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Guards Brothers présente
Now Tucker

Jolywood - Quartier "Southwest"  

 

Il n'y avait pas deux endroits comme La Place dans tout Jolywood, et sur tout l'île. C'était une vaste place - comme son nom l'indiquait - entourée de multiples bâtisses modestes, situé en plein milieu d'un des quartier les plus pauvres de la ville. Si on aurait put croire ce lieu totalement mort, c'était faux. En son centre grouillaient dizaines d'individus, plus ou moins louches, en train de fumer ou de dormir sur un banc.  

Il était sept heures du matin et tout s'animait déjà. Deux ou trois dealers distribuaient des capsules à chaque corner de la Place, des toxicos accouraient de toutes les rues voisines et demandaient leur dose. Rien ne semblait différer du jour précédent, et il était vraisemblable que tout serait encore identique le lendemain.  

 

Et pourtant Lee était là. Pour que Lee soit là il devait sans doute il y avoir un problème. Il passait d'un dealer à l'autre et leur parlait. A chaque fois, chacun d'entre eux affichait une mine incrédule ou terrifiée - il se tramait quelque chose sur la Place.  

Lee dirigeait un peu tout ça. Pas tout, malheureusement pour lui il y avait des gens au-dessus de lui, mais il était un peu le boss sur la Place. Il gérait ses quelques dealers et leur passait capsules et came tous les matins au petit dej' pour qu'ils la refourgue à ces junkies de merde. Lee n'était pas seul. Derrière lui, comme à l'habitude, il y avait Tucker. Ce connard de Tucker. Il n'était pas un gosse, mais on ne pouvait pas lui faire confiance. A part Lee. Tucker était tout le temps dans les pattes de Lee. Il le suivait comme un chien suit son maître. Était-il simplet ? Pas du tout. Un lettré aurait dit qu'il était opportuniste, mais vu que pas un dixième de la Place savait lire et écrire, personne ne le disait, et Tucker s'en sortait avec le titre de connard. Il cognait les types que Lee lui disait de cogner, il faisait ce que Lee lui divisait de faire, il baisait qui Lee lui disait de baiser.  

 

Lee arriva près de Marvin. Il l'avait recruté il y a deux mois et le gamin s'en sortait très bien. Il lui souffla deux trois trucs à l'oreille et Marvin fit la moue. « Comment ça ? Cinquante par jour ? En trois je peux, mais un c'est trop peu ! » Lee le fusilla du regard. Lui comme Marvin savaient très bien que la Place appartenait à Gus, le grand patron. Et que quand Gus disait « On augmente la production ! On augmentait la production. Pas que cette récente poussée de capitalisme était pour plaire à Lee, mais il était bien obligé de faire passer le message. L'intensité du regard qu'il lança à Marvin suffit pour que le jeune dealer baisse les yeux et dise : « Ok. Je promets pas d'écouler les cinquante mais avec un ou deux gamins en plus je pourrais monter à quarante. » Il se retourna et repartit vaquer à ses occupations illégales. Tucker s'avança au niveau de Lee qui venait d'allumer une cigarette – il ne se droguait pas mais était un grand amateur de tabac. Il avait commencé avant dix ans et ses poumons devaient avoir l'aspect d'un grand brasier désormais.  

« Maintenant, Tucker, je te propose de rentrer chez toi. Tire-toi un coup ou fais ce qui te chante, j'ai pas besoin de toi aujourd'hui, je dois aller voir le Grand Manitou. » Lee s'approcha de sa belle et chère voiture et monta à l'avant avant de filer à toute vitesse dans la rue adjacente. Tucker resta planté comme un abruti, regardant son patron se tirer et le laisser ainsi. A vrai dire, Tucker n'aimait pas Lee. Leur relation étant un tantinet complexe, il est évident qu'une histoire peu commune se cache derrière.  

Il regarda fixement la voiture disparaître. Ne dis rien. Pense. Attends le moment. L'image de Lynn apparut devant lui. Morte. Elle est morte. Lynn est morte et ça fait cinq ans. Elle aurait dut payer. Elle n'a pas payé. Ils l'ont tuer. Il marcha le long du trottoir jusqu'à sortir de la Place. Gus l'a tué. Venge la. Il faut dire que Tucker avait toujours été croyant. Sa mère l'avait traîné à l'église jusqu'à ce qu'il ait les muscles de résister, et il avait toujours eut en quelque sorte un relatif intérêt pour Dieu, Jésus et leurs confrères. Pas qu'il ne soit pas croyant puisqu'il n'était pas allé à l'église depuis quinze ans, mais il n'était cependant pas très pratiquant. Il imaginait Lynn, belle, entre l'Ange Gabriel et le Christ, à l'attendre, là-haut. L'attendre jusqu'au jour où il la vengerait.  

