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Guards Brothers présente
Un Monde de Sang - Episode 6 : L'Antre d'un Dieu

« Bats-toi pour ton Roi, bats-toi pour les innocents, bats-toi contre l’injustice, ne te bats jamais pour toi. »  

- Ser Dennis Trevaut  

 

Elle voulait crier. Elle voulait déchirer les liens qui l’attachaient à l’écorce rugueuse de ce chêne. Elle aurait voulu bondir et égorger Grifon. Elle pleurait. Elle aurait voulu que la tête de Victorin se rattache à son corps et qu’il puisse marcher à nouveau. Elle aurait voulu que Thibaut, et même son père Grégoire, soit encore pour la soutenir. Mais Eugénie était bâillonnée et ligotée, et tout ce qu’elle pouvait faire c’était étrangler de son regard Blood qui se tenait devant elle, la dévorant du regard comme un loup venant enfin de capturer sa proie. Il s’accroupit et leurs deux têtes se retrouvèrent à la même hauteur. Son sourire était le plus grand et le plus terrifiant qu’Eugénie avait jamais vu. Derrière lui, le camp de ses hommes battait son plein, et plus en arrière encore, la Forteresse de Noirfort était en flammes.  

« J’ai une question, Eugénie. » commença Grifon. Il se gratta le menton, prenant un air faussement intellectuel ou réfléchi. « Tu avais un nouveau visage, je n’aurais jamais pu te rattraper. Pourquoi t’être rendue ? » Il attendit une réponse puis remarqua qu’elle était toujours bâillonnée. Il détacha le morceau de foulard et le jeta à quelques mètres.  

Mais Eugénie ne voulait pas répondre à ce monstre, elle se contenta de l’insulter de tous les noms qu’elle pouvait trouver. « Comment as-tu pu ? » lâcha-t-elle entre deux jurons et deux larmes. « Que t’est-il arrivé ? » A ces paroles, Grifon se releva de sa position et la considéra de haut.  

« Je fais régner la Paix… »  

« En tuant tous mes proches ? C’est ça ce que tu veux ? Te venger en assassinant tous mes parents, tous mes frères ? Il te reste deux sœurs et un frère, moi je n’ai plus rien ! » Elle renifla. Elle aurait voulu, plus que jamais, se lever et le tuer, comme l’avait fait Auguste à son frère, il y a des mois de cela, pour effacer ce sourire qu’il affichait. Mais ce sourire avait disparu. Grifon la fixait, la mine molle et triste. A quoi pense-t-il ? C’est là qu’elle vit une larme couler le long de la joue de Blood.  

Il déglutit et s’essuya la joue avant de répondre, d’une voix bien différente de celle qu’il avait utilisée auparavant. Plus fébrile, plus torturée, plus humaine. « Je veux détruire tout ce à quoi ils tenaient. Ton frère et ton père. Je veux décimer leur famille et leurs amis, tous ceux qui ont pu les soutenir dans leur cause, dans leur guerre ! Je veux qu’ils comprennent enfin ce que ça fait, de voir ses proches mourir et d’être impuissant ! » Il pointait du doigt Eugénie, comme pour la dénoncer à son tour.  

« Mon frère et mon père sont aussi morts à la guerre. » se contenta-t-elle de répliquer.  

Mais Grifon était devenu sourd. De ses yeux ne jaillissaient plus des éclairs, de tristesse, de colère, et de folie avant tout. Il se retourna vers l’un de ses hommes. « Apportez-la sur l’échafaud, tout de suite ! Je veux voir sa tête plantée en haut de notre étendard ! » Il jeta un dernier regard vers Eugénie. Elle n’osait plus parler. Elle savait que désormais, c’était la fin.  

Mais elle peinait à trouver ses derniers mots, même quand les hommes vinrent rompre ses liens pour l’accompagner jusqu’à sa mort. Ce n’est que lorsque Grifon leva son épée au-dessus de sa nuque, avant de l’abattre brutalement, qu’elle souffla : « Excuse-moi. »  

 

 

Ser Dennis tenait son épée bien devant lui, de peur que quelconque être inconnu surgisse des profondeurs de la jungle et les dévore tous les deux. La veille, Almias et lui avaient pénétré la jungle. Ce dernier avait décidé d’aller explorer ces lieux inconnus. Un instinct, avait-il affirmé. Et même si Ser Dennis était peu motivé au départ, il avait fini par être convaincu.  

