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Les Films du Cyborg présente
Le Rêve de Suzanne

"Ça ne me plait pas que tu portes cette robe comme si tu te croyais belle et capable de draguer le chaland. T'es qu'une pauvre épave et si je me suis marié avec toi c'est pour ton appartement et ton héritage dégueulasse. Tu m'entends Suzanne ? Sors de cette salle de bain, cesse de te maquiller, rien n'effacera les rides de vieille pute qui marquent ton visage. Tu es laide et tu n'en finiras pas de le devenir. Tu fais honte à ton fils, tu pourris ma vie. Sors de là et viens faire la cuisine !"  

 

Suzanne Chambord (Jenny Herman) est mariée depuis dix ans à Jacques Chambord (Horacio Corner), un brillant avocat de Paris. Ils vivent dans l'appartement familial de Suzanne, une propriété bourgeoise au coeur de l'ïle de la Cité, tout près de Notre Dame. Suzanne est femme au foyer et passe son temps à inventer des patisseries pour son voisinage, pour Garance (Margaret Wildbitch) sa femme de ménagé et Léo (Mitchell Whitaker) son fils. Nous sommes en 1968 et le printemps bat son plein dans les rues de Paris. La colère gronde dans tous les recoins, les étudiants se révoltent, les ouvriers se libèrent et les femmes s'émancipent. Mais Suzanne est LA femme, celle qui est isolée dans sa prison dorée, triste à en mourir, pétrie d'ennui et de remords.  

Elle s'est enfermée dans la salle de bain pour ne plus entendre son mari. Elle pose son oreille sur la porte et attend d'entendre la porte d'entrée claquer pour s'assurer que Jacques est enfin parti à son cabinet d'avocat. Une fois le claquement entendu, elle pousse un petit cri de soulagement et sort de la salle de bain.  

 

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LE RÊVE DE SUZANNE  

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Pour faire une tarte au citron, il faut aller chercher des citrons non traités chez l'épicier en bas de la rue. Pour aller en bas de la rue, il faut prendre l'ascenseur qui en a pour 5 étages. Pour prendre l'ascenseur, il faut traverser le couloir Suzanne prend le risque de croiser Monsieur Baron, son vieux voisin amoureux d'elle. Pour éviter monsieur Baron, elle demande à son fils d'aller chez l'épicier à sa place. Ainsi, Suzanne ne quittera pas son appartement de la journée.  

La porte claque à nouveau et cela annonce le départ de Léo pour le lycée. Un peu d'angoisse monte dans sa gorge tant les échos du claquement lui font ressentir sa triste solitude. Et c'est pas beau un écho qui ricoche sur des lustres en or. Suzanne commence alors sa tarte au citron. Il est 9h00. Deux heures plus tard, elle commence à faire la meringue quand elle entend à la radio que la Sorbonne est occupée par les étudiants. En attendant la nouvelle, Suzanne rate sa meringue qui bascule sur le carrelage. Elle ramasse et recommence tout !  

Il est midi et Léo revient pour manger. Il met les pieds sous la table, ouvre le journal et insulte les gosses de la révolution printanière : "Quels flemmards ces gens de gauche !" s'exclame Léo. "Tu parles comme ton père..." soupire Suzanne. Elle lui tend son assiette de purée de pomme de terre et de tournedos de boeuf. Affamé, Léo n'en fait qu'une bouchée et repart vers son lycée.  

 

Suzanne s'est endormie sur le divan du salon. Quelqu'un frappe à la porte mais elle ne se réveille pas aussitôt, elle tressaute, tremble et ses paupières battent au rythme cardiaque. Elle rêve. Les coups à la porte sont encore plus prononcés, Suzanne s'extirpe tant bien que mal de son rêve. Engourdie, les yeux fatigués, elle se lève et ouvre la porte. Ce n'est que Garance, la femme de ménage, qui ne pouvait ouvrir la porte parce que Suzanne l'avait barricadée.  

_ C'est quoi tout ce bazar madame Chambord ? C'est encore moi qui vais tout ranger, peut-être ?  

_ Excusez-moi Garance, je ne me souviens même pas avoir fait ça. Vraiment pas.  

_ Vous êtes en train de devenir folle madame. Ouvrez vos fenêtre, bon sang ! Respirez l'air frais même si vous en sortez pas !  

