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Guards Brothers présente
Le Temple Mirage

Le vent se levait sur la large vallée de sable. Lewis avançait péniblement, subissant à chaque pas les dures bourrasques râpeuses, portant de leurs souffles ardents des milliers de grains de désert. Il se cachait les yeux de sa main droite. Il avait déjà trop vu de ses amis aveuglés par trop de négligence. Il arpenta la crête tout du long. Cette dernière surplombait la vallée et il pouvait voir à son opposé des ruines ancestrales de ce qui avait probablement été il y a très longtemps une ville prospère.  

Il arriva près d’un rocher sur lequel était gravé des inscriptions. Lewis plissa les yeux pour déchiffrer. Mirage – 3 Jours. Il y était presque. Cela faisait six mois qu’il marchait à travers monts et vaux pour arriver à la ville de Mirage, l’un des derniers bastons de l’humanité. Il regarda alors l’horizon. Le soleil se couchait. La vallée aride dégageait comme à son habitude ses teintes rouges, cette atmosphère apocalyptique oppressante. Il sortit de son paquetage sa gourde d’eau et but quelques gorgées.  

Lewis s’assit sur le sol, à côté du rocher qui le protégeait des vents, et déplia sa couverture. C’est là qu’il dormirait. Il posa son sac à ses côtés et chercha à l’intérieur son livre. Il l’avait trouvé dans les ruines d’une bibliothèque. C’était le cinquième qu’il lisait depuis le Jour-J, L’Idiot de Dostoïevski. C’était l’une des rares choses qui le faisait marcher, pouvoir s’asseoir avant de s’endormir et lire quelques pages d’un livre. La seule lumière disponible était celle du soleil, et il n’allait pas tarder à laisser place à l’obscurité : cette fois-ci, il n’avancerait donc pas beaucoup dans sa lecture.  

 

La lourdeur du soleil l’extirpa de son sommeil. Lewis cligna des yeux et se releva péniblement. Cette journée allait être dégagée – le vent était faible, le nuage atmosphérique était moins épais qu’à l’accoutumée. En à peine une minute il était déjà debout, prêt à reprendre sa route vers Mirage. Il regarda le rocher et prit la direction indiquée. Plus que trois jours et il y était.  

Lorsque le soleil fut à son apogée, il mangea quelques biscuits secs qu’il avait sur lui. C’était tout ce qu’il allait déguster aujourd’hui, et il prit le temps de l’apprécier. Ses pieds avançaient plus paisiblement sur le sol sablonneux – malgré son âge relativement avancé, cette journée très claire lui permis d’affronter plus facilement les contraintes habituelles. Là-bas, derrière ces trois derniers jours du long périple qu’il avait entrepris, se tenait Mirage, l’un des derniers lieux civilisé sur Terre.  

 

Il vit apparaître les premières ombres de Mirage lorsqu’il fut à deux heures de marche de celle-ci. Il ne put s’empêcher de sourire, et accéléra le pas : il ne pouvait plus retenir son impatience. Lewis marcha quand même prudemment. Même si son objectif était sur le point d’être parachevé, il fallait se montrer prudent : aux alentours de telles villes se trouvaient parfois des brigands. Il se rappela alors des événements de Ciel, où il avait vécu quelques mois avant que l’agglomération soit réduit en cendres par ce genre de personne. Femmes avaient été violés, hommes avaient été égorgés, enfants avaient été réduits en esclavage.  

Du monde que Lewis connaissait – de par les rumeurs qu’il avait entendu, les cartes approximatives qu’il avait consulté, les chemins qu’il avait parcouru – il existait trois mégalopoles encore debout : Atlantide, la ville de l’eau, la plus prospère. Située très près de l’océan rouge et pollué, elle possédait cependant des machines uniques permettant de rendre potable son eau – elle était ainsi devenu celle qui en possédait le plus, et avait été la seule à réimplanter de façon importante l’agriculture et l’élevage. Enfers, la ville dite du feu, située aux abords du lieu devenu le plus aride de la planète, où il était impossible d’avancer une heure sans fondre littéralement. La dernière était Mirage, la ville du vent, située au centre de ces brouillards tumultueux, qui était la seule des trois villes à posséder l’électricité, en raison de l’énergie éolienne déployée à l’aide des moulins situés à ses alentours. Si les ressources électriques étaient limitées, celles-ci avaient permis des innovations technologiques comme il n’y en avait pas eu depuis l’époque d’avant le Cataclysme.  

