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Gérard Cousin Prod présente
St-James Reloaded

Le soleil de plomb brûlait son visage. Celui de Santo Lorenzo était bien plus gros qu'à Los Angeles. St-James (Charles L. Brown) avait l'impression qu'il s'était rapproché depuis son départ de la Cité des Anges. Il tenait dans sa main droite une bouteille de bière. Bien fraîche, qui plus est – il n'avait pas imaginé qu'il aurait aussi soif une fois sur place. Je suis bien obligé d'être là de toute façon pensa t-il. Dans l'autre main on pouvait apercevoir un flingue. Acheté il y a deux semaines avant son départ des États-Unis. Il lui avait coûté un bras, même si au vu de son compte en banque il avait encore de quoi s'en acheter des centaines. Il avait été obligé de la cacher dans la soute pour aller dans l'avion – Addams (Marcus Lee Bampton), son avocat, s'était occupé du contrôleur qui avait bien heureusement détourné son regard quand la valise était passé aux rayons X – mais depuis qu'il en avait fait l'acquisition, il le traînait partout. Il n'en avait pas eut besoin depuis des années, pas depuis qu'il avait été engagé comme quaterback aux Rams. Désormais, c'était sur, il aurait de nouveau à s'en servir.  

Il eut un petit sursaut quand on sonna à la porte. Fallait pas. Surtout pas flipper maintenant, car désormais c'était trop tard pour des putains de remords. St-James allait devoir affronter tout ça – il le savait. Son physique de taureau et son amour pour la drogue et la bière avaient tendance à le faire oublier à tout le monde, même à lui, mais il était loin d'être idiot. Il savait qu'il n'aurait pas dut faire comme Addams lui avait conseillé de faire, envoyer son argent sur cette île. Désormais c'était sa terre d'accueil. Il savait qu'il n'aurait pas dut entrer en contact avec ce Co' – cet enfoiré de mexicain l'avait bien eut. L'argent qu'il lui avait refilé, il était passé dans la drogue, St-James le savait, il le savait depuis le moment où il avait vu les yeux de ce connard. Et maintenant, il était où Co' ? A monter ses magouilles de dope. Et St-James ? Coincé pour l'éternité sur une île dirigée par un tyran, tout ça pour échapper à la perpétuité.  

T'as foutu ta putain de vie en l'air, J.  

Il se décida enfin à se lever. Il fourra son flingue dans sa poche, sa bière sur une table, et traversa la terrasse de sa nouvelle villa en bord de mer. Il vit alors Addams dans la cuisine. Il ne l'avait pas attendu pour entrer et était déjà assis sur le sofa, sirotant un whisky, sa palette posée sur la table basse qui se trouvait devant lui. Il se rapprocha de lui. L'avocat leva les yeux vers son client, qu'il avait bien baisé lui aussi. Il afficha un sourire hypocrite, tandis que St-James posait ses fesses sur un fauteuil en face de lui.  

« Alors, Big J, t'aimes bien ta nouvelle piaule ? Te faut pas plus grand ? » demanda Addams. Il caressa ses cheveux gominés en continuant de sourire. « Santa-Clara c'est peut-être pas la meilleure place pour pioncer. Ils tirent au M16 toute la putain de nuit dans ce bled. Sérieusement, Big J, je pense que t'es bien casé ici. Si seulement un de ces locaux pouvait prétendre à dormir dans ton placard à balais je pense que ça serait une grande nouvelle pour la plèbe de ce coin. »  

Ça y est. Cet enfoiré était seulement là depuis cinq minutes et il lui tapait déjà sur les nerfs. St-James se contenta de répondre : « Manque juste une pute pour me mettre une bière dans la main, mais je pense pas que tu te sois pointé pour me causer des problèmes politiques de cette île. »  

Addams eut un petit rire. Il caressa ses cheveux.  

Je lui arracherait bien.  

