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Guards Brothers présente
Supremacy

« Ne crois-tu pas au pouvoir, Porter ? »  

Les yeux du jeune premier restaient cependant figés. Le dénommé Porter se morfondait probablement à la découverte des réalités du choix qu'il venait de faire. Il leva, après quelques instants, les yeux vers son professeur. Les pupilles de Porter le jugèrent négativement, l'expression froide, presque menaçante, des traits de son visage ne pouvait qu'inspirer une profonde crainte. A la vue de l'expression de l'élève, le professeur grimaça et se leva de son bureau. Le duel qui se livrait alors pourrait presque faire oublier que trente autres élèves étaient assis, dans cette même salle de classe. « Qu'est-ce que vous faites dans cette école, Porter ? »  

Porter.  

 

« Porter ! »  

Il sentit qu'on le secouait. Ses yeux s'ouvrirent, mais il était toujours dans son subconscient. Il mit nombre de secondes avant de discerner Jenny, complètement nue, que le tenait par les épaules, après avoir visiblement essayé de le réveiller. Son regard ne renvoyait que de l'inquiétude, comme si Porter venait de se commettre quelque chose de grave. Il remarqua qu'il avait transpiré, énormément. De la sueur perlait sur son corps, tandis que sa compagne commençait à lui parler : « Tu criais ! J'ai essayé de... » Il coupa son envolée lyrique lorsqu'il se leva pour sortir de la chambre. Il ne voulait pas penser à ça. Trop de souvenirs, de mauvais souvenirs, de traumatismes que tu avais voulu enfouir. Il arriva dans la cuisine et se servit un verre d'eau. Sa respiration était encore haletante, tandis qu'il essayait de chasser ses pensées. Il voulait rester seul. Il aurait voulu que Jenny s'en aille. Son regard s'attarda sur l'horloge qui se tenait à quelques mètres de lui. Il était trois heures du matin.  

Porter se revoyait dans cette salle de classe, il y a trois décennies, à l'époque où la vie s'ouvrait encore à lui. A l'époque où je n'étais pas un malfrat. Il s'assit sur le sol, adossé à son réfrigérateur. Jenny semblait avoir compris qu'il ne voulait pas de compagnie, et ne vint pas le rejoindre pendant les heures qui suivirent. Porter ne bougeait plus, il ne pouvait plus. Lorsque le bip de l'horloge indiqua qu'il était désormais six heures, son téléphone portable, en chargement à quelques mètres, sonna. Il se leva péniblement et alla décrocher, sans même prendre la peine de regarder qui l'appelait. « Patron, le jap' veut vous causer. » Il reconnut la voix de Joe, l'un de ses hommes de main, vulgaire mais loyal.  

« Tegushi ? » s'étonna t-il. « On n’a pas eu de problèmes avec les yakuzas pourtant, du moins de ce que je sais. Il me veut quoi ? »  

« Aucune idée, mais faut que vous vous rameniez sur Lafayette le plus vite possible. » Il raccrocha et marcha vers sa chambre où Jenny s'était rendormie. Il attrapa des vêtements qu'il enfila rapidement avant de quitter la pièce.  

Porter marcha jusqu’à sa voiture et conduit ensuite en direction de Lafayette. Il habitait en périphérie de la ville, loin du tumulte et des ennuis. « Encore des emmerdes, Porter ? Tu le sais ça que c’est ta faute ? » Il se tourna vers le siège passager pour voir qui lui parlait et se reconnu, lui-même, regardant son propre reflet dans les yeux.  

« Ne crois-tu pas au pouvoir, Porter ? » répéta-t-il à son double.  

