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Guards Brothers présente
Une Guerre d'Acier - Episode 4 : Les Lames d'un Soir

« Nous les traînerons dans la boue, nous prendrons leurs châteaux et violeront leurs filles. Nous brûlerons leurs pères et nous pisserons dans leurs verres. »  

- Thibaut Peyre  

 

Le corps sans vie de feu son père le Roi Grégoire III siégeait d’orgueil dans le giron de son cercueil. Thibaut regardait le cadavre à la fois triste et désordonné – il était Roi, son père est mort. Tout cela était arrivé brusquement. Après l'assaut surprise mené contre l'armée Rodoc, le Roi était tombé en même temps que les premières gouttes de pluies. Lorsqu'il leva sa hache, son fameux corps s'écroula sur le sol, chutant de son destrier.  

Le Roi est mort. Mon père est mort.  

Son oncle signifiait d'un regard reptilien tout l'intérêt plus ou moins bienveillant que lui octroyait le décès de son pauvre frère. Auguste Peyre était effectivement parmi les Seigneurs, à rendre un dernier hommage au Roi Grégoire, tombé sans même savoir que son assaut avait tué son adversaire. Tous regardèrent alors Thibaut. Il aurait voulu disparaître, se retirer et laisser l'un de ses conseillers faire le boulot à sa place. Mais il était Roi. Et quelque soit son conseiller Auguste se débrouillerait pour le renverser et diriger le Royaume comme bon lui semble. Yan Merbord, l'un de ses derniers vassaux important encore en vie et capable de marcher fut le premier à parler :  

« Que faisons-nous, votre Majesté ? » Que faisons-nous... oui, excellente question. Guerroyons, fuyons ou endeuillons nous. Comme bon vous semble, Merbord. Devant le silence de Thibaut, Auguste eut un rictus. Ce serpent m'assassinera dès que j'aurais le dos tourné. Il faut que je l'élimine en premier. Merbord ne sut que dire, alors que Thibaut se contentait de fixer tous ces seigneurs, las. « Votre père s'y attendais, mais Nestor Rousse ne rejoint pas nos rangs. Il préfère combattre ses pirates. Votre sœur, Eugénie et votre jeune frère, Victorin, de même que ma propre fille, veuve de Sa Majesté, arriveront d'ici quelques jours pour rendre un dernier hommage à Grégoire. » Oui, bien sur. J'oubliais que tu étais mon grand-père. Ma chère mère que je n'ai vu que par deux fois dans ma vie était aussi ta fille. Qu'est-ce que ça te faisais de savoir que mon porc de père avait pour chauffe-lit ta jolie fille ? Qu'est-ce que ça te faisais de savoir qu'il possédait plus d'adultères à son compteur que toi tu possèdes de soldats ? Tu pourrais très bien l'avoir poussé de ce cheval.  

« Très bien, Sire Merbord. Mais je me fous royalement des intentions de votre fille comme de l'inaction de ce traître de Rousse. Nous sommes en guère, quand même. Alors prenez vos lames, mettez vos plaques et qu'on aille réduire en cendres ces lavettes de Rodoc avant que ces abrutis ne décident de violer un deuxième Deuil en l'espace d'un mois. » Merbord haussa les sourcils. La mine d'Auguste s'obscurcit soudain. Mais l'effet était là : tous les autres Seigneurs levèrent leurs poings en gueulant quelconques cris de guerre. Il ne faut décidément pas grand chose pour les motiver et les faire scander mon nom. Thibaut Ier le Valeureux. « Et pendant que j'y pense – qui est l'heureux Régicide qui a décapité ce pauvre Firmin, que je le récompense ? »  

Le gras Sire Richard Oston, seigneur d'Hesteran, s'avança et déclara d'un ton fier : « Le chaos des combats aurait put effacer cet exploit, mais il se trouve que j'ai put identifier l'un de mes chevaliers, Ser Eldric de Tombe. » Thibaut s'attendit à ce qu'un autre Seigneur se manifeste et déclare qu'il s'agissait de l'un de ses chevaliers, mais Oston resta le seul à revendiquer le régicide.  

