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Guards Brothers présente
Future People

Musique du film :  

Tindersticks – Hubbard Hills :  

http://www.youtube.com/watch?v=_GgkqxkZ7mk  

Godspeed You! Black Emperor – Providence :  

http://www.youtube.com/watch?v=6tZ_uwDlmPY  

 

La Bombe… La Bombe…  

Le Président Lyndon Johnson se tenait de sa plus belle posture. Malgré les grésillements de la télévision, on pouvait remarquer qu’il avait l’air encore plus sérieux qui ne l’était quand il parlait du Vietnam. Il s’éclaircit la gorge : « Chers concitoyens, aujourd’hui, 9 juin 1967, est un grand jour pour l’Humanité. » Il fit une pause. « Nos experts ont repéré un objet volant non identifié en provenance de l’espace qui s’est écrasé dans l’après-midi d’hier, au cœur du Désert du Nevada. Une fois arrivés sur les lieux, ils ont découvert une chose impensable : les habitants de ce vaisseau étaient des hommes et des femmes, venus du futur. »  

Dewey éclata de rire. Il devait être encore sous les effets de ce qu’il venait de fumer et ses yeux étaient rouges. Il se tordait en deux tandis que Johnson continuait son discours. Tandis que la plupart des occupants de la pièce se contentèrent d’écarquiller des yeux, le seul autre à réagir plus ouvertement fut Werner qui lâcha : « De la désinformation ! Croyez pas ces vendus, dans deux jours ils diront qu’en réalité, ces mecs venus du futur annoncent que les soviétiques ont pris le contrôle de la Terre par la force dans vingt ans, détruisant les peuples, et que ces Nobles Personnes sont en réalité les survivants de ce génocide. Laissez tomber, c’est de la merde… » Malgré la longueur de son monologue, personne ne l’écouta franchement. Même Roy et Meg qui détestaient Johnson semblaient hypnotisés par le discours du président.  

« Même si cette information peut sembler absurde, il n’en est rien. La technologie qui compose ce vaisseau est très avancée, et comporte un matériel encore inconnu. Si j’aimerai vous en dire encore d’avantage, je ne sais pour l’instant rien de plus, tandis que nos experts analysent actuellement les nombreuses données et informations obtenues de ces Gens du Futur. » Le président disparu et laissa sa place au présentateur du journal télévisé qui commença à commenter l’événement qui venait juste de survenir. Werner s’était mis lui aussi à rigoler et faisait des blagues sur Johnson avec Dewey : « Les petits hommes rouges venus de l’espace… » Les yeux de Roy restaient fixés sur le téléviseur, dans l’espoir de plus d’information, mais le journaliste ne semblait pas en savoir plus qu’eux. Il s’en désintéressa et se tourna vers Meg qui était assise à côté de lui, et qui n’avait pas pipé un mot depuis que Johnson avait commencé son discours. Il ne savait si c’était l’odeur de weed qui flottait dans l’air, mais elle était comme hypnotisée par l’écran de télévision.  

« T’y crois-toi à cette histoire ? » Les yeux de Meg se tournèrent vers Roy. Elle mit à temps à sortir de sa phase, mais ne répondit pas. Elle haussa les épaules, et s’en fut. Dewey s’avança à la porte de l’appartement et après avoir dit qu’il devait y aller, sorti et les laissa tous les trois seuls. Werner s’assit à côté de Roy et alluma une clope.  

« Ils ont pas dit de quelle année ils venaient ces Gens du Futur ? » demanda-t-il. Ses longs cheveux gras barraient ses yeux – il était impossible de lire quelconque émotion à travers le rideau qui s’étalait ainsi. « Non parce que ça serait déjà une bonne info. » Il cracha un panache de fumée et forma ce qui ressemblait vaguement à un cercle. Ses yeux fixèrent la télé. Depuis toute à l’heure, le journaleux ne répétait que les mêmes banalités – répétant en boucle ce qu’avait dit le Président juste avant.  

Roy ferma les yeux.  

