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Guards Brothers présente
Song of the Angels

Octobre 1992  

 

Jimmy Doyle regardait avec attention les aiguilles avancer. Il venait de boucler une affaire de double homicide et son manque d’imagination l’obligeait à trouver une occupation autre que la lecture ou le simple fait de s’imaginer dans quelconque situation qui aurait procuré un certain plaisir chez un autre homme. Il fixait l’horloge, et ça lui suffisait. Le téléphone sonna et le sortit de sa transe. Il eut un petit sursaut. Il décrocha. C’était la voix de Beckfrost, il la reconnut tout de suite à son timbre juvénile, presque agaçant à l’écoute.  

« Doyle, le cadavre d’une gamine de huit ans t’attends sur Lincoln Street. Ramène Dickson ça lui fera les pattes. » Beckfrost raccrocha. Un nouveau meurtre. C’était le troisième de la semaine pour Doyle, donc. Dickson. Dickson était une jeune nouvelle, arrivée de l’école de police la semaine dernière. Son certain charme lui avait attiré les blagues salaces de tout le poste. Doyle se leva de sa chaise et sortit de son bureau. Il avança dans la pièce principale du poste de police, entre les témoins en interrogatoire et les traitements de textes aux claviers ravagés par les gros doigts de quelques inspecteurs bien portants. Doyle s’arrêta à la hauteur de Jenny Dickson. Elle regardait avec ennui l’interrogatoire que menait McSott à un pauvre dealer auquel manquait la moitié de la dentition.  

« Dickson. Prends tes affaires, je t’emmène sur Lincoln Street. » La jeune femme ne comprit pas tout de suite ce qui lui arrivait. Mais en remarquant Jimmy, elle remit vaguement son arme à feu dans sa ceinture et le suivit. Dickson n’était pas plus âgé qu’elle – à peine trente ans en réalité, mais il aimait se montrer autoritaire.  

Ils montèrent tous deux dans la voiture de Doyle et en dix minutes de silence, ils furent sur Lincoln Street. Beckfrost avait mis des bandeaux prohibant le passage de toutes parts et il était difficile de ne pas remarquer la scène du crime. Lincoln Street était une petite rue résidentielle, et le corps avait été trouvé dans une maison vendue il y a peu qui attendait ses nouveaux propriétaires dans la journée. Beckfrost les attendait, adossé contre le muret qui se tenait près de la bâche qui camouflait le corps. Le cadavre de la fille avait été découvert précisément dans le jardin de la maison récemment vendue, sous un arbre. « Dis m’en plus. » dit Jimmy à l’adresse de Beckfrost.  

« Dix coups de couteaux, un seul aurait suffi pourtant – ils ont tous été donnés dans le crâne de la pauvre gamine. Elle est habillée totalement en blanc, bien sûr c’est tâché de sang pour rendre ça encore plus dégoûtant, et j’allais oublier, il n’y a pas de trace de viol… »  

« Pas de viol ? » C’était étonnant. « On connaît l’identité de la fille ? »  

« Pas encore. Ce fainéant d’Addams est parti fouiner à la brigade des disparitions. Vu le temps qu’il a mis pour aller chercher la bâche pour couvrir la gamine, on devrait pas avoir de nouvelles de lui avant la fin de la journée. » Il roula des yeux et partit soulever la bâche. La fillette était complètement défigurée, les dix coups de couteau dans le crâne l’avait atrocement amochée, personne ne pourrait la reconnaître. Le reste du corps était intacte. Sa robe blanche était tâchée de sang de toute part. C’était assez rare pour le noter, mais Doyle eut la nausée à la vue du corps de cette gamine innocente. J’attraperai celui qui a fait ça.  

 

Janvier 2035  

 

Sokada Tegumisho se rendait sur les lieux du crime. Il neigeait comme il n’avait jamais neigé. Sokada ne voyait pas à cinq mètres devant lui, et craignait un peu de se prendre quelconque cycliste, bien que faire du vélo par un temps pareil tenait de la bêtise pure. Il y avait eu un meurtre sur Lincoln Street, mais Williams ne lui en avait pas dit plus. Il l’avait appelé, et maintenant il arrivait, aussi vite qu’il pouvait, avançant à tâtons dans le blizzard.  