 

Tegushi était assis devant lui, il tenait entre ses doigts boudinés un énorme cigare cubain, crachant dans les airs d’énormes panaches de fumées. Porter était assis juste en face de lui, dans ce bureau ingrat et mal entretenu. Des feuilles tapissaient le sol, les murs étaient tachetés de sang et de fumée incrustée à force que les occupants de la pièce enchaînent clopes et cigares. Une ampoule vacillait au bout d’une lampe à la lumière tamisée. L’odeur qui s’échappait du lieu transpirait la mort, la détresse, et le pouvoir. Comme si cette pièce était un tombeau, mais pas un simple tombeau, celui d’un roi, un caveau de monarque qui, si il était symbole de mort, était aussi symbole d’avenir : ce Roi avait un héritier, et cet héritier en aurait un à son tour. Ce n’était pas le cas de tout le monde. Des Rois tombaient, d’autre prenaient leurs places, dans un cycle infini. Ainsi, il arrivait que des Rois renversent d’autres Rois, et en profitent pour récupérer leur peuple, ou le massacrer. Tegushi était-il un Roi ? Ses dents dorées, ses joailleries et son regard filtré par sa grosse paire de lunettes pouvaient le laisser penser. Et moi, suis-je un Roi ? Derrière chacune des deux pontes de la Pègre, leurs hommes, s’affrontant du regard comme dans un mauvais western. Mais leur nombre était différent : là où le yakuza pouvait s’appuyer sur une bonne dizaine de gardes du corps, Porter n’en avait que trois, et ils semblaient moins entrainés. « Un petit blanc me fait chier en ce moment, Porter. »  

Ce dernier fronça les sourcils. Un petit blanc ? Il en connaissait beaucoup de petits blancs. Certains le suivrait même dans la mort, ne sachant pas que la Fin était déjà là, d’autres l’avaient quitté depuis longtemps, ayant découvert qu’ils réussiraient mieux ailleurs. Même avec d’autres Rois. « Son nom ? »  

« ‘s’fait appeler Masters d’après ce que j’en sais. Il s’est mis à vendre de la meth’ sur Lincoln et McAvey, soit, si on en croit ce qu’on avait vu avec notre ami black il y a quelques mois, mon territoire. »  

Son territoire. Son royaume. Tegushi y tenait. Il ne se privait pas d’empiéter sur celui des autres, mais il ne fallait surtout pas qu’on occupe le sien. Porter se tritura l’esprit quelques instants. « Je connais pas de Masters, désolé. Tous les caucasiens qui dealent ne sont pas sous mon aile. » Et il avait raison. Beaucoup étaient partis, beaucoup partiraient encore.  

Le yakuza lâcha un rire nerveux. Il regarda l’un de ses hommes de main, comme pour partager son amusement, mais ces derniers demeuraient impassibles, les yeux plongés sur les hommes de Porter. Tegushi regarda à nouveau Porter, retrouvant son sérieux. « Très bien, je te crois. Mais tu t’occupes de son cas. Si un asiat’ foutait la merde, même si il était coréen, tu viendrais me demander de lui régler son compte. Demain, je veux plus entendre parler de ce Masters, c’est compris Porter ? »  

Il répondit par un hochement de tête affirmatif. Il avait l’habitude que Tegushi le prenne de haut, mais mieux valait faire ce qu’il disait. Son gang était supérieur en nombre et prenait de plus en plus d’importance. Pour leur survie, il était préférable de rester en bons termes avec lui. Pour notre survie. Est-elle encore possible, cette survie ?  

 

Nous sommes terminés. Notre pouvoir vient à son terme. Le vent s’engouffrait à travers la fenêtre de la voiture que conduisait son chauffeur. Porter était assis à l’arrière, hypnotisé par le chemin parcouru par le soleil. Il se tourna vers Joe. « Dis à tous les gars d’aller chercher ce petit con. » Son homme de main était assis à ses côtés, quelque peu troublé par l’état de son patron. Mais on lui avait appris à ne pas poser de questions. Il sortit son portable et téléphona à ses lieutenants, donnant les instructions. « Arrête-toi là. » dis Porter au chauffeur, qui arrêta la voiture aussitôt. Porter sortit et marcha vers la mer. Il voulait perdre son regard dans cet océan. Océan. Tu n’es qu’une goutte dans l’océan. Il se posta debout, immobile, les yeux rivés vers les vagues lointaines. Il resta là plusieurs minutes, peut-être même une heure. Il perdait la notion du temps.  

