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Drexl Production présente
Moving Forward

"Il est minuit passée et la lune est pleine..."  

 

Les paupières de Spencer cherchent à se fermer malgré toute la concentration dont il essaie de faire preuve. Il n'y a rien à faire. Il faut qu'il dorme et qu'il reprenne tout ça au matin, une tasse de café à la main. Ça ne sert à rien de se donner du mal. Quoique...  

 

"Le vent soufflait en douce rafale sur le sable blanc de la plage, balayant..."  

 

Spencer cherche son mot. Il ne le trouve pas. Il supprime la phrase et fixe l'écran blanc qui lui fait mal aux yeux. Il est crevé. Spencer ferme son portable d'un mouvement sec et rejoint sa chambre. Il s'affale sur son lit, le visage contre son oreiller moelleux. Demain, ça lui viendra.  

 

...  

 

Sept heure. Une belle heure pour se réveiller. Spencer s'étire tout en se rendant à la cuisine. Il part la machine à café. Un bon colombien lui fera le plus grand bien. Tandis que sa tasse se rempli, il fixe son panier de fruits sur le comptoir. Hier n'a pas été une bonne journée. Aujourd'hui, ce sera différent. Il le faut. Spencer prend une banane et l'avale en trois bouchés. Son café à la main, il rejoint son bureau et allume son portable.  

Toujours cette même page blanche.  

Spencer se demande s'il est possible de changer la couleur de fond du bloc-note.  

Il s'assoit, prend une gorgé.  

 

"Une pluie diluvienne s’abattait sur la ville et les citadins cherchaient par tous les moyens à se mettre à l'abri. Kyle se tenait debout sur le trottoir, indifférent tandis que des gens couraient autour de lui..."  

 

Hum. Pas mal. Mais pourquoi est-il indifférent ? Encore une fois, Spencer éprouve des difficultés. Il ne sait pas du tout où il veut aller. Il jette un coup d'oeil sur son bureau. À droite, "Terre et Fondation" d'Asimov. À gauche, "Gagner la guerre" de Jean-Philippe Jaworsky. Au milieu, sur son écran, rien du tout. Toujours cette foutue page blanche.  

Spencer prend une longue lampée de son café.  

Il se lève et retourne dans sa chambre. Il ouvre le tiroir de sa table de chevet, prend le revolver qui s'y trouve, pose le canon contre sa tempe et appui sur la détente.  

 

"Clic!"  

 

Ouais. Ça, il sait faire. Il n'hésite pas.  

 

Spencer rejoint la cuisine, ouvre le panneau dissimulant sa réserve d'alcool.  

Aujourd'hui, ce sera le whisky.  

 

***  

 

L'homme marche d'un pas lent et assuré dans le couloir, les bras le long du corps. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres minces tandis qu'il approche inexorablement de la porte qui vient de se fermer à la volée. De l'autre côté, il entend la femme qui sanglote, tentant en vain de ne pas faire trop de bruit, comme si l'homme ne l'avait pas vu se réfugier dans cette chambre. Celui-ci pose sa main sur la poignée et tourne. Verrouillé. Il donne un coup d'épaule. Puis un deuxième. C'est finalement le troisième, le plus puissant, qui vient à bout de l'obstacle. La femme pousse un cri strident. Elle est recroquevillée dans un coin de l'autre côté du lit et tient un téléphone à la main. "Aidez-moi, je vous en supplie" braille-t-elle à l'attention des services d'urgence.  

L'homme s'avance vers la femme avec une lenteur délibérée, contournant le lit pour venir se placer juste devant elle. Il peut distinctement entendre la voix de la standardiste qui demande plus de détails, notamment l'adresse.  

La femme, terrorisée, complètement vidée de ses couleurs, laisse tomber le combiné sur ses genoux. Des larmes coulent sur ses joues, emportant une bonne partie de son mascara et lui donnant un air macabre. "Voilà qui est approprié", pense l'homme.  