« Très bien. Vous me présenterez ce Ser Eldric. Il fera parti officieuse de ma Garde Royale. De même, et j'insiste, que Ser Arnon, ici présent. » Thibaut indiqua Arnon, le jeune chevalier qui l'avait accompagné durant le trajet. Il l'avait sommé de venir ici malgré la présence d'hommes à l'engeance de bien meilleure tenue que la sienne. Il y eut quelques murmures mais les cris de guerre reprirent. Arnon semblait quelque peu dépassé mais s'agenouilla. Plus tard. Je ne veux pas t'adouber à côté du macchabée de mon père. Il était temps de se lever et de prononcer quelques paroles guerrières. Thibaut se redressa, pris sa propre épée dans sa main et la leva vers le ciel.  

« Nous les traînerons dans la boue, nous prendrons leurs châteaux et violeront leurs filles. Nous brûlerons leurs pères et nous pisserons dans leurs verres. Dans deux jours, Sires, nous les aurons vaincus ! » Et tandis que tous ses seigneurs, Oston le premier, gueulaient comme jamais ils n'avaient gueuler, le sourire assuré de Thibaut s'affaissa quelque peu. Qu'est-ce que je fais ?  

 

 

Il n'arrivait pas à savoir si dans les yeux de ces gens, c'était de la peur ou de la joie qui s'y traduisait. Almias se tenait à côté du Mage, comme à chacune de ses apparitions. On venait de leur annoncer la mort de Grégoire et de Firmin, ces deux Souverains belliqueux. Le premier était tombé de son cheval, le second s'était fait froidement tuer par l'armée de l'autre. Almias n'y aurait jamais cru – mais l'annonce passa pourtant si facilement. Lorsque le Mage avait lancé le sort sur les deux Rois il ne pouvait concevoir que cela soit possible, mais désormais cela semblait une évidence. Le Mage est un Dieu. Ou son messager. Seul un fou ne le suivrait pas. Cette fois, il n'apparaissait pas comme à l'accoutumée – une estrade bâtie de bois, la longue assistance – il se trouvait dans ce village qui leur servait de campement. Tous ses suivants s'y étaient installés. Il y a quelques jours encore, la vie de ces paysans était d'une banalité linéaire – l'arrivée de tant de nouveaux visages avait dut fortement les bousculer. Le Mage avait prit place dans le petit château local – son petit Seigneur était parti en campagne et n'avait laissé que quelques domestiques pour tenir son domaine.  

La place du village était pleine, et le Mage avait dut se mettre en hauteur sur le puits central pour que chacun puisse le voir. Tous étaient encore sous le choc de la mort des deux Rois. Il y avait des murmures, beaucoup de murmures. Quelques pleurs, quelques joies – mais pas d'extase, pas de mouvement de foule euphorique. Vers quoi pensaient-ils qu'ils marchaient ? Le Mage prit alors la parole une seconde fois : « Mes frères, mes sœurs. Ces morts sont certes tragiques mais étaient un mal nécessaire à l'avancement de notre quête – votre, notre liberté. J'ai envoyé un messager porter une requête au nouveau Roi Florent – ou plutôt à son camp de guerre qu'il devrait rejoindre sous peu, actuellement régis par Sire Modric Riverin. Il est en effet dans notre intérêt de lier nos factions – notre religion est la même, ainsi que nos croyances, et Florent n'a aucune raison de violer le Deuil comme son aîné. Nous allons l'aider à écraser les hérétiques venus de Cerve, puis nous agirons dans son cas. Peut-être le laisserons nous gouverner, peut-être le renverserons nous. Mais ce sont des interrogations qui n'ont pas lieu d'être pour le moment. Nous allons nous concentrer pour une marche vers le camp de Rodoc. Il est évident que Cerve tentera de nous attaquer, mais ma puissance magie pourra les retenir. Vous avez vu ce dont je suis capable. Ce vers quoi je peux vous mener. »  

Il y eut quelques applaudissements mais personne ne cria d'euphorie, personne ne poussa de cris de guerre. Ce n'était pas pour autant le silence – beaucoup murmuraient, chuchotaient. Nous allons donc rencontrer le Roi Florent. Il doit avoir mon âge. Almias n'avait jamais rencontré ni vu ne serait-ce qu'un Seigneur. Le chevalier fieffé qui siégeait dans sa ville natale était vieux et mourant, seul l'une de ses filles, restée pour s'occuper de son vieux père, sortait parfois. Mais c'était tout. Et ils partaient d'ici peu pour le Campement des forces Rodoc.  

