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Loupieau Production France présente
Le Relai de la Cigogne

Le soleil commençait à tirer un trait sur cette froide journée d'hiver, pourtant belle et agréable. A mesure que la luminosité déclinait, et que le thermomètre chutait sans fin, une petite tâche sombre apparaissait à l'horizon. Elle semblait mouvante; on aurait dit qu'elle se rapprochait. Et enfin, de gigantesques oiseaux, perdus on ne sait pourquoi dans cette partie frileuse du globe, surgirent, déchirant le ciel de leurs grandes ailes blanches et noires. Des cigognes, comme égarées, venues de nul part. Elles continuèrent leur chemin, semblant même accélérer la cadence, comme si elles voulaient se dépêcher d'arriver à destination avant que le jour n'ait définitivement fait place à la nuit, et ce pour de longues et glaciales heures. Et là, la belle dizaine d'oiseaux s'arrêta net devant une maison de belle taille, d'un style ancien et, il faut l'avouer, fort appréciable. La demeure semblait flotter au dessus de l'océan, balayé par des vents violents, et éclairé par un petit phare. Au loin, on distinguait une enseigne qui pendait, se balançant au gré du vent. Piteusement éclairée, on parvenait tout de même à déchiffrer ces quelques lettres, tracées d'une main délicate: «Le relai de la cigogne».  

 

- Qu'est-ce que je vous sers Mesdemoiselles?  

Les trois cigognes épuisées qui venaient de s'attabler ensemble se regardèrent avant de glousser de rire, et de lâcher en cœur un «comme d'habitude!» qui fit sourire l'aubergiste (voix de Benjamin Hughes) , qui se précipita derrière son comptoir, afin de leur apporter leur trois chopes d'hydromel maison. A peine la première gorgée chaude de cet alcool bienvenue eut elle été avalées, que l'une des trois cigognes, la plus bavarde, commença à parler:  

- Quel froid! Non mais, cela devrait être interdit de nous faire travailler par ce froid de canard!  

L'aubergiste lui répondit avec un sourire que son travail était le plus beau du monde, et que rien ne pouvait le retarder. Les enfants n'attendaient pas. Nava (voix de Tara Kubota), la cigogne, ne semblait pas plus convaincue que cela. Fallait-il pour autant risquer sa vie dans ce froid polaire? Elle n'en était pas certaine. Bien contente d'avoir terminé sa semaine de dur travail, elle finit d'avaler sa choppe et monta se coucher à tire d'ailes. Elle s'endormit d'un profond et agréable sommeil, et on l'entendit ronfler toute la nuit durant.  

 

Quand Nava se réveilla, les nuages avaient fait place au soleil, qui était déjà bien haut dans le ciel. Le vent avait cessé de souffler à en faire trembler les murs et les fenêtres, et l'atmosphère s'était agréablement réchauffée. Nava bâilla longuement, et puis, se décidant enfin, elle se leva et partit rejoindre ses compagnes d'infortune, déjà toutes attablées. Elle murmura un vague bonjour à l'adresse de l'aubergiste qui, souriant, lui apportait déjà son petit déjeuner. Elle se jeta dessus comme si cela faisait des jours et des jours qu'elle n'avait pas manger, sous le regard étonné, et presque choqué, de ses camarades.  

Quand elle eut fini de manger, Nava était désormais seule dans la pièce. Regardant à droite à gauche, en quête d'un divertissement quelconque ou d'une fidèle amie à qui causer, et se rendant finalement compte qu'elle était bien seule, elle soupira:  

- Ah...Personne...C'est toujours mieux que d'entendre brailler ces mioches insupportables à longueur de journée...Ils ne sont pas en âge de parler, mais pour ce qui et de pleurer, crier, donner des coups de pieds...J'aimerais tellement...  

Elle s'interrompit soudain. Le petit Élie (voix de Michael Charest), le fils de Pierre, l'aubergiste, la regardait fixement avec de gros yeux ronds, un doudou sale et rapiécé de partout à la main. Il fondit en larmes et remonta en courant et en criant dans sa chambre. Nava se rendait compte de sa bêtise. Prise en flagrant délit. Et, elle aussi remonta se coucher, bien qu'elle eut assez dormi pour toute une semaine entière. Mais elle était sûre de ne pas s'endormir, tant elle se trouvait nulle. Cette idée lui hantait l'esprit. Elle venait de briser le rêve du gamin.  

 

Toc toc toc. La porte de la chambre de Nava s'ouvrit, et elle ne fut pas surprise de voir qui venait. Pierre. Il s'approcha d'elle avec douceur, avant de s'asseoir sur son lit. Nava regardait ailleurs, par la fenêtre, où les nuages commençaient à reprendre petit à petit leur place dans le ciel.  

- Nava.  

La cigogne se retourna lentement vers Pierre.  

- Ce sont des choses qui arrivent.  

- Devrait pas.  

- Nava, écoute...On a tous les deux une dette envers Élie.  