Les arbres étaient rapprochés, la faune dense, la lumière ne traversait que très partiellement les feuillages. Almias avançait assez péniblement – de petite taille, il passait son temps à enjamber branchages et fourrées. Il faisait chaud, et il transpirait. Ses vêtements étaient plus sales que jamais. Là où ils pouvaient encore entendre l’agitation de Sicariuste il y a quelques heures, désormais il n’en était plus rien : autour d’eux ne régnait que le silence, un silence glaçant. Pas un bruit d’animal, pas un bruit de pas à part les leurs, pas un chant d’oiseau, pas un bruissement de feuilles.  

Nestor Rousse s’était aventuré dans la jungle juste avant eux – très entraîné et accompagné d’une bonne trentaine d’hommes, il devait désormais être beaucoup plus avancé. Peut-être se tenait-il déjà au pied de la Montagne-qui-crache-du-feu, qui sait ? Mais ce n’était pas là l’objectif d’Almias et Ser Dennis. Ils devaient traverser la jungle. Les rares cartographies des lieux indiquaient qu’il fallait à peu près une semaine de marche pour en sortir et déboucher sur de longues plaines verdoyantes. Almias avait donc pris pour deux semaines de nourriture. Il voyait bien que Ser Dennis n’était toujours pas rassuré : il était sur ses gardes, prêt à trancher la gorge d’un Darin surgissant de derrière un buisson. Almias se mit à sa hauteur : « Merci de m’avoir accompagné. » dit-il au chevalier. La tête de l’homme se tourna vers le gamin des rues. Ses cheveux gras retombaient en bataille sur son front, son regard presque canin jaugeait l’enfant du regard. Malgré cela, il tenait toujours dans sa main droite son épée, fièrement tendue pour éviter toute attaque surprise.  

« Merci à toi. » ajouta-t-il.  

Almias baissa les yeux. Il se rendait compte qu’il ne savait que trop peu de choses sur Ser Dennis. Depuis leur départ, ils n’avaient parlé de rien d’autre que du Mage, du Dar-noh et de Nestor Rousse – jamais de l’un de l’autre. « J’essaie de comprendre pourquoi tu m’as accompagné. Ton Seigneur est devenu Roi, il t’aurait pardonné. »  

Un sourire se dessina sur le visage de Ser Dennis : « Depuis que je suis né, mon père m’a toujours répété : bats-toi pour ton Roi, bats-toi pour les innocents, bats-toi contre l’injustice, ne te bats jamais pour toi. J’y aie longtemps pensé, j’ai toujours pensé qu’il voulait signifier qu’il fallait être prêt à se sacrifier pour son Roi quoi qu’il advienne. Puis j’ai compris. Il faut se battre pour ce que l’on pense être juste. Plus que mon Roi, plus que sa guerre, plus que le Mage, en te voyant j’ai tout de suite compris que ta cause était une cause juste. »  

Almias releva fébrilement la tête. Il regarda le chevalier. L’homme semblait à la fois perturbé et désespéré. « Je ne suis qu’un gamin des rues… »  

« Pour qu’un homme comme le Mage te fasse confiance, te confie ce médaillon, pour que tu parviennes à fuir l’armée de Riverin et de Fleuret, pour que tu traverses le Dar-noh sans trépasser, pour que tu subsistes à Sicariuste, pour qu’un homme comme Lester t’adresse la parole… crois-moi, tu es plus qu’un gamin des rues. »  

« Mais je n’aurais jamais réussi sans toi. » ajouta Almias.  

« Et moi donc. » Ils continuèrent à avancer vers l’inconnu.  

 

 

L’entrée de l’Antre se tenait devant eux. La Montagne-qui-crache-du-feu elle aussi, grondant comme le pire des orages, crachant quelques panaches de fumée de son sommet. Un escalier taillé dans la pierre montait sur plusieurs mètres et plus haut, taillée dans la roche, l’entrée d’une grotte sombre et terrifiante. Nestor Rousse avançait en tête du cortège de ses hommes. Ils montèrent les marches, évitant par la même occasion de trébucher et de faire une chute qui leur serait fatale.  

L’ascension dura. Le vent soufflait de plus en plus fort. Lorsqu’ils arrivèrent au sommet des escaliers, devant l’entrée de la grotte, la nuit était presque entièrement tombée. Cinq de ses hommes allumèrent une torche et s’avancèrent en éclaireur. Ils firent signe aux autres de les suivre, confirmant qu’il n’y avait apparemment aucun danger.  