La voiture de flics s'arrêta à ses côtés sans qu'il ne se rende compte. Son premier réflexe fut de porter sa main au niveau de sa poche où se trouvait son flingue, mais il remarqua que la vitre de la voiture se baissa tranquillement. Si ils avaient voulu le coffrer, les flics seraient déjà sortis. Il remarqua une femme flic à la fenêtre, elle lui fit un signe de tête qui l'incita à s'approcher. Tucker regarda à droite. A gauche. Il s'avança lentement vers la vitre ouverte. La femme flic était plutôt belle. A ses côtés, un gros black en uniforme lui aussi, il portait fièrement son képi sur ses genoux. Il jeta un rapide regard vers Tucker avant de se concentrer sur son tableau de bord. La femme flic dit alors : « Tucker Parks ? » Tucker répondit par l'affirmative. « Monte. On doit te parler. » Lui parler ? Que lui voulaient-ils ? Il s'approcha de la portière et monta à l'arrière, tandis que le policier black démarrait. La femme flic se tourna vers lui et dit : « Officier Porter. Lui, c'est le Lieutenant Addams. » Porter passa la main dans ses cheveux. Elle était encore plus belle que ce que Tucker avait cru au premier regard.  

« Qu'est-ce que vous me voulez ? » demanda t-il. « J'ai rien fait d'illégal. » Ils n'avaient pas le droit de le coffrer si ils n'avaient pas de motifs. Pour cela, il leur fallait l'avoir vu trafiquer ou cogner un mec, ce qui n'était pas le cas. Porter acquiesça.  

« On sait bien pour qui tu travailles. Là n'est pas le problème. » Elle se gratta le nez d'un geste rapide avant de continuer. « Non, on veut pas te coffrer. On veut coffrer tes boss. » Mes boss. Elle parle de Lee... et de Gus ? Il la dévisagea. Il haïssait Gus pour ce qu'il avait fait mais ne pouvait croire que cette femme l'aborde aussi peu discrètement pour qu'il agisse comme indic. Puisque c'est ce dont il s'agissait. Elle voulait qu'il l'aide à les coincer.  

« Vous pensez sincèrement que je vais aider des flics à coincer ces hommes ? Vous vous foutez le doigt dans l’œil. » Il approcha sa main de la poignée de la portière mais Porter l'arrêta d'un geste de la main.  

« Tu te fous aussi le doigt dans l’œil en pensant qu'on ne sait rien de toi. » Il la regarda. Que veut-elle dire ? Qu'est-ce que ça signifie ? Il leva les sourcils en signe de son incompréhension. « Lynn. » ajouta t-elle. Tucker eut un sursaut qu'il ne put contenir. Ils savent pour Lynn. Ils savent que Gus l'a tué. Sa main se retira de la poignée. Il regarda Porter dans les yeux. Il ne voulait pas pleurer. Il devait oublier tout ceci. Il devait se venger seul. Il n'avait pas besoin de ces poulets pour cela. Il commença vainement à formuler une question quand Porter dit : « Aide-nous à les coffrer. Ils finiront leurs jours en prison. Tu repartiras à zéro. » Je veux les voir morts. « Tu aimerais qu'ils meurent. Moi aussi. Mais elle ne reviendra pas pour autant. Ce que je peux faire de mieux pour toi c'est pourrir ce qui leur reste à vivre. Tout ce que je nécessite de toi, c'est que tu me fournisses tout ce que tu sais sur le business de Gus, assez au fil du temps pour qu'on le coince. Tu traînes avec Lee Cobble, l'un de ses plus fidèles associés, tu es toujours dans ses pattes. Tu n'auras pas à te forcer pour réussir. » Tucker baissa les yeux. Venge-toi seul. Tu n'as pas besoin de leur aide.  

Pourrir ce qui leur reste à vivre.  

« D'accord. J'accepte votre offre. » Porter sourit. Il crut même lire un quelconque regard de satisfaction dans les yeux d'Addams qui était resté muet jusque là. La voiture s'arrêta et Tucker sortit aussitôt. Il s'éloigna, ne prêtant aucune attention à l'officier qui le regardait partir, lui tournant le dos. Qu'est-ce que je fais ?  

 

Lee avançait aux côtés de Tucker. Ils se dirigeaient vers l'Antre, comme on l'appelait dans le milieu – le QG de Gus, où il gérait toutes ses opérations. C'était le centre névralgique de tout le deal, de tout le trafic. Tous ses lieutenants, dont Lee, qui avait chargé Tucker, en homme de confiance, de l'accompagner, avaient été conviés à venir pour une réunion. Les réunions de l'Antre finissaient une fois sur deux en échange de balles, puisqu'il arrivait à Gus d'inviter aussi des concurrents, donc des possibles personnes hostiles à ses lieutenants en raison des guerres de gangs qui régissaient le quartier.  

