Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

Guards Brothers présente
Un Monde de Sang - Episode 2 : Le Secret d'un Homme

« Chaque homme ici a violé sa mère ou tué son père. »  

- Ser Dennis Trevaut  

 

Modric Riverin avançait le long du couloir de l’Aile Est de la Forteresse de Grand-Cité. Il était Roi, désormais. Robin, Firmin, Florent – tous étaient morts en moins d’un an. Il s’arrêta plus loin, au bord des remparts. La capitale s’étendait devant ses yeux, battant d’activité, encore dans le Deuil de Florent. La lignée Roysse s’était éteinte, et il lui incombait désormais d’administrer ce Royaume. Albert Fleuret arriva à ses côtés. Depuis la mort de son père, Geoffroy, lors du massacre créé par le Mage, il était devenu Seigneur de Chambre-Montagne. Et devenu aussi l’homme en lequel Modric avait le plus confiance. Il était bien plus jeune que lui, mais vif et intelligent. « Longson gueule encore. Il veut vous voir de toute urgence. » Thibault Longson était le Seigneur de Sacre-Vent, à l’extrême-est du Royaume. Depuis la mort des vassaux les plus éminents du Royaume, tués par le Mage, il s’était considéré comme l’homme le plus vertueux de tout Rodoc. Le Mage… Robin… Modric déglutit. Il baissa les yeux. Il n’en pouvait plus de Longson. Il n’en pouvait plus de tous ces secrets.  

« Où est-il ? » demanda Modric.  

« Dans la Salle du Trône. » Fleuret se mit à marcher dans sa direction, Modric prit sa suite. Ses méninges le torturaient. Il n’avait jamais voulu être Roi. Après quelques instants, ils arrivèrent dans la Salle du Trône. Longson faisait les cent pas, entouré de quelques gardes.  

« Sir. » dit ce dernier en voyant Modric arriver. Ils s’approchèrent lentement l’un de l’autre, Fleuret se mit à leur hauteur mais ne pipa pas un mot. « Les paysans sont mécontents. Ils ne vous aiment pas. Mon Chapelain s’est fait trancher la gorge lors d’une visite à Flamin. Ils réclament votre tête. » Evidemment. Je ne suis pas leur Roi. Modric n’était même pas bouleversé par la nouvelle. Il s’y attendait. Depuis le jour où l’on avait posé cette couronne sur sa tête, il s’y attendait.  

« Allez voir mon Maréchal à Naltere et demandez-lui cent homme. Largement assez pour réduire à néant ces cris de protestation. » Longson répondit par un hochement de tête, même s’il ne semblait toujours qu’à moitié convaincu. Une fois qu’il fut parti, Fleuret reprit la parole :  

« Avec un peu de chance, il ira lui aussi visiter Flamin. » Modric ne put s’empêcher de lâcher un sourire en coin. Mais il était toujours préoccupé. L’image du massacre causé par Robin lui revint à l’esprit. Et cette rébellion qui grondait. Là où le peuple aurait suivi n’importe où Firmin Roysse, il était lui déclaré responsable de la défaite du Royaume, et de la mort de ses trois Rois successifs. Il était un bouc-émissaire, et il était Roi. Et s’il abdiquait, que se passerait-il ? Un type comme Longson revendiquerait la couronne ? Au fond de lui, il s’imaginait qu’un tel scénario dessinerait la fin de Rodoc, malgré que Cerve soit occupé à renverser ses vassaux rebelles. Il s’éclipsa dans sa chambre, pensif.  

 

 

Les vagues frappaient violemment la coque de La Danseuse. Nestor Rousse se tenait sur l’avant du bateau, aux côtés d’Auguste Peyre. Il ne savait toujours pas exactement ce qu’il faisait. Venait-il de fuir, d’abandonner le fief de ses ancêtres pour sauver la peau d’un traître ? Ce même assassin qui se tenait à ses côtés, regardant l’horizon.  

Ils étaient partis la veille. Un départ mouvementé – la moitié de la flotte Cerve les avait repérer, et ils avaient été pourchassés sur des milles. Cinq de leurs bateaux – la moitié de la flotte de Nestor – avait coulé, et la moitié des vassaux qui l’avait accompagné avec. En face, la flotte était à l’origine de trente bateaux, elle avait fini à vingt avant d’être semée. Cette bataille avait nécessité des sacrifices. Sir Rokd, le Seigneur de Secvague, un ami d’enfance de Nestor, était mort avec son bateau. Comme beaucoup d’autres.  

