elle ait à sa tête un puissant sorcier ou un simple voleur de chèvre, une révolte se forme depuis trop longtemps. Et ils se font la guerre. Qu'ont-ils dans la tête ? « Qu'est-ce que je réponds au Roi Grégoire, Messire ? »  

Fallait-il vraiment lui répondre ? Qu'est-ce qui se passerait si là, tout de suite, Nestor assassinait le pauvre Messager ou l'emprisonner dans ses cachots et, lorsque Grégoire lui demanderait pourquoi il n'était pas venu, lui dire qu'il n'avait jamais vu de Messager ? Non, il trouvera quelque chose à redire. Ça reviendrait au même. « Dis au Roi que je ne peux pas lui venir en aide, j'ai besoin d'hommes pour défendre mes vassaux de l'envahisseur venu des mers. » Ça y est, il l'avait dit. Le Messager sembla sur le point de pleurer. Il va devoir l'annoncer à Grégoire. Il pourrait prendre pour moi.  

« Si je peux me permettre... » commença le Messager. « Mieux vaudrait ne pas le mettre en colère. » Bien entendu. Je le connais depuis plus longtemps que toi, mon garçon. Nestor se leva de son fauteuil. Il fit signe au garçon de sortir, sans même lui répondre. Il perdait foi en tout ceci. Le monde perdait la raison, les Rois avec. Attaquer Rodoc pendant le Deuil ? Un affront impardonnable. Firmin avait déjà dut le lever, et il ne le pardonnera jamais à Grégoire. Jusqu'à sa mort, Rodoc se battra.  

Mais ce n'était désormais plus ses préoccupations. Il avait une guerre à mener.  

 

 

Firmin se trouvait dans la voiture royale. Elle était tirée par deux chevaux. A ses côtés se trouvaient son frère, Florent, et Marianne, sa tante. Bien sur, le Roi, l'Héritier et la sœur du feu souverain allaient rester en retrait du combat – personne ne voulait voir un nouveau Roi mourir si peu de temps avant le précédent. Modric Riverin avançait en tête du cortège, accompagné de quelques seigneurs. Derrière, l'armée, tous ceux que Firmin avait put réunir en si peu de temps. L'armée de Grégoire se trouvait à Croston et tenait en siège le Château. Certains disaient que le Seigneur des lieux et sa fille avaient fuient, mais on n'avait pas retrouvé leur trace depuis. Ils s'arrêtèrent en milieu de journée – le Roi et sa famille eurent droit à un véritable festin tandis que les soldats ne mangèrent qu'une bouchée de pain et un peu de bouillie.  

Ils reprirent la route après une bonne heure. Au bout d'un moment, Modric Riverin les rejoint dans la voiture. Il avait l'air de vouloir s'entretenir avec le Roi, et ce malgré la présence de Marianne et Florent. Qu'il fasse ! Je me fiche de ses combines ! Il s'assit en face du Roi et dit :  

« Messire, un messager vient de m'avertir que nous avons retrouvé Croston et sa fille. Ils ont rejoint Lasque, et attendent notre venue. Je vous propose de faire un détour et de les récupérer – ils ont sûrement des informations tactiques sur l'armée adverse... » Firmin acquiesça. Modric ressortit de la voiture.  

Il se passa quelques minutes avant les trompettes.  

Brusquement, le soleil fut caché par quelques nuages et la vallée s'assombrit. Le temps, jusqu'alors ensoleillé, devint noir et sombre. On entendit alors des bruits de trompettes. Les têtes des trois occupants de la voiture se tournèrent vers l'origine du bruit : la forêt adjacente à la route. La voiture s'arrêta, le cortège aussi. Des soldats s'avancèrent dans le champ. « Je dois sortir voir ce qui se passe. » dit Firmin.  

La pluie. Les nuages. Les trompettes. Firmin sort, pousse la porte du carrosse. Il la referme vaguement et s'avance dans le champ. Modric arrive derrière lui. Il lui dit de se mettre à l'abri. Firmin l'ignore. Soudain, des cavaliers sortent de la lisière de la forêt. Marianne reconnaît leurs couleurs. L'armée de Noirfort. Les hommes de Grégoire ! Ils fondent sur les quelques soldats qui se trouvaient près d'eux et n'en font qu'une bouchée.  

Firmin est le prochain.  

Le plus grand cavalier fond sur le Roi et plante une flèche dans son cœur. Firmin s'écroule. Marianne crie. Florent se cache les yeux. Modric sort son épée et tue le cheval d'un coup avant de décapiter son cavalier. D'autres arrivent, mais Modric revient vers la voiture avec le corps du Roi. Marianne veut sortir. Elle veut le voir. L'aider. Il ne faut pas qu'il meurt. Modric pousse la porte de la voiture et pose le corps sur le sol. Il fait signe au cocher de démarrer. Il semble paniqué. De la sueur trempe ses cheveux. Entre les pleurs de Florent et les cris de douleurs de Marianne il arrive à faire appel à un médecin.  

Mais il est trop tard.  

Seul, dans les yeux de Firmin, restera gravé à jamais sa dernière vision d'horreur – celle d'une flèche lui transperçant le cœur – et dans sa tête, le dernier son qu'il ait entendu – celui des cris de souffrance de ses proches et des cris de guerre de son peuple.  

 

 

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CASTING :  

 

DAVID CROQUETTE : Nestor Rousse  

STJEPAN BOKSIC : Le Mage  

TANYA JOHNSON : Marianne Roysse  

TREVOR BACON : Almias  

SAM PEWANN : Firmin Roysse  

DEMETRA GORMAN : Sophie Boismont

Scénario : (2 commentaires)
une série A fantastique (Serial) de Luccio Calvino

David CROQUETTE

Tanya Johnson

Stjepan Boksic

Demetra Gorman
Avec la participation exceptionnelle de Trevor Bacon, Sam Pewann
Musique par Lisa Kelly
Sorti le 30 avril 2027 (Semaine 1165)
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