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Guards Brothers présente
Le Royaume des Pluies

La station spatiale Ikuro-2 avait été mise en orbite lors de l’été 3175. En orbite autour de M475, une exoplanète habitable par l’homme découverte il y a une dizaine d’année, elle était seule dans le ciel. En réalité, en raison du trop grand nombre de planètes dites habitables en si peu de temps, le problème de surpopulation terrestre a été réglé très rapidement. M475 n’a donc pas été aménagé, et n’est considéré que comme une colonie secondaire, à tel point que seuls deux objets de l’homme se situent en orbite autour de M475 : Ikuro-2, station spatiale japonaise, et Memphis-17, station spatiale américaine. Au sol, une base militaire, et une seule, située au bord du vaste océan qui recouvre 60% de la surface de M475. Le reste n’est que jungle et forêts ; régions inexplorées et inconnues. En raison des fortes intempéries inhérentes à M475, ces zones inexplorées ont été surnommées, par les hommes présents dans les stations et dans la base militaire, « Le Royaume des Pluies ».  

 

Tsudo Mikami se tenait dans le sas. Il était en combinaison : du lidrium, matériau découvert sur la planète Lidrone, et qui depuis deux ans, était le seul matériau à la norme pour les combinaisons. A croire qu’ils avaient colonisé tout l’espace avec des tenues en carton. Mikami était diplomé de l’EIAM, l’Ecole Internationale d’Astrophysique Majeure. La plus grande école du monde connu, qui occupait les deux tiers de Venus, le reste étant destiné à des écoles de rang inférieur mais faisant partie du même complexe scolaire. Mais cela faisait quatre ans qu’il avait été affecté sur Ikuro-2, en orbite autour de M475. Il avait été le premier à rejoindre la station, en réalité. Depuis, Nokada était arrivée – elle était la seule humaine qu’elle voyait tous les jours. Mais ce jour-ci, c’était différent. Frears, capitaine de la station Memphis-17, et Rogers, en poste à la base militaire, avait organisé ce qu’ils avaient surnommé « Un Conseil des Pluies ». Apparemment, il était question de choses importantes.  

« Commandant Mikami. Projection dans 10…9… » Il réajusta une nouvelle fois son parachute à aimants. Ces trucs fonctionnaient tous seuls et par magnétisme, mais on était jamais trop sûr qu’ils allaient fonctionner. Il y avait déjà eu nombre d’accidents. « 3…2…1… » Il fut éjecté dans les airs à une vitesse à peine mesurable, avec pour seul ami son parachute magnétique qui devait le protéger d’une chute trop brutale. Ikuro-2 s’était placé verticalement juste au-dessus de la base militaire, de façon à favoriser l’atterrissage de Mikami.  

En à peine dix secondes, il était sur le sol de M475. Il s’était plutôt bien réceptionné, malheureusement sur le toit du bâtiment principal de la base. Un ou deux soldats le regardèrent avec amusement tandis qu’il tentait de descendre de là. L’environnement était complètement boisé. Une jungle dense s’étendait autour de la base. Les Associations de Protection de l’Environnement Exoplanétaire avait indiqué qu’en raison d’une possible biodiversité inconnue, il était formellement interdit de couper des arbres ou de chasser, ou même de pécher sur une planète qui n’avait pas encore été étudié par un spécialiste. Et puisque que M475 était loin d’être la planète la plus en vue de l’univers connu. Le Colonel Rogers, tenancier des lieux, l’accueilli froidement une fois qu’il eut posé les pieds sur le sol de sa base. C’était un homme de grande taille, robuste et au visage carré. Il était rude et glacial mais c’était un bon soldat, qui s’obstinait cependant à suivre les ordres sans réellement réfléchir aux conséquences. Il l’accompagna dans son bureau, qui se situait en haut du bâtiment central de la base, composée en tout de deux ou trois blocs. L’un servait de dortoir, un deuxième de cantine, le troisième comportait le matériel stratégique, les bureaux et les laboratoires de recherche. Des soldats de tout l’univers étaient envoyés ici pour un entraînement intensif dans un cadre hostile et inconnu. Le changement d’atmosphère, de gravité et d’orbite était très bouleversant pour les hommes. Ainsi, certaines colonies sur plusieurs planètes isolées qui bénéficiaient d’un isolement génétique – une reproduction sans intrusion de personnes extérieures – pouvaient à long terme former une nouvelle espèce d’homme. Un évènement que les scientifiques voulaient à tout prix éviter. Ainsi, mis à part sur Terre, il était donné une limite de durée d’habitation sur une exoplanète à une famille, qui, suivant les différences magnétiques, pouvait aller jusqu’à cinq générations. Ces conditions extrêmes étaient très importante dans l’armée – des interventions sur des planètes inconnues pour les soldats étaient fréquentes, et il était nécessaire que ceux-ci se soient habitués à des conditions étrangères une ou plusieurs fois. Après nombre d’essais, le temps d’adaptation, ou TA, comme on le nommait dans le jargon militaire, se réduisait parfois à quelques minutes.  