Il ne restait que six navires. La Danseuse, le plus imposant et le plus rapide, où Nestor s’était tenu avec ses deux fils et sa femme, de même qu’Auguste Peyre, mais aussi Le Déferlement, qui avait su résister aux assauts consécutifs de trois navires Cerve avant de les couler tous les trois. Nestor se demandait si le Roi Victorin se tenait désormais dans sa chambre, si son armée avait déjà violé toutes les courtisanes qu’il avait laissées derrière lui.  

Mais c’était du passé. Le bateau fendait le vent vers le Dar-noh. Il se souvenait de ce que lui racontait son père à propos de l’autre continent. Il lui disait qu’il y a plusieurs millénaires, sur le Ha-noh, la Terre des Hommes, celle des fils du Dieu Ha, dieu de la Terre, comme on l’appelle aujourd’hui mais qui ne portait pas de nom à l’époque, vivait deux espèces : les Fils de la Terre, dont ils descendent tous, et les Darins, les Fils de l’Eau, du dieu Dar. Ils pouvaient rester sans respirer dans les profondeurs marines, ils étaient les meilleurs navigateurs que le monde ait connus, et pouvaient nager aussi vite qu’un poisson – mais ils étaient moins forts, moins robustes, et lorsque les Hommes décidèrent de leur déclarer la guerre, les Darins ne purent faire le poids, et ils fuirent par la Mer de l’Ouest. Son père lui disait aussi que les habitants des Îles Rousses avaient du sang de Darin, c’est pour cela qu’ils étaient si bons marins, mais Nestor savait bien que ce n’était que des légendes.  

Il y a un petit plus de trois siècles et demi, des marins chevronnés qui traversèrent la Mer de l’Ouest découvrirent une Terre inconnue. Ils revinrent avec des fruits nouveaux, disant qu’ils avaient découverts les Darins. Une nouvelle expédition mit du temps à se mettre en place – beaucoup se préparaient à affronter leurs ennemis ancestraux. En arrivant sur le nouveau continent, nommé par beaucoup entre temps le Dar-noh, la Terre de Dar et de ses Fils, les Darins – ils ne trouvèrent qu’un peuple primitif. Des hommes et des femmes vivant presque nus, mais aux coutumes sociales très avancées, qui vénéraient un dieu inconnu, le Dieu Araignée. Les Hommes ne surent pas à quoi se rapportait ce Dieu Araignée, même s’il semblait se rapporter à la jungle épaisse et sombre qui s’étendait de toutes parts. Si bon nombre des Gens de l’Araignée furent convertis aux coutumes orientales, d’autres fuirent plus profondément au cœur de la jungle et on finit par les laisser vivre. Si de nombreuses villes ont été bâties sur la côte Est du Dar-noh, trois cents ans après sa découverte, il reste entièrement inexploré. Les exploitations agricoles ne s’étendent pas trop loin, et les hommes les plus curieux évitent de s’avancer dans la jungle – rares de ceux qui l’ont tenté sont revenus pour en parler, ce qui a permis la création de nombreuses légendes à propos du Dar-noh. De ceux qui ont longé les rives du continent disent qu’il est bien plus grand que tout ce qu’ils ont pu voir, et aucun n’en a fait le tour. Les paysages sont moins boisés plus loin, selon certains, et il serait possible de fonder une autre colonie. Mais la peur engendrée par les Darins en a dissuadé plus d’un de s’installer plus loin dans le continent.  

C’était devenu une terre d’accueil. Une terre sauvage mais où tous – assassins, voleurs et traitres – pouvaient vivre sans être inquiétés, recommencer à zéro. Nestor avait déjà rencontré l’un d’eux, Devor Preton, Seigneur d’Ignotiste, l’une des plus grandes villes de la zone explorée du Dar-noh, issu d’un viol mais pourtant chef de sa cité. Le Dar-noh se voulait sans allégeance, et les villes qui s’y trouvaient étaient toutes plus ou moins indépendantes des autres.  

