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Guards Brothers présente
Flowers

Partie 1 – Homéostasie d’un quotidien ennuyeux  

Ils sont sept. Peut-être huit. L’un d’eux est grand, peut-être trop, et il semble cacher son collègue. Il s’échangent des regards vifs tandis que la Rédactrice en chef fait le point sur la situation sur Geranium Magazine. Quel nom à la con. Geranium. Des fleurs de balcons aussi courantes et inintéressantes que le contenu des articles du torchon qui porte ce nom. D’un côté c’est approprié, la marchandise est bien emballée et le lecteur potentiel ne doit s’attendre qu’à lire des papiers ennuyeux portant sur des sujets aussi ennuyeux qu’une étude comparative sur la variété de fleur la plus appropriée pour une pièce peinte en jaune.  

Lilian admire la situation qui se déroule devant ses yeux. Les actionnaires et sa rédactrice, face à face, discutant probablement de l’intérêt de leur démarche, et de l’avenir un certain de cette entreprise. Cela dure depuis une demi-heure, et l’entretien semble toucher à sa fin. Deux solutions : soit c’est foutu, soit ils ont trouvé un compris improbable proposé par l’un des deux partis – qui avait sans doute déjà dû le préparer auparavant. Des poignées de main rapides, des commentaires plus ou moins lèches-botte, une mine dépitée de la Rédactrice une fois la tribu partie. Son regard se tourne vers Lilian, et aussitôt, elle accourt vers lui. « Nous devons parler. Tout de suite. »  

Moi, encore moi. Pourquoi faut-il toujours que ça tombe sur moi ? Une malédiction, peut-être, ou la malchance. Dans tous les cas ça tombe sur moi. « Si cela concerne l’article sur la liquidation de ce torchon, je vous le laisse. »  

Des éclairs dans ses yeux, une mine énervée et un grognement animal. Elle ne l’a pas bien pris. « Trêve de plaisanteries. Suivez-moi dans mon bureau. » Son bureau est tout petit. Chez une autre enseigne, il aurait bien pu être le bureau de l’homme d’entretien. Sur les murs, des vieux exploits de la patronne, chez des concurrents plus puissants ou en compagnie de personnages remarquables. Elle s’assoit sur la seule chaise, il n’y a pas assez de place pour deux. « Comme vous vous en doutez le journal a ses problèmes. Paul et Stéphanie sont déjà très occupés, et vous êtes notre dernier espoir. » Moi, encore moi. Dernier espoir ? C’est nouveau. Probablement sa nouvelle combine pour m’envoyer prendre des photos insolites d’arbres et de pots de fleur dans des recoins non-cartographiés. « Lilian, j’ai besoin de vous. Je vais vous envoyer prendre une photo d’une Berenicixus Tarabiam. »  

« On fait de l’histoire romaine maintenant ? »  

« L’une des fleurs les plus recherchées de notre époque. Le bijou de la couronne de l’empire floral. Une merveille, les couleurs de l’arc-en-ciel… et il n’en existe qu’une seule photographie, prise en noir et blanc il y a de ça cinquante ans. Et vous allez prendre la deuxième. » Le silence s’installa dans la pièce. Le regard perplexe de Lilian croisait les airs désespérés de sa boss.  

« Une fleur ? Juste… une fleur ? N’importe quel spécimen ? Vous voulez juste que je prenne l’une de ces fleurs en photo ? » Cela semblait plus que simple. D’habitude, il devait prendre des spécimens précis, comportant des caractéristiques particulières, étant chargé de la rubrique insolite du magazine.  

« Ce ne sera pas si simple. C’est une fleur très rare. Elle pousse dans les Alpes, en haute altitude. Elle est très sensible à la pollution atmosphérique et ne peut être trouvée que très éloignée des zones industrielles, elles ne sont jamais regroupées. »  

Si il faut prendre en photo cette plante pour être le dernier espoir de cette femme désespérée, alors cela semble être chose facile.  

 

Partie 2 – Anaphase vers l’inconnu  

Le soleil brillait et son éclat éblouissait Lilian. Sans doute n’était-il pas habitué à marcher autant en terres sauvages. Il ne pouvait de toute façon plus faire demi-tour : désormais, il était à la recherche d’une Berenicixius Tarabiam, le Graal des fleuristes et photographes florales. Son souffle était court et, après une journée sur les chemins terreux des alpages, il était complètement crevé.  

Il s’arrêta quelques instants sur une sorte de rocher sur le bord du chemin et usa de ce moment de repos pour admirer le paysage. Même lui, habituellement blasé par la vie et la beauté du quotidien, ne pouvait renier la magnificence du paysage qui s’offrait à lui. La verdure des monts s’alliaient au bleu clair et hypnotique du ciel sans nuages. Le son des cloches, comme issu d’un mauvais stéréotype, soulignait l’aspect atypique de sa situation. Il s’adossa au rocher et resta là un long moment.  

Une main se posa sur son épaule. Il fit volte-face et vit une femme, probablement aussi âgée que lui, cheveux bruns, visage doux et apaisant. Elle semblait inquiète. Elle lui rappelait un amour de jeunesse, comme une femme qu’il avait jadis aimé et oublié. Son visage s’approcha du sien et elle l’embrassa.  

Un frisson parcouru son corps et ses yeux s’ouvrirent. Il s’était assoupi sur le rocher. Le temps était passé vite. Très vite. Le soleil avait baissé, l’après-midi touchait à sa fin. Il devait trouver un endroit où dormir.  

