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Guards Brothers présente
LulzSec

Inspiré de faits réels.  

 

Sa fille jouait juste à côté, avec la peluche qu’il venait de lui offrir. Lui était devant son écran, regardant fixement les lignes de codes qui s’affichaient devant lui, tout en tapant à toute vitesse sur son clavier. Détruis-les. Au même moment, il communiquait avec ses complices. Sabu était évidemment le chef de tout ceci – le plus doué, en faites, et donc avait été proclamé à l’unanimité, presque automatiquement, comme chef de leur groupe. Topiary n’était pas là – surement en train de se toucher devant son écran, de toute façon ils n’avaient pas besoin de lui. C’était une grande gueule, et sa place dans les relations sur Twitter ou avec ces tâcherons de blogueurs était bien meilleure. Tous les autres étaient là : Kayla, qui se chargeait du botnet, en balançant un nombre impressionnant de connections avec ce qu’il appelait ses zombies, Tflow, qui squattait avant tout l’IRC plus que servir à grand-chose, ainsi que Avunit et Pwnsauce. Tous formaient le cercle fermé de LulzSec. Il y en avait d’autres bien sûr, Sabu les connaissaient plus ou moins car ils avaient participé plusieurs aux attaques DDoS, mais ce coup-ci c’était trop gros – il ne fallait rien laisser passer, juste balancer l’attaque, laisser mijoter puis revendiquer. C’était une guerre, et là il s’agissait d’une mission secrète.  

Kayla et Topiary étaient ses plus proches amis – ils étaient ses seconds en quelque sorte, ils les avaient même plusieurs fois rencontré en chair et en os, aux meetings Anonymous, et ce même si ces deux abrutis étaient anglais. A LulzSec, beaucoup étaient anglais d’ailleurs – les deux tiers du cœur, puisque seuls lui et Avunit étaient originaires des States. Même ceux qui squattaient souvent leur chat, pour les aider dans quelques manœuvres, étaient globalement européens : quatre, peut-être cinq au plus, pour certains il n’était pas très sûr. Pourtant Sabu était le patron, et les autres lui obéissaient sans broncher. Kayla commença à râler, à dire qu’il y avait un problème avec le botnet. Pwnsauce et Avunit le suivirent. Déjà un problème. C’était prévisible. Kayla avait beau être un génie qui savait exploser n’importe quel système de sécurité, échapper à tous les contrôles, il lui arrivait de bloquer quand il s’agissait de gros coups. Celui-là était le plus gros qu’ils n’avaient jamais fait, et qu’ils ne feraient jamais sans doute.  

Il regard le logo qui s’affichait en haut de la page du serveur. Sony Pictures. Il eut un petit sourire. Ils ne vont rien comprendre à tout ça. Ils vont paniquer, et nous allons gagner. Ce petit jeu dura plusieurs heures, ce n’était pas une tâche facile. L’horloge indiquait vingt-et-une heure trente lorsque Christa vint lui souhaiter une bonne nuit et partit se coucher. L’opération s’étala sur des heures.  

Nous sommes le 2 Juin 2011, il est une heure trente du matin, et nous venons de faire tomber les serveurs de Sony.  

Il y eut un silence incrédule sur le salon. Le site de la boîte ne chargeait plus, il était saturé. Les serveurs sont down. Sabu se leva de sa chaise et s’approcha de sa Playstation qui se tenait sous son téléviseur. Il l’alluma. Plus de réseau. Il n’y a plus de connections. Kayla était en train de pirater les comptes. Combien de temps cela va-t-il prendre ? Il regarda son écran. Qu’avons-nous fait ? Un sourire lui échappa. Ils avaient gagné. Ou presque. Les représailles allaient être fortes. Il vit ses coéquipiers s’exciter sur le chat. C’était un grand jour. Il resta encore là pendant quelques heures, puis parti se coucher.  