C'était une grande bâtisse aux allures de villa – elle n'était pas vraiment discrète et chacun savait ce qui s'y tramait. Les relations de Gus lui permettant d'obtenir une relative immunité, personne ne venait l'emmerder ici. Lee passa devant deux vigiles aux allures de chiens de garde et les salua d'un hochement de tête. Tucker appréciait presque Lee. A vrai dire, depuis la mort de Lynn, ça avait été son seul ami. Pas le meilleur du monde, et pas pour les meilleures raisons – mais une relation complexe les liait, Tucker le savait. Lee faisait confiance à Tucker, et même si ce dernier avait cru pendant longtemps que ce n'était pas réciproque, il se rendait de plus en plus compte que ça l'était. Il admirait Lee. Il était très intelligent, et en comparaison de Tucker qui passait pour un abruti, il insufflait un charisme évident de par son unique présence. Il n'avait qu'à entrer dans une pièce pour faire taire les dires et les bavardages, il n'avait qu'à sortir un flingue pour qu'on l'écoute, il n'avait qu'à lancer un regard pour faire tomber une fille. Sa coupe de cheveux afro assez originale lui permettait en plus d'avoir l'air constamment cool, et pourtant terriblement sérieux, de par son faciès assez incroyable. Lee était unique. Personne n'aurait put se douter en ne le connaissant pas qu'il faisait partie d'un grand trafic de drogue.  

Il entra le premier, réajustant pour l'occasion son beau costume. Il s'avança dans le grand hall de l'Antre et attendit au centre. Deux blacks pas très fins que Tucker connaissait sous le nom de Tom & Jerry, bien qu'il ignorait si il s'agissait de leurs vrais noms ou d'une simple référence au cartoon, s'avancèrent alors. Ils saluèrent Lee d'une révérence en balançant quelques vannes sur l'hypothétique relation matriarcale qui liait leur coup de la veille et Lee. Ce n'était pas drôle mais ce dernier fit mine de rigoler, jetant par un simple regard désespéré tout son désarroi à Tucker qui se contenta pour l'occasion d'admirer la scène avec plus ou moins d'intérêt. Peut-être serais-je comme eux si Lynn était encore là...  

Ils se dirigèrent vers la salle où se déroulerait la réunion. Lee serra quelques mains, beaucoup étaient noirs mais Tucker surpris la présence de quelques visages blancs – probablement lieutenants de Gus dans les quartiers du Nord. La salle était très sombre – aucune fenêtre. Du moins, aucune n'étant pas obstrué par des volets ou des rideaux. Il se trouvait là nombre de rangées de chaises, tournées vers un coin de la pièce surélevé pour former une estrade. Si Tucker n'aurait pas sut être dans l'Antre de Gus, il aurait put croire à un spectacle de fin d'année en premier cycle. Il se tourna vers Lee qui s'assit sur une chaise vers le fond et fit signe à Tucker de venir se poser à ses côtés. Une fois cela fait, le supérieur de Tucker se tourna vers lui.  

« Je connais pas la moitié de ces mecs. Gus a élargi son marché sans me demander conseil. Je capte pas le nom de la moitié de ces blancs. Tiens, lui c'est Dog, il s'est pris deux balles il y a un an, dont une dans le poumon. Ils ont réussi à le sauver, me demande pas par quelle sorcellerie. » Il indiqua un gros black à l'air patibulaire qui rigolait comme un animal sauvage. « Il s'occupe de la Cité de Derek Street. Certains le voient devenir associé de Gus, m'en parle pas. » Il fusilla Dog du regard et se tut. Visiblement, il avait voulu partager sa haine contre Dog avec Tucker. Retiens : Dog, Derek Street, Associé. Il fallait le rapporter aux flics. Si ce mec tombait, Gus ne comprendrait pas ce qui lui arrive. Je ne suis pas obligé de les tuer mais je peux les faire mariner. Cette pensée lui arracha un sourire tandis que Gus en personne montait sur l'estrade. Il était vieux. Pas totalement noir, il devait être né d'un parent blanc. Il était bien plus gros que dans les souvenirs de Tucker, et bien plus âgé – on ne comptait désormais plus ses cheveux blancs. Il leva les bras en signe de silence et dit :  

« Merci à tous d'être venus. » Plus personne ne parlait. « Vous avez dut remarquer que récemment, la production a été augmentée. Nous avons plus à refourguer, nous vendons plus, et nous espérons donc que tout se déroule à merveille du côté des vendeurs. Cependant j'imagine que certains d'entre vous se pose la question : Pourquoi ? Pourquoi maintenant alors que l'entreprise marche à merveille ? » Son regard passa rapidement sur Lee. « Nous nous étendons. Je viens de faire l'achat auprès de Big J de deux rues à l'Est de la ville, sans parler de mon frère qui tendrait à s'installer un peu plus sur cette île. » Il eut un sourire. « Messieurs, je suis content de vous informer que nous sommes désormais les plus gros bonnets de toute l'île. » Il eut des applaudissements, mais pas tant que ça. Lee se contenta de regarder son patron. Tucker l'imita.  

