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Guards Brothers présente
Un Monde de Sang - Episode 1 : Le Songe d'un Prince

Un Monde de Sang est la suite du serial Une Guerre d'Acier. Le serial reprend des éléments et des personnages de ce dernier, et il est conseillé de l'avoir lu. Pour ceux qui arriveraient en cours de route, il est possible de lire une version abrégée de trois lignes pour chaque épisode, disponible sur le wiki, qui permet d'avoir une idée générale de ce qui s'est déroulé dans Une Guerre d'Acier : http://wiki.cinejeu.net/index.php?title=Une_Guerre_d%27Acier#Episodes  

 

« Tu seras un pleutre si tu refuses de vivre. »  

- Sophie Boismont  

 

Il avançait dans les couloirs de Naltere – le château de son père Modric, qui l’avait eu de son propre père, et ce depuis des générations. Et bientôt il serait à lui. Georges Riverin était désormais fils de Roi, et plus que Naltere, ce serait tout le Royaume de Rodoc qui lui reviendrait bientôt. La Dynastie Roysse avait été décimée, et en tant que vassal le plus important du royaume, il avait été désigné Roi à l’unanimité lors d’un conseil réuni il y a quelques mois.  

Georges serait bientôt Roi. Il avait du mal à s’y faire, mais c’était le cas.  

Naltere n’avait jamais été un très beau château – il était sombre, et les fenêtres qui tapissaient le château étaient si petites qu’à peine des bribes de soleil parvenait à les traverser. C’était une forteresse bâtie il y a des siècles, elle avait été construite pour se réfugier, non pour y vivre. Pourtant depuis sa naissance, aussi loin qu’il s’en souvienne tout du moins, Georges y avait toujours vécu. Pourtant, cette fois-ci, tout semblait différent. Ses pas ne faisaient aucun bruit, et il ne ressentait pas le froid des dalles sous ses pieds. Naltere n’était pourtant pas chaleureuse – froide, terrifiante, mais Georges avait l’impression d’en être distant, comme si il n’était pas vraiment là. Il lui fallut quelques minutes pour se rendre compte qu’il rêvait.  

C’était le couloir de l’Aile Nord, il le reconnu aussitôt lorsqu’il vit le large portrait de son grand-père. L’orage faisait rage à l’extérieur, et la pluie avait tendance à traverser les fines meurtrières et à s’écraser sur le sol de pierres – on ne voyait même plus la vaste campagne, encore moins les Collines de Brindes au loin qu’on pouvait pourtant admirer par temps clément. Bien que l’obscurité du ciel ne lui permis pas de dire précisément si il faisait jour ou nuit, l’absence de garde l’indiqua qu’il était déjà très tard. Tout lui semblait plus jeune, comme si les pierres sombres qui l’entouraient n’étaient pas aussi vieilles qu’il l’eut cru. Une porte était ouverte, un peu plus loin, une lumière chaleureuse s’en dégageait. Georges n’était jamais entré dans cette pièce. Il s’en approcha lentement. Des voix retentissaient de l’intérieur de celle-ci. Une dispute.  

Il regarda discrètement. Il reconnut son père, mais bien plus jeune. Alors qu’il allait sur ses cinquante ans, il n’en avait ici qu’à peine plus de trente. Une femme se tenait avec lui – ses traits évoquèrent vaguement quelqu’un dans l’esprit de Georges, mais il ne la connaissait pas. Qui est-elle ? Que fait-elle avec mon père ? Il se mit dans l’encadrement de la porte pour avertir son père qu’il se trouvait là mais il ne le vit pas – Je suis invisible. Je rêve.  

« Tu ne comprends pas, Elena. » C’était la voix rauque de son père. Il baissait les yeux. « Tu ne sais pas ce que je garde pour moi – ce que moi et Robin gardons aux yeux de tous. Tu ignores tout de ces secrets. » Elena. Ce prénom m’est familier.  

Elena se mit à pleurer. Modric la regarda. Il tentait de se contenir, il affrontait ses profondes douleurs. Elle leva les yeux vers lui. « Je ne peux plus vivre dans ces mensonges, Modric. Les enfants, pense aux enfants. » Sa voix était douce, chaleureuse, comme celle d’une mère. Il se demanda alors si ces enfants dont elle parlait était lui et sa sœur. Il n’avait pas vu Gaëlle depuis des lustres.  