Garance ouvre les fenêtres une à une et un courant d'air chaud enveloppe le corps de Suzanne qui se réveille pour de bon. Elle se précipite dans la cuisine et fait couler un café pour le boire avec Garance. C'est la seule habitude qu'elle aime bien faire de la journée. Les deux femmes sont assises l'une en face de l'autre dans la cuisine. Garance fait comme à son gré et monologue sur sa vie familiale. Suzanne l'écoute attentivement et lui coupe une part de tarte au citron. Des coups d'éclats les font sursauter. Une vitre se brise après qu'un pavé retombe à leurs pieds. Les tasses se sont renversées, la café coule sur la table pendant que les deux femmes courent à la fenêtre. Le cortège d'une manifestation passe en bas de la rue "A mort la bourgeoisie !". Suzanne ne dit rien, elle prend tout dans le visage tandis que Garance la recule et referme les fenêtres.  

 

Il bientôt minuit et Jacques n'est toujours pas revenu de son travail. Suzanne est dans son lit mais ne s'endort pas. Elle sort de la chambre pour aller prendre quelques calmants dans la salle de bain. Elle entend la porte claquer.  

Jacques est dans la cuisine faisant réchauffer son assiette du soir. Il lit le journal du soir et fustige contre la violence des manifestants. Puis il se rend compte d'une vitre brisée. Suzanne entre dans la cuisine à moment-là et prend sur elle la faute de ses dégâts. La porte d'entrée claque à nouveau, Léo vient de rentrer. Il est éméché, a une lèvre fendue et le pantalon déchiré. Il explique qu'il s'est battu avec une bande d'anarchistes devant son lycée. Jacques le félicite. La famille Chambord peut aller se coucher.  

 

Suzanne est prise d'une insomnie redoutable. Sa nuisette blanche qui recouvre son corps lent et froid la fait passer pour un fantôme qui erre dans cet immense appartement. Ne sachant pas quoi faire, notant le calme de la rue à cette de la nuit, elle enfile une veste et décide d'aller se promener.  

Dehors, la nuit n'a jamais été aussi belle et douce. Suzanne ressent à nouveau son coeur, sa tête et le vent qui se faufile sous son manteau et sa nuisette. Les rues tapissées de graffitis et d'affiches contestataires. Elle aime voir ce paysage, une ville qui vit et transpire par tous les murs. Sur le Pont Saint-Michel, elle croise quelques policiers qui quadrillent le périmètre. Un agent lui recommande de rentrer chez elle pour sa sécurité. Elle l'ignore totalement et continue sa marche sur le pont. Droit devant elle, les lumières de la ville resplendissent et inspire profondément et sourit enfin.  

 

Suzanne Chambord est une femme en pleine métamorphose mais pour que la transformation soit totale il lui faut faire des choix. Elle fait claquer la porte d'entrée de son appartement et entre en trombe dans la chambre conjugale. Elle allume la lumière réveille et bouscule son mari, lui demande de se lever et le jette à la porte. Toutes les affaires de Jacques se retrouvent balancées dans la rue. Puis, c'est au tour de son fils de finir dehors avec son père.  

Enfin calme et sereine, Suzanne s'endort sur le divan de son salon, une cigarette à la bouche. Elle plonge dans un rêve confortable et beau, c'est l'heure pour les calmants de faire effet. Elle se réveille en sursaut par une nouvelle manifestation. Elle ouvre toutes les fenêtres, chante comme une folle et fait tomber volontairement un pot de fleur sur un agent de police. Le fracas la réveille pour de bon, elle se réveille avec un mal de crâne insoutenable. Une nouvelle journée d'ennui recommence pour Suzanne. Jusqu'à quand ? Jusqu'à quoi ? Jusqu'à qui ?  

 

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LE RÊVE DE SUZANNE  

un film de Clement Bates  

écrit par Jenny Hereman  

avec Jenny Hereman, Horacio Corner, Margaret Wildbitch et Mitchell Whitaker  

durée : 1h41

Scénario : (2 commentaires)
une série B dramatique de Clement Bates

Horacio Corner

Jenny Hereman

Mitchell Whitaker

Margaret Wildbitch
Sorti le 13 février 2027 (Semaine 1154)
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