Le bureau de Rogers était sobre. Les portraits de Jia Wang-Zie et de Robert Norris, les fondateurs américain et chinois de la Coopération Univers, organisation qui regroupait l’ensemble des pays de toutes les planètes découvertes et qui disposait de la plus forte armée de l’univers connu, dont M475 était donc une base, étaient accrochés au mur. Sur son bureau, rien mis à part des stylos et des feuilles. Sur l’une des deux chaises qui se trouvait devant le bureau était assis le Capitaine Hugh Frears, commandant de la station orbital américaine Memphis-17. Il était plus frêle et plus fin, il possédait une barbe naissante et était assez jeune, trente ans, tout au plus. Ils se serrèrent la main poliment et Mikami s’assit sur la chaise libre.  

« Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins… » commença Rogers. « On a un sérieux problème. Le Docteur Westley qui était ici pour des tests biologiques a remarqué une activité radioactive dans le cœur du Royaume des Pluies, en pleine jungle. Une radioactivité aussi importante que le réacteur atomique d’une sonde Z85. En milieu naturel, c’est du jamais vu. » Ils restèrent silencieux un instant. Mikami ne savait que dire. Frears leva les sourcils et répondit d’un air amusé.  

« Quand vous dites que c’est du jamais vu en milieu naturel – vous insinuez quoi au juste ? Qu’on vient de faire la découverte grandiose des possibilités infinies de la nature ? Qu’il s’agit de l’un de nos objets qui s’est crashé ici ? Qu’il y a des autochtones à poil qui ont découvert comment créer un réacteur atomique ? » Il rigola de sa phrasée mais se tut sous le regard insistant de Rogers.  

« Nous n’en savons rien. Je forme une équipe de dix hommes que je dirigerai pour aller jeter un œil – équipés et protégés, bien sûr. Je vous aie convoqué pour savoir si l’un de vous deux serait intéressé de nous accompagner. Vous êtes scientifiques, après tout. » répondit Rogers. Il analysa alors du regard ses deux spectateurs. Frears se contenta d’hocher la tête pour exprimer sa négation, mais Mikami réfléchit.  

Il ne savait pas en réalité. Cette expédition pouvait être dangereuse – on peut se protéger facilement des radiations, mais une erreur et la radioactivité de la puissance d’un réacteur peut vous broyer en un instant. « Je viens avec vous. Laissez-moi juste prévenir ma coéquipière. » dit-il simplement.  

 

Le Colonel Rogers avait déjà fait tous les préparatifs. Mikami n’eut qu’à rejoindre un vestiaire et se changer pour mettre sur lui une combinaison qui le protègerait des radiations. Il avait hésité à prendre une arme, mais il était presque certain qu’il ne saurait pas s’en servir. Rogers avait confié à son second sa base, et il avait, d’après ses dires, pris avec lui ses « dix hommes les plus expérimentés, les plus équilibrés, les plus intelligents et les plus forts du bataillon ». Ils partirent vers midi, après le départ de Frears pour sa station.  

C’était la troisième fois seulement que Mikami mettait les pieds dans le Royaume des Pluies. Il était chargé d’étudier principalement les données atmosphériques, donc il ne descendait que très rarement sur la terre ferme. Il se rendit d’ailleurs compte qu’il avait un peu de mal à marcher. Après seulement dix minutes, le temps sembla leur rappeler pour quoi on surnommait les terres inexplorées de cette planète ainsi. Des tonneaux d’eau tombaient du ciel. En quelques secondes, ils étaient tous trempés, et en à peine quelques minutes, ils pataugeaient dans une piscine de boue.  