« Je suis désolé, Elena. Mais je le dois. Tu le sais. » Il sortit un couteau de son fourreau et trancha la gorge d’Elena. Georges déglutit. La femme jeta un dernier regard à son père. Un regard plein d’amertume, de colère, de tristesse. Puis ses yeux perdirent leur vie, et tandis que le sang se répandait sur le sol, Modric se mit à genoux. Priant, sans doute, ou pleurant sa défunte Elena. Georges recula vers le couloir. Il ne voulait pas voir d’avantage de cette scène d’horreur. Il tremblait, il ne pouvait pas plus en supporter. L’image se brouilla. Son père dans le sang de cette femme finit par disparaître.  

Il sentit la chaleur de son lit. Il ouvrit les yeux. Il faisait toujours nuit. Ce n’était qu’un rêve. Mon père… N’est-ce pas que ce n’était qu’un rêve ? Le tonnerre grondait à l’extérieur. Il frissonna d’effroi.  

 

Les vagues berçaient le bateau. La mer s’étendait sans fin de tous les côtés, le soleil tapait sur le crâne d’Almias. Il regarda en face de lui. Ser Dennis Trevaut avait beaucoup maigri depuis leur départ – il paraissait plus jeune, plus fragile bizarrement. Sa barbe et ses cheveux avaient poussé. Ils avaient fui le champ de bataille – ou plutôt le chaos. Ils avaient rejoint le plus vite possible Port-Aube et avait aussitôt embarqué pour le continent du Dar-noh, comme tous les fugitifs, les déserteurs, les voleurs et les assassins.  

Almias était fatigué. Le bateau voguait depuis près d’un mois. C’était un voyage périlleux, surtout depuis Port-Aube qui n’était pas l’endroit habituel pour embarquer. Les vivres se faisaient rares. Il avait grandi depuis son départ, beaucoup plus qu’il eut cru.  

La mer s’étendait à perte de vue autour d’eux. Almias repensait au monde qu’il avait quitté. Ce Monde de Sang qu’il avait fui. Et le Mage… Le Mage qui avait été comme un père pour lui. Il se releva difficilement – et remarqua qu’il s’était écroulé sur le sol. Il marcha péniblement vers Ser Dennis. « Nous arrivons d’après le Capitaine… » dit le Chevalier déchu. Le Capitaine était l’un de ses amis.  

Il avait mal au crâne. Les événements qu’il avait vécus, encore trop frais dans son esprit, lui revinrent encore en tête. Le Mage, qu’il avait suivi dans sa révolte contre Cerve et Rodoc, les deux Royaumes en guerre. Ce Mage qui avait jeté une malédiction sur les Rois des deux camps : tous étaient morts, brutalement : assassinés, dans un accident ou massacrés. Puis le Mage s’était rendu dans le camp de Rodoc, pour proposer une alliance contre les hérétiques du Nord. Almias n’avait pas pu l’accompagner. Puis il y avait eu l’explosion : le Mage, le Roi, ses Seigneurs… tous périrent.  

Il se tint la tête. Ses pensées étaient embrumées. Il avait l’impression qu’une tempête se levait dans son esprit. Il tituba et s’assit à côté de Ser Dennis. Ce dernier le regarda. « Peut-être verra-t-on les Darins. » Il se souvint de ce que le Mage lui avait raconté : les Darins, les fils du Dieu Dar, les Fils de l’Eau, qui fuirent par la mer il y a des siècles. Le Dar-noh, découvert il n’y a que quelques décennies fut nommé ainsi car l’on crut qu’il s’agissait du lieu où fuirent les Darins il y a des siècles – inexploré, tout ce qu’on y trouva furent un peuple primitif vénérant un Dieu Araignée. Se retrouver sur cette nouvelle terre effrayait presque Almias, qui, il n’y a encore qu’un peu plus d’un an, n’avait jamais mis les pieds en dehors de son village natal. Désormais, il traversait la Mer de l’Ouest avec un Chevalier Rodoc.  