Le Mage descendit du puits. Almias resta à ses côtés. Ils avancèrent en silence vers le château que le Mage s'était approprié. Lorsqu'ils ne furent plus qu'à quelques mètres, à l'écart de n'importe quelle oreille ou paire d'yeux, le Mage s'arrêta. Il fixait le sol, la tête baissée vers ses pieds. Il resta comme ça quelques instants puis s'écroula. Il était désormais à genoux, mais pas de la même façon qu'il priait – il implorait, il pleurait. Ses bras ballants retombaient sur ses hanches, ses yeux laissaient écouler nombre de larmes. Il ne gémissait pas ni ne disais mois. Il se contentait de pleurer, ainsi, aux côtés d'Almias. « Que vous arrive t-il ? » demanda celui-ci.  

Le vieil homme releva lentement son visage et regarda le jeune garçon. Là où la marque de la tristesse venait de le vieillir d'encore quelques années, un maigre sourire vient quelque peu illuminer ses traits. « Sais-tu qui je suis ? » demanda t-il.  

« Oui, bien sur. Vous êtes le Mage... »  

« Non, tu ne comprends pas... sais-tu qui je suis ? » Il fixait le jeune garçon, mais pas comme d'habitude – ses yeux étaient moins pénétrants, il semblait attendre une vraie réponse d'Almias – comme si lui même ignorait cette réponse. Pourtant après quelques instants il dit : « Je n'ai jamais sus qui j'étais. Comme toi, je suis né sans nom. Sans mon propre nom je veux dire. Ce monde est fou, Almias. Ce que je fais, ce n'est pas pour moi. Je me rends compte maintenant que tout ceci, je n'aurais jamais été si loin sans toi. Toi seul, Almias. Tu n'as beau ne me faire grâce que de ta présence, celle-ci me semble désormais être plus importante que tout le reste. Accompagne moi si tu le souhaites voir le Roi Florent, mais je préférerais que tu partes, que je t'épargnes tout cela. Pourtant il me semble que je ne réussirai pas sans toi. Vois-tu, j'aurais aimé être pour toi ce père que je n'ai jamais vraiment eut, cette mère qui m'a abandonné si tôt. Ça compte pour moi. Et je voudrais t'offrir ceci. Un bien matériel à défaut d'avoir put t'offrir toutes ces paroles. » Il sortit de sa poche ce qui ressemblait à un médaillon mais qui n'en était pas un. C'était une sorte de pièce en or d'un côté, et en argent de l'autre. Au centre une divinité, sur chaque face. « Je l'ai toujours eut, mais je ne pense pas en avoir d'avantage l'utilité. Tiens, prends-le. » Il lui tendis la pièce et la déposa dans ses petites mains. « Maintenant rentrons. » ajouta le vieil homme en se relevant, essuyant d'un revers de manche les gouttelettes perlant sur ses joues.  

 

 

Modric était en compagnie de Gisla de Croston. Elle était assise sur le lit de sa tente, elle venait de se rhabiller en vitesse après les ébats qu'ils venaient d'entretenir. Lui avait plus de cinquante ans et elle à peine plus de vingt mais ils s'aimaient. Du moins je crois que je l'aime, et qu'elle m'aime. « Nous ne pouvons pas continuer ainsi, Modric. » Elle baissait les yeux, elle semblait épuisée, non pas par leur récent sport mais par tout ceci. Cette guerre, ces secrets. Tous ces secrets. Trop de secrets que nous taisons tous depuis trop longtemps. « Tu as été marié. Tu as deux enfants. Ta fille était la femme de Robin. Et puis tout ceci... » Elle se leva et posa ses mains sur son visage, pas pour se cacher mais pour pleurer. « J'en ai marre de tout ça. De ces secrets. Tu as vu tant de choses, Modric. Tu savais qui était Robin. Qui était le vrai Robin. Ce qu'il ordonnait durant ses conseils, mais aussi les nombreuses manières dont il a trompé tout Rodoc. Tout cela, tu es le seul à le savoir. Et puis j'arrive dans tout ça. Je suis un secret de plus, personne ne devrait savoir pour nous deux. Tu le sais autant que moi, la maison Roysse est terminé. La guerre fait rage et Florent n'a pas d'héritier. Il est encore jeune et il vient au front. Nous allons tous mourir. Tu ne comprends pas, tout ça ? »  