« Oui, bien vu, Big J, bien vu. J'ai quelques petits trucs dans cette mallette. » Il désigna d'un mouvement de tête l'attaché-case noir qu'il avait apporté avec lui. Il se mariait très bien avec son costard tape à l’œil. Il composa rapidement son code et l'ouvrit. Il en sortit quelques papiers qu'il déposa sur la table, à côté. Il but une gorgée de whisky, et prit l'une des feuilles entre ses doigts. « Sur cette feuille tu as les charges contre toi. Détournement de fonds, blanchissement d'argent, et quelques notes sur un possible lien avec un trafic de drogues à grande échelle. J'espère ne rien t'apprendre. » Il la déposa devant St-James qui ne lui dédaigna même pas un regard. Il prit une seconde feuille. « Ici, tout ce qui concerne le FBI. Ils sont au courant que tu trouves à Santo Lorenzo depuis une semaine, mais ils ignorent quasiment tout du reste. Ils ne savent même pas que c'est moi qui ait organisé tout ça, grâce à Dieu. » Il la déposa aux côtés de la première et prit une troisième feuille. « Celle-ci concerne ta banque. J'ai réussi à envoyer tout ton fric sur Santo Lorenzo avant le départ. Tu n'as presque rien perdu. De toute façon, à part acheter des palmiers tu n'as que très peu d'occasions d'en faire usage ici. Je m'occupe de toutes ces formalités, tu n'as qu'à signer ici, en bas. » Addams tendit un stylo à St-James. Il signa.  

Les autres feuilles n'avaient apparemment qu'un intérêt mineur. L'avocat finit son verre de whisky et remit tout dans sa mallette. Il se leva et se dirigea vers la porte. Juste avant de passer celle-ci, il se retourna et dit « Peut-être pas une pute mais j'ai un homme de confiance sur cette île. Il pourra te mettre de la bière dans la main, mais ne compte pas sur lui pour jouer avec ton nœud. A plus, Big J. »  

 

La jeune fille sifflotait d'un air impertinent à la table d'à côté. Elle n'était pas très belle – assez banale en faites, ni sexy ni mignonne – ses formes n'étaient ni avantageuses ni inexistantes. Pourtant elle défiait St-James du regard – ou alors elle se mouillait devant lui, mais cette idée sortit rapidement de l'esprit de Derek lorsqu'il vit les traits du sourire qu'elle affublait. Elle devait avoir dix huit ou dix neuf ans, vingt tout au plus. Cet air narquois donnait à Derek l'envie de lui défoncer son petit minois. Roberto (Nolan Andrews) se tenait à la droite de lui. Il buvait un verre en face de l'ex-quaterback qu'il semblait plus ou moins apprécier. Roberto était l'homme que Addams lui avait envoyé. Quand il avait sonné à la porte de la villa, St-James avait prit ça comme une blague – Roberto était vieux, dégarni, et avançait aussi vite qu'un cul-de-jatte. Rapidement il s'était révélé homme de confiance, terriblement intelligent et de bon conseil. Il obéissait à J sans dire mot, et lorsque celui-ci lui posait des questions il se contentait de répondre de la manière la plus pertinente possible. Au début, il le laissait chez lui, comme un chien, gardant la maison en son absence, mais il avait décidé de l'emmener avec lui ce jour là. Le soleil traversait les carreaux du restaurant, éblouissant les yeux de St-James qui commençait à en avoir marre d'attendre. Il était presque treize heure trente. La serveuse arriva enfin, avec les plats. Si Derek se contenta de l'ignorer poliment, Roberto la remercia d'un hochement de tête.  

« Roberto, dis-moi, ça fait combien de temps que tu fais ça ? » demanda St-James. Roberto leva les sourcils en regardant ce dernier, il semblait étonner.  

« Que je fais quoi, Monsieur ? » répondit-il.  

« Je sais pas – servir les gens comme ça, leur apporter leur bière, leur essuyer le cul et laver le vomi après une grosse cuite. Ça fait combien de temps ? » Roberto prit une bouchée du poisson qu'il avait commandé et la mastiqua avec passion. La question, malgré sa formulation, ne semblait pas le perturber plus que ça.  

