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Guards Brothers présente
Une Guerre d'Acier - Episode 5 : La Main d'un Traître

« Nous pourrions monter une armée d'estropiés ! »  

- Ser Dennis Trevaut  

 

Le Mage marchait en tête du cortège. Il savait pertinemment que Florent ne laisserait pas entrer la plupart de ses suivants, ainsi les avait-il prévenu avant leur départ qu'il serait sûrement seul à pénétrer dans la tente. Rodoc les accueillait. Rodoc nous reconnaît. Almias tenait fermement dans sa main droite la pièce que lui avait confié le Mage. Des gardes vinrent à leur rencontre sur deux énormes destriers. Au loin, on pouvait voir le campement de leur armée. Des blessés tapissaient le sol. Ils se sont battus il y a peu. Même à quelques miles, ils entendaient les cris de douleurs des estropiés. Les deux soldats s'entretinrent avec le Mage et après quelques instants, celui-ci se retourna. C'est alors qu'Almias remarqua que celui-ci avait mis son capuchon, comme pour camoufler son visage.  

« Mes chers frères, mes chers sœurs, le Roi me fait savoir qu'il veut que j'avance seul à sa rencontre. Il m'autorise simplement à emporter avec moi trois de mes fidèles. » Son regard se porta rapidement sur Almias. Il ne veut pas que je voit ça. Il ne me choisira pas pour l'accompagner. Il fit signe à trois de ses suivants qui vinrent à sa rencontre. Almias les connaissait, ils étaient effectivement parmi les plus fidèles. L'un d'eux se nommait Husgar, à sa connaissance, un homme trapu à la grosse barbe, pas très âgé mais imposant. Il n'était pas en loques comme la plupart des autres et aurait put passer pour un Seigneur outrageux si il n'était pas dans la suite du Mage. L'un d'eux était une femme, pas très belle et Almias ne connaissait pas son nom. Le dernier était un homme assez jeune, à peine vingt ans, qui vivait dans le même village qu'Almias – il ignorait lui aussi son nom. Après quelques instants, alors que les quatre allaient partir vers le camp, le Mage s'approcha d'Almias. Il le regarda dans les yeux, comme si il sondait son âme. « J'espère que tu comprends. » dit-il. Almias répondit par un hochement de tête. « Je me suis arrangé avec les gardes, tu peux venir jusqu'au camp. Je veux que tu vois ça. Tu n'entrera pas dans la tente, mais je veux que tu vois la folie meurtrière des hommes. Allez, viens. » Il ne comprit pas tout de suite. Je l'accompagne en faites. Et il prit leur suite. Le groupe resta en retrait. Beaucoup s'assirent, des chants s'élevaient déjà derrière eux. Almias reconnu l'un d'entre eux.  

« Le Roi lui dit :  

Ma fille est partie, oh ma fille est partie  

Si tu m'aimes plus qu'elle, alors occis-la.  

Edmond aimait la princesse mais plus d'avantage son Roi  

Et qui on dit, fusse t-un un loup  

Cingla vents et bois, courant l'aube et nuit  

Le Chevalier Edmond trouva la princesse  

Son épée coupa l'air et nul âme ne l'entendit  

Plus jamais, non jamais ne l'entendit. »  

Après quelques centaines de pas ils arrivèrent près du camp. Husgar soufflait comme un bœuf. Il porte sur lui de la graisse et non des muscles. Ou alors un mélange des deux. Des blessés s'étalaient sur le sol, à certains il manquait des jambes, d'autres des bras, d'autres n'avaient ni l'un ni l'autre. Certains criaient, suppliant leur Mère et le Dieu-sans-nom de les épargner. D'autres dormaient. Ou alors sont ils morts. Des prêtresse s'occupaient d'eux, accourant d'un sac de foin à un autre, coupant des membres, des cris ou même des vies.  

Le Sang. Du Sang partout. Il y en avait sur des miles, comme si l'ensemble du camp était blessé. Almias se tourna vers l'un des deux gardes et demanda : « Qui a gagné ? » Le garde ne lui donna même pas un regard. Almias ne sut pas si c'était par désintérêt ou par peur.  

« Je me le demande moi-même. Gagner, c'est anéantir le camp ennemi. Or ni eux, ni nous, n'avons éliminé entièrement nos adversaires. Nous avons rapporté nos blessés, ou ceux-ci se sont rapportés eux-même, rampant dans la boue dans l'espoir de traverser deux heures de cheval par leurs propres muscles. C'est rare, mais nous avons plus de blessés que de morts. Nous pourrions monter une armée d'estropiés ! » Il rigola et se tut.  

