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The Pineapple Pictures présente
The Unleashed Man

Automne 1817  

 

 

Son souffle se faisait grésillant à travers la pluie. Ses pas martelaient le sol à fréquence régulière, plongeant sans relâche dans l’eau qui s’accumulait dans les caniveaux de la ville. Le bas de sa robe était trempé. Peu l’importait. La nuit était lugubre, la seule lumière d’un réverbère chancelant laissait entrevoir les traits de son visage, creusé et cireux. Ses longs cheveux imbibés d’eau avaient été maladroitement cachés sous son capuchon mais cela ne les avait pas préservés de l’humidité manifeste de cette nuit. Tout son être trahissait une inquiétude croissante. Ses pas se faisaient vifs, de plus en plus rapides au fur et à mesure que les secondes s’égrainaient.  

Ses poignets rougis le tiraillaient. Il avait l’impression de sentir encore la corde lui taillader les veines et cette sensation le faisait frémir de bonheur. Il voulait la faire partager autour de lui. Ce n’était qu’une question de temps. Ce temps qui réglementait tout et qui l’empêchait d’agir à sa guise. Il n’en possédait qu’une quantité infime avant de devoir se plier dans le rang. Peu importe cela suffirait.  

 

Tel un rat se faufilant contre les murs, il guettait incessamment la prochaine ombre qui viendrait à croiser son chemin. Le désir se faisait de plus en plus pressant. Son esprit commençait à divaguer, à penser aux flammes qui le dévoraient le jour levé, à la glace des barreaux de fer auxquels il était attaché la pénombre tombée. Sortir de cet endroit n’avait pas été chose facile. Il n’avait pas pris la peine d’emmener ces petites billes blanches qu’ils lui faisaient avaler chaque soir. Il était certain que c’était un moyen de le faire courir à sa perte. C’est cela c’est sa mort qu’ils voulaient.  

 

Enfin, l’odeur florale et musquée d’une peau féminine atteignit ses narines. Elle marchait seule, dans une de ces ruelles pavées détrempées de la ville. Il se faufila lentement, minutieusement derrière elle. Son odorat s’était développé avec la pratique, pour apprendre à les éviter et savoir quand ils approchaient, les reconnaître. C’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour survivre. Il ne voulait pas qu’il le touche. Ils dégradaient son corps. Ses pas se firent plus léger, sa cadence plus rapide, et d’une main habile, il agrippa la jeune femme par la nuque. Avant qu’elle ne puisse émettre le moindre son, il couvrit sa bouche de sa main, ignorant les dents acérées qui se plantaient dans sa chair. La douleur ne lui était pas inconnue, il avait appris à la tolérer.  

 

Il s’était promis de lui laisser une chance si elle répondait correctement à sa question. Une seule petite chance. Après tout, elle n’avait pas fait exprès de croiser sa route… ou si ? La jeune femme tremblait sous ses doigts, il sentait les sanglots se propager dans son petit corps si sensible. Le désir grimpait, plus que tout. Non, il était d’humeur clémente, bien que la nuit n’y soit pas si propice. Il lui susurra à l’oreille «Iras-tu jusqu’à me supplier pour que je te laisse t’enfuir ?». Le son qui lui parvint ne fut que bourdonnement. Il ne retient qu’un seul mot. Mademoiselle.  

 

Son sang ne fit qu’un tour, bouillonnant. De rage, les mains qu’il voulait si douces autour de son cou se firent rudes et brutales, et les os fragiles de son cou craquèrent, laissant la jeune femme s’effondrer sur le sol. Quelle petite ingrate. Toute la douceur qu’il lui avait accordée, elle ne l’avait assimilée qu’à de la féminité. Il n’avait rien de cette espèce, rien ne pouvait l’en rapprocher. Tous essayaient de comprendre, personne ne parvenait à saisir. Ils l’avaient torturé, traité de monstre. Ils l’avaient opéré, ou tout du moins essayé mais ils ne pouvaient nier la vérité cuisante : il n’était pas une femme, malgré toutes les preuves qu’ils avaient apportées. Et il leur ferait payer leurs sévices constants. Ils l’avaient cherché. Tant pis pour la gratitude. La prochaine devra se montrer plus complaisante. Ils ne le rattraperont pas avant des heures de toute façon, la nuit est bien trop sombre et dangereuse. Il les effraie trop quand il n’est pas sous leur autorité. Ils parlent de démence due aux troubles manifestes de son anatomie. Il n’y voit qu’une chose : une différence infâme qu’il faudra bien faire payer à quelqu’un.  

 

La nuit est propice à l’étalage sanguinolent qu’il désire. Le corps à ses pieds n’est qu’un début. Il se demanda alors combien de corps il pourrait entasser ici avant qu’on le retrouve. Peut être une dizaine, une vingtaine. Puis, en quittant la ruelle sombre, il se demanda qui aurait le courage de s’opposer au monstre qu’il était devenu. Il déclenchera une véritable chasse à l’homme à coup sûr. Tout n’est qu’une question de temps. Le désir du sang sa manifesta à nouveau. Ou était-ce son imagination ?  

 

Extrait du dossier d'internement de M. Thorpe  

Impossible de définir le sexe. Apparait comme fortement troublé psychologiquement, son hermaphrodisme évident semble le/la conduire à des pulsions mortelles. Réduit à l'impuissance, met sa propre vie en danger. Semble ne pas connaître les limites de sa force. NE PAS LAISSER SORTIR.

Scénario :
une série Z thriller de Nolween Avery

Conor Jurmann
Sorti le 11 février 2028 (Semaine 1206)
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