Aéroport de Douvre, décembre 1940  

les sirènes se mirent à hurler, c'était déjà la troisième fois en 24h seulement que l'aéroport militaire de Douvre se mettait en alerte. Plusieurs bombardiers allemands avaient été aperçus au large des côtes française. Leur direction était toujours la même, le Royaume de sa majesté Elizabeth II. Jamie Calloghan (John Mears) resserra son couvre-chef en cuir, testant les différents instruments de bord et la portée effective de sa radio tandis que les moteurs de son Spitfire première génération se mettait à vrombir. Il prit la photo de sa fille Diana (Earinn Stone) dans la main et l'embrassa avant de la coincer sur le bord du baromètre atmosphérique. Il enclencha les gaz. Sur le flanc de chaque Spitfire se trouvaient des marques blanches désignant le nombre de victimes, celles de Jamie étaient encore fraiches. Des trainées de peintures blanches pas suffisamment sèches furent emportées par la vitesse du décollage.  

Rien d'important, il connaissait avec précision le nombre d'avions qu'il avait abattus ainsi que leur type. Il y avait sept messerschmidt 109E, deux messerschmidt 110, trois stuka et ce en seulement cinq batailles aériennes. Un as en devenir.  

Au dessus de la manche  

Ulrich Von Karelia (Franck Elioth) appréciait la douce manœuvrabilité du prototype que la Luftwaffe avait confié au "Blutt Baron" tel qu'on le surnommait. Il s'était fait un nom comme étant l'un des plus talentueux aviateur du troisième Reich, mais ses capacités se trouvaient freinées par les faiblesses du messerschmidt 109E. Le "nez jaune" tel qu'on l'appelait, manquait de puissance et de manœuvrabilité même si son armement était très efficace, l'agilité des spitfire faisait presque toujours la différence.  

"Le fürher a un cadeau pour vous" lui avait dit le feldmarshal. C'était la version G du messerschmidt, bien mieux profilé pour le vol à grande vitesse et les attaques de grande nervosité. Ce prototype offrait la puissance double de la version E et une manoeuvrabilité incroyable. C'était l'élément surprise de la bataille qui était sur le point de se dérouler. Ulrich profiterait du soleil de 17h dans le ciel pour être masqué. Puis il surgirait de ses hauteurs à grande vitesse afin de prendre l'escadrille ennemie de revers. Il pouvait déjà les remarquer à l'horizon, lui qui était alors parfaitement dissimulé par l'éblouissement du soleil.  

"Johnny, avec moi pour les prendre de biais" annonçait Jamie à la radio tandis qu'il se déportait sur la droite, dissimulant la manoeuvre au travers d'un tapis nuageux. Le combat était sur le point de s'engager pour l'escadrille principale et les premières secondes seraient décisives. Il prenait soin de donner de bonnes directives à son jeune ailier. L'idée était ici de surprendre les chasseurs allemands.  

Les tirs précis transpercèrent deux d'entre eux, leur moteur crachant de la fumée noire et chutant rapidement sans possibilité de se redresser. La voie était libre pour se ruer sur les bombardiers tandis que les autres chasseurs allemands seraient aux prises du reste de l'escadrille.  

"Il n'y a que trois bombardiers, ce sera vite fini, fais juste attention à leur mitraillette de queue."Cependant, les grésillements de Jamie dans la radio furent interrompus par une série de "mayday" provenant de ses compatriotes.  

Un messerschmidt sombre avait surgi de nulle part à très vive allure, prenant de vitesse l'ensemble de l'escadrille en les canardant dans le dos. Les carrelingues de trois spitfire et deux hurricane avaient volé en éclat. Ce fut un tel carnage que Johnny et Jamie comprirent qu'ils étaient les seuls survivants.  

La bataille était un échec pour Jamie et leur seule possibilité de battre en retraite fut de s'éloigner impérativement des bombardiers et chasseurs allemands, cependant, le messerschmidt sombre les rattraperait sûrement.  

