Au coeur de la nuit, les torches de la grande cité de pierre illuminaient les bâtiments construits dans la forêt profonde, donnant l'impression qu'ils étaient faits de pierre et d'or. La cité s'apprêtait à s'endormir, ses portes allaient très bientôt être fermées. Des gardes armés venaient de prendre la relève pour la nuit, lorsqu'une silhoutte sombre s'approcha des portes. Méfiants, ils laissèrent l'ombre s'approcher d'eux, en tenant fermement leurs lances, prêts à attaquer à la moindre menace. La silhouette frêle et encapuchonnée semblait être celle d'une femme. Lorsqu'elle arriva à leur hauteur, les deux gardes croisèrent leurs lancent pour lui bloquer le passage, et lui demandèrent de se présenter. La femme redressa alors, faisant basculer sa capuche en arrière et révélant sa chevelure. Sur sa tête se dressaient de nombreux serpents qui sifflèrent et se tordaient en tous sens. Se penchant vers le premier des deux gardes, la femme laissa l'une de ses créatures le mordre, puis dans un geste vif se tourna vers le second qui n'avait pas eut le temps de réagir, et fut à son tour mordu.  

Immédiatement, les deux hommes furent figés sur place, comme paralysés par le venin des créatures. Leur peau s'obscurcit puis devint grisâtre et se fissura. En quelques instants, les deux hommes furent pétrifiés, figés sur place tels des statues protégeant l'entrée de l'antique cité, sans avoir eut le temps de lancer l'alerte. Le silence envahit les lieux, et la jeune femme rabattit de nouveau sa capuche sur sa tête pour masquer de nouveau ses traits. Tandis qu'elle avançait vers la porte encore ouverte de la cité, des bruits de pas lourds ainsi qu'un souffle rauque se firent entendre dans son dos. Un colosse de pierre (Raphael Lillard) s'approcha alors, faisant trembler le sol autour de lui, et s'arrêta juste derrière l'inconnue, sans que celle-ci ne prenne la peine de se retourner, "Nous y sommes, Méduse." lacha-t-il de sa voix caverneuse en regardant attentivement l'immense porte de la cité.  

Affichant un sourire satisfait, Méduse (Jessica Aronosky) ne répondit pas. Ce qu'elle cherchait depuis tant d'année était à présent à portée de main, à l'intérieur de cette cité. L'aboutissement de toutes ses recherches approchait. Elle profita encore un instant de cet instant, puis s'avança entre les deux battants de l'immense porte, le colosse de pierres marchant dans ses pas telle une ombre gigantesque qui la surplombait. Cette nuit allait voir la disparition de centaines de vies, de tous ceux et celles qui oseraient se dresser sur son chemin, pour l'empêcher d'atteindre son but.  

La mer s'étendait à perte de vue sous les yeux d'Océane (Lisa Edwards) qui, assise sur le sable chaud de la plage de Daytona Beach, observait silencieusement celle-ci en pensant à sa soeur. Voilà maintenant trois ans que celle-ci avait disparu dans l'immensité de l'océan, pour sauver le peuple de leur mère. Lorsque les sirènes noires avaient attaqué la ville, celles-ci ne pouvant être libérées de leur malédiction que par l'héritière du trône du royaume des sirènes, les jumelles Océane et Ondine partageant cet héritage en tant que demi-sirènes, l'une d'elle avait du faire don de sa part à l'autre afin d'en faire une sirène à part entière et que celle-ci puisse s'emparer du trône, devenant alors la nouvelle reine du royaume sous-marin.  

Ce jour là, Océane était donc redevenue une simple mortelle, perdant tout l'héritage légué par sa mère. Mais avant que sa soeur jumelle Ondine ne s'en aille avec les autres sirènes du royaume, pour échapper à tous les chercheurs qui allaient sonder les profondeurs du triangle des bermudes à la recherche des créatures qui avaient menacé la ville, celle-ci avait fait don à Océane de nouveaux pouvoirs liés à l'eau, des pouvoirs qu'elle allait devoir découvrir par elle-même. Mais Océane refusait d'y avoir recours. Pour elle cette situation était l'occasion de redémarrer une nouvelle vie à zéro, faisant table rase de son passé et de cet héritage dont elle n'avait jamais vraiment voulu, et qui lui avait déjà tant coûté. Elle était toujours hantée par la mort de son petit ami dont elle se sentait indirectement responsable, et qui n'aurait jamais eut lieu si elle n'avait pas eut ces pouvoirs.  