Almias faillit trébucher sur le corps d'un homme qui gémissait sur le sol. Il lui manquait les deux yeux, et une plaie grande comme son bras traversait son visage de long en large. Il ne ressemblait même plus à un homme. Ils arrivèrent près de la tente. Le Mage entra, suivi de Husgar et des deux autres. Almias resta à l'extérieur, conformément à son ordre. Le chevalier qui lui avait répondu resta avec lui. « Je vais te raccompagner au camp des tiens. Tu n'as pas besoin de voir ces hommes estropiés. » Il acquiesça. Lui non plus n'avait guère envie de rester ici plus de temps. Alors ils firent demi-tour. Il appris que le chevalier se prénommait Ser Dennis Trevaut, il était un vassal de Modric Riverin, selon ses propres dires. Ils remontèrent la longue colline qu'ils avaient descendus quelques temps plus tôt, et ils ne se trouvaient plus qu'à quelques pas du camp du Mage quand tout survint.  

Un bruit d'une intensité rare. Une explosion. Ser Dennis et Almias se retournèrent. Le chevalier, apeuré, avait dégainé son épée et avait sauté de son destrier. De la tente royale s'échappait un brasier bleu, de la fumée s'élevait sur des pieds et des pieds au-dessus de la tente. On entendait des cris, en provenance des deux camps. Le brasier n'était pas humain. Alors Almias comprit. Le Mage. C'est le Mage qui a fait ça. Et il ne fut pas le seul à comprendre. Des chevaliers en provenance du camp, parmi tant d'autres qui volaient au secours du Roi dans la tente, chevauchaient vers la suite du Mage. Ser Dennis et Almias se trouvaient au milieu. Le chevalier Rodoc se tourna vers l'enfant. « Monte sur mon cheval. Ceux là ne te veulent pas du bien. » Il semblait paniquer mais se contrôlait. Le Mage. Je ne peux pas partir sans lui. Almias ne pouvait bouger. Il regardait la tente, flamber, au loin, tandis que des hommes en furie fondaient sur lui. Devant l'inaction du jeune garçon, Ser Dennis le pris par les guenilles et le plaça à ses côtés sur son cheval. Il fit claquer les rênes et s'en fut, galopant le plus loin possible d'une nouvelle bataille. D'un nouveau massacre.  

 

 

Marianne Roysse se tenait aux côtés de son royal neveu. Le premier était mort. Firmin. Et Florent venait de lui succéder. L'enfant roi, comme on l’appelait, accueillait aujourd'hui le Mage, cet homme à la réputation grandissante, ce rebelle – si l'on croyait les dires – qui voulait unir Rodoc et Cerve et redonner à la religion une place plus importante. Les plus grands vassaux de Rodoc se trouvaient aussi là – Audoin Windes, l'époux de Marianne, Geoffroy Fleuret et Harry De Croston. Modric Riverin s'occupait de retrouver les restes de ses troupes, éparpillés désormais dans tout le Royaume après le massacre de la bataille qui venait de se dérouler. Ils attendirent sans qu'aucun mot ne fut prononcer pendant un certain temps. Un garde finit par enter et dit que le Mage arrivait.  

Quelques instants plus tard, un vieil encapuchonné. Marianne vit Audoin détourner le regard. Il semblait gêné. Ou apeuré. Juste avant que ses yeux se tourne, elle vit une lueur d'inquiétude – comme si son mari venait de réaliser une effrayante vérité. Croston et Fleuret demeurèrent de marbre tandis que deux hommes et une femme, des suivants du Mage, faisaient à leur tour leur entrée dans la tente. Le garde fit signe au Mage de s'asseoir sur une chaise. Les autres restèrent debout.  

« Mage, retirez cette capuche, vous êtes en présence d'un Roi ! » Fleuret semblait sur de lui. Si ce Mage utilise vraiment la magie, celui-là ne fera pas long feu. Mais le Mage ne bougea pas d'un pouce. Il se contenta d'ignorer les paroles du Seigneur de Chambre-Montagne. Fleuret sembla furieux de l'inaction du vieil homme mais ne dit rien.  

Croston murmura quelque chose à l'oreille de Florent. Celui-ci répondit par un hochement de tête et déclara, comme si on le lui avait appris par cœur : « Les trois Seigneurs qui sont ici – Messires Harry De Croston, Audoin Windes et Geoffroy Fleuret parleront en mon nom. » Ils s'octroient l'honneur d'être Rois dans cette tente. Croston s'éclaircit la gorge et dit à son tour :  

« Mage, nous acceptons avec grand honneur votre aide dans la guerre contre Cerve mais nous vous sommerons, une fois celle-ci terminée et remportée, de dissoudre vos troupes rebelles. » Le Mage remonta légèrement sa tête. Il porta ses mains sur sa capuche et la retira.  