Et depuis la disparition de Ciel, Lewis avançait vers Mirage, dans l’espoir de retrouver le bonheur qu’il avait connu. Il était l’un des rares encore en vie à avoir vécu le Cataclysme. Il se souvenait du regard de son père, dont l’accès au bunker avait été refusé, versant ses dernières larmes. Il se souvenait de sa mère, l’attrapant par la main et le tirant vers l’intérieur. Elle était morte, depuis bien trop longtemps. Et Lewis n’avait jamais été aussi seul depuis.  

Les murs de Mirage n’étaient plus qu’à quelques mètres. Ils étaient faits d’acier – en haut patrouillaient des soldats, la seule façon de voir arriver quelqu’un à plus de deux cent mètres par ce vent – et devant la porte se tenaient deux gardes. L’un d’eux était assis et semblait se reposer. C’est le second qui vint vers Lewis. D’une voix monocorde et presque assommante il demanda : « Quelle est la raison de votre visite dans la noble cité de Mirage ? »  

Lewis ne fit ni une ni deux et répondit aussitôt : « Je cherche une maison. J’habitais à Ciel. » Le garde le jaugea quelques instants du regard, puis fit signe à un homme se situant en haut des remparts d’activer la poulie – ou plutôt le mécanisme permettant d’ouvrir la haute porte d’acier.  

Les battants balayèrent le sable et laissèrent enfin entrevoir à Lewis l’étendue de Mirage. Devant lui, un chemin de poussière – probablement l’axe principal – traversait des rues composées d’immeubles et de maisons faites de briques et de brocs : terre, pierre, métal, entre autres. Certaines mêlant plusieurs de ces matériaux. La plupart de ces bâtisses s’élevaient très haut dans le ciel – au moins quinze ou vingt étages – des centaines, des milliers de couchettes pour accueillir le plus de monde possible. Les personnes les plus riches ou les plus importantes habitaient au cœur de la ville, et non en sa périphérie, et possédaient une maison pour eux seuls.  

Lewis remonta l’axe principal. Il devait se rendre au Bureau du Peuple, qui lui indiquerait des logements libres. Les rues grouillaient de monde, de toutes les couleurs de peau, de tous les visages, de toutes les tailles. Des enfants, des adultes, des vieillards – plus rares – et même des animaux domestiques. Lewis cru même voir un chien.  

Il traversa une sorte de place dans la direction de Bureau mais une main l’arrêta. Elle lui retenait le bras. Il leva les yeux pour voir à qui elle appartenait et vie une sorte de vagabond sale et puant aux cheveux longs et gras – probablement avait-il eut autrefois un beau visage mais il ne ressemblait désormais à guère plus qu’un cadavre ambulant. « Ils veulent notre servitude. Ils veulent notre silence. » souffla-t-il à Lewis.  

Ce dernier tira sombra des mains de l’homme et reprit son chemin vers le Bureau, laissant le vagabond derrière lui. C’était une belle architecture – probablement l’une des plus travaillées de la ville. Ses murs étaient d’un blanc éblouissant, et des statues étaient gravées dans la pierre du haut de ses piliers. Il poussa les portes. L’endroit était relativement vaste. Des sans-abris comme lui, mais aussi des mutilés et des orphelins s’agitaient de toute part – le Bureau du Peuple servait à tout sorte de choses : médecine, éducation, orphelinat et même dans certains cas maintien de l’ordre civil.  

Une belle femme élancée s’approcha de lui et dit : « Bonjour, mon nom est Halma Oli. Que puis-je pour vous ? »  

« Je… je voudrais un logement, s’il vous plait. » répondit Lewis.  

La femme jeta un coup d’œil à un tableau se situant au fond de la pièce. « Tous les logements sont pris à l’exception de ceux du Temple. Désolé. »  

Le Temple Mirage, l’un des derniers joyaux de l’humanité par son architecture et son importance religieuse et historique. Il était le domaine de Dieu, selon le mythe, mais aussi l’un des pôles social les plus importants du monde connu. « Le Temple ça me va. » ajouta Lewis.  