La jeune femme était plongée dans ses pensées lorsqu'elle en fut brusquement tirée par des cris, des appels à l'aide venant de la mer droit devant elle. Scrutant l'étendue d'eau, elle remarqua la silhouette d'une personne en train de se noyer. Sans réfléchir un instant, la jeune femme se jeta à l'eau et nagea droit vers la personne en détresse. Elle n'était plus qu'à quelques brassée du jeune homme lorsque celui-ci, épuisé et ne pouvant plus lutter contre la crampe qui était survenue sans prévenir, coula à pic. Océane plongea alors et remonta le corps de l'inconnu, puis le ramena jusqu'à la plage.  

Ce dernier avait perdu connaissance. Océane lui fit alors les gestes de secours adéquats, les répétant frénétiquement sans qu'il ne revienne à lui. Déterminée à le sauver, elle n'abandonna pas et continua son massage. Enfin, il fut pris d'une convulsion et cracha sur le sable toute l'eau qui avait empli ses poumons. Revenant à lui, il ouvrit les yeux et observa celle qui venait de le sauver la vie. Sans elle, il devinait qu'il serait mort à cette heure.  

Après quelques instants, il parvint enfin à se relever pour rentrer chez lui, et remercia Océane. Tandis qu'elle l'accompagnait, préférant ne pas le laisser rentrez seul, il se présenta à elle. Il se nommait William (Terry Fillion) et bien que n'étant pas natif de la ville, il avait grandi à Daytona Beach avec celle qui l'élevait depuis qu'il était tout petit, depuis la mort de ses parents dans le naufrage de leur bateau alors qu'ils parcouraient le monde. Il n'était encore qu'un petit enfant à l'époque, et n'avait aucun souvenir d'eux.  

C'est leur meilleure amie qui avait pris soin de lui pendant toute sa vie. Parti à l'université de journalisme en Angleterre quelques années plus tôt, il n'était de retour à Daytona Beach que depuis quelques mois. Lorsqu'ils arrivèrent enfin au pied de l'immeuble où il vivait dans un petit appartement, William remercia encore une fois Océane. Il voulait la revoir, et osa lui demander un numéro de téléphone pour la joindre. Océane hésita un instant avant d'accepter de le lui donner, elle qui depuis sa dernière mésaventure avec sa soeur jumelle rejetait toute relation personnelle, et préférait vivre seule.  

Mais William lui semblait très sympatique, et il était peut-être enfin temps pour elle d'oublier son passé et de s'ouvrir de nouveau aux autres. Après tout, c'est elle-même qui voulait redémarrer une nouvelle vie, et elle ne pourrait pas le faire sans se faire de nouveau amis, au lieu de se morfondre seule chez elle et de sans cesse ressasser le passé.  

Alors qu'elle abandonnait William devant la porte de son immeuble pour rentrer chez elle, Océane se surprit à sourire.  

La forêt amazonnienne était danse, rendant leur évolution difficile à travers la végétation. Mais les deux archéologue n'abandonnaient pas pour autant. Ils avaient dépensé toutes leurs économies dans ces recherches, ils avaient vu tous ceux avec qui ils les avaient entamées les abandonner au fur et à mesure, convaincus qu'ils courraient après un mythe. Pourtant eux étaient convaincus qu'ils allaient bientôt toucher au but, qu'ils allaient bientôt pouvoir montrer à tous ces gens qu'ils n'étaient pas fous.  

D'après leurs estimations, l'ancienne cité de Zakaara ne devraient plus être très loin. Cette cité surnommé El Dorado par les Conquistadors espagnols plusieurs siècles plus tôt, faite d'or et de pierre d'après la légende, devrait très bientôt se dévoiler sous leurs yeux, bien cachée à l'abris des arbres. Soudain, le premier des deux hommes se figea sur place. Son compagnon le supplia de continuer, ce n'était pas le moment d'abandonner ! Ne comprenant pas pourquoi il n'avançait plus, il jeta un oeil par dessus son épaule et fut comme lui cloué sur place.  

Là, sous leurs yeux, se trouvait une immense porte se dressant entre deux colonnes de pierre, et s'ouvrant sur une cité faite également de pierre. Après quelques instants, ils osèrent enfin avancer vers celle-ci, observant au passage les deux magnifiques statues qui trônaient d'un côté et de l'autre de l'ouverture. Magnifiques de détails, celles-ci représentaient deux gardes comme protégeant l'entrée. Cependant, à leurs traits on aurait dit que les deux hommes étaient terrorisés.  

Ne se souciant pas d'avantage de cela, les deux hommes continuèrent d'avancer et découvrirent alors un décors étrange. La cité entière était peuplée de statues de ce genre, qui semblaient représenter une population, comme si celle-ci avait été figée sur place, telle la population de Pompeï. Des centaines de statues se tenaient debout partout dans la cité. Quel peuple donc irait ainsi décorer sa ville ?  