Lorsqu’il fut arrivé, il dut plisser les yeux pour avoir apparaître entre les flocons les gyrophares des bagnoles de flics. Il descendit de sa voiture et s’approcha lentement des lieux du crime. Lincoln Street était une petite rue résidentielle, toute tranquille en apparence. La maison concernée était en ruine, son toit était éventré et la pelouse n’avait pas été tondue depuis des siècles. Drôle de décors entre ces jardins parfaitement entretenus. Il s’approcha de Williams. C’était un grand type, il n’aimait pas ce qu’il appelait les niakwés, si bien qu’il jeta un regard noir à Sokada lorsqu’il arriva à sa hauteur.  

« Une fillette, un malade a dégommé son crâne à coups de couteau. Pas beau à voir. » Sokada regarda le corps sur le sol. Son visage n’existait plus, il n’y avait plus que sang, cervelle et chair, bout d’os et de crâne. Sa robe blanche était tâchée de sang.  

« Témoins ? On l’a identifié ? » demanda Sokada.  

« Pas de témoins, et pas d’identification pour le moment. J’imagine que je dois aller à la Brigade des Disparitions. » répondit Williams.  

« Vous seriez aimable. » Et il s’en fut, il avait trouvé un motif pour s’éloigner de Sokada. Il se retrouvait désormais seul avec les deux policiers qui venaient d’allumer une cigarette juste à côté. Sokada sortit son Digital de sa poche – il l’avait payé une fortune, ce truc était un vrai couteau suisse. C’était une petite tablette tactile. Il prit le doigt de la gamine et le posa dessus. L’appareil s’activa et afficha l’identité de la jeune fille. Williams va faire le chemin pour rien. A vrai dire, Williams ne savait pas que Sokada possédait un Digital – très peu de policiers en avait un, et dans le cas de Sokada c’était un caprice de plusieurs années d’économies.  

La fillette se nommait Elia Reyne. Elle n’avait que neuf ans. Elle habitait à l’autre bout de la ville, et aucune mention n’insinuait qu’elle fût portée disparue. Quel monstre a pu faire une chose pareille ? La neige recouvrait encore plus son corps. Elle devenait rouge au fur et à mesure qu’elle tombait sur son crâne ensanglanté.  

 

Octobre 1992  

 

Dickson se recoiffait. C’était la première fois que Jimmy avait pour coéquipier quelqu’un qui se recoiffait en plein boulot. C’était une femme mais c’était aussi étonnant. Addams venait de revenir avec les papiers sur les personnes disparues. Il était dix-sept heures. Il a pris son temps. Il les posa sur la table. « Les gamines portées disparues ces dix derniers jours. » Il y en avait trois dans tout l’Etat – tant que ça – dans quel monde vivons-nous ? Il regarda les fillettes. Une seule vivait sur la ville. Il s’attarda sur son profil. Son dossier avait été créé la veille – une disparition récente.  

« Dickson, appelle les parents de celle-là. Demande leurs si ils sont passés sur Lincoln Street ces derniers temps. » fit Jimmy. La jeune femme se leva et alla décrocher un téléphone. « Tu peux disposer, Addams. » Ce dernier le remercia d’un signe de tête et alla pioncer dans un coin. Doyle se gratta la tête. On a toujours pas d’identification précise, aucune piste et Beckfrost n’a rien trouvé sur Lincoln Street – en une journée. On avance pas. Il sortit une cigarette, ça l’aidait à se concentrer, et à décompresser. Il regarda à nouveau le profil de la gamine. Joan Pergs. Dix ans et demi. Probablement une famille heureuse, une gamine heureuse. Et je suis l’éclair divin de la vengeance. Piètre rôle. Il souffla un panache de fumée qui alla se cogner contre le journal. Bientôt un nouveau président. Les portraits des deux candidats faisaient la une – Clinton et Bush. Tout le monde se fout de cette gamine. Il entendit Dickson à côté, au téléphone avec les parents de Joan Pergs. Au fond de lui, il espérait que ça soit la bonne – moins de boulot, moins de stress. Pourtant, il imaginait ses parents, apprenant la mort de leur enfant. Après deux ou trois minutes, Dickson raccrocha.  

« Ils ne sont pas passés sur Lincoln Street ces derniers temps. » fit-elle.  

Ça semblait évident. « Envois des échantillons d’ADN de Joan Pergs et du cadavre au FBI, qu’ils nous renvoient les résultats au plus vite. Demande Hutchers, dit que c’est de la part de Jimmy Doyle. » Hutchers était un ami de Jimmy – un clampin du FBI bien gradé qui pourrait accélérer les choses si il lui demandait, en plus il avait une dette envers lui.  

Désormais il faudrait attendre les résultats – le plus long, car ils étaient bloqués jusque-là. Doyle regarda le journal. Il se demandait pour qui il allait voter.  

