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Guards Brothers présente
Forever Gone

Rob poussa la porte de la chambre. Il avait le regard vide, alors que d'habitude, il avait toujours le mot pour rire. Ses cheveux en bataille d'habitude électrisants n'avaient aujourd'hui plus l'air que de vagues roses fanées. Il s'assit sur la chaise laissée libre, à côté de Martin, assis lui aussi mais sur son propre lit. Ils ne se parlèrent pas. Est-ce qu'ils n'osaient pas ? Est-ce que l'un d'eux auraient eut quelque chose à dire qui puisse servir face à ce qu'il venait de se passer ?  

La réponse était clairement Non. Martin ne savait que penser. Il ne pleurait pas, il ne pensait plus. Rob le regarda alors, droit dans les yeux, et lui dit :  

« Viens. Tout le monde est en-bas, ils disent quelques mots. »  

Tout le monde ? Pas moi, ni lui, visiblement. Et il n'avait pas envie maintenant de voir tous ces visages en larmes. Martin ne répondit pas à Rob, qui le regarda fixement pendant quelques secondes avant de dire :  

« Tu n'es pas le seul à être abattu, tu sais. »  

Il est certain que Zack avait surement eut d'autres amis. Oui, il en avait d'autre. Mais lui et Martin se connaissait depuis leur plus tendre enfance. Ils s'étaient rencontrés à cinq ou six, il se souvient encore - quand leurs mères étaient très amis. Il avait des parents. Et une famille. Et une petite amie.  

Alors Rob se releva et sortit de la chambre de Martin. Allait-il dans sa chambre ? Il y avait tant de choses à faire à l'accoutumée à l'internat, le deuil ne lui sied pourtant guère.  

Tout était devenu noir, et sombre. Martin savait que si il tendait l'oreille, il entendrait peut-être les pleurs de quelque voisin de chambre, ou de voisine de table. Ils pleurent tous. Comme si ils l'avaient connu autant que moi. Moi je ne pleure pas. Sa rage fit qu'il donna un coup dans l'oreiller à côté de lui.  

Il se décida. Il se leva de son lit et sortit de sa chambre en un clin d'oeil. Une fois dans le couloir, il se retrouva dans cet espace vide - ils étaient réellement tous en bas. Il regarda au bout du couloir les chambres à plusieurs, réservées aux nouveaux - il se souvient l'année où il avait été dans celle de Zack.  

Mais c'était du passé. Il était en dernière année et il était désormais seul. Si seul. Il traversa le couloir, puis arriva aux escaliers. Il les descendit d'un pas lent et funèbre. Sa descente sembla durer des années. Une fois en bas, il commença à entendre clairement des voix. Ils étaient dans la pièce voisine. Il poussa la porte et se retrouva dans le self. Tous étaient assis sur des chaises, seuls, à deux, à trois. Certains étaient écroulés sur la table, d'autres regardaient le pion prononcer quelques mots, quelques uns réconfortaient leurs voisins. Deux ou trois têtes se tournèrent vers Martin lorsqu'il entra.  

 

Il s'avança vers Rob qui était assis seul dans un coin, et prit une chaise et se posa à ses côtés. Rob ne lui jeta qu'un vif regard puis se concentra à nouveau sur le pion qui était en train de parler.  

« ...ramener chez vous. Ceux qui veulent rester restent, l'internat est ouvert jusqu'à vendredi... »  

Martin l'avait rarement vu avec un débit de paroles aussi élevé. Il ne sait combien de temps il resta là, assis, à regarder son maître d'internat parler des conséquences de la mort de Zack. Tout ceci se termina vers 22h. Tout le monde partit se coucher, montant les marches plus ou moins rapidement. Certains étaient dans leurs chambres en un instant, d'autres mirent à peu près cinq minutes à monter les marches - et il n'y en avait pourtant pas des masses.  

Et sans se rendre compte de quoi que ce soit - il se retrouva sur son lit, allongé, à fixer le plafond. Il ne sait combien de temps il resta comme ça. Puis il s'endormit.  

 

Martin aurait cru que le Lycée - et donc sa population externe - allait être plus joyeux que l'Internat. Mais non. Dès leur arrivée, on demanda à tout le monde de se rendre dans la "Salle Commune". Certains n'étaient pas encore au courant du sort de Zack - ils rigolèrent et parlèrent. Lorsque le Directeur annonça la nouvelle, certains étaient déjà en pleurs - mais Martin en vit quelques uns étouffer leur rire.  

Lui n'avait ni envie de pleurer, ni celle de rire. Il préférait oublier. Oublier Zack qui avait été son meilleur ami. Ce Zack qui l'avait toujours bien traité, ne s'était jamais foutu de lui, avait toujours traîné avec lui parce qu'ils se connaissaient depuis tout jeunes.  

Était-il un poids finalement ? Lui qui n'avait jamais été ni beau, ni laid, ni intelligent, ni bête, simplement normal - face à ce beau garçon toujours là pour rire et plaisanter, aimé de tous et de toutes. A qui profitait tout ceci finalement ? A Zack qui n'aurait plus Martin sur le dos, là-haut ? Ou à Martin qui allait enfin être autre chose que le garçon qui traîne toujours avec Zack.  

« 'tin, si je pouvais les cogner ces connards. »  

C'était Rob à côté. Il s'adressait à Martin surement, mais lui s'en foutait. Il pouvait bien causer, ce qu'il disait n'avait aucune importance - il avait aussi été son faire-valoir quand il traînait avec Zack. Bizarrement, cette pensée lui arracha un sourire. Rob le dévisagea un instant et demanda :  

« Qu'est-ce qui te fait rire ? »  

Martin pouffa. « Toi. Tu t'acharnes tellement à ressembler à Zack que tu en es ridicule. »  

Rob détourna le regard. Il préférait ignorer sans doute. Ce ton sérieux ne lui allait que très peu - ses allures de pitre lui collait pourtant à la peau.  

 

Lorsqu'ils sortirent, il y eut une sorte d'émeute. Tout le monde se leva de ses chaises et sortit très vite. Lorsque Martin sortit, il sentit une main se poser sur son épaule et le pousser contre un mur. C'était Rob, il le regardait dans les yeux.  

« Ton meilleur pote vient de mourir et toi tu pense qu'à rire ? T'es vraiment un pauvre con ! »  

Il sentit à peine le poing le frapper à la tempe. Il s'écroula sur le sol. Si le décès de Zack ne l'avait pas fait couler une seule larme, là il sentit ses yeux se mouiller. Il les entendait tous, parlant de lui comme si il était un pestiféré, Rob leur racontant ce qui s'était passé hier dans la chambre et à l'instant dans la Salle Commune.  

C'est ce qu'il était et avait toujours été finalement. Un lépreux. Ce mec inutile qui collait au cul de Zack, le suivant comme il était son ombre. Personne ne l'aimait réellement ici. À part Zack. Zack qui était parti. Parti pour toujours.  

 

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Lenny Slepers est Martin  

Gillian Kagel est la mère de Martin

Scénario : (2 commentaires)
une série Z dramatique de Kellie Hodge

Lenny Slepers

Gillian Kagel
Sorti le 25 avril 2026 (Semaine 1112)
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