Ce qui intrigua le plus les deux archéologues fut l'expression que celles-ci affichaient sur leurs visages. Toutes semblaient terrorisées, comme si on avait voulu représenter la scène d'une attaque sur une population affolée. Elles semblaient fuir quelque chose. Continuant d'avancer, les deux hommes étaient à la fois fascinés par leur découverte, et inquiets. L'atmosphère dans cette cité était loin d'être rassurante, gâchant quelque peu le plaisir de leur victoire. Car ils étaient convaincus que cette ville était bien Zakaara.  

Les archéologues avancèrent doucement vers un temple se situant en hauteur, en plein coeur de la ville, la dominant de sa présence. Il s'agissait sans doute du palais royal et ils décidèrent donc de s'y rendre immédiatement. On racontait que la cité renfermait la fontaine de jouvence, qui accordait l'immortalité à travers un perpétuel rajeunissement.  

Bien entendu, il était fort probable que tout ceci ne soit qu'une légende, mais malgré tout cette cité regorgeait de richesses et de connaissances. Alors qu'ils montaient les marches amenant au temple, les deux archéologues se sentaient de plus en plus oppressés. Ils entrère enfin dans un immense hall dont les murs étaient couverts de feuilles d'or portant des inscriptions et entourant un énorme gong qui trônait au centre de la pièce. Bizarrement, contrairement au reste de la cité, aucune statue ne se trouvait ici, comme si les lieux avaient été désertés.  

Les deux archéologues s'empressèrent de déchifrer les inscriptions aux murs, ce qui leur prit plusieurs heures, si bien qu'ils ne virent pas la nuit tomber. La lueur de la lune se reflétait sur les murs de la pièce et l'éclairait par la même occasion. Après les avoir totalement déchiffrés, l'un d'eux attrappa le bâton auprès du gong et, attendant que son ami acquiesce de la tête pour lui confirmer qu'il était prêt, il frappa le gong en suivant le rituel décrit dans les inscriptions. D'après celles-ci, cela devait ouvrir la porte de la pièce où se trouvait la fontaine. Bien que sceptique, les deux hommes se lançrent dans l'opération.  

Un coup retentit fortement, faisant vibrer les murs d'un frisson qui sembla parcourir la ville.  

Un second coup retentit, plus fort que le précédent.  

Un troisième coup retentit, et le silence se fit.  

Un long silence glaçant comme si toute la nature autour d'eux s'était tue. Les deux archéologues attendirent un instant, sans que rien ne se passe. Puis soudain, alors qu'ils s'apprétaient à quitter le hall, un bruit de pierre se fit entendre. Lorsque les deux hommes se retournèrent, ils remarquent un pan de mur qui s'ouvrait tel une porte au fond de la pièce. Après un instant d'hésitation, les deux hommes s'avancèrent doucement vers celle-ci. Le premier d'entre eux passa par la porte en tenant dans sa main une lampe torche lorsqu'un cri retentit, un cri de rage ou un ricanement, les deux hommes ne savaient pas trop de quoi il s'agissait. Toujours est-il qu'il semblait venir d'une femme.  

L'homme fit un nouveau pas en avant, et un nouveau cri retentit. Mais cette fois-ci, il s'agissait de l'archéologue qui fut pétrifié sur place sous les yeux de son ami. Voyant celui-ci soudain changé en pierre, son compagnon prit ses jambes à son cou et décampa à toutes jambes, descendant les marches du temple quatre à quatre. Il courait aussi vite qu'il pouvait dans l'allée principale de la cité, fuyant ce danger dont il ignorait jusqu'à l'apparence, mais dont il avait vu la puissance.  

Il approchait de la porte. Une fois dehors, il espérait pouvoir se cacher dans la forêt dense. Mais alors qu'il y arrivait, il heurta soudain une masse colossale se trouvant sur son chemin, tel un mur de pierre qui se serait soudain dressé devant lui.  

S'écrasant à terre, l'homme releva les yeux sur cette chose et remarqua que ce qu'il venait de heurter n'était rien d'autre qu'un immense colosse de pierre. Mais contrairement à toutes ces statues figées qui peuplaient la cité, celui-ci semblait pouvoir se mouvoir. Il attrappa alors l'archéologue par la gorge dans un grognement, le regarde fixement dans les yeux et le broya le cou d'une simple pression de la maine.  

Il leva ensuite les yeux vers le temple. En haut des marches, Méduse se dressait surplombant la cité, les yeux rivés vers l'horizon. Enfin libérée de cette prison, elle allait pouvoir reprendre sa quête interrompue des années auparavant. Elle sentait que la pierre de jouvence n'était plus là, mais elle devinait qu'elle n'avait pas été détruite.  

