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Baker Films Production  

Présente  

RESTLESS SLEEP  

(Sommeil agité)  

Un film écrit par Baker Stoecklin et réalisé par Stuart O’Gridy  

Avec Chris Heath (dans le rôle de Jack Biggles), Marlenne Somers (dans le rôle de Jenny Biggles), Vincent Doyle  

La musique est composée par Leila Sansel  

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La nuit était tombée malgré tout, les kilomètres défilaient, longuement et sans encombre. D’un œil torve, Jack Biggles jeta son dévolu sur cette pleine lune apparaissant au travers des nuages voguant à vive allure dans ce ciel d’un noir d’encre.  

Un frisson lui parcouru l’échine soudainement, l’astre lunaire lui avait tout l’air d’un œil malfaisant et le conducteur de la Buick repris sa concentration.  

Au fond de lui-même, Jack avait cru l’espace d’un instant pouvoir échapper ce à quoi il devait se soumettre mais force était de constater que le destin devait amener parfois à faire des choix draconiens, voire définitif. Quitte à y laisser sa peau. Mais pas la sienne en l’occurrence.  

Ses mains crispées sur le volant le firent souffrir. Endoloris, Jack grimaça tout en se conditionnant pour ne pas réveiller Jenny, son épouse, enfin endormie.  

« … Frapper … encore et encore, sans la moindre hésitation, où c’est toi qui y passera … »  

Celle-ci s’était tant bien que mal recroquevillée sur le siège passager, penchée contre la vitre … dormant du sommeil du juste. Le ronron singulier de la voiture qu’entretenait Jack depuis des années y était sans doute pour quelque chose. Elle appartenait à son père et comme lui, il s’était pris d’une passion dévorante pour bricoler, lustrer et entretenir sa voiture. La mécanique, une histoire de famille. Cela fit sourire Jack l’espace d’une seconde, se rappelant effectivement que son père lui avait raconté que tout le monde sans exception ne résistait à l’appel du sommeil dans cette bagnole et c’était vrai. Son père lui rappela le nombre de fois où il s’était endormi dans l’habitacle, confortablement installé dans son siège bébé lorsque Monsieur ne daignait pas laisser ses parents tranquilles en pleine nuit.  

« Un putain de sédatif à 4 roues » susurra Jack à lui-même. Jenny remua, soudain, agitée dans un sommeil plus agité qu’il n’y paraissait, malheureusement. Des geints monta de sa gorge et Jack déglutît nerveusement tout en apposant sa main tendrement.  

« Chut …. Chérie du calme … calme … pas maintenant, par pitié. Rendors-toi » et cette dernière, se détendit, toujours plongée dans un sommeil profond.  

Jack apposa sa main de nouveau sur le volant. Son cœur était plus vivant que jamais, les battements de ce dernier clamaient un stress qu’il essayait de juguler tant bien que mal.  

Du sang coagulé. La paume de sa main était couverte de sang.  

Jenny avait subi de plein fouet l’agression, elle n’avait rien vu venir. Contrairement à Jack, qui lui avait eu juste le temps d’écarter violemment son épouse pour la libérer de ce poids, mort malgré tout.  

La force émotionnelle de ce qu’il avait dû effectuer pour tenter tout du moins de sauver sa femme aurait des conséquences graves, Jack le savait. Il lui tardait seulement que cela n’arrive que le plus tard poss…  

Un hurlement rauque le coupa net dans ses réflexions. L’adrénaline gicla dans le sang de Jack, le peu de sang-froid qu’il avait gardé jusque là l’abandonna à cet instant précis. Instinctivement, il scruta attentivement Jenny qui réajusta sa position sur le siège, elle fronçait les sourcils dans son sommeil animé de soubresauts. Les globes oculaires roulant derrière ses paupières.  

La pauvre était dans un état inquiétant, elle avait perdu beaucoup de sang. Mais il avait cru bon devoir faire ce qu’il fallait pour que tout se passe comme ils l’avaient décidé. Il le fallait.  

« … et merde … »  

Il tourna soudain frénétiquement sur le bouton « Marche » de l’auto-radio en vain …  

« Allez .... Tu vas marcher bordel ! » Lâcha t’il dans l’habitacle. Après plusieurs tentatives, il frappa sèchement l’autoradio qui balança soudain à haut volume du bruit blanc en continu ! Jenny hurla, se réveillant, agrippée à sa portière « Jack ! ».  

Cela couvrit un autre hurlement rauque, plus vindicatif cette fois-ci, accompagné d’un coup fort dans la voiture.  

Jenny se releva difficilement sur son séant tout en se tenant l’épaule gauche. Elle était faible, mais néanmoins ses yeux ne trahissaient en rien la situation dans laquelle le couple se trouvait et la raison pour laquelle elle vit son mari Jack concentré, en larmes également, slalomer sur la route à pleine vitesse, en direction dans leur maison de campagne.  

Les panneaux indicateurs indiquaient encore une trentaine de kilomètres à parcourir. Voitures et autres corps décharnés et boursouflés gisaient ça et là sur le bitume défoncé. Une vision d’apocalypse.  

C’était déjà en soi quelque chose d’effrayant mais au fond tout cela n’était rien pour Jack et Jenny. Elle comprit immédiatement pour la radio. Jack était un bon mari, prévenant puis ne tenant plus elle le vit, toujours état de semi-conscience, éclater en sanglot.  

Des coups forts pleuvaient maintenant dans la voiture et résonnaient, décuplaient par la carcasse de métal.  

Jack regarda sa femme puis se fendit d’un sourire des plus tristes qu’elle n’avait encore jamais vu chez son mari  

« Va falloir que je dise à papa que la Buick ne fait plus effet malheureusement … »  

Jenny lui rendit son sourire, puis tendit son bras lentement pour prendre le fusil qu’ils avaient pris avant de partir. Celui du père de Jack.  

C’était irrémédiable mais il le fallait. Une décision prise d’un commun accord alors que tout ce qui les entourait était en train de mourir. Epidémie ? Mutation ? Peu importait désormais.  

La Buick freina brusquement ! Jack écrasa la pédale de frein. Devant eux se tenait un carambolage monstre, bloquant la voie sur toute la largeur de la route.  

Le couple Biggles n’irait pas jusqu’à leur maison de campagne près de San-Francisco pour finaliser leur acte, symbolique. Le destin en avait décidé autrement. Jack frappa le volant de toutes ses forces ! puis se retourna tandis que les coups dans le coffre ne cessèrent. Ce dernier se trouvait maintenant bosselé. Sur le siège arrière se trouvait un siège enfant, vide … Celui de Nathan. L’enfant de Jack et Jenny Biggles.  

Si la Buick n’était pas parvenu à endormir Nathan, devenu fou et atteint d’un mal étrange, alors ce serait ses parents qui tenteraient de l’endormir, définitivement.  

Jack embrassa tendrement sa femme, tout en caressant ses cheveux puis ouvrit sa portière, fusil chargé à la main. Il claqua la portière. Les borborygmes dans le coffre cessèrent.  

« … Pa..Pa …. Mam…an … » Ses quelques paroles sortirent laborieusement d’une voie d’enfant, normale au premier abord.  

Le cauchemar pour Jack et Jenny ne faisait que commencer …