Nava sursauta. Avait-elle bien entendu?  

- Hein?  

- Oui...Je...Je ne suis pas son vrai père. Je veux dire...Son père est mort, et un jour, une cigogne un peu trop ivre me l'a apporté. Je suis tombé sous le charme, je l'ai gardé. Je sais, j'aurai pas dû... Mais, il a encore une mère.  

Nava n'était pas du tout au courant de tout ça. Mais elle commençait doucement à comprendre où Pierre voulait en venir.  

- Attend, attend. Si je comprends bien, tu veux que je l'emmène avec moi, et que je retrouve sa mère?  

- Oui, c'est ça. Et puis comme ça il verrait que tu ne pensais pas ce que tu disais.  

Nava réfléchit quelques secondes, avant d'accepter. Après tout, elle désirait tant se faire pardonner. Demain matin, à l'aube, elle irait réveiller le petit, et elle le prendrait avec elle, l'entrainant dans son long et beau voyage. Demain...  

 

Il était plus de 11h quand le petit Élie se réveilla. Il bâilla à s'en décrocher la mâchoire, puis s'essuya les yeux encore tout embués. Il se retourna dans son lit, et vit qu'il n'était pas seul. Un tout petit bébé, encore endormi, était à ses côtés. Élie se releva en douceur, et poussa un grand cri de terreur. Nava, surprise, perdit quelques mètres d'altitude.  

- J'ai failli faire une crise cardiaque!  

Elle s'aperçut alors qu'Elie regardait ce spectacle aussi beau qu’impressionnant, effrayant même, qu'étaient toutes ces maisons, ces prairies, ces forêts, qui défilaient en dessous de ses pieds, à des centaines, des milliers de mètres de là. Là. Là où? Dans le ciel. Impossible! Et pourtant, Élie se rendait compte de où il était. Il leva la tête vers Nava, qui continuait de voler tout en l'observant d'un œil attentif, et presque maternel.  

- Nava? On est bien où je pense?  

- Oui mon chéri! On livre le petit à côté de toi à sa mère, et puis je te montrerai quelque chose après!  

- Quoi?  

- Tu verras bi...! Ah c'est quoi ce truc!  

Nava fit un gros écart de trajectoire. Elle n'avait pas vu l'avion qui arrivait en face, occupée comme elle était à parler avec Élie. Il ne passa pas loin, d'ailleurs, et Nava et tout son équipage continua sa route, plus prudemment.  

 

Les étoiles avaient déjà envahi le ciel depuis de longues heures quand Nava se posa enfin au sol avec la plus grande délicatesse. Elle jeta un léger coup d’œil à son «chargement» pour constater que ses deux petits passagers dormaient profondément. Puis, détournant son regard de la scène, elle se mit à scruter dans la pénombre cette petite maison paumée en pleine campagne, loin de tout, rustique, et pourtant, si belle et attirante, on ne saurait trop dire pourquoi d'ailleurs. Toutes les lumières de la baraque étaient closes, et elle ne parvenait à percevoir les quelques infimes détails de l'intérieur uniquement grâce à l'aide précieuse de la lune, qui éclairait péniblement l'ensemble. La cuisine, petite, était couplée au salon, où un large téléviseur trônait sur un buffet qui paraissait tant fébrile et friable comparé à la taille imposante de l'objet qu'il soutenait. Tout et n'importe quoi trainait ça et là, sans que l'on ne sache trop ce que ces objets divers faisaient là. Une lumière s'alluma soudain à l'étage, et Nava put voir la silhouette mince d'une femme (voix de Megan Andrews) qui se déplaçait à travers la chambre, maladroitement. La cigogne s'aplatit encore plus dans l'herbe, craignant sans aucun doute que la femme ne la repère. Mais la lumière s'éteignit bien vite et Nava se redressa pour reprendre son observation, moment de repos, après ce long voyage. La cigogne attendit quelques minutes, afin de s'assurer que la femme ne se relève pas. Puis, elle se leva en silence, et rejoignit lentement, sans un bruit aucun, la petite terrasse de bois qui jouxtait la porte d'entrée. Nava déposa le landau du tout petit devant la porte, et l’emmitoufla bien dans ses grosses couvertures, avant de le regarder avec tendresse. Elle fouilla enfin dans ses plumes, à la recherche de sa liste de livraison, comme elle aimé l’appeler. Elle chercha le nom du petit des yeux, et, quand elle l'eut enfin trouvé, elle cocha la case correspondante. Puis elle s'arrêta net. Il y avait deux prénoms à côté de «Lavoisier». Hugo, le bébé. Et Élie. Nava se retourna et contempla Élie qui dormait aussi. Elle n'en revenait pas...

Scénario : (1 commentaire)
une série A d'animation de Simon Nober

Michael Charest

Tara Kubota

Benjamin Hughes

Megan Andrews
Musique par Veronica Davey
Sorti le 27 juin 2026 (Semaine 1121)
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