 

Le vent soufflait dans ses cheveux. A ses côtés, le souffle ardent de cette brise faisait voleter les mèches de Meg. Les vitres de leur cercueil roulant étaient grandes ouvertes. La radio tournait plus fort que jamais. Autour d’eux, le désert, le sable jaune, le Nevada. Beaucoup n’auraient même pas remarqué Werner, assis à l’arrière, en pleine lecture d’un bouquin à tendance anarchiste.  

Ils roulaient vers le Point Future, le lieu du crash des Gens du Futur. Comme beaucoup d’autres. Un jour que Johnson avait fait son discours, un jour que toute la Terre ne parlait plus que de ça… mais rien d’autre n’avait été dévoilé. Ni leurs possibles paroles, ni des informations sur le vaisseau ou sur l’époque dont ils venaient. Si tout du moins cette histoire était réelle. La veille, certains journaux confirmaient que de l’autre côté de l’océan, Brejnev avait violemment attaqué les Etats-Unis et ces « Gens du Futur » qu’il qualifiait « de désinformation capitaliste ». Ils n’étaient plus très loin – du moins c’est ce que semblait penser Meg, les yeux rivés sur la carte géographique.  

La radio grésilla, comme si on changeait de station. A l’instant, il s’agissait des dernières news, indiquant qu’aucune nouvelle information n’avait été donnée, que ça soit par le gouvernement ou par la NASA, et pendant que la radio grésillait, quelques mots sortirent des enceintes.  

La Bombe… La Bombe…  

Les mêmes paroles répétées plusieurs fois, fondues au milieu des interférences. Werner grommela et essaya de remettre la station, mais les mots étaient gravés dans l’esprit de Roy. Ses yeux se tournèrent quelques secondes vers le poste. Après maintes tentatives, Werner parvint à retrouver la station. « Ah ! » fit-il. Meg leva son bras et indiqua un point au loin, devant eux.  

« Le pic rocheux là-bas ! » lança Meg. « C’est là-bas. »  

Ils roulèrent, portés par le vent, au milieu de cet environnement sablonneux, invincibles. En un instant, des centaines, des milliers de voitures s’étalaient à perte de vues. Garées dans toutes les directions, partout sur le désert autour d’eux, des voitures de marque, d’occasion, de tous les horizons, de toutes les marques. Des gens, partout, des grands, des petits, des blancs, des mexicains, et même des noirs. Certains jouaient de la musique, d’autre chantaient, d’autre buvaient, beaucoup marchaient dans la même direction, vers le pic rocheux.  

Ils arrêtèrent la voiture au milieu des milliers d’autres, espérant pouvoir la retrouver au retour. Werner fut le premier à descendre et admira la foule imposante au loin. « Si c’est du pipeau, c’est bien réussi. » commenta-t-il. Roy arriva derrière lui et le tira par la manche pour lui faire signe de le suivre.  

« Allons-y maintenant, les gens arrivent encore. Dans une heure, la foule sera ici. » Les voitures affluaient de toutes les directions, sur les routes longues et droites dans ce paysage vierge et jaune. Ils marchèrent vers le lieu du crash. La foule était dense et surexcitée, il était presque impossible de passer au travers. Les hommes et femmes se heurtaient, se piétinaient, ne laissaient pas un simple espace entre eux par peur d’être doublé par un autre. Roy, Meg et Werner se retrouvèrent à l’arrière.  

La Bombe… La Bombe…  

La foule les submergea en quelques minutes, et même après, ils attendaient, perdus, au milieu de gens bruyants, excités, ne sachant ce qu’ils attendaient. Tous semblaient vouloir voir le lieu du crash, mais personne ne le voyait réellement. Certains montaient sur les épaules d’autres, mais personne ne bougeait réellement. Roy regarda Werner. « On fait quoi, là ? On attend ? » Werner haussa les épaules.  

« Il y aura probablement un mot du gouvernement. Il y a au moins cinquante mille personnes. » En haut du pic rocheux qu’ils avaient vu au loin se tenaient nombre de personnes – c’était probablement dangereux et vertigineux, mais Roy se disait que ce n’était pas si bête. Et probablement la meilleure solution si ils voulaient apercevoir le lieu du crash.  