« Vingt ans. Je suis arrivé à Santo Lorenzo après que j'ai tué ma fille. Addams était mon avocat. » dit le majordome sans broncher. Il continua tout simplement à manger son poisson. St-James, lui, déglutît. Il n'avait pas imaginé l'homme ainsi – il s'était même fait à l'idée que celui ci était originaire de l'île. Alors il était le meurtrier de sa propre fille. Il n'osa pas lui poser d'autres questions et ils continuèrent à manger en silence.  

Ils finirent à peu près en même temps leurs assiettes et Derek commanda une nouvelle bière. Ce soleil lui donnait soif. Alors il remarqua la fille de tout à l'heure, celle-ci se tenait à côté de lui, debout, le regardant avec le même sourire narquois.  

« Barre-toi où je te fais manger ce rictus de merde. » dit le quaterback. La fille eut un petit rire.  

« Derek St-James ? » demanda t-elle.  

Derek devint livide. Elle le connaissait. Cette salope semblait venir des States et le connaissait. Ils avaient forcément dut parler de sa fuite à la télévision – peut-être pas en précisant sa destination, mais ses péchés devaient être connus. Il regarda Roberto, celui-ci ne broncha pas. Il ne savait pas quoi répondre lui non plus. Alors St-James répondit : « Oui, c'est moi. »  

Le rictus de la fille s'agrandit.  

« Selena Rivéira, je suis la nièce du Président de Santo Lorenzo. Enchantée de vous connaître. » Elle tendit sa main vers St-James qui la serra en dévisageant Selena (Nina Korkivich). Nièce du Président ? Vu le nombre d'habitants sur Santo-Lorenzo, et le nombre qui avaient les moyens de se payer un resto, ce n'était guère étonnant de faire la rencontre de la famille du Dictateur sur l'île aussi rapidement. Ce qui perturbait St-James c'était qu'elle n'avait pas la couleur de peau des autres habitants de l'île.  

« Qu'est-ce que je peux pour toi, Rivéira ? » demanda alors St-James.  

« Je préférerai Mrs Rivéira, ou Selena quand nous auront fait plus ample connaissance, si vous le voulez bien. Puis-je m'asseoir ? » Elle désigna la chaise laissée libre. St-James hocha la tête et la fille s'assit. Elle regarda les deux hommes un moment avec ce même sourire.  

Toujours ce sourire.  

« J'imagine que vous n'ignorez pas que mon oncle, le Président Rivéira, dirige cette île, Monsieur St-James ? »  

Où voulait-elle en venir ? Il se contenta d'un mouvement de tête affirmatif. « Très bien. Figurez-vous que ce même oncle a toujours aimé le Football, notamment votre ancienne équipe, les Rams – nous non plus nous n'ignorons pas vos ennuis récents, Monsieur St-James. Or il se trouve qu'à partir de ces quelques informations, nous pourrions parvenir à un commun accord entre vous et mon oncle qui serait, je vous le garantie au nom de la paix de Santo Lorenzo, un avantage pour les deux partis. Je vous l'énonce ? » Elle gardait ce rictus. Soit elle se foutait de lui, soit elle était très bête. La jeune Rivéira semblait pourtant intelligente. « Nous serions prêts à vous accorder des privilèges exclusifs si vous veniez à nous aider – vous seriez exempt d'impôts entre autres, et nous pourrons assurer une sécurité pour vous et vos proches sur Santo Lorenzo. En échange nous voudrions que vous nous aidiez dans une affaire un peu particulière. » Elle se gratta le menton. St-James regarda Roberto. Il ne semblait pas comprendre d'avantage que lui.  

Pourquoi auraient-ils besoin de moi ?  

« Et quelle est cette affaire ? » fit Derek.  

