Ethan Brawl avait cette sensation effroyable d’être poursuivi comme lorsque l’on venait de vivre un choc émotionnel intense. Il dut stopper sa marche car manifestement l’homme qu’il venait d’apercevoir lui rappelait furieusement un moment tragique qu’il avait vécu des années auparavant. Et si le temps avait la faculté de désagréger la mémoire, les souvenirs pénibles qu’il préférait oublier ; le cœur lui ne se trompait jamais et les palpitations actuelles amenèrent Ethan à entrer dans un pub à proximité pour se poser un peu et souffler.  

Les yeux hagards, il n’entendit pas tout de suite le serveur qui souhaitait prendre sa commande et dut réprimer une envie folle de frapper ce dernier. Il ressentait de la colère, mais de la peur également, une honte cachée. Il balbutia une commande quelconque puis sortit son téléphone portable … avec un peu de chance il avait toujours Goldie dans ses contacts … C’était le cas et avec une joie soudaine, il entreprit de l’appeler même si le fil de leur amitié s’égrenait lui aussi depuis si longtemps. Il fallait lui faire part de ce qu’il avait vu ; ce sentiment étrange du passé remontant à la surface ne lui plaisait guère …  

… Il n’était qu’un gamin, comme les quatre autres après tout. Le souffle haletant, il courait … fuyait à travers la campagne dans ce champ de maïs pour rentrer chez lui au plus vite. Goldie, Mark, et Helena fuyèrent également chacun de leur côté … La frousse avait eu raison d’une solidarité finalement peu fraternelle entre ces jeunes qui n’étaient pas venus au secours de leur camarade Anton. Les cris de ce dernier résonnaient encore dans leurs crânes lorsque chacun d’entre eux déguerpit de son côté.  

Ces 5 gamins constituaient une bande au demeurant inséparable dans la petite bourgade de Polham, située entre San-Francisco et Gérardmerveille, et pour beaucoup de ses concitoyens la mixité sociale de ce petit groupe faisait plaisir à voir. Goldie Brown était fille unique et issue d’une famille bourgeoise, Mark Bate était le costaud de la bande mais surtout fils du seul boulanger de la commune, Helena Floyd était une jeune fille simple et mignonne rendant fou amoureux pas mal de garçons timides, aînée d’une fratrie ouvrière de 4 autres sœurs, Ethan Brawl était le plus petit de la bande et pourtant du même âge que les autres, le fort en gueule également et enfin Anton, le plus jeune du groupe et surnommé le « petit chocolat » … référence à sa couleur de peau …  

Ethan raccrocha au terme d’une discussion houleuse mais il avait réussi à faire venir Goldie. la situation l’exigeait. Il secoua la tête en repensant à l’individu qu’il avait dévisagé tout à l’heure, l’air béat … C’était jour de marché dans le quartier Mc Coy et cet homme noir à l’allure débrayée qui vendait ses bibelots, ressemblait méchamment à Anton, en plus âgé bien entendu mais sa façon de bouger, ses mimiques … oui, Ethan en était certain c’était lui … Un frisson parcourut son échine et il vit Goldie, accompagnée du reste de la fameuse troupe … comment avait-elle réussie à les embrigader en si peu de temps ??? Ethan, au travers de la vitre, vit les ravages du temps sur ses anciens amis … les maudites rides étaient désormais bels et bien là sur chacun de ses visages qu’il avait connu si jeunes, si innocents …  

Une boule naissante s’installa dans la gorge d’Ethan lorsqu’il entendit les pas du groupe venant dans sa Direction. Il se leva le cœur battant, puis dévisagea ses vieux ami(e)s … Goldie, Mark et Helena … Chacun s’observa en silence durant quelques secondes … les yeux brillants d’une émotion vive mais secrète depuis la disparition d’Anton, le dernier de la bande.  

Enfin, les larmes coulèrent et tous formèrent une grande accolade collective … entre rire et larmes, tous s’asseyaient et enfin les choses pouvaient être libérées.  

Polham avait cet avantage indéniable, la campagne et ses verts pâturages. Et pour ses 5 gamins en soif d’aventures, c’était un terrain de jeu idéal pour y explorer les endroits, les champs … fabriquer des cabanes, s’inventer des vies imaginaires incroyables mais aussi découvrir parfois des horreurs absolues et pourtant bien réelles.  

Un jour d’été, le petit groupe s’était mit en tête de longer le ruisseau à travers champs le plus loin possible de la petite bourgade et tous avaient pris soin de prendre le matos nécessaire pour vivre intensément une aventure trépidante : un bon goûter dans le sac à dos, des bottes et … une joie de vivre à n’en plus finir.  

Entre crise de rires et chamailleries, Ethan entonna des chants populaires d’enfants en compagnie d’Anton. Suivi par le reste du groupe en chantant un ton plus fort ! et ainsi de suite … Les 5 enfants prirent sans se rendre compte un chemin de traverse car le ruisseau contournait un vaste terrain feuillu impraticable. Ce champ de maïs en pente montait assez durement et avec ténacité le petit groupe gardait espoir de rejoindre leur fil rouge qu’était ce ruisseau au-delà des limites de ce terrain bordé visiblement par des barbelés.  

Mark et Ethan poussèrent en rigolant les filles par les fesses pour arriver en haut tandis qu’Anton menait la marche en reculant et d’un bon pas tout en chantant et motivant les filles.  