 

La radio tournait, mais les ondes reçues par le poste étaient brouillées par des interférences, ne laissant ressortir qu’une émission partitionnée en neige, inécoutable et donnant la migraine.  

L’hôtel qu’il avait trouvé n’était pas vraiment confortable. Le lit était bas, le matelas était dur, le plancher grinçait davantage qu’un fauteuil de grand-mère et le vent sifflait dans la toiture. Lilian tentait d’oublier tout cela comme il pouvait, essayant de se singer au bureau en écrivant quelconque article, mais l’inspiration ne venait pas. Il regarda sa montre, il était encore tôt. Ses yeux se tournèrent alors vers la lumière dansante de la maison voisine, qu’il apercevait à travers la fenêtre.  

Une main se posa sur son épaule. Il se retourna. C’était la jeune femme de toute à l’heure. Il prit cette fois-ci d’analyser ses traits. Elle lui évoquait maints souvenirs, ceux d’une autre vie, d’une autre époque. Il était heureux durant ces moments, la vie était encore devant lui, rien ne pouvait l’arrêter, même pas un pot de fleurs. Qu’était-il désormais sinon le fantôme de cette période ? Il détestait la mélancolie, ce n’était qu’une perte de temps qui piégeait les hommes à regarder derrière eux plutôt que d’embrasser le présent, mais pourtant, à ce moment précis, il se sentit nostalgique. Il se revoyait au collège, lorsqu’il décida de devenir photographe. On riait de lui, probablement parce que prendre des photos c’était moins viril que tirer dans un but ou dans un panier. Il remonta encore plus loin – son premier appareil photo, celui de son père. Une machine aujourd’hui antique mais qu’il avait choyé pendant des années. Qu’en avait-il fait d’ailleurs ? Probablement abandonné au gré d’un nettoyage de chez lui. Où était son père, il l’avait oublié pendant un instant. Mais les souvenirs lui revinrent, ceux d’une séparation houleuse et d’un coup de téléphone bien plus tard le conviant aux funérailles. Il ne l’avait pas pleuré, mais il savait qu’il l’avait évité le plus possible. Il avait évité tout ce temps de repenser aux bons moments, de repenser à cet appareil photo. Pourquoi ne voulait-il pas que je sois photographe ? Pourquoi ? Était-ce vraiment si ridicule ?  

La femme se tenait toujours devant lui. Il voulait l’embrasser, elle était si belle, mais il savait qu’il en souffrirait.  

 

Cette fleur l’obsédait. Il pensait pouvoir la trouver facilement, se surestimant sans doute comme à son habitude, mais il avait beau parcourir des distances importantes chaque jour, il n’avait toujours pas aperçu cette satanée plante.  

La splendeur des paysages se présentait devant lui. Le monde était vaste, impressionnant, terrifiant. Il n’en voyait pas le bout. Jusqu’où vais-je devoir chercher ?  

Deux hommes arrivèrent dans sa direction, tous deux habillés dans des tenues traditionnelles, leur donnant une identité irréelle. En s’approchant d’eux, Lilian se rendit compte qu’il les connaissait. Sous ces chapeaux de fermiers, il reconnut son père et son frère, le visage morne et les traits forcés.  

 

Partie 3 – Apoptose des rêves d’une autre vie  

Il avait pris la route d’un village en haute-montagne. Sa quête semblait sans fin. Il ne savait plus depuis combien de temps il cherchait ses fleurs, le temps semblait s’être effacé, s’être dissipé dans cette recherche. La voiture du fermier qui le conduisait était aussi sale et puante que son propriétaire. Le châssis était recouvert de boue séchée, la portière arrière ne fermait pas et l’homme l’avait vaguement clouée à la carcasse.  

Il leur fallu deux heures pour arriver au village. C’était un coin paumé entre deux cols, les rues étaient pavées et rien ici ne semblait dater du demi-siècle passé. « Donc vous dites que vous avez déjà vu une fleur comme celle-ci ? » Il lui montra un dessin de la plante recherchée tiré d’un herbier.  

Le fermier ne pris même pas la peine de regarder l’image et répondu simplement qu’un homme était passé il y a quelques années avec le même objectif et avait bel et bien trouvé la fleur. Cette réponse ne satisfaisait guère Lilian, mais c’était la meilleure piste qu’il avait eu jusqu’alors.  

 

Son père et son frère s’éloignaient. Ils ne souriaient plus. Ils marchaient dans l’autre direction, sans un regard, sans un signe pour Lilian. Qu’avait-il fait ?  

Il pouvait apercevoir le village en contrebas. Il ne faisait que suivre son guide, un homme du village qui accueillait de temps à autres les rares touristes qui s’aventuraient jusque-là. Il disait penser savoir où la fleur pourrait se trouver. Lilian avait décidé de le suivre, après tout, il n’avait rien à perdre.  

 

 

Alan Evans : Lilian  

Lucas Agnello : Le guide  

Jessica Ponthieux : La rédactrice  

Anya King : La jeune femme brune  

Hugo Anderson : Le frère  

Clement Manchini : Le fermier  

Scénario : (1 commentaire)
une série A dramatique (Sacré Graal!) de Derek Cooper

Alan Evans

Jessica Ponthieux

Lucas Agnello

Anya King
Avec la participation exceptionnelle de Hugo Anderson, Clement Manchini
Musique par Robbie Kater
Sorti le 11 juillet 2031 (Semaine 1384)
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