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Guards Brothers présente
Destructuration

Les gyrophares éclairaient la scène. La fraicheur de la nuit attaquait désormais les oreilles de Maggie. Le cadavre était inerte, juste devant elle. Le crâne de l’homme, et ce malgré la neige qui le recouvrait en partie, était éclaté en des milliers de morceaux sur le sol. Maggie déglutit et c’est alors que son regard s’attarde sur son collègue. Aaron Lambreaux venait d’allumer une cigarette et fumait d’un air désintéressé juste au-dessus du corps.  

C’était son premier meurtre. Elle était une bleue, elle n’avait jamais rien eu quoi que ce soit sur quoi enquêter à part des restes de vieilles affaires depuis son arrivée à la Crim’. « J’sais pas avec quoi ils ont écrasé son crâne, pour être total’ment franc. » commenta Lambreaux. Il souffla de la fumée et s’accroupit près du cadavre. Maggie ne sut quoi faire d’autre, mis à part l’imiter. Lambreaux était un homme de trente ou quarante ans, une physique svelte et au visage juvénile. Il indiqua l’une des poches de la victime et dit : « T’vois ça c’est un indice. Va me chopper des gants et un sachet en plastique, dépêche-toi. » Le soi-disant indice était un couteau-suisse que l’homme n’avait pas eu le temps de déplier pour se défendre.  

En pleine rue… comment un tel massacre a-t-il pu avoir lieu en pleine rue ?  

Elle arriva près de la voiture avec laquelle ils étaient arrivé et pris à l’intérieurs les gants et des sachets à preuve. Elle fit demi-tour et les apporta à Lambreaux ; qui ne la remercia même pas. Il déposa le couteau dans le sachet se releva. « Ma journée de travail est terminée. Occupe-toi de la paperasse, ça te fera les pieds. » Il écrasa sa clope au sol, marcha vers sa voiture et disparu dans la nuit noire.  

Maggie passa le reste de sa soirée à s’occuper des papiers concernant le meurtre. Elle dû interroger l’ensemble des policiers ayant été les premiers sur les lieux, ainsi que les envisageables témoins mais tous s’obstinaient à ne rien dire. Elle tapa un premier rapport qu’elle trouva médiocre, donc elle le réécrit une seconde fois. Ses yeux se tournèrent vers l’horloge.  

4:00  

Elle soupira. Pourvu que ça ne soit pas comme ça tous les jours. Ses heures sups n’étaient pas payées, et elle devait être au boulot dans trois heures, mais elle voulait faire de son mieux pour impressionner sa hiérarchie.  

 

« Mary, viens ici. » Les yeux de Maggie se tournèrent vers Lambreaux. Elle était crevée, elle n’avait pas dormi de la nuit. Il était avachi sur son siège et feuilletait son rapport en sirotant un café.  

« C’est Maggie, Inspecteur. Pas Mary. »  

« Peu importe. Explique-moi… » Il pointa du doigt un extrait du rapport écrit par Maggie la veille, les yeux rouges de colère. « …ça. »  

« Rien n’indique l’identité d’un suspect potentiel pour le moment ? » Elle dévisagea son collègue.  

« Tu as l’esprit vif. Aucun suspect ? Tu te fous de moi ? En pleine rue ? Il y a forcément un abruti qui a dû voir le crime du coin de l’œil… »  

« J’ai interrogé les personnes présentes. Aucune n’a rien vu. » s’expliqua Maggie.  

Lambreaux se leva d’un bond, fou de rage, et jeta le rapport sur le sol. Il partit d’un pas rapide dans la direction des toilettes. Maggie le regarda disparaître et souffla un bon coup. Cela l’étonnait elle aussi que personne n’ait rien vu, mais il devait y avoir une explication logique.  

une explication logique.  

Elle faillit tomber dans les pommes quand une voix se fit entendre derrière elle. Une voix d’homme qu’elle n’avait jamais entendu. Elle fit volteface et vit un flic qu’elle avait auparavant entrevu dans un coin des bureaux. Un vieillard probablement proche de la retraite. Il lui parlait mais ne la regardait pas. Il fixait ses collègues au loin, faisant mine de passer par là par hasard. « Si tu veux des réponses, renseigne-toi sur l’affaire Sebrowski. » Et il partit, tournant le dos à Maggie.  

Ses yeux se plissèrent. Sebrowski ? Elle ne savait même pas ce que c’était. Qu’avait-il voulu dire ? Elle aurait espéré que Lambreaux soit là, comme ça elle aurait pu lui poser la question, mais il était toujours aux toilettes, probablement à se lamenter d’avoir une nouvelle coéquipière si incompétente. Elle se tourna vers son ordinateur et fit une recherche avec comme mot clé Sebrowski dans la base de données de la police.  

Un résultat s’afficha.  

Affaire Sebrowski – Décembre 1991.  

Elle cliqua.  

Le rapport qui s’afficha sur l’écran était très court. A peine une dizaine de lignes, et une photo pixellisée. Elle se gratta la tête et lut rapidement.  

Willem Sebrowski. Retrouvé mort au croisement de la cinquante-sixième et quarantième rue le 3 décembre 1991 à 22h. Assassiné en pleine rue, retrouvé le crâne écrasé et le bout des doigts brûlé (empêchant une identification par empreinte digitale). Personne n’a été témoin des faits, et personne ne semble avoir aperçu un quelconque individu suspect.  