Ce fut Ethan, les oreilles aux aguets, qui remarqua ce bruit latent et répétitif depuis un moment sans pour autant le relever auprès de ses camarades mais à force de monter, il ne pouvait plus l’ignorer … et pire que tout, il vit trop tard ce qu’il craignait … Le terrain pentu redescendait derrière de manière abrupte … c’était simple il se serait cru en haut d’une montagne, il ne voyait pas l’autre côté du terrain !  

Les yeux écarquillés, il vit la scène venir à des milliers de kilomètres « Anton ! Arrête-toi ! » fit-il à l’intention du vide qui fit place à Anton … tombant de l’autre côté dans un hurlement abominable.  

Dans le pub enfumé, les quatre personnes se regardaient à cet instant dans un silence lourd.  

Ethan, la mâchoire serrée, but une gorgée de son thé maintenant tiède. Il fit la grimace alors que rentraient les premiers clients pour déjeuner. Midi venait de passer et les badauds de la place du marché commençaient à plier bagages pour rentrer chez eux manger.  

Mark releva enfin son visage, grave « Mais qu’est-ce que c’était d’après vous ? » lança-t-il à l’assistance.  

« Je … Je ne sais pas Mark » fit Helena « une sorte de centre fermé, un centre de détention non ? »  

« Un bagne … » fit Goldie soudain  

« Quoi ? » lança Ethan, interloqué. « Nous étions en 1991 Goldie, c’est impropable … »  

« Ne me faites pas croire que vous ne vous êtes jamais renseignés sur ce qu’on a vu et vécu à cette époque ? » déclara Goldie, tendue. « Allons, soyez honnêtes, ne me faites pas croire que vous avez occultés depuis tout ce temps Anton et ce qu’on a fait, sans déconner ? »  

Un coup de pied dans la fourmilière … Goldie avait tapé là où cela faisait mal. Ethan déglutit … Putain oui qu’il se souvenait et de tout nom de dieu …  

Anton bascula lourdement mais ce fut son sac à dos qui prit de plein fouet les barbelés.  

Le terrain relativement boisé descendait à pic et, éjecté des lanières de son sac accroché aux barberlés, Anton était face contre terre à proximité d’une souche qui par « bonheur » l’avait arrêté dans sa glissade infinie.  

Le groupe arrivait en haut du champ qui offrait une vue imprenable sur ce qui semblait être, par delà les premiers arbres, un spectacle effroyable pour des jeunes gens.  

« Planquez-vous ! » fit Ethan.  

Le ruisseau redescendait bel et bien sur ce terrain en pente vertigineuse qui donnait sur de vastes plantations gérées par des hommes armés, des sentinelles visiblement, qui allaient et venaient. Et l’impensable était que d’autres personnes, dans un état déplorable, semblaient travailler, contraintes et forcées, et toutes étaient de couleurs noires sans exception.  

Ethan était obnubilé par cette vision, fasciné par ce spectacle qu’il n’aurait jamais imaginé par ici, si loin de tout. Il se demanda comment il était possible qu’une telle exploitation ne puisse pas être repérée. Tout se savait à Polham, tout.  

Goldie scrutait elle aussi, pantoise. Et, les lèvres tremblantes, elle se mit à sussurer :  

« Les gars, l’homme au chapeau là-bas, c’est bien Clayton, non ? » fit Goldie. L’index pointant Monsieur le Maire en personne, en train de parlementer avec d’autres personnes, armées.  

Lorsqu’Anton revint à lui, il se mit à crier de douleur … Ethan, apeuré, détourna son regard comme les sentinelles les plus près qui jetèrent un regard noir dans leur direction …  

« Non … »  

Ethan se souvenait de tellement de choses. L’appel des hommes armés les sommant de ne pas bouger, les coups de fusil d’avertissement, et enfin la poursuite ou plutôt la fuite … avec la trouille au ventre en repensant à Anton. L’avoir laissé comme cela à la merci de ces types, de ce spectacle infâme. Le petit groupe était complètement dépassé et le fort en gueule qu’il était ferma sa bouche, une bonne fois pour toute. Il l’apprit à ses dépens en rentrant chez lui, la queue entre les jambes. Il prit une dérouillée comme jamais il n’avait connu jusque-là par ses parents, tout se savait à Polham mais beaucoup de choses restaient dans le giron familial.  

Un malaise planait autour des 4 amis d’enfance assis autour de cette table, dans ce pub. Des choses se savaient par certaines ou certain, à commencer par Ethan.  

Sans doute avait-il halluciné tout à l’heure mais il avait réveillé des souvenirs endormis … dans un soupir il jeta un œil au dehors et vit, interloqué, un homme observer le groupe de 4 personnes à travers la vitre du pub. c’était Anton, pas de doute.  

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Boost Films Production  

vous a présenté  

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GUILTY OF THE PAST  

Un film écrit par Paul Birdnam  

Réalisation : Kim Birdnam  

Musique composée par Wayne Kirkhope  

Casting :  

Kenneth Spike dans le rôle d’Ethan Brawl  

Greta Voss dans le rôle de Goldie Brown  

Axel Winthorp dans le rôle d’Anton  

Withney Carpenter dans le rôle de Helena Floyd  

Guest-star :  

Vivian Gold dans le rôle de Marc Bate  

Jeff Collins dans le rôle du Maire Clayton