Rivéira semblait sur le point d'éclater de rire. Derek n'avait pas confiance en elle. Cette gamine puait l'entourloupe. « Santo Lorenzo ne possède pas qu'une seule île. Il y en a plusieurs autres – des îlots, pour la plupart. Dans la Mer des Caraïbes, au sud de Libertad, s'en trouve un en particulier : San Pedrono. Elle a appartenu à mon oncle pendant des décennies avant qu'il ne la lègue à un riche investisseur privé il y a déjà cinq ans. Cet investisseur, Stringer (Alec Lederman), n'a malheureusement pas transformé ce lieu en paradis pour lui et sa belle famille venue d'Amérique, mais a profité du statut isolé de notre État Libéral pour fonder une entreprise. J'imagine que je n'ai pas à vous préciser qu'il s'agit de cultures de Chanvre et que ce brave homme transporte des tonnes de cannabis vers le continent chaque année. Le problème de San Pedrono, c'est que cette petite affaire a attiré l’œil des organismes internationaux. On a ici l'un des plus gros fournisseurs mondiaux – d'autant qu'on le soupçonne d'autres escroqueries en tout genres. Certains disent qu'ils fabriqueraient aussi de la méthamphétamine – simples rumeurs cependant. Il se trouve que malgré le fait que nous accueillons ici même de nombreux réfugiés politiques, les autres pays, dont les États-Unis, nous ont toujours laissé tranquille. Cette affaire de drogue nous met dans une impasse puisqu'elle a une telle étendue mondiale que la donne pourrait changer – nous voudrions que vous nous aidiez à éliminer cette exploitation. »  

Il jugea la jeune fille du regard. Disait-elle la vérité ? Et pourquoi s'adresser à lui ? Il sentait que quelque chose ne collait pas dans son histoire – mais il ne savait quoi. « Pourquoi moi ? » demanda t-il alors simplement. Rivéira regarda le soleil à l'extérieur. Celui-ci se reflétait sur les peaux lumineuses des quelques jolies femmes sexy qui passaient dans la rue. Des touristes – de plus en plus rares sur l'île à ce que St-James savait.  

« Car vous avez un motif pour vous rendre sur cette île. Personne ne se doutera de rien si c'est vous qui vous vous en chargez. Ils croiront à la visite d'une star sur le déclin, un drogué célèbre qui veut visiter le fournisseur – jamais aucun d'entre eux n'oserait penser que vous avez été engagé par nous pour éliminer le patron de cette exploitation. »  

Elle avait répondu au tac-au-tac. L'explication de la était un peu bancale. Pas très vraisemblable en faites – tout ça ne tenait pas debout. Il y avait quelque chose d'autre, quelque chose que St-James ignorait. « Et vous pensez qu'en éliminant cet homme toute cette entreprise s’effondrera ? » Rivéira acquiesça. Derek posa les mains sur la table et, avançant sa tête vers la jeune fille, lui murmura à l'oreille : « Écoute, je sais pas à quoi tu joues, ni ce que tu trames – encore moins pourquoi tu abordes un parfait inconnu dans un restaurant bondé de monde pour parler du meurtre d'un baron de la drogue. Mais je vais te dire une chose : toi et tes merdes, vous ne me ferez jamais plier. Je commence à vous connaître. Maintenant tu vas retourner voir ton oncle et tu lui diras que son cannabis il peut se le carrer où je pense. Roberto, lève-toi, on s'en va. »  

Les deux hommes se levèrent d'un bond et se dirigèrent vers la sortie, après que Roberto ait déposé l'argent de l'addition sur la table. Derek s'était toujours cru imposant, assez charismatique pour faire reculer les gens de la trempe de cette Rivéira, mais elle n'avait pas eut peur une seule seconde. Elle les regarda s'approcher de la sortie et se contenta de lancer : « Nous vous attendons à la Résidence Présidentielle si vous changez d'avis ! »  

 

Derek regardait la jeune touriste avec aplomb. Elle aussi. C'était une belle blonde, habillée de manière revêche. Elle avait reconnu St-James et, assise sur la plage, ne cessait de jeter des coups d'oeils intéressés vers le quaterback. Lui ne cessait de la fixer. Elle était ce qu'il avait vu de plus sexy depuis des semaines, et ça lui faisait d'une certaine façon du bien de la regarder se dorer au soleil. Elle était assise avec deux de ses amis, désirables elles aussi mais moins intéressantes que la blonde. St-James avait décidé de laisser Roberto à la maison. Lorsque la blonde se leva pour se diriger vers lui, il se dit qu'il avait bien fait.  