Joe arriva enfin à sa hauteur. Ils se tenaient dans le port, près des docks. « Ils ont choppé Masters. Vous voulez le voir ? » Mais Porter ne répondit pas de suite. Son regard suivait les énormes navires qui passaient au loin. Ne crois-tu pas au pouvoir, Porter ? Le pouvoir, Porter, dominer les peuples, dominer le marché, l’industrie, dominer le monde. « Où est-il ? »  

« Masters ? Dans un hangar sur… »  

« Non pas Masters, le Pouvoir, Joe. Où est-il, là, maintenant ? » Joe resta silencieux. Il ne devait pas comprendre. Il ne comprenait jamais rien. Il ne comprendra jamais. Mais toi, Porter, y comprends-tu quelque chose ? « Oublie ça. Conduis-moi à ce hangar. »  

 

Masters était assis sur une chaîne, ligoté, bâillonné, au milieu du vaste hangar désaffecté. Il avait visiblement était rué de coups. Du sang gouttait de sa bouche, son œil droit n’était plus qu’une énorme boule bleue, son t-shirt, à l’origine blanc, était désormais peint de rouge. Il ne devait pas avoir encore vingt ans. Porter arriva à ses côtés et arracha son bâillon. Masters le regarda dans les yeux, mais Porter détourna le regard. Il ne voulait pas voir les yeux de celui qu’il s’apprêtait à tuer. « Tu travailles pour quelqu’un, garçon ? » Il ne répondit pas. Est-ce celui-là, ton pouvoir, Porter ? Il marchait autour de la chaise. Une fois qu’il fut dans le dos de Masters, il sortit son arme et lui tira dans la tête. Le sang éclaboussa quelques-uns de ses hommes de mains, mais Porter n’y fit pas attention.  

« Porter, tu tues des gosses maintenant ? » Il leva les yeux vers la source de la voix. C’était Norris, un grand afro-américain qui dirigeait lui aussi un gang. Avec lui et Tegushi, Porter avait formé une sorte d’alliance, de pacte de non-agression. Ce n’est pas pour ça qu’il les appréciait. Norris marchait dans sa direction, tout aussi bien habillé que d’habitude, suivi de quelques hommes. « Le jap’ m’a dit qu’il t’envoyait faire ses commissions. Te voilà tombé bien bas, mon pauvre Porter. » Il s’approcha encore plus près de Porter. Son regard empli de folie affrontait désormais celui de Porter, comme si depuis tout ce temps, c’était la seule chose qu’ils avaient cherché à faire. Où était Joe ? Ou était ses hommes de main là, maintenant, quand il avait enfin besoin d’eux pour le soutenir ? Il pouvait désormais sentir l’haleine de Norris. « Ne crois-tu pas au pouvoir, Porter ? Celui de tuer ou de ne pas tuer, d’être dominé ou de dominer son prochain ? Non, bien sûr que tu ne connais pas. » Il ferma les yeux. Il ne voulait plus affronter ces personnes. Il repensait au passé, au lointain passé, à ce qu’il avait été, ce qu’il aurait pu être, et ce qu’il possédait désormais.  

 

Le professeur s’approcha de Porter. Il était grand, impressionnant, il imposait l’autorité, la domination ; C’était pour ça que personne n’osait jamais rien lui dire. Porter pouvait désormais sentir l’haleine de l’homme. Il était près, très près. Toutes les têtes de la classe devaient maintenant être tournées vers la scène qui se déroulait devant eux, mais Porter n’en voyait aucune. Il baissa les yeux, de honte, de peur, de détresse, comme pour chercher une dernière résurrection, une ultime salvation à cet affrontement. « Jamais vous n’y arriverez, Porter. Vous n’êtes qu’un lâche, qu’une goutte de plus dans ce gigantesque océan. Vous n’êtes rien. Et j’ai le pouvoir, Porter. J’ai le pouvoir et vous ne l’avez pas. »  

 

 

Kenneth Spike : Porter  

Karl Fitzgerald : Norris  

Tsui Wong : Tegushi  

Mitchell Whitaker : Masters  

Effy Prister : Jenny  

Courteney Campbell : Luan  

Scénario : (2 commentaires)
une série A d'action (Mondialisation) de Vivien Guards

Kenneth Spike

Effy Prister

Karl Fitzgerald

Courteney Campbell
Avec la participation exceptionnelle de Mitchell Whitaker, Tsui Wong
Musique par Bernie Julyan
Sorti le 16 mars 2030 (Semaine 1315)
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