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Baker Films Production présente
Travail intérieur

Cette question, au demeurant anodine, m’avait arraché un sourire :  

- Cela fait combien de temps que tu n’as pas pleuré dis-moi ? fit-elle d’un regard mêlé d’apitoiement et d’inquiétude. Je détestais ce regard, plus que tout. Amy me connaissait bien, trop peut-être et elle savait déterrer le genre d’information qui, au premier abord, pouvait surprendre mais qui au fond, venait creuser un malaise, un non-dit enfoui et bien caché au fond de soi-même. Le petit laps de temps de non-réponse venu de ma part était bel et bien significatif …  

« Quand je baille, généralement je pleure, ça compte ou pas ? » fis-je en pouffant maladroitement, accentuant le malaise qu’avait installé Amy. Je déglutis nerveusement.  

« Non, sans déconner, depuis combien de temps ? » fit-elle droit dans les yeux. Creuser le passé n’était pas bon, le présent non plus d’ailleurs d’un autre côté et je me sentais maintenant comme un con coincé dans une espèce de piège. Etais-je un lâche ? Sans doute …  

« Je ne sais pas Amy, un sacré bail … certainement » fis-je soudain sur le même ton.  

 

Je me croyais inaccessible comme garçon, secret, mystérieux et cela avait son charme, enfin je l’imaginais jusqu’a aujourd’hui. En réalité, force était de constater que je m’étais construis une muraille qu’Amy avait finalement fini par percer.  

Cette espèce de manie à toujours vouloir savoir ce qui n’allait pas chez moi m’agacer au plus haut point mais c’était cela avoir une véritable amie non ?  

Fermé comme une huitre, nous sortîmes donc du pub pour prendre l’air. San-Francisco était bondée de ses personnes pressées, obnubilées par leur boulot afin d’y être à l’heure.  

Je suis comme eux, j’étais comme eux mais ce serait sans moi aujourd’hui. Non quelque chose n’allait pas et je décidais de rentrer chez moi après avoir juré à Amy de l’appeler au moindre problème. Mais j’allais bien, enfin je le pensais sincèrement.  

 

La clé rentra dans le sillon de la serrure puis déverrouilla la porte d’entrée de mon domicile.  

Un coup d’œil sur mon répondeur et je vis le petit clignotement rouge du signal qui me disait de consulter les messages en attente. Je poussais un soupir, laborieux.  

Il s’agissait de ma mère, bien évidemment. 5 messages laissés à dix minutes d’intervalle.  

Je m’imaginais déjà les oreilles dégoulinantes de sang à l’idée d’écouter cette furie au téléphone mais au plus profond de moi, j’avais merdé et pas qu’un peu.  

Ma fille était à l’école en ce moment-même et elle logeait chez mes parents, en alternance avec ceux de Marie, ma femme enfin mon ex-femme dorénavant.  

Le temps n’était pas de la partie aujourd’hui, le gris ambiant faisait peine à voir et je ne cessais de ressasser cette connerie, fatale à notre couple.  

J’avais trompé ma femme, et dans un état d’ébriété avancé je m’étais laissé aller à cet acte impardonnable alors que j’étais fragile et manipulable. Largué aussi mais cela, c’était trop compliqué pour le faire comprendre et être compris.  

 

Pas de planning aujourd’hui. Rien de prévu. Surtout ne rien prévoir et réfléchir afin de prendre une décision. C’était cela le fond du problème.  

Il y avait ce proverbe à la con mais qui reflétait tellement ma situation que cela en devenait dingue. Un fou rire me prit alors je me trouvais seul chez moi. L’écho de ma voix me fit froid dans le dos … « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » …  

Nom de dieu c’était tellement ça.  

 

Les pages de l’album photo tournaient, et les souvenirs jaillissaient comme cette odeur de livre fermé depuis trop longtemps.  

Moi jeune. Moi et mes parents. Moi moins jeune. Moi, ma femme et ma fille. Ma famille. Fin de l’album et je me retrouvais maintenant seul, de nouveau.  

Des gouttes de pluie se mirent à tomber. Le temps n’était pas non plus de la partie.  

« Pourquoi tu ne pleures pas ? » fis-je à moi-même alors que je restais planté devant la baie du salon donnant sur le balcon.  

Quentin me l’avait dit il y avait quelques années : on parlait souvent de la crise que la quarantaine mais qu’on le voulait ou non, un changement survenait vers cette période. Fallait croire que c’était une connerie sortie de nulle part. Mon meilleur pote était passé par là en changeant complètement d’orientation professionnelle. J’y apportais donc un autre regard, sur ce jugement préfabriqué.  

Fallait-il donc y voir un signe avec ce qui m’arrivait en ce moment ? Oui, indéniablement.  

Je me mis à masser mes tempes alors que la pluie redoublait d’intensité au dehors.  

 

Vivre un amour intemporel pendant plus de vingt ans, concrétiser avec la naissance d’une merveilleuse fille pour finalement s’apercevoir que sa meilleure amie vous connaît mieux que personne. Devinant même vos pensées sans que vous ayez à déblatérer. Il y avait de quoi se poser des questions sachant qu’Amy avait sa part de responsabilité là-dedans.  

Elle avait profité de moi, sans aucun doute.  

 

J’avais besoin de prendre le large, pendant quelque temps et contre toute attente je composais un numéro de téléphone.  

 

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Boost Films Production  

vous a présenté  

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TRAVAIL INTERIEUR  

 

Un film écrit produit par Baker Stoecklin  

 

Réalisation : Enzo Vitali  

Musique composée par Laila Sansel  

 

Casting :  

Axel Winthorp dans le rôle principal  

Sabrina Sbrizi dans le rôle de Amy  

Lucas Gueye dans le rôle de Quentin  

Margot Edwards dans le rôle de Marie  

 

 

Scénario : (1 commentaire)
une série A sentimentale de Enzo Vitali

Axel Winthorp

Sabrina Sbrizi

Lucas Gueye

Margot Edwards
Musique par Leila Sansel
Sorti le 25 août 2029 (Semaine 1286)
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