Elle arriva à ses côtés et s'assit sur le muret à côté de lui. « Je t'ai vu la télé, ils parlent de vous sur toutes les chaînes. » dit-elle avec un ton niai. « Je peux t'aider si tu veux. »  

Il la regarda dans les yeux. Elle était décidément très belle. Il ne désirait qu'une seule chose à ce moment là. « Prenons une chambre dans un hôtel, ou je te ramène chez moi. » Il l'avait dit d'un ton autoritaire. La fille haussa les sourcils. On ne l'avait sûrement jamais abordé de telle façon. Elle ouvrit la bouche mais ne dit mot. Elle hésita un instant puis répondit :  

« Dis donc, tu n'y vas pas par quatre chemins... Alors, allons-y ! » St-James hésita un instant. Il ne savait pas trop ce qu'il faisait et était un peu étonné de la réaction de la jeune fille. Elle le suivit, sans ses amies, jusque dans sa voiture et monta à l'avant. Lorsqu'elle ferma la porte, son sourire débile disparu. Elle regarda St-James et sortit quelque chose de sa poche. C'était une plaque. « Agent Loren Flores, FBI. » Tout cela était trop beau. Il aurait dut s'en douter. Bizarrement, cette rencontre impromptue ne lui fit ni chaud ni froid.  

« Je ne peux vous arrêter ici même, Mr St-James, ce territoire est hors de notre juridiction. J'ai effectué cette approche pour vous dire que nous savons tout – où vous vous trouvez, où est-ce que vous mangez, et nous connaissons aussi l'identité de votre avocat. Nous vous avons à l’œil. Cependant, vous pourriez nous être utile. Si vous êtes intéressé, n'hésitez pas à nous contacté, à ce numéro. »  

Loren Flores (Cristina Rasmuson) lui tendit un papier sur lequel était inscris un numéro de téléphone. Sans même un mot, elle poussa la portière et sortit. Sa démarche sensuelle s'était transformée en pas appuyés.  

Pas pour ce soir, St-James.  

Qu'est-ce qu'ils avaient tous à avoir besoin de ses services ?  

 

St-James était à nouveau allongé sur sa chaise longue, à siroter une bière. Ça l'aidait à réfléchir, bizarrement – le soleil n'avait pas été aussi tapant depuis son arrivée. Il entendait Roberto se servant un verre de whisky à l'intérieur de la villa – il le méritait bien. St-James attendait la visite d'Addams, pour lui parler de Rivéira et ce que elle et son oncle lui avait proposé. Addams avait beau être un fichu connard, il saurait quoi faire exactement – il ne désirait en rien le malheur de St-James, et tout irait mieux pour lui si Derek faisait le bon choix. Si choix il y avait. Il y a deux jours, St-James était persuadé qu'il ne fallait pas – mais il y avait réfléchi depuis. Beaucoup réfléchi.  

On sonna à la porte. Il se releva péniblement tandis que Roberto faisait entrer l'avocat. Il l'installa sur le même divan que la dernière fois, et tandis que Derek se rapprochait de lui, il affichait encore une fois son fameux sourire hypocrite. Il devait avoir des nouvelles. Ou il en attendait. « Alors, Big J, rare que tu demandes à me voir quand c'est pas pour un coup foireux ? C'est quoi cette foi ? Héroïne, cocaïne, cristal ? Allez, laisse moi deviner, Roberto n'est pas très bon à touche-pipi ! » Il éclata d'un grand rire. Le majordome resta de marbre tandis que St-James s'asseyait sur le fauteuil en face d'Addams. Il était toujours comme ça – et un jour ce serait la fois de trop. Un jour Addams déposerait la goutte qui ferait déborder le vase.  