Robin. Frère. C'était impossible. Il est mort. Mais c'était une évidence – l'homme à la barbe blanche, dans la force de l'âge, dans ces guenilles et sous cette capuche, c'était l'ancien Roi de Rodoc. Tous restèrent bouche bée. Tous sauf Audoin Windes qui détournait ses yeux. Fleuret se leva d'un bond. Il bafouillait, tentant vainement de dire quelque chose. Les officiers du Mage ne savaient de quoi il recourrait – ils ignoraient sans doute l'identité du Mage et ne firent que dévisager la surprise des Seigneurs.  

« Sire... Robin ? » Les yeux de Fleuret étaient écarquillés. De peur. De surprise. D’incompréhension. Comme si le Mage, anciennement Roi de Rodoc, venait de faire devant lui le plus impressionnant et terrifiant des tours de magie. Florent ne bougeait plus. Il semblait pétrifié. On lui répétait depuis des mois que son père était mort et celui-ci apparaissait devant lui, en chair et en os.  

« Drôle de façon d'honorer ma mémoire – cette guerre. Croston, jamais je ne vous accompagnerait dans cette guerre. Tout ceci est fou, tout ceci n'a aucun sens. Nous n'avons aucun sens. Je ne suis pas venu ici pour discourir de notre entente, oh ça non. Je suis venu ici pour vous faire disparaître. Où est donc Modric ? Mon vieil ami aurait dut se trouver ici – il a dut se rendre compte qui se cachait derrière l'identité du Mage. Qu'importe. » Ses yeux se tournèrent vers son fils. Il lui donna un simple sourire. Puis vers sa sœur. Il regarda Marianne dans les yeux. « Je t'aime, sœur. Et je sais que tu n'as rien à voir là-dedans. » Il leva ses bras en l'air. Tous ne bougeaient plus. Audoin tomba sur le sol et laissa couler ses pleurs. Florent n'osait même plus fermer ses yeux. Croston ouvrait et fermait la bouche comme un poisson. Le teint de Fleuret évoquait désormais un cadavre. Les officiers du Mage regardaient leur messie d'un air hébété. Il m'aime.  

Robin commença à parler. Dans une langue disparue. Une formule, un sortilège. Lorsqu'il eut finit, il ne baissa pas les bras. Il se contenta d'un regard vers sa sœur. C'est alors qu'apparut le brasier bleu. Puis l'explosion. Puis tout s'éteint.  

 

 

Eugénie Peyre se tenait le plus droit possible sur son cheval. A ses côtés se tenait son jeune frère, Victorin. Ser Polux – ce n'était pas son vrai nom mais ce sobriquet était entré dans le langage courant – les avait escorter depuis Noirfort. Ils arrivèrent au camp de guerre en fin d'après-midi. Ils venaient de livrer bataille et nombre de blessés agonisaient sur le sol. Ce fut son frère en personne qui vint l'accueillir – désormais Roi Thibaut de Cerve. Il portait avec charisme la couronne de leur défunt père. Des funérailles allaient être organisées dans un autel à quelques miles.  

Thibaut vint aider Eugénie à descendre de son cheval. Ser Polux s'occupa de Victorin et la fratrie se retrouva réunie, pour la première fois depuis le début de la guerre. Eugénie prit Thibaut en étreinte. Notre père. Thibaut sembler avoir déjà terminé son deuil, il ne semblait pas bousculé le moins du monde – comme à son habitude, il se contentait de rester spectateur, arborant un sourire goguenard à la vue de n'importe quel événement qui pourrait l'amuser. Frère Benoît, le prêtre de son père, Valerian Bromont, le chef des armées, se trouvait non loin de là, en compagnie d'Auguste. Auguste. Mon oncle. Il l'avait toujours effrayé – il semblait fourbe et malsain, quelque chose dans son regard n'inspirait que le dégoût d'Eugénie.  

Thibaut accompagna Eugénie dans la tente qui lui était destinée. Elle était très grande et aurait put être une tente royale. On lui avait destiné des suiveuse, mais Thibaut les congédia dès leur entrée. Il s'assit sur une chaise et regarda sa sœur dans les yeux. « J'imagine que tu veux des détails sur sa mort. » Eugénie le jaugea du regard puis se contenta d'un non de la tête. Thibaut se mit de bout. Il s'appuya sur un meuble et baissa les yeux. Il craque. Il y a trop sur ses épaules. « Je me demande parfois ce qui passait par la tête de père. J'ai accepté de marcher en guerre, mais je pensais qu'il savait ce qu'il faisait. Cette guerre est une absurdité. Si ça ne tenait qu'à moi, je l'arrêterait tout de suite. Mais il y a... » Il s'arrêta. Auguste, leur oncle, venait de faire son entrée dans la tente. Il souriait. Pas son rictus habituel, un véritable sourire, comme si il était heureux comme jamais. « Mon Oncle ? » Il regarda alternativement Thibaut et Eugénie et s'avança d'avantage d'un pas assuré.  