« Très bien. Je vais vous y mener. Suivez-moi. » Lewis emboîta le pas d’Halma qui le conduisit à travers maintes rues et ruelles avant de se retrouver devant une large place totalement vierge – elle était excentrée par rapport à la ville, et on pouvait voir les murailles de Mirage juste derrière. Mais ce qui attira l’attention de Lewis ce fut le Temple, qui se tenait juste là. C’était probablement l’une des bâtisses les plus hautes et les plus majestueuses qu’il avait vu depuis longtemps. Ils traversèrent la place et pénétrèrent les hautes portes du Temple Mirage. Une odeur unique s’en dégageait – comme si un jardin s’y trouvait. Lewis fut d’abord décontenancé par ce lieu. Il ressemblait à une cathédrale, mais encore plus haute et plus impressionnante. Il n’y avait que très peu de bibelots religieux, le reste était presque vierge de tout. Il se demanda comment l’homme, après le Cataclysme, avait pu construire un tel lieu.  

Halma le guida à un étage – là se trouvaient de nombreuses couchettes occupées ou non. « Nous venons d’ouvrir le temple aux sans-abris. Vous serez l’un des premiers occupants des lieux. » Elle lui montra sa couchette et lui demanda de lui rappeler son nom, puis elle le laissa. Lewis prit le temps de s’installer et vit à l’extérieur que le soleil était presque couché, alors il fit de même et s’endormit aussitôt, sans avoir même prit la peine de lire son livre.  

 

Il se tenait face à ce dénommé Anto. C’était un fort gaillard à la bouille sympathique qui n’arrêtait pas de lui parler depuis bien deux heures. Il secouait des bras pour illustrer son propos et n’hésitait pas à crier, sans prêter garde à l’intérêt des autres personnes qui les entouraient, les autres clients de la Cantine. « C’est Lin, elle dirige tout ici. On la surnomme l’Impératrice à cause de ça. Tous font tout ce qu’elle veut, que ça soit la milice, les gens du commun comme toi et moi ou le Bureau du Peuple. Elle a tout ce qu’elle, et crois-moi, quand ce n’est pas le cas, elle laisse entendre. Elle en a exécuté des opposants. Certains diraient que c’est tyrannique mais nous vivons bien si nous lui faisons confiance. Alors… »  

« Et elle habite où cette Lin ? » lui demanda Lewis.  

« Dans le centre, avec les autres riches. Mais elle se recueille beaucoup au Temple. Beaucoup ici la considère comme l’unique et véritable chef religieux des lieux. » Il but sa mince gorgée d’eau. « Et sa garde personnelle est entièrement composée de femmes, y a notamment Gwen, une guerrière redoutable, crois-moi, et pas facile à calmer. Fais gaffe si tu la vois. »  

Ils finirent de manger mais Anto continua à suivre Lewis dans les rues de Mirage. Il lui parlait de sa vie, de ses problèmes, de sa femme qui l’emmerdait, du rhume qu’il avait eu, de sa rencontre avec l’Impératrice. Mais rien n’intéressait Lewis. Il était décidé à rencontrer Lin. Alors il prit le chemin du centre. Il demanda à Anto où se trouvait la maison de Lin et il lui indiqua une magnifique construction entourée de murets assez hauts et gardée par ses soldats – l’une d’elle était surement la fameuse Gwen.  

« Tiens, la voilà. » commenta Anto.  

Les yeux de Lewis se tournèrent vers l’entrée de la maison de Lin. Ça devait être elle, qui sortait entourée de ses miliciennes. De loin, Lewis sut aussitôt que c’était une belle femme. Mais plus elle s’approchait, plus son cœur se noua. Au début, il crut que son imagination lui jouait des tours, comme un mirage, mais soudain il la reconnu.  

Il avait déjà rencontré l’Impératrice Lin.  

Jadis, c’est elle-même qui avait été à la tête des brigands ayant ravagé Ciel et massacré ses amis.  

Et, pour la première fois depuis longtemps, la colère enfouie au fond du cœur de Lewis se réveilla.  

 

 

Marcus Lee Bampton : Lewis  

Maria Yuen : L’impératrice Lin  

Ken Barby : Anto  

Kyle Seven : Le Vagabond  

Olivia Stuard : Halma Oli  

Lorna Hayek : Gwen

Scénario : (1 commentaire)
une série A de science-fiction (La Planète des Hommes) de Adam Troughton

Marcus Lee Bampton

Maria Yuen

Ken Barby

Olivia Stuard
Avec la participation exceptionnelle de Kyle Seven, Lorna Hayek
Musique par Sharon Ireland
Sorti le 24 mars 2029 (Semaine 1264)
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