"On a pas d'autre choix que de l'afronter et le ralentir Johnny." Les deux spitfire se séparèrent de concert pour exécuter une attaque sur les deux flancs du messerschmidt. Johnny fut le premier à tirer, de trop loin malheureusement. La nervosité et la manoeuvrabilité de l'avion enemi lui fut supérieur. L'avion ennemi piqua du nez pour prendre de la vitesse et ensuite remonter vivement sur le spitfire de Johnny dont le moteur explosa en gerbes de flammes. Jamie avait anticipé cette sinistre manoeuvre, le sacrifice de son acolyte ne serait pas vain. Une courte rafale, très précise. Il avait atteint sa cible.  

"Scheise !... Continuez la mission, je m'occupe du dernier survivant." gueulait Ulrich à la radio tandis qu'il s'éloignait de la zone de combat, toujours suivi par Jamie, plus déterminé que jamais. Son moteur avait été atteint et avait été fortement réduit en capacité. C'était soit un coup de chance, soit un excellent pilote qui manoeuvrait le manche de ce spitfire. Mais le prototype avait toujours un avantage de vitesse qui le faisait prendre de la distance sur son poursuivant. Ils se trouvaient au large de la mer du Nord désormais après plus d'une heure de vol, non loin du point de non-retour pour le spitfire qui devra abandonner sa course prochainement. Une victoire détestable aux yeux d'Ulrich.  

Soudain, c'est la défaillance généralisée. Le moteur s'arrête et les circuits électriques ne répondent plus, tous les capteurs sont faussés. Seul le manche réagit encore convenablement. Jamie découvre alors que l'avion ennemi redescend anormalement et perd de la vitesse, l'occasion rêvée pour prendre sa revanche avant de repartir pour le Royaume. Mais la défaillance généralisée le touche également quelques secondes après, la seule solution fut également d'envisager l'amerissage. Le choc risquait d'être violent mais tout était prévu pour qu'il y survive. Il enfila dans la hâte son gilet gonflable alors que la surface de l'eau s'approchait dangereusement. Il pu voir le messerschmidt amérrir dans de gigantesques gerbes d'eau, quelques secondes avant que ce soit son propre tour.  

Une gorgée salée et suffocante. Ulrich fut le premier à revenir à lui en toussant. Le choc avait expulsé son siège hors de l'habitacle qu'il avait entreprit d'ouvrir manuellement en plein vol. Mais il n'était pas seul, perdu dans cette mer froide. Le gilet orangé du pilote anglais n'était pas loin, il pouvait l'abattre à cette distance. Il tâta son équipement, pas d'arme. L'anglais en avait peut-être sur lui. En quelques minutes, sa main balladeuse tâtait l'équipement de l'anglais, ce qui le réveillant. Le sanguin lieutenant Calloghan répondit d'un vif coup de poing avisé. Tous deux commencèrent alors à se battre, s'insultant l'un l'autre dans leurs langues respectives et buvant quelques gorgées d'eau salée au passage. Ils ne réalisèrent même pas que d'étranges remous secouaient la mer jusqu'à ce qu'ils sentirent une surface plane heurter leurs pieds et remonter à la surface.  

"Eine U-boat ?!" s'esclaffa Ulrich tandis que Jamie regardait, effaré, la taille du bâtiment.  

"C'est un de vos vaisseaux, nazi ?" hurla-t-il de rage, se croyant cette fois pris de malchance. Mais le pilote allemand secoua la tête. Une sueur froide parcourut Jamie et Ulrich qui ne savaient ni l'un ni l'autre de quoi il s'agissait.  

Les deux ressentirent alors une forte décharge électrique les étourdissant au point qu'ils s'évanouissent. Leur tête se laissant baloter par les flots.  

"Emmenez-les dans le bâtiment sur le champ et préparez la plongée" ordonna une voix féminine. Dans un sursaut de conscience, Jamie vit deux bottes qui le trainaient à l'intérieur du sous-marin.  