« Le Président de Santo Lorenzo m'a contacté par l'intermédiaire de sa nièce. » fit St-James en regardant Addams dans les yeux – il devait voir sa réaction, voir dans son regard si ce connard était impliqué là-dedans, si toute cette affaire était encore un coup monté par ce type. Il se contenta d'ouvrir la bouche et de lancer d'un ton jovial :  

« Fantastique ! Big J, à peine arrivé et tu es déjà la Star locale ! De quoi s'agissait-il – participation à un concert local, ou il veut t'engager dans l'équipe de football ? » Soit il ne savait rien, soit il était un sacré bon acteur. Mais il y avait quelque chose dans sa voix qui montrait une certaine fébrilité – comme si il stressait un peu.  

« Il veut que je tue un trafiquant de drogue. » Et puis ce fut à ce moment que St-James eut la réaction qu'il fallait – Addams eut un bref sourire, puis sa mine se refroidit. Mais ses yeux pétillaient. Ils pétillaient de bonheur. Il savait, il était déjà au courant de tout ceci – c'était évident.  

« Drôle d'affaire. Tu n'as rien à craindre, de toute façon – si le Président de propose un tel plan c'est qu'il a confiance en toi et en son stratagème. Ferme les yeux et vas-y, il n'y a sûrement rien à... » Son dernier mot s'étouffa dans un couinement terrifié. St-James avait sorti son flingue et le tenait pointé vers le crâne de son avocat. Il l'avait encore entubé, il avait encore monté une saleté de plan pour que tout retombe sur lui. Quand St-James tenait un flingue pointé sur un gars, c'était toujours terrifiant – cet homme noir d'à peu près deux mètres, au muscles en acier et à la carrure de géant – Addams flippait.  

« Maintenant, tu vas fermer ta putain de gueule et arrêter de me raconter tes putains de salades ! Tu vas juste me raconter tout ce que que tu sais, toutes les vacheries que tu as put me faire sur ce coup et sur les précédents ! » La voix de Derek faisait vibrer la table basse. Roberto, qui se tenait à côté, restait fixe, regardant d'un œil impassible l'avocat – comme si celui-ci ne lui inspirait que de la répugnance. C'est alors qu'une larme coula sur la joue de l'avocat. Il tremblait. Tous ses membres. Il craquait.  

« Je t'en prie, ne me tue... tue pas ! Big... Derek, je t'en prie. Roberto, fais quelque chose, c'est du passé cette histoire ! Tu me dois bien ça, je t'ai sauvé la mise plein de fois ! Et toi, Derek, s'il te plait. » Il venait de se mettre à genoux, implorant la pitié de ses deux clients. Il pleurait tout ce qu'il avait. « Je n'ai jamais voulu que tout ça arrive. Le truc avec le trafiquant, c'est pas des conneries, je te conjure de me croire. »  

St-James ne sut ce qui le prit mais il tira. Pas dans la tête mais dans la jambe de son avocat. La détonation résonna et ses oreilles sifflèrent. L'autre se roulait de douleur. « Non, non ! Pou...pourquoi ? » Il se tenait la jambe à l'impact de la balle. De la chair avait tapissé le tapis. Les mots qui sortaient de sa bouche n'avaient plus aucun sens. Il souffrait.  

« Je te laisse deux solutions : soi tu me dis tout de suite si tu es dans le coup avec le trafiquant, et aussi pour les putains de conneries qui m'ont obligé à me cacher sur cet îlot pourri, soi je te loge une putain de nouvelle balle dans chaque centimètre carré de ta peau jusqu'à ce que tu meurs comme un putain de parasite. » Addams déglutit. Il semblait retrouver ses esprits.  

« Je t'en pries, Derek, je suis pas le seul dans... dans ce coup. Y a pas que moi. Le trafiquant, c'est le Président qui m'a approché, il m'a donné... il m'a donné du fric pour que je t'engage. J'en sais pas plus, je te jure. »  

« Très bien » répondit St-James. « Maintenant pour L.A. - c'était toi aussi ? » Addams ne répondit pas de suite. Il se contenta de pleurer à chaudes larmes. Il toucha ses cheveux gominés comme pour vérifier si ils étaient toujours là.  

« Oui, oui. C'était moi. Co' m'avait payé pour te virer du pays, tu devenais trop dangereux et il s'est fait assez de fric après ton départ pour pouvoir vivre tranquille. C'était une taupe, une taupe de FBI, je pouvais rien faire, je te jure. » implora l'avocat.  