Soudain une voix jaillit au loin, portée par le vent. Elle était probablement amplifiée et provenait visiblement du Point Future. Tous se regardèrent mais restèrent silencieux. Personne n’en voyait la source. « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs. » Le soleil frappait leurs têtes. Le seul son, en plus de la voix, c’était les coups de pieds et des cris au loin – un lynchage, sans doute. Roy se demanda de qui il pouvait s’agir. « Bienvenue au Point Future, désolé de vous avoir fait attendre. » Il se mit sur la pointe des pieds, mais ne voyait toujours pas la personne qui parlait – au loin, la foule, et toujours la foule. Il ne connaissait même pas cette voix. « Je suis Elbert Ruthfuss, je parlerai au nom du gouvernement et de la NASA pour vous aujourd’hui. » Roy entendit quelques exclamations à sa droite et se tourna dans cette direction. Des journalistes avec caméra se frayaient un chemin au milieu de la foule, malgré les protestations de celle-ci. « Les Gens du Futur ont été accueillis, et nous avons pu en savoir plus. Ici, au Future Point, vous serez les premiers à connaître leur récit. » Il y eut quelques acclamations dans la foule, et même Werner, à côté de Roy, laissa échapper un petit sourire satisfait. « Il se trouve que ces Gens du Futur sont les seuls survivants d’une apocalypse nucléaire. »  

 

Le trajet du retour avait été silencieux. Werner était assis dans un fauteuil et secouait son verre, hypnotisé par le bruit des glaçons contre le verre. Roy fut le premier à parler. Il était debout, au milieu de la pièce sombre – il faisait nuit depuis déjà plusieurs heures. « Vous y croyez vraiment ? » Les yeux de Werner se levèrent lentement vers Roy.  

« Qu’on y croit ou pas, ça fait réfléchir. »  

La Bombe… La Bombe…  

Les informations données avaient été concises, peu nombreuses : tout ce qu’ils savaient, c’est que les Gens du Futur avaient fuient une guerre atomique et étaient arrivés à leur époque. Les intervenants du conflit n’avaient même pas été précisés.  

« Tu sais, le lynchage qu’on entendait tout à l’heure ? » fit Werner. Il parlait des coups et des cris lointains qui leur parvenaient lorsqu’ils étaient dans la foule. « C’était un couple noir, ils étaient à moitié mort près du pic rocheux quand on est repartis. » Roy déglutit.  

La télé grésillait derrière eux, le discours de Ruthfuss passait en boucle. « Si la guerre impliquait l’URSS, les jours sont comptés avant que Johnson demande une frappe majeure sur les rouges. Et même si c’est du faux, c’est un prétexte parfait pour le faire. » Il s’assit sur le canapé, aux côtés de Meg, silencieuse. « Faudrait se protéger. »  

« Tu veux dire dans un bunker ? Y a que quelques riches qui ont ça, et le Président. Si la guerre éclate, la seule solution est d’être là où elle n’éclatera pas. » répliqua Werner.  

« Et tu veux aller où ? Au Mexique ? ? »  

« Pourquoi pas. Je ne reste pas ici, moi. » Werner se leva du fauteuil et marcha vers sa chambre, probablement pour faire ses valises. Roy regarda Meg.  

« Meg, on fait comme tu le sens. » Elle ne répondit pas, elle ne bougea même pas. Elle avait les yeux rivés sur le sol. « Meg ? »  

Ses lèvres formèrent lentement ces mots : « Je ne veux pas mourir. »  

 

 

Weston Hatcher : Roy  

Lucas Segel : Werner  

Kaylee Cobb : Meg  

Tori Hunter : Erica  

Chris Wertan : Dewey  

Lisa Edwards : Mary  

Film en sélection officielle du concours « Voyage dans le Temps » organisé par Gérard Cousin et Kelvin Pitbull.  

Scénario : (3 commentaires)
une série A de science-fiction (Cosmic Beatles) de Akimura Mizu

Weston Hatcher

Kaylee Cobb

Lucas Segel

Tori Hunter
Avec la participation exceptionnelle de Chris Wertan, Lisa Edwards
Musique par Stephanie Harline
Sorti le 26 mai 2029 (Semaine 1273)
Entrées : 16 703 956
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