« Eh bien, cela faisait un moment que nous ne t'avions pas vu en ville ».  

Edouard ne prêta pas attention à la remarque. Il était encore plongé dans cet univers doux et bucolique qu'il venait de quitter. Il attrapa l'attaché-case qui traînait sur la table et entra dans la salle de réunion. Les chiffres et les commentaires tournoyaient dans sa tête, et cette gigantesque tornade l'emmenait loin des fastidieuses et ennuyeuses affaires. Cette vie n'était pas faite pour lui, il le savait.  

*  

Tandis que Peter lui expliquait en quoi cette réunion avait soulevé des points cruciaux, Edouard était toujours absent, perdu dans ses pensées. Peter décida de mettre un terme à l'hibernation de son ami et collaborateur.  

_ Mais qu'est-ce que tu as aujourd'hui ? Tu es encore plus bizarre que lorsque tu t'absentes d'habitude, remarqua-t-il.  

_ Écoute, je dois t'avouer quelque chose, quelque chose de terrible, répondit Edouard.  

_ Tu as tué quelqu'un ? Tu mènes une double vie et en fait tu es un dangereux psychopathe ?  

_ Mais non, ne dis pas n'importe quoi. Bien que pour la double vie, tu n'es pas loin de la vérité. Comme tu l'as remarqué, je m'absente assez souvent. Et bien en fait, je vais à la campagne, dans un petit village où je vis sous une fausse identité. Cela me permet de me ressourcer et d'être jugé sur ce que je suis, non sur ma fortune, tu comprends ?  

_ Pas vraiment. Mais passons. Cela n'explique toujours pas pourquoi tu es dans cet état.  

_ J'ai rencontré une jeune femme, si douce et si innocente. J'en suis tombé fou amoureux.  

_ Quel drame ! Et dire que des gens meurent de faim et qu'on ose les plaindre, de la gnognote par rapport à tes terribles problèmes.  

_ Ne te moque pas Peter. Je lui ai menti. Je lui ai fait croire que j'étais un jeune fermier qui vit isolé, un peu en marge du village, dont les habitants parlent souvent, mais que personne ne voit. Le problème, c'est que je lui ai proposé de venir diner chez moi. Enfin, chez moi, qui n'est pas chez moi.  

_ Ai-je le droit à un joker aspirine ? Et que comptes-tu faire ?  

_ Après-demain je vais aller voir le paysan, et je le paierais pour qu'on échange nos places quelques jours...  

*  

Edouard venait de négocier ardemment avec le jeune paysan, qui avait longtemps refusé cette stupide duperie. Mais il était criblé de dettes, et la somme que lui avait proposé Edouard avait fini par le convaincre. Après tout, il devait juste jouer au riche quelques jours, et en plus, on le payait une petite fortune pour ça.  

_ Vous pourriez nettoyer un peu pour demain, demanda Edouard.  

_ Bien sûr, si vous voulez je peux même bâtir une véranda pour que vous puissiez profiter du clair de lune, rétorqua le jeune fermier non sans sarcasme.  

_ Laissez tomber.  

_ Vous les riches, vous avez tout pour réussir, mais il faut que vous inventiez ce genre de mensonge, c'est pas croyable.  

_ Je veux qu'elle m'aime pour ce que je suis, vous ne pouvez pas comprendre ça.  

_ Le problème, c'est que ce n'est pas ce que vous êtes.  

_ Après, je lui avouerais tout. Contentez-vous de me donner votre prénom.  

_ Contant, je m'appelle Constant.  

*  

Constant et Peter se tenaient dans le bureau et ne se quittaient pas des yeux. Le coup de fil qu'ils venaient de recevoir n'était pas prévu, et il n'arrangeait pas leurs affaires. De gros investisseurs chinois avaient décidé de profiter de leur présence en ville pour organiser une petite réunion. Le problème est qu'ils n'étaient en ville que jusqu'au soir. Peter appela Edouard immédiatement.  

_ Tu dois rentrer, on ne peut pas mettre en danger la pérennité de l'entreprise à cause de ta folie. Il y a des emplois en jeu, lança-t-il.  

_ Il n'y a aucun problème. Ces chinois n'ont aucune idée de ce à quoi je ressemble, tu n'as qu'à briefer Constant. Tout ira bien. De toute façon on a pas le choix, je n'ai pas le temps de rentrer.  

*  

Présence entra dans la vieille ferme. Edouard la regardait les yeux remplient d'un amour fou. Elle était si belle.  

La soirée se passait à merveille, et il sentait que tous les deux étaient faits l'un pour l'autre.  

_ Mais dites-moi, je ne connais même pas votre prénom, remarqua-t-elle.  

_ Je m'appelle Constant, répondit Edouard sans réfléchir.  

_ Quel magnifique prénom. Il suffit juste de l'entendre prononcer pour tomber amoureuse. Tout est parfait chez vous, toute cette vérité.  

_ Euh... ou... oui... bégaya Edouard gêné.  

*  

Les chinois ne s'étaient pas rendus compte de la supercherie et la réunion se passait comme sur des roulettes. L'heure était même à la plaisanterie. Un des hommes racontait une anecdote sur sa tante qui habitait à Shanghai. Brusquement, Constant se leva et demanda à Peter de le rejoindre.  

_ Que se passe-t-il, demanda ce dernier après que les deux hommes se soient isolés.  

_ Ma tante, je l'avais complètement oublié. Elle devait venir diner chez moi ce soir !  

_ Vous plaisantez, insista Peter.  

_ Non, pas du tout.  

_ Eh bien, ça promet !  

*  

Alors qu'Edouard allait chercher le plat principal, la sonnette retentit. Ne pas ouvrir la porte aurait été trop suspect, il décida donc d'aller voir. Avec un peu de chance il s'agissait d'un randonneur égaré. La porte s'ouvrit sur une vieille dame.  

_ Mais, où est Constant ? Et qui êtes-vous ?  

Cast:  

Edouard: Dick Revolutionnary  

Présence: Zoé Mears  

Peter: Paulo Fischer  

Constant: Kyle Seven  

La Tante: Adrienne Fishburne  

Un Chinois: Tsui Wong  

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Pour sa nouvelle comédie, "De l'importance d'être soi-même", librement adapté de la pièce "L'importance d'être Constant" d'Oscar Wilde par Ralphaez pour le scénario et Le Comte pour les dialogues! Réalisé par Maurizio Gira, on trouve au générique Dick Revolutionnary, Zoé Mears, Paulo Fischer, Kyle Seven, Adrienne Fishburne et Tsui Wong entre autres! La musique est l'oeuvre de Ira Clements! "De l'importance d'être soi-même", la nouvelle comédie de Gérard Cousin Prod sur vos écrans!