Il sort de son veston au gros couteau de boucherie et, le sourire toujours aux lèvres, il le plante d'un geste violent dans le sternum de la femme. Elle émet un hoquet de surprise et de douleur et perd conscience lorsque l'homme retire doucement la lame. Il jette ensuite le couteau sanglant sur les draps immaculés du lit et quitte les lieux, toujours d'une démarche lente et pleine d'aisance.  

 

*  

 

Il y a des empreintes partout sur la scène de crime. Les poignées de portes et la table de la cuisine en sont couvertes. Le couteau de boucherie retrouvé sur le lit à proximité de la victime en est garni lui aussi. Deux empreintes différentes ornent l'arme ayant porté l'unique coup fatal à Diane Floyd. Après avoir pris plusieurs photos, la lame est emballé dans un sac en plastique pour l'apporter au laboratoire et compléter les analyses. On fait la même chose avec la dépouille assez rapidement. Tout le monde est d'accord pour dire qu'il s'agit d'un assassinat ayant eu lieu dans la chambre, exactement là où on a retrouvé le corps.  

 

Dans le salon, Ann Floyd pleure tout en répondant à quelques questions des enquêteurs. Elle n'arrive pas à comprendre pourquoi on a enlevé la vie à sa jeune cousine d'une façon aussi brutale. Elle n'avait aucun ennemi. Tout le monde l'adorait. Elle était un petit rayon de soleil, toujours joyeuse, toujours souriante et prête à aider les autres. Ça ne fait aucun sens. Elle a été la victime d'un fou qu'elle ne connaissait pas, Ann ne voit que cela.  

L'enquêteur aux doigts jaunis la remercie et il lui tend une carte en lui demandant de l'appeler si quelque chose lui revient à l'esprit. Ann acquiesce silencieusement, essuyant ses larmes avec un mouchoir. Elle doit avoir l'air affreuse.  

Elle quitte alors la demeure en la laissant aux bons soins des policiers qui terminent l'analyse des lieux. Elle embarque du côté passager dans la voiture qui l'attend dehors depuis un bon moment. L'homme au volant lui jette un regard sans expression. Pourtant, sur ses lèvres minces, Ann Floyd perçoit un très léger début de sourire. Elle passe un main sur la joue du conducteur et s'étire pour l'embrasser, mais il tourne la tête vers l'avant pour l'en empêcher. Ann fait une moue et reprend place sur son siège. "Allons-y alors", dit-elle d'un ton contrarié.  

 

*  

 

Spencer fume sa vingtième cigarette de la journée. Il a un goût de cendrier en permanence dans la gueule mais il est incapable d'arrêter. Chaque fois qu'il essaie, il faut qu'il tombe sur une scène de crime qui lui file la nausée.  

Spencer à le coeur solide mais il a horreur de voir des cadavres de femmes. Les jeunes sont les pires. Il ne les supporte pas.  

Une fois, il avait découvert lui-même les corps tailladés de trois gamines de sept ans. Il avait vomit tout le contenu de son estomac et fumé une soixantaine de cigarettes cette journée là, en plus de se prendre une cuite monumentale le soir venu. Six mois plus tard et une thérapie derrière la cravate, il était parvenue à reprendre le boulot.  

 

La scène d'aujourd'hui, Spencer l'encaisse difficilement. C'est pour ça qu'il reste dehors, assis sur les marches qui mènent à l'intérieur du poste. Il se moque bien des jugements qu'on peut porter à son encontre. Il est humain et il a une faiblesse. Il est normal, quoi.  

 

Le lendemain, Spencer est réveillé par son bipeur alors que le soleil commence à peine à se montrer. Son patron lui a envoyé une adresse. Il doit s'y rendre, ASAP.  

Spencer s'étire tout en se rendant à la cuisine. Il part la machine à café et retourne s'habiller d'un complet un peu banal digne du petit détective qu'il est. Ayant versé le café dans une tasse isotherme, il sort et embarque dans sa voiture, prenant la direction indiquée. L'adresse est à une quinzaine de minutes de route. Une pluie diluvienne s'abat sur la ville tandis que le soleil est maintenant complètement visible à l'horizon. Dans son rétroviseur, Spencer peut voir un bel arc-en-ciel sur le fond de nuage gris. Une vision agréable qui réconforte l'enquêteur avant de faire face à une nouvelle scène d'horreur.  