En passant le pas de sa chambre, il vit sa femme, Cassie, endormie profondément sur le lit. En regardant l’heure il vit que l’horloge indiquait 3:00. Cassie commençait le travail tôt le lendemain, et il ne voulait pas la réveiller. Il ne savait toujours pas comment elle faisait pour l’aimer : toujours sur son ordinateur, souvent asocial malgré son physique de boxeur, et distant des problèmes du quotidien. Il sourit. Il l’aimait. Il ne le disait pas mais il ferait tout pour elle.  

 

Le soleil se couchait au-delà de la montagne. Sabu était assis sur une chaise, son ordi sur ses genoux. Autour de lui, la nature. Il se leva de son siège, regarda autour de lui. Il ne voyait personne – il était isolé. Il essaya de se rappeler de son vrai nom, mais il avait oublié… Sabu, toujours Sabu, ce n’était qu’un pseudonyme pourtant. Il cria : « Mon nom, rendez-moi mon nom ! »  

Sa femme et sa fille apparurent devant lui. Cassie ouvrit ses magnifiques lèvres.  

 

« Hector ? » dit-elle.  

Les yeux de Sabu s’ouvrirent. Elle se tenait au-dessus de lui, elle lui souriait mais semblait inquiète. Il sourit à son tour, mais la légère expression à peine marquée dans le regard de sa femme le perturba. Quel jour était-il ? Il réfléchit un instant. Sony, c’était il y a deux jours. Deux jours que les médias ne parlent plus que de ça.  

« Qu’est-ce qui se passe ? Tu as l’air inquiet. » s’enquit-il.  

« Trois hommes sont à la porte. Ils veulent te parler. » répondit-elle, d’un ton fébrile.  

Le sang ne fit qu’un tour dans la tête de Sabu. Il se leva d’un bond et couru vers son PC. Il tapa à toute vitesse pour effacer toutes les données qu’il pouvait. Il était passé tellement vite de son lit jusqu’au salon, manquant de faire tomber Cassie, qu’il ne pensait même plus à ce qu’il faisait.  

Alors qu’il effaçait ses données de navigation, ses yeux se levèrent et il vit les hommes dont lui parlait Cassie. « Mr Hector Xavier Monsegur ? » dit l’un d’eux, habillé de noir de la tête aux pieds. Sabu ne put qu’acquiescer d’un rapide hochement de tête. « Vous êtes en état d’arrestation. »  

 

« Nous savons ce que vous avez fait, Mr Monsegur. » L’homme en noir marchait en cercle, face à Sabu. Ce dernier était assis sur une chaise, ils se trouvaient dans une salle carrée. Sur le mur de droite, une large vitre teintée, sur celui de gauche, une porte par laquelle entraient les agents du FBI. « Nous savons ce que vous avez fait, et ça ne concerne pas seulement les derniers événements. Je parle ici du bordel que vous foutez partout depuis début mai. Vous risquez la perpétuité pour ces actes, et même si le juge est clément, ça ne passera pas en-dessous des trente ans de prison ferme. Trente ans, Mr Monsegur. Quand vous sortirez, la petite Christa aura l’âge que vous avez en ce moment. Et je peux vous dire quand vous foutra en isolement, pas de visites, pas de coups de téléphone. Elle vous oubliera. Vous ne serez plus qu’une photo sur la cheminée. » Sabu baissa les yeux. Ne montre pas que tu as peur. C’est eux, ceux que tu combats. Ils sont tes ennemis. Tu es un prisonnier de guerre. « Mais il y a une solution, Mr Monsegur. » L’homme regardait désormais Sabu dans les yeux. « Coopérez. Aidez-nous à mettre derrière les barreaux tous vos complices, et le juge se montrera clément. »  

Le cœur de Sabu battait à cent à l’heure. Il perdait ses mots. Il ne savait que dire. Ne fais pas ça. Ce sont tes amis, tes compagnons d’arme. Ne les vends pas au gouvernement. Il mordit sa lèvre aussi fort qu’il le put. Il cria, comme dans son rêve. L’agent le regardait toujours fixement. Il lui dit quelque chose, mais il ne compris pas un traître mot. Traître, oui, traître. Ne les vends pas.  