 

Février 2035  

 

« En dehors de l’école, que pratiquait-elle ? » demanda Sokada aux parents d’Elia Reyne. La femme était en pleur, son époux tenait la pauvre dans ses bras. Il baissait les yeux, complètement abasourdi par la nouvelle.  

« Elle… Elle… » Il respira profondément. « Elle aimait beaucoup le vélo… » Il essuya sa joue, une larme venait d’y couler. « Le chant, aussi. Elle faisait du chant. » Il soupira à nouveau et continua à caresser les cheveux de sa femme.  

« Elle prenait des cours ? » posa Sokada. La fin de sa question fut couverte en partie par le Robot-Home qui annonça à tue-tête que le nettoyage de la maison était terminé, mais Mr Reyne semblait avoir compris la question.  

« Oui, au Conservatoire, avec le Professeur Reese. » Sokada nota ce nom sur son Digital.  

 

Novembre 1992  

 

Les résultats ADN étaient tombés. Doyle se trouvait chez la famille Pergs, face aux deux parents, et à son grand frère. Il venait de leur annoncé la terrible nouvelle. La femme sortit en pleurant de la pièce, suivie par son fils qui partait probablement la consoler.  

C’est le mari qui répondit aux questions de Doyle. Dickson se trouvait derrière lui et regardait la scène à la fois désemparée et complètement perturbée. C’était une fille apparemment normale, et ils apprirent que Mr Pergs était en faites le beau-père de la petite.  

« Elle faisait aussi du chant de le cours d’un certain Reese au conservatoire. Elle a disparu sur le chemin du retour… » fit Mr Pergs.  

Doyle nota le nom de Reese sur son calepin.  

 

Février 2035  

 

Les deux flics sortaient avec le Professeur Reese, menotté. C’était un homme très âgé. Il lança un regard à Sokada qu’il compléta par un sourire terrifiant. Les deux flics l’emmenèrent dans le fourgon blindé pour le ramener au poste. La correspondance ADN l’avait déclaré coupable du meurtre d’Elia Reyne.  

A côté de Sokada se trouvait une jeune policière du nom de Polly Kent, elle avait participé à la synchronisation ADN. « C’était donc lui… » commenta Sokada.  

Polly leva les yeux au ciel. « Oui. Il enseignait depuis plus de quarante ans dans ce Conservatoire. Qui sait, ce n’était peut-être pas la première. »  

Sokada arriva vers Reese et monta à sa suite dans le fourgon blindé pour l’interroger. Il restait des points noirs sur cette affaire à éclaircir pour son rapport. Et peut-être avait-il fait d’autres victimes, entre toutes ces disparitions de jeunes filles.  

 

Novembre 1992  

 

« Comment décrieriez-vous votre relation avec Joan Pergs ? » demanda Dickson au Professeur Reese. C’était un bel homme, jeune, à peine plus de vingt ans, élancé et qui dévorait la policière du regard depuis son arrivé. Il affichait un sourire splendide, ses dents brillaient à la faible lumière de la pièce pourtant très sombre.  

« C’était une gentille fille, très gentille. Elle avait un véritable talent, elle chantait comme un ange. La relation que nous entretenions était celle qui lie l’élève à son maître, rien de plus. »  

Dickson notait à toute vitesse sur son calepin les infos que lui donnait Reese. Doyle se contentait d’écouter la voix de l’homme – douce et suave, mais oppressante. Si jeune et déjà prof de chant, ce détail étonnait Doyle. Il allait enquêter plus en profondeur sur cet homme. « Vous avez remarqué quelque chose d’étrange la dernière fois que vous l’aviez eu en cours ? »  

Reese se gratta le menton en levant les yeux au plafond, faisant mine de réfléchir. « Pas la moindre, désolé, je ne sais rien. »  

 

 

Saka Khouïye : Sokada Tegumisho  

Chris Wertan : Jimmy Doyle  

Kaylee Cobb : Jenny Dickson  

Jeff Collins : Herbert Reese, âgé  

Logan Mandown : Polly Kent  

Gemma Rosen : Mrs Pergs  

 

Produit par Guards Brothers & Gothic Theory.

Scénario : (1 commentaire)
une série A policier (Cold Cases) de Maurizio Gira

Saka Khouïye

Kaylee Cobb

Chris Wertan

Logan Mandown
Avec la participation exceptionnelle de Jeff Collins, Gemma Rosen
Musique par Wolfgang Blakstad
Sorti le 13 janvier 2029 (Semaine 1254)
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