La Peur. La Peur à l'état pur. Ce que nous voulons, c'est que Bird la ressente. Nous voulons évaluer la peur - pouvoir la mesurer, la quantifier, avoir une idée plus précise de ce qu'elle implique, de ce qu'elle réalise, de ce qu'elle permet.  

Bird se réveilla dans le noir complet. Il ne voyait même pas ses mains. Il remarqua que le sol sur lequel il était allongé était dur et ça le perturba. Il dut attendre quelques minutes avant que sa vue ne s'adapte et qu'il puisse enfin distinguer son corps et la pièce alentours.  

Il s'agissait d'une salle appartenant sans doute à une maison abandonnée depuis des lustres. Des toiles d'araignées faisaient les coins des murs, et de nombreux meubles renversés tapissaient le sol couvert d'une épaisse couche de poussière. Une odeur âpre, presque écœurante, monta aux narines de Bird. Il eut la nausée et se boucha le nez avec sa main droite. Il allait de voir se contenter de respirer avec sa bouche. Il remarqua une fenêtre - mais elle était recouverte d'une épaisse couche de poussière qui la rendait complètement opaque. Il se releva péniblement et s'en approcha. Il tenta de retirer la poussière avec sa manche mais elle resta là, intacte. La fenêtre semblait fermée. Bird tenta vainement de l'ouvrir mais rien ne se produisit.  

Brusquement, un bruit sourd et mât se fit entendre - Bird se retourna vers la source de ce son étrange. Le côté opposé de la pièce. Il n'y avait rien - comme si quelqu'un avait juste frappé sur le mur.  

Il dut reconnaître lui-même qu'il avait un peu peur. Cette vieille bâtisse abandonnée et ses airs de maison hantée ne faisaient rien pour le rassurer - il regarda alors avec d'avantage d'intérêt la pièce. Au coin opposée de celle-ci il voyait des fauteuils. Sales, en décomposition, recouvert de poussières et abritant surement des colonies entières d'insectes crasseux. Il s'avança vers ceux-ci. C'est d'ici que provenait le bruit sourd qui l'avait effrayé. Mais rien de nouveau ne se produisit. Il s'agissait juste de vieux meubles qui n'avaient pas servi depuis des siècles.  

Deux portes se trouvaient respectivement à sa droite et à sa gauche. Complètement identiques - la seule chose qui les différenciait c'était le pan de mur sur lesquelles elles se trouvaient.  

Il se dirigea vers l'une d'elle. Autant découvrir tout de suite ce qu'il a derrière. Il la poussa lentement, un peu inquiet de ce qui pouvait se cacher dans cette pièce voisine. Lorsqu'elle fut complètement ouverte, il se retrouva face à un long couloir - sombre, humide, des ombres inquiétantes se profilant de toutes parts, des débris de toiles d'araignées ou de poussières flottant dans l'atmosphère acre du lieu. Il avança d'un pas et alors - brusquement - une ombre blanche apparu un court instant de l'autre côté du couloir. Il tomba sur le sol, terrifié, et continua de fixer le papier peint crépi du corridor, là où il venait de voir l'ombre blanche. Dans sa tête un seul mot se répétait : Fantôme. Fantôme. Il n'y croyait pas - jamais il n'aurait cru penser voir l'une de ces choses. Mais ici il doutait. Cette ombre blanche, de taille et de formation humaine, apparue juste au moment où il entrait dans ce couloir. Calme-toi, Bird. Du calme.  

Emma regardait l'écran avec un sourire satisfait. Le garçon était tombé sur le sol, apeuré. Il ferait un très bon sujet pour sa thèse. Elle se tourna vers Miggs qui était assis à côté d'elle et qui regardait d'un air sombre les actions du jeune garçon défiler à l'écran.  

« Il flippe déjà. T'as pas pris le plus réaliste que t'as trouvé. Être en transe comme ça juste après avoir vu un amas de poussière blanche dans un coin d'une pièce d'une maison délabrée, c'est pas ce qui démontre de la réussite de l'opération. Il va s'imaginer des goules partout, l'expérience n'aura aucun intérêt. »  

Emma eut un petit rictus. « Je ne l'ai pas choisi pour ça. »  

Miggs leva les sourcils. « Quelle est la raison alors ? » demanda t-il d'un air étonné.  

Emma commença à s'amuser avec son stylo. « Bird n'est pas un sujet sur lequel je vais étudier à quel moment la peur se figure chez lui - mais plutôt jusqu'où celle-ci peut aller. Si vous n'aimez pas le voir implorer, pleurer, pisser dans son froc, alors partez. Je veux lui faire la peur de sa vie. Au sens propre. »  

Bird se releva péniblement. L'ombre n'était plus là. Il fallait avancer, sinon il ne trouverait jamais la sortie. Mais il y avait trop de portes, et toutes les ouvrir avec al crainte de tomber encore sur l'une de ces apparitions était quelque chose qui l'effrayait. Il compta ses pas. Un... Deux... Trois... Chacun d'entre eux était un supplice. Ses yeux était fermé. A par l'oeil droit vaguement entrebâillé qui lui donnait une idée de la structure de la pièce. Il s'arrêta près de la première porte et la poussa.  

Evan Osburn -> Bird  

Tori Hunter -> Emma