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Morcar Prod présente
Les naufragés de Tromelin

- 29 novembre 1776 -  

 

Voir son bébé de quelques mois seulement têter gouluement à son sein lui procurait une grande joie, pourtant Tsimiavo (Alisa Lanyce) ne pouvait s'empêcher de penser au triste destin auquel il était destiné. Ils étaient si nombreux à s'être échoués sur cette île perdue dans l'océan indien voilà quinze ans, et elles n'étaient plus que sept aujourd'hui, sept plus ce petit bébé qu'elle avait mis au monde sur ce minuscule banc de sable, à la merci des tempêtes et cyclones qui avaient petit à petit eut raison de son groupe. Elle avait pourtant longtemps espéré que le français respecte son engagement et revienne les chercher comme il l'avait promis. Elle était même la seule à y croire encore, tandis que tous les autres avaient perdu tout espoir. Mais après toutes ces années, elle commençait elle aussi à ne plus rien espérer.  

Depuis la nuit du naufrage, nombreuses avaient été leurs tentatives pour quitter cet enfer. Ils avaient d'abord construit un nouveau bateau à partir des restes de celui qui les avait amenés jusqu'ici, en suivant les directives de ce lieutenant blanc qui avait imaginé le plan de la nouvelle embarcation. Mais faute de place à bord, les français n'avaient pas pu prendre les malgaches avec eux, et avaient rejoint Madagascar seuls. Ils avaient pourtant promis de revenir chercher le restant des survivants, mais le temps était passé, et pas un bateau n'était apparu à l'horizon. Alors d'autres avaient construit un radeau avec les quelques planches restantes, et avaient à leur tour quitté l'île, préférant risquer leur vie sur cette embarcation de fortune plutôt que de rester sur cet îlot maudit. Mais d'eux non plus on n'avait plus eut de nouvelles. Etaient-ils parvenus à rejoindre la civilisation et les avaient-ils tout simplement oubliés, ou bien avaient-ils péri en mer ?  

Aujourd'hui elles n'étaient plus que sept, vivant dans les abris de fortune qu'ils avaient construits avec les pierres de corail échouées sur la plage, laissant de côté leurs croyances pour lesquelles les pierres étaient faites pour les sépultures. Nombreux étaient celles et ceux à avoir péri sur cette île au fil des ans, emportés par la faim, la maladie, ou par une tempête ayant ravagé l'île d'un kilomètre carré seulement. Certaines étaient convaincues que l'esprit des morts, qui n'avaient pas pu rejoindre Razannas, rôdait toujours sur l'île, comme une malédiction qui planait autour des survivants qui n'allaient pas tarder à les rejoindre.  

Mais si toutes ces années, Tsimiavo avait gardé espoir, aujourd'hui elle craignait que son enfant ne connaisse jamais rien d'autre que l'enfer de cette île. Soudain, levant les yeux vers l'horizon, elle aperçut une silhouette, celle d'un navire qui avançait dans leur direction. Etait-ce un mirage ? Après tout ce temps, on avait du les oublier. Pourtant, la silhouette se fit de plus en plus distincte. Non ce n'était pas un mirage. Enfin on venait les chercher. Enfin on allait les arracher à cet enfer qui avait duré bien trop longtemps.  

 

- 31 juillet 1761, 15 ans plus tôt -  

 

Amassés dans les cales de l’Utile, une flûte de la Compagnie française des Indes orientales partie de Bayonne huit mois plus tôt, Tsimiavo et les siens observaient les marins français qui allaient et venaient paniqués, trempés de la tête au pied, tandis que de violentes vagues s'engouffraient sur le pont et venaient mourir au fond des cales. Achetés en fraude contre les ordres du gouverneur général, pour être revendus à l’île de France*, les esclaves malgaches enfermés dans des prisons de bois appelaient à l'aide, suppliaient les français de les libérer de ces cages. Mais ces derniers les ignoraient, ne s'occupant que de sauver leur navire et leur peau.  

Lorsque le navire se brisa en deux, il libéra par la même occasion les esclaves de leur prison, mais alors qu'ils retrouvaient seulement leur liberté, les voilà jetés à la mer comme tout le reste de l'équipage. Les mâts tombèrent, les canons basculèrent, et en plein coeur de la nuit l’Utile de la compagnie des Indes orientales abrégea sa carrière débutante sur le plateau corallien de l'île de sable. Aucune lueur, aucun espoir, les ténèbres emportèrent tout.  

Puis au matin, les survivants français et malgaches se réveillèrent sur une petite plage, non loin de la carcasse échouée de leur navire.  

 

Parcourant du regard la plage, Tsimiavo cherchait paniquée son amie, espérant qu'elle avait elle aussi survécu au naufrage. Au milieu des cadavres échoués, les autres survivants retrouvaient à peine leurs esprits. Soudain, elle aperçut enfin Soamiary (Sabrina Sbrizi) et courut vers elle. Penchée sur le corps d'une autre femme, elle pleurait la mort de sa mère. "Vite, il faut s'éloigner d'ici" lui dit-il, tandis qu'un groupe de survivants malgaches s'éloignait de la berge. Parmi eux, Ndranto (Tresor Tékélé) s'arrêta soudain en apercevant la mer non loin de l'autre côté.  

Inutile de chercher à s'éloigner de la mer et de ses vagues violentes, car l'île sur laquelle ils avaient échouée était un minuscule ilot de sable, d'à peine quelques mètres de dénivelé, avec nulle part où se mettre à l'abri. A ses côtés, son jeune frère Miangalo (Lucas Gueye) découvrait également la situation. Désormais, il en était convaincu, ce sont les Angatras qui avaient précipité le navire sur cette bande de sable surgie de nulle part. Mais qu'avaient-ils bien pu faire pour provoquer ainsi la colère des ancètres au point d'être privé de leur protection ?  

 

Sur l'île, les deux groupes s'organisent chacun de son côté, les français ne laissant rien aux malgaches, ni nourriture échouée du navire, ni bois ni tissu des voiles, gardant tout pour eux. Pourtant lorsque ces derniers se lancèrent dans la construction d'un nouveau bateau à partir des reste de l’Utile, leur lieutenant vint demander l'aide des malgaches en leur promettant de les prendre avec eux pour rejoindre Madagascar.  

Tout comme Tsimiavo, Miangalo décida de leur faire confiance, contre l'avis de son frère qui n'accordait aucun crédit aux dires de ceux qui les avaient arrachés à leur terre pour les réduire à l'esclavage. Mais pour Miangalo, il s'agissait là de leur seul espoir de quitter cette île. Il comptait bien quitter cette terre d'à peine un kilomètre carré au plus vite. Il ignorait qu'il allait leur falloir patienter encore de nombreuses années avant d'y parvenir, et que peu d'entre eux y arriveraient...  

 

 

 

* actuelle Île Maurice

Scénario : (3 commentaires)
une série B d'action (Historique) de Derek Cooper

Tresor Tékélé

Alisa Lanyce

Lucas Gueye

Sabrina Sbrizi
Musique par Wolfgang Buchanan
Sorti le 05 décembre 2037 (Semaine 1718)
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