Mikami ne savait depuis combien de temps ils marchaient ainsi. Il perdit le compte assez rapidement, et se concentrait d’avantage à enchaîner ses pas plutôt qu’à compter les secondes. A l’avant, deux des soldats tenaient dans leur main des compteurs Geiger et sondaient l’espace autour d’eux. Il se mit à la hauteur de Rogers. « Pourquoi n’avons-nous pas pris une navette ? »  

« Impossible de se poser dans la jungle. » répondit le colonel sèchement. Et ils continuèrent leur chemin. La pluie se calma et laissa place à la lumière de l’étoile, filtrée par les branchages et les feuilles des arbres. A part par sa végétation, on n’avait trouvé aucune forme de vie animale sur M475. La jungle devenait ainsi incroyablement calme. Le seul bruit présent était celui de leurs pas sur le sol encore mouillé. Ils s’arrêtèrent lorsque la pénombre commença à se manifester. Les nuits sur cette planète étaient très courtes – à peine trois heures – et Rogers prévint qu’il s’agir plus d’une simple sieste pour se reposer et reprendre quelques forces. D’après lui, ils étaient bientôt arrivés. « Les plus hausses très importantes de radiations ont été repérées à une heure de marche d’ici. Elles s’étendent sur un rayon d’environ vingt miles. »  

La nuit passa en un clin d’œil. Ils étaient déjà repartis. Après qu’ils aient marché une heure, Rogers les avertit. « Nous y sommes. Le bord du rayon. On va devoir ratisser cette zone jusqu’à trouver ce qui créé ces radiations. Mikami, McGreen, venez avec moi. Vous trois, faites équipe aussi. Puis vous trois et… ceux qui restent. » Mikami s’approcha de Rogers, suivi par le dénommé McGreen. C’était un jeune homme d’à peine vingt ans, loin d’être aussi musclé que certains de ses camarades.  

Ils marchèrent tous dans une direction, selon des plans construits par Rogers. Si tous se passait bien, l’un des groupes devrait trouver la source de la radioactivité en mois d’une heure. Pourtant, passé cette heure, leur groupe n’avait rien trouvé. « Pourquoi il ne répond pas ce… » Le colonel s’énervait sur son talkie-walkie.  

« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda Mikami.  

« C’est le groupe de Ford. Il ne veut pas répondre. Les autres n’ont rien trouvé mais j’attends de leurs nouvelles. » Il semblait tendu et énervé. Ils attendirent encore plusieurs minutes une réponse de Ford, mais il n’en vint aucune. Rogers regard les trajets qu’il avait tracés, et s’intéressa à celui de Ford. « Il est normalement passé par le centre du périmètre. Je demande aux autres de nous y rejoindre. » Et ils reprirent leur route, tandis que le tonnerre se mettait à gronder, et que la pluie reprenait son cours. Au fond de lui, Mikami espérait que l’absence de réponse de Ford signifiait qu’ils avaient trouvé quelque chose d’intéressant, pour qu’ils ne restent pas dans l’inconnu concernant la source de cette énergie. Mais il avait peur.  

Peur de ce qu’ils allaient découvrir.  

 

Nokada était assise devant le tableau de bord de la station. Elle déplaçait la trajectoire de l’orbite pour se stabiliser au-dessus de la zone radioactive. Elle avait demandé à Mikami de lui transmettre les coordonnés quand il lui avait annoncé qu’il accompagnait Rogers dans sa mission.  

Elle se stabilisa au-dessus de la position. C’était une zone en pleine jungle, impossible de voir au-travers avec le scope. Elle procéda à une manœuvre de repérage thermique et vit apparaître un grand nombre de petits points rouges, correspondant aux êtres vivants dans cette zone.  

Le tonnerre gronda.  

Il se mit à pleuvoir sur le Royaume des Pluies.  

Elle plissa les yeux devant les résultats de l’analyse thermique. Il y avait douze petits points rouges, et une forme plus grosse, plus imposante, de forme circulaire. Elle devait mesurer bien deux mètres de large. Elle se gratta la tête, ignorant à quoi cela pouvait-il correspondre. Trois des points se trouvaient à côté, mais ils ne bougeaient pas, contrairement aux autres qui se rapprochaient lentement du centre. La température de l’objet se mit à grimper. Si elle en croyait l’analyse, il devait être actuellement à 450 Kelvin, soit près de 200°C. Puis soudain, les résultats disparurent de son tableau de bord. Tous s’éteint. La lumière disparut, les compteurs d’énergie s’excitèrent avant de chuter à zéro. Nokada ne comprit pas ce qui se passait. Tout s’accélérait. Ikuro-2 n’était plus alimenté en énergie. La station était en chute libre, droit sur le mystérieux objet, chutant telle une goutte de plus du Royaume des Pluies.  

 

 

Robert Lavino : Tsudo Mikami  

Anastasia Carlos : Nokada  

Scénario : (1 commentaire)
une série Z de science-fiction (Rendez-vous en Terre Inconnue) de Akimura Mizu

Robert Lavino

Anastasia Carlos
Musique par Quentin Courage
Sorti le 29 juillet 2028 (Semaine 1230)
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