Rentrant chez lui après avoir passé la journée avec Océane, William tomba nez à nez avec Hannah (Ashley Brewster) qui semblait l'attendre. Celle qui l'avait vu grandir depuis toutes ces années se réjouissait de le voir ainsi vivre sa vie comme tous les jeunes de son âge, d'autant plus que la jeune femme avec qui il était devenu si proche semblait très sympatique. L'un et l'autre semblaient beaucoup s'apprécier.  

Mais ce jour là, Hannah avait quelque chose à révéler à William. Il était à présent en âge de savoir la vérité à propos de ses parents, de sa vie. D'autant plus qu'elle avait senti que le danger qui le menaçait était réveillé. Depuis toujours le jeune homme croyait que ses parents étaients morts dans le naufrage de leur bateau, expliquant pourquoi ils n'avaient aucune sépulture nulle part. Mais la réalité était tout autre.  

Assis dans le salon, William écouta avec inquiétude ce que lui raconta sa tutrice. Selon elle, il était l'héritier d'un peuple disparu, dont ils étaient les deux seuls survivants. Voilà une quinzaine d'années, la cité de pierre et d'or où vivait son peuple avait été attaquée par une créature humanoïde dont la chevelure de serpents avait la faculté de pétrifier tous ceux qu'elle mordait, et qui était secondée par un puissant colosse pierre. Venue dans leur cité pour acquérir l'immortalité et massacrer ceux qui protégeaient la fontaine de jouvence, Méduse avait tué tous ses habitants.  

Sentant la fin inéluctable de la cité, la mère de William avait alors tiré de son socle la pierre qui donnait à la fontaine de jouvence toute sa force, puis avait attiré Méduse dans le temple pour l'y enfermer avec elle. Son sacrifice permit à Hannah, la plus proche amie de la reine, de s'enfuire avec le fils de celle-ci, William, ainsi que la pierre qui devait lui offrir plus tard le pouvoir de vaincre Méduse, lorsque le temps serait venu  

Le jeune homme avait écouté sans dire un mot mais lorsqu'Hannah eut terminé son récit, il entra dans une rage folle. Il ne croyait pas un mot à tout ceci, et ne comprenait pas pourquoi celle qui l'avait élevée lui racontait soudain toutes ces sornettes. Mais alors qu'il plongea son regard au plus profond de celle qu'il considérait comme une seconde mère, il comprit qu'elle ne lui mentait pas.  

"Cette pierre que tu portes au cou depuis toujours, William, est l'héritage de ton peuple. Et aujourd'hui, le mal qui a anéanti les tiens s'est réveillé. Très vite, il saura où te trouver. Mais la pierre seule n'a aucun pouvoir. Ce n'est qu'associé au pouvoir de l'eau qu'elle pourra t'accorder le pouvoir de vaincre Méduse."  

John Hannigan (Miles Baccarin) observait la scène de crime intrigué. Dans un hangar, situé non loin de la plage sud de Daytona Beach, plusieurs corps totalement pétrifiés avaient été découverts. Ces dernières années, la ville avait déjà connu plusieurs choses étranges, mais ceci dépassait tout ce que le jeune flic avait encore vu jusque là.  

Inspecteur de police respecté, John bénéficiait d'une solide réputation. Depuis sa sortie de l'école, il avait toujours résolu les enquêtes qui lui avaient été confiées. Très impliqué dans son travail, presque trop, il avait toujours fait tout ce qui était en son pouvoir pour arrêter les criminels et les mettre derrière les barreaux. Mais cette fois-ci, il ne savait pas quoi penser de cette scène de crime.  

Etait-ce possible que l'on change un homme en pierre ? Le légiste allait devoir lui confirmer qu'il s'agissait bien de ça, et pas simplement d'une statue fidèlement reproduite comme il espérait que ça l'était. Car s'il existant dans la nature une personne pouvant changer des personnes en pierre, alors il craignait de connaître le premier échec de sa carrière. Comment pouvait-il lutter contre une telle chose ?  

Son mentor lui avait toujours dit qu'une seule enquête pouvait changer à jamais la carrière d'un flic. Elle pouvait le mener au sommet, mais aussi dans le pire enfer qui soit. A cet instant, tandis qu'il observait ces statues affichant des visages terrifiés, il réalisa à quel point les parole de celui auprès de qui il avait tout apris étaient vraies.  

Mais ce n'était pas son genre de baisser les bras. Comme à chaque fois, il allait faire tout ce qui était en son pouvoir pour découvrir qui se cachait derrière tout ça et mettre fin à ses agissements.  

Qui d'autre à Daytona Beach pouvait le faire ?...  

-- Texte co-écrit avec Kelvin Pitbull  

-- Affiche composée avec une petite aide de Gérard Cousin Prod pour la silhouette de Wave Girl