La réunion continua de manière prévisible – Gus énonça ses projets pour l'avenir, Lee le fusilla du regard, et au bout d'une heure, on apporta de l'alcool et tous furent ivre mort en vingt minutes.  

 

Ils s'étaient tous les deux assis sur ce banc depuis le début de la journée et ça faisait maintenant deux heures que Lee était assis à côté de Tucker, à regarder ses dealers s'agiter pour essayer de refourguer le double de d'habitude. Il semblait las, ou alors était-il triste. Ce qui était sur, c'est qu'on lisait dans ses yeux tout son désespoir. Pas qu'il soit en train de pleurer, non, mais il fixait avec persévérance un point fixe en face de lui. Tucker prenait garde à noter tous les détails qui pourraient intéresser Porter. Les habitudes de Lee, auparavant inintéressantes, étaient aujourd'hui devenues son principal centre d'intérêt. Il lui arrivait même de poser des questions subtilement à Lee. « Qui est à la tête sur Yorks Street ? » ou « Est-ce que les livraisons sont partout les mêmes ? » En temps normal, Lee aurait été soupçonneux, mais au vu des événements qui lui embrumaient l'esprit, il se contentait de répondre d'un air plat.  

Lorsqu'un gamin passa pour se plaindre d'un junkie qui lui aurait volé des doses, Lee l'envoya chier se tourna vers Tucker. « Tu sais, tu m'intrigues. » Tucker jeta un regard en coin à son supérieur. « J'ai entendu parler de toi par des types de la Lincoln Street, et de ta copine, butée il y a quelques années sur ordre de Gus. Et te voilà, devant moi, servant comme un noble chien ses intérêts. Tu m'intrigues. » Il leva les sourcils et se retourna vers son domaine.  

Tucker ne se demanda alors pas comment Lee avait appris tout ça. Il regarda Lee fixement. Il ne semblait pas le moins du monde perturbé. Il pensait, il réfléchissait, il déprimait. « Qu'est-ce que tu aurais fait, toi, si Gus avait tué ta copine ? » Lee eut un rire nerveux.  

« J'aurais pris un flingue et j'aurais logé une balle dans la gueule de ce connard. » Il s'alluma une clope. « Ne crois pas que j'ignore ce que tu trames. Je ne suis pas idiot, tu sais, même si j'ai l'air de me foutre royalement de tes questions, je sais où tout ça mène. J'ai des yeux et des oreilles partout, et je sais que tu as rencontré ces poulets plusieurs fois. Indic ? Taupe ? Infiltré ? A vrai dire je m'en fous, et à vrai dire je me fous de ce qui arrivera. Je sais où tu vas, je sais comment, mais comme toi je doute de ce qui se passera en suite. Si j'avais un minimum de jugeote je prendrais mes affaires, et je me barrerais, ou alors je te balancerai à Gus et on te torturerait jusqu'à ce que tu implore pardon. Ce qui n'aurait aucune importance puisqu'on te jetterait dans le fleuve juste après. Mais je ferme les yeux et je te laisse. Je ne sais pas pourquoi. Le seul conseil que j'aurais put te donner, c'est de tuer Gus. Maintenant Tucker. N'attends pas qu'ils l'envoient en taule. Personne ne t'en voudra. Personne ne t'inculpera, toi. » Il expira de la fumée et se leva du banc. « Maintenant, Tucker. » Et il partit, laissant son garde du corps seul sur le banc, traversant la Place pour rejoindre l'un de ces dealers illettrés qui étaient sa seule compagnie.  

Maintenant, Tucker.  

 

 

Marcus Burroughs : Tucker  

Karl Fitzgerald : Lee Cobble  

Pamela Kyd : Officier Porter  

Bernhard Kudou : Gus  

Alexandra Kumar : Lynn  

Benjamin Hughes : Lieutenant Addams

Scénario : (1 commentaire)
une série A thriller (Yeah, Nigga) de Simon Stevenson

Marcus Burroughs

Pamela Kyd

Karl Fitzgerald

Alexandra Kumar
Avec la participation exceptionnelle de Bernhard Kudou, Benjamin Hughes
Musique par Lydia Ratélavarape
Sorti le 06 août 2027 (Semaine 1179)
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