Christa. Cassie. L’image de sa fille et de sa femme lui revint en tête. Je vais les perdre. Je ne veux pas les perdre. « D’accord, j’accepte. » Les mots étaient sortis tous seuls. Il regretta presque de les avoir prononcés, après coup. Est-ce que je peux vendre mes amis comme ça ? Sabu regarda l’homme en noir. Il était toujours placide. Il n’avait sans doute pas le droit de laisser paraître ses émotions, ou alors il trouvait l’attitude de Sabu honteuse. Un lâche, un pleutre, un traître. Une trahison est une trahison.  

 

Les deux agents du FBI se tenaient derrière lui. Sabu était désormais un agent infiltré – ou un mouchard, plutôt. Il était sur le chat de LulzSec, discutant avec ses anciens complices. Ils ne se doutaient de rien, ils lui parlaient comme d’habitude, faisant part de leurs projets. Les deux hommes derrière lui regardaient la conversation avec intérêt. « Ils viennent de dire qu’ils vont faire tomber le site de la CIA ? » s’exclama l’un d’eux.  

« Oui, c’est ça. » répondit Sabu.  

« Vous avez les noms desquels d’entre eux ? » demanda l’autre agent.  

« Aucun, je vous assure. Je ne connais rien de plus que leurs voix. » Il déglutit. C’était vrai. Etaient-ils réellement ses amis si il ne connaissait ni leurs visages, ni leurs vrais noms ? Topiary parla d’avantage de leurs projets, et au fond de lui, Sabu espérait qu’il n’en dise pas trop. La CIA. Le Sénat. Sega. La SOCA. Il souffla, mais continua à se mimer lui-même sur le chat. A paraitre heureux, à communiquer avec eux comme s’il n’était pas en train de les faire couler.  

« On a une identification ! » Les trois têtes se tournèrent vers un autre agent qui pistait les coordonnées du chat sur lequel ils discutaient. « On a le nom du possesseur du chat ! » Il semblait tout excité. Ils avaient une identification. Leur journée de boulot est terminée. Dix jours plus tard, Ryan Cleary était arrêté et inculpé d’avoir entretenu le chat utilisé par le groupuscule LulzSec.  

 

Tous étaient face à lui dans la pièce de l’interrogatoire. Tous, sans exceptions, portant les masques de V, les masques d’Anonymous. Il ne connaissait pas leur visage, mais seulement leurs voix ou leur pseudonyme. Topiary était au-dessus des autres, entouré de Kayla, Tflow, et Pwnsauce. Cleary, aussi, était le seul à ne pas porter de masque, mais son visage était froid, distant.  

« Traître ! » criaient-ils en chœur. « Traître ! Menteur ! » Leurs voix étaient de plus en plus forte. « Tu travailles avec nos ennemis ! Tu les aides dans notre traque ! » On le secoua. En ouvrant les yeux, il vit le visage de l’un des agents du FBI.  

 

« Réveille-toi. » dit-il sobrement. Sabu se leva lentement et s’habilla en vitesse dans la cellule que lui conférait le FBI.  

« Qu’est-ce qu’il y a ? » grommela Sabu.  

« Ils parlent d’une possible dissolution sur l’IRC. » Une dissolution ? Le chat était en surveillance constante, du moins le nouveau chat puisque Cleary avait été inculpé, malgré les protestations du groupe. « C’est le moment ou jamais. Sois on les attrape avant qu’ils ne disparaissent tous dans la nature et tu te retrouves avec une peine d’à peine dix ans, soit on les loupe et on publie notre collaboration dans la presse. A toi de choisir. » Sabu respira profondément.  

Une trahison est une trahison.  

 

 

Steven Chaplure : Sabu / Hector Xavier Monsegur  

Chris Wertan : Topiary / Jake Davis  

Amy Kruger : Christa Monsegur  

Diane Gray : Cassie Monsegur  

Scénario :
une série B thriller (World War Web) de Bernd Harrison

Steven Chaplure

Amy Kruger

Chris Wertan

Diane Gray
Musique par Valeria Camacho
Sorti le 27 janvier 2029 (Semaine 1256)
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