La victime sera identifiée à l’aide d’une tâche de naissance située au niveau de l’abdomen et des papiers retrouvés sur lui.  

Avis du légiste : l’écrasement du crâne est dû à une source inconnue, impossible à déterminer avec les moyens disponibles.  

Après dix jours d’investigation, l’affaire Sebrowski est déclarée classée.  

A côté une image, probablement celle du corps de ce Sebrowski. Mais elle était de mauvaise qualité et il était impossible de repérer des détails précis. Le cas était presque identique au sien, et malgré la neige, elle ne se souvenait cependant pas avoir remarqué des empreintes brûlées. Elle fermait la fenêtre de la base de données quand elle remarqua que le chef de la station de police arrivait vers elle d’un pas rapide. « Où est Lambreaux ? » demanda-t-il, le ton quelque peu fébrile.  

« Aux toilettes. » répondit Maggie.  

Le chef soupira. « Tu bosses avec lui, c’est ça ? » Maggie acquiesça. « Très bien. Tu lui diras que le corps d’hier c’était celui de Ray Lemingham, le guitariste du groupe The Jerking Fuckers. » Il repartit à ses occupations. Maggie avait déjà entendu le nom de ce groupe, il avait eu un certain succès il y a une dizaine d'années et depuis ne recueillait plus qu’un cercle d’adepte de punk rock.  

« Chef ? » demanda-t-elle. L’intéressé n’était qu’à quelques mètres et se retourna un instant, surpris. « Est-ce que Lemingham avait le bout des doigts brûlé ? » Il leva les sourcils.  

« Oui. On l’a identifié grâce à sa mâchoire, restée intacte - ou presque - contrairement au reste de son crâne, bizarrement. »  

 

Maggie se tenait devant la porte de l’immeuble où habitait James Rangels. Il avait été l’inspecteur en charge sur l’affaire Sebrowski. Elle sonna et une voix lui répondit à travers l’interphone. « Qui est là ? »  

« Monsieur Rangels ? Je suis Maggie James, de la Crim. J’aimerai vous parler, si vous avez le temps. »  

L’interphone resta silencieux quelques instants, puis Rangels reprit la parole : « Très bien. Entrez. » Maggie poussa la porte qui venait de s’ouvrir et monta les marches jusqu’à l’étage où habitait Rangels. Il l’invita à entrer. C’était désormais un vieillard, qui avait pris sa retraite il y a au moins dix ans. Il avait un visage marqué par la vie, cicatrisé d’un peu partout, une barbe blanche imposante camouflant une partie de ses blessures. Il ne souriait pas, il ne pleurait pas – il affichait une mine morne, inerte, comme si il était déjà mort. Ils se saluèrent et Rangels l’emmena dans sa cuisine. Ils tirèrent chacun une chaise et s’assirent l’un en face de l’autre. « Qu’est-ce qui me vaut l’honneur de votre visite, Inspectrice ? »  

« A vrai dire, je ne suis pas inspectrice… » Elle déglutit – elle ne voulait pas préciser son grade. « Je voulais vous parler de… » Ses yeux se tournèrent vers les siens, comme si elle allait lui annoncer une chose grave. « L’affaire Sebrowski. » Rangels se leva d’un bond.  

« Dégagez de chez moi. Tout de suite. » fit-il sèchement.  

Maggie resta clouée sur place, décontenancée par la réaction inattendue de l’homme. « Inspecteur Rangels, vous ne… »  

« Taisez-vous, et dégagez. » coupa-t-il.  

« Vous ne comprenez pas, j’ai eu un cas de meurtre similaire au votre, et je voudrais comprendre de quoi il en retourne ! » Cette fois-ci, Rangels ne dit rien. Il resta là, inerte, à la fixer dans les yeux. Il respirait fort, rongé par la rage probablement. Il se rassit, tremblant de toutes parts, baissant les yeux.  

« Abandonnez. Ne continuez pas. Vous allez tout perdre. » Une larme coula le long de sa joue et tomba sur la table. Qu’est-ce qu’il voulait dire ?  

« Inspecteur, que savez-vous sur l’affaire Sebrowski que je ne sais pas ? » demanda-t-elle quand même.  

Il respira profondément. « Les gens qui sont derrière tout ça, je ne sais pas qui ils sont. Ce sont des ombres insaisissables. Mais je connais celui qui a tué Sebrowski. Avalanche, c’est son surnom. Il n’est qu’un pion mais il vous mènera à ces gens. Si vous osez continuer. »  

 

Maggie poussa la porte son appartement. Elle était crevée. Plus que jamais. Tout ce qu’elle voulait désormais c’était s’étendre sur son lit et s’endormir comme une souche. Elle ferma la porte derrière elle et alluma la lumière.  

Elle faillit faire un arrêt cardiaque.  

Là, dans son salon, un homme assis sur une chaise autour de sa table à manger. Il la regarda entrer, souriant. Il devait mesurer au moins un mètre quatre-vingt-dix, sa peau était noire et il était musclé comme un buffle. Face à elle, petite et maigre, il devait passer pour un géant. « Que… »  

« Bonjour Maggie. Je suis Avalanche. »  

 

 

Chao Hành : Maggie James  

Reginald Ballard : Avalanche

Scénario : (1 commentaire)
une série Z policier (Rubicon) de Brendan Paulson

Reginald Ballard

Chao Hành
Musique par Sharon Garrett
Sorti le 30 juin 2029 (Semaine 1278)
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