Il était en train de s’endormir quand le Capitaine du bateau arriva vers eux et dit : « Le Dar-noh est en vue, nous arriverons dans la soirée. » Almias se leva d’un bond et regarda la Mer. Au loin, derrière des miles de vagues, la Terre. J’y suis.  

 

Nestor Rousse se tenait en haut des murailles de Castelmagne, le château des Îles Rousses, ancien fief du Roi de Cerve. Attaqué par des pirates, il avait refusé de se joindre à la Guerre. Puis, Auguste Peyre, oncle et assassin du Roi, avait fui et s’était réfugié dans son propre château. Nestor n’avait su que faire. Tuer le félon ? Il ne savait toujours pas ce qu’il faisait. Martin… Penser à son fils le rongeait de l’intérieur. Au loin, les bateaux de Cerve l’attaquaient. Il y avait tout une flotte, il savait au fond de lui qu’il n’arriverait pas à tenir éternellement. Il était en guerre désormais. Je ne veux pas tuer le félon, je veux juste qu’on le juge. Il savait qu’en remettant Auguste Peyre aux mains de son neveu Victorin, nouveau Roi, aucun véritable jugement ne serait rendu. Sa tête serait tranchée, rien de plus.  

C’est probablement ce qu’il méritait, mais Nestor voulait défendre une cause – chose qu’il n’avait jamais fait. Il voulait se battre pour la justice, se battre pour sa propre rédemption à travers la vie d’un autre. Les rares fois où il discutait avec son hôte, il le trouvait répugnant : c’était un serpent vicieux et malsain.  

Sa femme se tenait à côté de lui. Sophie. C’était une roturière, de basse naissance. Elle regardait fixement les bateaux arriver vers eux. Nestor se tourna vers elle. « C’est un beau jour pour mourir, tu ne trouves pas ? » fit-il. Elle le regarda à son tour. Un sourire se dessina sur le coin de ses lèvres.  

« Ou pour fuir. » Nestor déglutit. Fuir la bataille, la guerre. Fuir ta cause. Fuir ta rédemption. Il baissa les yeux.  

« Martin n’a pas fui. » Il repensait à son fils. Mort sur le champ d’honneur. Si je suis plus lâche que mon propre fils, qui-suis-je ? « Et où veux-tu fuir ? » demanda-t-il à Sophie.  

« Le Dar-noh. » répondit-elle. Le Dar-noh. La Terre des voleurs, des assassins, des lâches. Il n’y était jamais été, malgré qu’il soit un marin confirmé. Ces Terres inconnues l’avaient toujours terrifié. Il sentit la main de Sophie se poser sur la sienne. Il l’aimait, il le savait, il l’avait toujours su. Elle seule l’avait soutenu dans toutes ses épreuves. Il ne voulait pas passer pour un lâche devant elle, il voulait se battre en héros. Mais il voulait aussi rester avec elle, le plus longtemps possible.  

Je suis un lâche, Martin.  

Les bateaux du Roi Victorin n’étaient plus très loin. Il soupira. « Est-ce que je suis un lâche, Sophie ? » demanda-t-il à sa femme. Elle le regarda dans les yeux.  

« Tu seras un pleutre si tu refuses de vivre. » Le vent se leva, en même temps que la pluie. Le tonnerre gronda au loin. Il regarda une dernière fois la flotte ennemie, puis rentra à l’intérieur de ses murs.  

 

 

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CASTING :  

 

DAVID CROQUETTE : Nestor Rousse  

WESTON HATCHER : Georges Riverin  

SAM BOSTON : Almias  

CRISTINA TUDYK : Elena Riverin  

DEMETRA GORMAN : Sophie Boismont  

DIRK GOLD : Modric Riverin

Scénario : (1 commentaire)
une série A fantastique (Serial) de Laura Hanson

David CROQUETTE

Cristina Tudyk

Weston Hatcher

Demetra Gorman
Avec la participation exceptionnelle de Dirk Gold, Sam Boston
Musique par Laura Klepacki
Sorti le 03 février 2029 (Semaine 1257)
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