St-James le regarda dans les yeux. Il disait la vérité. Pour la première fois il disait la vérité. Il ne voulait pas mourir – c'était la chose qu'il redoutait le plus. Alors St-James pointa son flingue sur le crâne de ce connard. « Je t'ai promis de pas te torturer. Mais te tuer, je voulais le faire dès le moment où t'as sonné à cette putain de porte. » Il appuya sur la détente, tandis que Roberto, avec un sourire quasi imperceptible dans le coin de sa bouche, demandait : « Un café, Monsieur ? »  

 

Roberto venait de revenir. Il avait brûlé le corps plus loin dans la forêt et s'approchait désormais de St-James. Celui-ci regardait le ciel, surplombant la mère. Le soleil se couchait et celui-ci avait de magnifiques teintes rouges. « Roberto. Je crois que je vais accepter. Le marché avec le Président. » Le majordome ne répondit pas de suite. Il se contenta de se poster aux côtés du quaterback, fixant lui aussi l'horizon, comme si celui-ci lui évoquait autant de souvenirs que St-James. « J'y ai réfléchi, beaucoup réfléchi. La seule personne qui m'ait jamais soutenu, du moins je le croyais, c'était Addams. J'ai toujours cru au fond de moi que c'était la seule personne qui tenait réellement à moi. Ma mère, mon grand frère l'a zigouillé lorsqu'elle l'a viré de la maison parce qu'il avait ramené de la dope. Ensuite ils m'ont envoyé dans un foyer – ils avaient une équipe de football. Après quelques années, ils m'ont recruté aux Rams. Si ça avait pas été le cas, j'aurais fini dans la rue, ou en taule comme mon frère. Je m'en rends compte que maintenant. Cette équipe, c'était tout ce que j'avais – des amis, ils étaient tous hypocrites, comme Addams, la famille, six pieds sous terre ou derrière le béton. J'ai jamais eut personne pour dire ce que j'avais sur le cœur. J'ai jamais fait quelque chose de bien à part marquer des points dans un match. Je sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'aider ce dictateur ça pourrait m'aider – j'ai l'impression que c'est ce que je dois faire. Le football, c'est tout ce que j'avais. Ce trafiquant est sûrement un connard, et le Président Rivéira encore un plus gros fils de pute qu'Addams. De toute façon, si je ne fais pas ça, qu'est-ce que je pourrais bien foutre de ma vie ? Crever lentement, peut-être me trouver une pute. Boire et baiser. Dormir et bouffer. Je sais pas si tu comprends ça, Roberto. »  

A ce moment il eut froid. Un petit vent se levait et soufflait sur son crâne lisse, tandis que les palmiers s'agitaient fébrilement. Le soleil avait quasiment disparu. « Une tempête se lève. » fit Roberto. « Tu me demandais depuis combien de temps je faisais ce que je fais. J'imagine que tu voulais aussi savoir pourquoi. Tu as ta réponse. »  

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Après 8 ans d'absence des écrans de GM, le "Bad Boy des Caraïbes" est de retour comme vous ne l'avez jamais vu! Dans une ambiance beaucoup plus sobre et surtout sombre, suivez ses nouvelles aventures dans ce "reboot" explosif! Ecrit et réalisé par Vivien Guards, on trouve au générique de ce film Charles L. Brown, Cristina Rasmuson, Marcus Lee Bampton, Nolan Andrews, Alec Lederman et Nina Korkivich entre autres!  

La musique est l'oeuvre de Stephanie Hannigan! Retournez au Santo Lorenzo en compagnie d'un nouveau Derek St-James pour un film d'action très différents des précédents!

Scénario :
une série A d'action de Vivien Guards

Charles L. Brown

Cristina Rasmuson

Marcus Lee Bampton

Nina Korkivich
Avec la participation exceptionnelle de Alec Lederman, Nolan Andrews
Musique par Stephanie Hannigan
Sorti le 26 mars 2027 (Semaine 1160)
Entrées : 24 308 359
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