Ils avancèrent dans l’Antre, plus encore. Dix pas, vingt pas. Bientôt, l’entrée n’était plus qu’un point dans l’obscurité, puis elle disparut complètement lorsqu’ils bifurquèrent sur la droite. Ils firent cinquante pas de plus et brusquement, le sol gronda. Un bruit sourd, fort, et puissant. Nestor vit une torche lâchée tomber sèchement sur le sol. Plus aucun ne bougeait. C’est comme si le cœur de la montagne s’était mis à se secouer.  

C’est alors que la lumière arriva, et tout redevint silencieux. En haut de la grotte, près du plafond de celle-ci, une boule lumineuse apparu de nulle part et éclaira de toute part le tunnel. Les trente têtes étaient tournées vers l’apparition. Soudain, du fond de l’Antre, surgit le Chant qu’ils avaient entendu la veille. Il résonnait sur les parois. La plupart des visages se tournèrent vers sa source, vers quoi ils avançaient depuis la veille. Mais personne ne fit un pas de plus.  

Un homme se mit à crier. Nestor se tourna vers lui : sa peau était en train de se consumer. Deux ou trois autres accoururent vers lui mais, l’instant d’après, la moitié du reste de la troupe se mit à crier à son tour. De la fumée s’évaporait du dessus de leurs peaux. Un ou deux qui n’avaient pas été touché fuirent mais ils furent portés en l’air pas une force invisible. Les cris furent encore plus nombreux, plus terrifiants. On voyait la chair de quelques-uns, qui se mirent à genoux.  

Mais Nestor était le seul qui semblait invincible. Sa peau était normale, rien ne le portait dans les airs. Il dégaina son épée, tétanisé.  

C’est alors que la lumière s’éteint. Et les cris avec elle. C’était l’obscurité totale. Nestor tâtonna pour trouver le mur, mais à peine l’eut-il touché que la lumière réapparut. Il fit volte-face, et il la vue.  

L’Araignée. Elle se tenait devant lui, gigantesque, de dix pieds de haut. Mais elle était immobile. Nestor ne bougeait plus. Il lâcha son épée, et se mit à genoux devant elle. « Qui êtes-vous ? » demanda-t-il fébrilement. Il ne savait pourquoi il s’était mis à genoux, par peur, ou par révérence, ça avait été comme un réflexe pour lui.  

La voix gronda pour lui répondre. « Je n’ai pas de nom. »  

Le sol trembla sur son timbre de voix. Nestor Rousse regardait la bête, il lui était impossible de fuir. Il ne voulait pas fuir. « Vous êtes… »  

« Certains m’appellent le Dieu Araignée, d’autres Aragne, d’autres encore le Dieu des Ténèbres, ou le Quatrième, mais on me connaît plus couramment sous l’appellation du Dieu-sans-nom. »  

Nestor déglutit. Le quatrième Dieu ancestral. Il se rappela de ce que lui disait son père. A Rodoc, il y a quatre dieux qui sont vénérés, et qui l’étaient de toute part il y a des millénaires : Ne, le dieu du ciel, Ha, le dieu de la terre, Dar, le dieu de la mer, et le Dieu-sans-nom, dieu des ténèbres. Cette pensée glaça son sang. Il leva ses yeux lentement vers l’Araignée. « Allez-vous me tuer ? »  

Le Dieu-sans-nom resta plusieurs secondes silencieux. « Tu es déjà mort. Mort depuis celle de ton fils. Et plus encore depuis que tu as fui ta propre rédemption. »  

Martin, je suis désolé. Il lâcha une larme qui coula jusqu’au sol. « Essuyez mes péchés, je vous en prie. » continua Nestor.  

« Il est bien trop tard pour se racheter, et tu le sais. »  

La Montagne gronda à nouveau.  

« Il est temps d’accepter ta mort. »  

Comme Martin. Comme j’aurais dû l’accepter depuis des années. Au lieu de fuir et de me retrancher.  

Il regarda l’Araignée. « Tuez-moi. »  

 

 

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CASTING :  

 

DAVID CROQUETTE : Nestor Rousse  

EMMA STEWART : Eugénie Peyre  

SAM BOSTON : Almias  

ANASTASIA LAUBER : L’Araignée  

EWAN AMEN : Ser Dennis Trevaut  

JASON WILLIAM’S : Grifon Blood

Scénario : (2 commentaires)
une série A fantastique (Sérial) de Richard Meyer

David CROQUETTE

Emma Stewart

Sam Boston

Anastasia Lauber
Avec la participation exceptionnelle de Ewan Amen, Jason William's
Musique par Stefanie Kinworthy
Sorti le 10 mars 2029 (Semaine 1262)
Entrées : 13 132 923
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