Modric aurait put la calmer, tenter d'atténuer ses pleurs. Mais il resta là, les yeux fixés sur son amante. Tous ces secrets. Trop de secrets. Il se leva. « Si nous mourrons, ce monde mourra avec nous. Ce Monde de Sang, de Trahison, de Pouvoir. Est-ce que quelqu'un le regrettera ? Ce Mage qui va nous rendre visite a peut-être la solution. Il va contrer Cerve, et nous gagnerons. Nous serons les pionniers d'un Nouveau Monde. Je ne sais toujours pas si tout ceci est une fin ou un commencement. Ou peut-être n'est-ce qu'une simple péripétie. »  

Gisla était assise sur le sol désormais. Elle répéta : « Tous ces secrets. » Trop de secrets.  

Robin était assis et siégeait sur toute sa tablée. Il regarda les deux hommes qui se trouvaient à ses côtés. L'un d'eux était Modric Riverin, son ami de toujours, l'autre été Audoin Windes, à qui il avait promis sa sœur lorsqu'elle n'était même pas en âge de se marier. Il était son beau-frère maintenant.  

Modric aida Gisla à se relever. Il l'embrassa. Il ne savait si il voulait ce baiser à des fonctions curatives ou pour qu'elle se souvienne de lui si il venait à mourir. Il repensa à ses enfants. Gaëlle et Georges. Georges je t'ai trop menti. Tous ces secrets. « Ce soir je monte les troupes au combat. Grégoire est mort et c'est notre seule chance. Cette bataille sera peut-être la dernière. Sans doutes. Ou peut-être y en aura t-il d'autre et que cette guerre durera encore mille ans, puisqu'elle semble durer depuis autant de temps. Je dois partir, Gisla. Je t'aime. » Et il laissa sa maîtresse. Que n'avait-il pas donné pour elle... Il se souvenait lorsqu'il l'avait rencontré à ce banquet à Croston. Il l'avait tout de suite aimé, et ce malgré la présence de son épouse. Trop de secrets. De sanglants secrets. Et lorsqu'il avait appris qu'elle fuyait avec son père, il n'avait pas hésité. Grégoire attendrait. Il fallait la récupérer. Je l'aime. Mais c'est un secret.  

Robin prit la parole : « Tout ce qui se déroulera ici, aujourd'hui, restera un secret pour l'éternité, mes frères. Un secret que vous emporterez dans vos tombes, je l'espère. » Robin se leva. Il était plus grand que d'habitude. Il leva les bras. Il semblait vouloir leur parler, comme si ils étaient son assistance.  

Modric arriva près de ses troupes. Il monta sur son destrier et se mit en marche. Les soldats avançaient derrière lui. Il les menaient à la bataille. Je les mène à la mort. Mais c'est un secret. Trop de secrets. Au loin, très loin, il voyait les troupes de Thibaut avancer. Peut-être plus nombreuses que les siennes. Toi aussi tu as des secrets. Nous possédons tous des secrets.  

Robin les regarda. Il dit : « Messires, je veux disparaître. Mourir mais être réincarné. Je veux que vous simuliez ma mort. Je veux que tous croient que je sois mort. Mes longues recherches m'ont permis à moi et à des personnes dont j'espère vous ignorez l'existence de réaliser un cadavre m'étant identique en tout point. Tout ce que je veux, c'est que vous m'aidiez à disparaître. N'en dites rien à Marianne ni à Firmin. Jamais. Ils ne doivent jamais savoir. Ce sera un secret »  

Modric baissa les yeux.  

Robin tenait une pièce dans sa main. Elle était en or d'un côté et en argent de l'autre. En son centre, une divinité.  

 

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CASTING :  

 

RAPHAËL LILLARD : Thibaut Peyre  

DIRK GOLD : Modric Riverin  

STJEPAN BOKSIC : Le Mage  

RON BLAKSTAD : Almias  

TORI HUNTER : Eugénie Peyre  

EZRA MONET : Gisla de Croston

Scénario : (1 commentaire)
une série A fantastique (Serial) de Patricia Coleman

Raphael Lillard

Tori Hunter

Dirk Gold

Ezra Monet
Avec la participation exceptionnelle de Stjepan Boksic, Ron Blakstad
Musique par Lisa Kelly
Sorti le 14 mai 2027 (Semaine 1167)
Entrées : 21 340 827
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