« Sais-tu pourquoi je ne suis pas dans mon château, neveu ? Sais-tu pourquoi j'ai fait fuir la plus grande partie de ma famille de mon domaine ? T'es tu jamais posé quelconque question quand à mes activités à la Cour ? » Thibaut dévisagea Auguste. Eugénie ne savait que faire, ni que dire, elle resta figée, à regarder son frère et son oncle s'affronter du regard.  

« Je ne vois pas... »  

« Tu ne vois pas ! » coupa t-il. « Bien sur ! Comme ta glorieuse engeance, tu ne vois pas ! Mon père était Roi, mon frère était Roi, mon neveu est Roi, et aucun ne voit. » Il eut un rire nerveux. On entendait que très rarement Auguste parler, et encore moins s'énerver. Quoique Eugénie ne savait dire si son oncle était énervé ou si il était tout simplement saoul. Il semblait dans tous les cas euphorique. « Sais-tu que moi et Grégoire avions un frère ? J'imagine qu'il ne t'a jamais infligé cette histoire – il n'a pas dut t'en raconter cents et mille de toute façon. Marius Peyre, le troisième, le cadet. Il a grandi avec nous – une fratrie soudée, mais Marius n'était ni belliqueux ni manipulateur. Il était simple. Pas attardé, non. Il voulait vivre. Lorsqu'il eut dix-sept ans, Marius parti aux Îles Rousses, à l'Ouest. Il prit un navire et on ne le revit jamais. Certains disent qu'il est parti vers l'Autre Continent, d'autres que son bateau, comme beaucoup d'autres, a chaviré que Marius Peyre nourrit aujourd'hui les poissons pour l'éternité. » Pour la première fois de sa vie, Eugénie crut apercevoir une larme couler sur le visage d'Auguste. « Je l'envie. Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite mais j'aurais aimé être plus simple. N'être pas le fils d'un roi, le frère d'un autre et l'oncle d'un dernier. N'être pas celui qui aurait pu mais être celui qui n'aurait pas pu. Je me demande depuis des années pourquoi ces guerres au final ? Nous sommes toujours en quête d'un peu plus de pouvoir – d'argent – de femmes et de gloire. C'est pourquoi... » Il sortit de sa poche un poignard. Thibaut eut un mouvement de recul. Eugénie ne comprenait pas où il venait en venir. « Voici, neveu. L'unique solution à tout ceci c'est la Mort. Elle est la cause et la solution à toute chose. La question et la réponse. Cette guerre n'a pas marché comme elle l'aurait dut – je ne sais si c'est de ma faute ou non, mais je compte bien la réparer. »  

Il leva le poignard en l'air et l'écrasa d'un coup dans le torse de Thibaut. Eugénie cria. Thibaut poussa un gémissement de douleur tandis qu'Auguste remontait la lame jusqu'à son cou, laissant tomber sur le sol des litres de sang. Les deux hommes regardèrent Eugénie. Les yeux de Thibaut délivrant une lueur passagère – de l’amertume et sûrement de la peur – avant de s'éteindre définitivement. Ceux d'Auguste luisaient. Avant de partir en courant, il s'approcha d'Eugénie et lui souffla à l'oreille : « Le Chant, Eugénie. Souviens-toi. N'oublie jamais le Chant de la Mort. » Et il s'en fut, courant à toutes jambes à l'extérieur du camp, enfourchant un cheval et disparaissant sous le soleil couchant alors que Ser Polux arrivait dans la tente pour admirer le travail d'Auguste.  

Eugénie tomba à genoux. Elle ne savait ce qui venait de se passer. Tout s'était déroulé si vite. Elle tenta de se remettre les idées en place tandis que Polux criait : « Attrapez le traître ! » Elle s'écroula sur le corps ensanglanté de son frère. N'oublie jamais le Chant de la Mort.  

 

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CASTING :  

 

TORI HUNTER : Eugénie Peyre  

MARCUS LEE BAMPTON : Auguste Peyre  

RON BLAKSTAD : Almias  

STJEPAN BOKSIC : Le Mage  

TANYA JOHNSON : Marianne Roysse  

DIRK GOLD : Modric Riverin

Scénario : (1 commentaire)
une série A fantastique de Julia Cummings

Marcus Lee Bampton

Tori Hunter

Ron Blakstad

Tanya Johnson
Avec la participation exceptionnelle de Stjepan Boksic, Dirk Gold
Musique par Lisa Kelly
Sorti le 28 mai 2027 (Semaine 1169)
Entrées : 18 529 651
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