L'alarme de plongée sonnait, le bâtiment de 320mètres de longueur plongeait de nouveau. La voix féminine principale donnait d'autres ordres encore, parlant de camouflage, de dissimulation magnétique, de silence moteur. Puis elle pu enfin tourner les talons, face à une plus jeune femme qui s'adressait à elle avec un regard légèrement inquiet.  

"Général Zatava, la légion Mithril n'est-elle pas sensée éviter toute intervention inutile dans cette guerre ?"  

Le général (Jessica Aronosky) se retourna, son visage dur toisait de manière impressionnante la scientifique (Anna Vodianova) qui lui parlait avec un ton que tout militaire n'aurait pas supporté, mais ce n'était pas une militaire, elle n'avait pas à suivre la hiérarchie.  

"C'était nécessaire, le système de camouflage n'est pas encore effectif pour les visions aériennes. Ils nous avaient peut-être aperçus et cela ne nous laissait que deux choix pour ces deux hommes. Les abattre à vue ou les neutraliser. J'ai opté pour la neutralisation, désormais ils pourront décider de nous rejoindre... ou bien..." mais le général ne désirait pas terminer sa phrase.  

"Ou bien mourir, c'est bien ça ? Cela va à l'encontre des valeurs de la légion Mythril. Ce ne sont ni des criminels, ni des tyrans. Sachez que je devrais en référer à ma supérieure."  

La supérieure scientifique, une vieille femme expérimentée (Adrienne Fishburne) qui mettait un point d'honneur au respect de l'éthique et des valeurs de la légion. Elle avait un pouvoir important sur la légion Mythril et risquait de se mêler de la situation tôt ou tard... Mais ce ne serait qu'au retour de l'opération en cours.  

Cet ordre avait été fondé en 1935 par l'association secrète de scientifiques et mercenaires militaires. La légion Mythril devint rapidement une légion militaire indépendante, les seuls à s'être réellement préparés à la guerre inévitable qui s'organisait en Europe. Leur but premier : éviter les conflits et les drames que ceux-ci provoquent. Cette légion avait reçue des subventions secrètes de la part des grandes puissances et même des nazis, ceux-ci croyant y voir l'opportunité d'acheter une force armée.  

Si la Légion Mythril ne pouvait éviter les guerres, ils pouvaient réduire les drames en se focalisant sur la destruction ou l'accaparement des armements avancés. Si le sous-marin Destinée s'était aventuré en mer du Nord en direction de la mer baltique, c'était pour intercépter l'un de ces premiers dangers de destruction massif. Le Bismarck, un spectaculaire navire de guerre dont l'équipage scientifique travaillait sur de nombreux prototypes dont une forme de bombe utilisant des matériaux fissibles.  

Les origines russes du général Zatava lui donnait un air très dur, mais elle avait un flair et un instinct exceptionnel pour cerner les individus. En entrant dans la pièce où se trouvaient les deux aviateurs, ceux-ci tournèrent le regard vers elle, pieds et mains attachés à leur chaises respectives. Elle ne doutait pas que l'anglais rejoindrait les rangs, mais ce ne serait peut-être pas le cas de l'allemand. Peut-être changerait-ils d'avis lorsqu'il verraient l'avancée scientifique de la légion Mythril.  

"Qui êtes-vous ?" demandèrent de concert l'anglais et l'allemand dans leurs langues respectives. Elle esquissa un petit sourire avant de répondre.  

"Je suis le silence. Je suis l'ombre. Je suis l'invisible. Je suis la force du Destin. Et vous, j'ai le regret de vous dire que vous êtes morts." Elle tira une bouffée sur sa cigarette et en exhala la fumée devant l'incompréhension des deux aviateurs avant de rajouter. "Du moins, morts aux yeux des autres car je compte vous faire une proposition que vous ne pourrez pas refuser."  

_______  

L'Ordre Mythril est une inspiration libre issue du manga / animé "full metal panic".