Nestor n’y était jamais allé. Il avait toujours désiré fouler ces terres inconnues mais le voyage était loin – très loin, près de deux semaines étaient nécessaires à traverser la Mer de l’Ouest. Et les eaux y étaient dangereuses, et seul un bon marin pouvait trouver les bons courants. Il regarda Auguste Peyre qui ne lui prêtait guerre attention. Tout ça pour toi.  

 

La lumière du ciel brûlait la peau d’Almias. Le sable sur le sol était semblable à du feu. Il avançait péniblement sur la longue plage, Ser Dennis sur ses talons. Il n’avait jamais vu ça – le sable s’étendait sur une distance à peine mesurable, et c’est à environ un bon mile que l’on pouvait apercevoir les premiers arbres de la célèbre jungle du Dar-noh. Almias n’arrivait pas à croire qu’il se trouvait désormais à l’autre bout du monde. Leur navire venait de débarquer. Un peu plus loin, on pouvait apercevoir la ville de Sicariuste – pas la plus grande, mais l’un des pôles commercial de ces rivages inconnues, en raison des fruits rares qu’elle produisait.  

Elle ne ressemblait en rien aux villes orientales – pas de château, pas de murailles, pas d’hommes en armures. Des maisons, faites de bois et de paille, et au centre, une bâtisse plus importante faite en pierre, mais n’ayant aucun moyen de se défendre si elle était attaquée. Elle faisait presque penser au village natal d’Almias : pauvre, sans défense. Elle se tenait en partie sur le sable, sur la longue plage qui faisait le rivage, ce qu’Almias n’avait jamais vu.  

Tout autour grouillait nombre de gens – qui partaient ou s’y rendaient, marchant dans toutes les directions. Le fait qu’il n’y ait pas d’obstacle à sa vision jusqu’à la lointaine jungle rendait tout cela presque irréel, en raison du grand nombre d’hommes et de femmes que l’on pouvait alors apercevoir. Almias et Ser Dennis s’avancèrent lentement vers la ville – le temps semblait plus long, c’était aussi à cause de la chaleur. Il se demandait s’il arrivait que la ville soit inondée puisqu’elle se trouvait sur la plage, mais ses interrogations s’arrêtèrent quand il vit un homme apparaître brusquement devant lui. Il était sale et puant, et pourtant, contrairement aux reitres et aux ivrognes du Ha-noh, il ne portait presque aucun vêtement. « Donne-moi ton argent, fils, où je te tranche la… »  

L’épée se planta dans sa gorge. Almias fit un bond de côté et vit qu’il s’agissait de Ser Dennis, qui venait de transpercer le vilain. Il regarda dans la main droite de l’homme qui venait de l’aborder et vit une dague, prête à l’attaquer. Ser Dennis retira son épée du corps de l’homme et l’essuya dans son pardessus. Contrairement à ce qu’Almias aurait cru, personne ne semblait se soucier de ce qu’il venait de se passer. « Si la mer ne se charge pas de son corps, les vilains s’en occuperont. » dit Ser Dennis. Il était essoufflé, visiblement aussi perturbé qu’Almias par la chaleur aveuglante.  

Ils s’avancèrent vers la ville à nouveau. Il ferait bientôt nuit, et Almias ne voulait pas traîner sur cette plage dans l’obscurité. « Ça a l’air dangereux, ici. » fit-il remarquer à Ser Dennis. Ce dernier ne lui adressa pas un regard mais répondit sobrement :  

« Chaque homme ici a violé sa mère ou tué son père, comme tu n’as fait aucun des deux, et moi non plus, fort heureusement, il va falloir commencer à se fondre dans la masse. »  

 

 

-----------  

CASTING :  

 

DIRK GOLD : Modric Riverin  

DAVID CROQUETTE : Nestor Rousse  

SAM BOSTON : Almias  

CRISTINA TUDYK : Elena Riverin  

DEMETRA GORMAN : Sophie Boismont  

EWAN AMEN : Ser Dennis Trevaut  

Scénario : (1 commentaire)
une série A fantastique (Serial) de Rezzati Zavatta

Dirk Gold

Cristina Tudyk

David CROQUETTE

Demetra Gorman
Avec la participation exceptionnelle de Sam Boston, Ewan Amen
Musique par Laura Klepacki
Sorti le 10 février 2029 (Semaine 1258)
Entrées : 14 385 884
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=20370