Son téléphone sonne. Spencer répond à son patron qui à l'air survolté. "J'ai une nouvelle adresse pour toi. 728 Sheppard. Des voitures de patrouilles y seront bientôt. J'ai besoin que tu prenne les choses en main là-bas jusqu'à ce que j'arrive. Y'a au moins un otage dans la maison avec un homme armé. Tu te sens apte ?"  

Ouais. Une autre journée qu'il n'oubliera pas de sitôt.  

Spencer allume les gyrophares et la sirène de sa voiture de service avant de faire demi-tour à toute vitesse, faisant crier les pneus et s'attirant quelques coups de klaxon.  

 

Quatre minutes plus tard, Spencer arrive sur les lieux. Le 728 Sheppard est une maison ordinaire à un seul étage. Rien de très chic. C'est un quartier résidentiel qui prend de l'âge. Trois voitures de patrouilles sont déjà sur place, stationnées devant la demeure. Certains agents ont déjà commencé à faire évacuer les voisins immédiats alors que les autres sont à l'abri derrière leurs voitures, hésitants à sortir leurs armes de service. Spencer se joint à eux pour prendre des nouvelles. "Du mouvement à l'intérieur?".  

-"J'ai vu les stores s'écarter quand on est arrivé, c'est tout", lui répond un jeune agent.  

-"Vous avez essayé d'entrer en contact?"  

-"Non monsieur. On vous attendait."  

"Chouette", pense Spencer. "J'ai l'air d'un expert?"  

 

Des coups de feu se font soudainement entendre dans la maison. À l'intérieur, une femme pousse un cri.  

"Et merde. Suivez-moi et sortez vos pistolets".  

Spencer s'élance en courant vers la maison et défonce la porte d'un violent coup de pied, pénétrant à l'intérieur suivit par deux agents. Un rapide coup d'oeil lui permet de constater des impacts de balles dans le mur du salon. Spencer passe à la cuisine. Le corps d'une femme git sur le plancher, inanimé. Il y a du sang.  

Un bruit arrive aux oreilles de Spencer. Celui-ci se déplace rapidement en direction de la source. Dans la salle de bain, un homme essaie de faire passer une autre femme par la fenêtre. Lorsque l'enquêteur lui donne l'ordre de mettre les mains en l'air, l'homme se retourne rapidement, plaçant la femme entre le policier et lui, une arme braquée sur sa tête. En voyant le visage terrifié de la jeune femme, Spencer n'hésite pas un instant. Il fait feu.  

La femme s'écroule, touchée à la tête.  

L'homme n'affiche aucun signe de surprise. Son regard est sans expression, mais sur ses lèvres minces se dessine un léger sourire.  

 

Sous le choc, Spencer retourne son arme vers lui, appuyant le canon contre sa tempe.  

 

"Clic!"  

 

Deux agents le plaquent brutalement contre le montant de la porte et foncent sur l'homme qui ne résiste pas. Ils le désarment et le projettent au sol, lui passant les menottes, avant de le relever brutalement pour le sortir de la salle de bain.  

 

Spencer reste là, à genoux, la bouche ouverte et le regard vide  

"Qu'est-ce qui s'est passé bon sang?". C'est la dernière chose qu'il entend clairement avant de s'effondrer sur le carrelage.  

 

***  

 

On frappe à porte. Spencer, couché sur le divan, lâche un grognement. Un filet de bave lui coule entre les lèvres. On frappe à nouveau, avec plus d'insistance. "Foutez le camps", lance Spencer d'une voix plus faible qu'escomptée.  

Une minute passe, puis à nouveau, des coups de poings contre la porte. "Fils de..."  

Spencer se lève d'un mouvement maladroit. Son corps n'apprécie pas la manœuvre. Il voit des étoiles, des points noirs. Il a un mal de crâne historique, ce matin. Il se dirige péniblement vers la porte en lançant quelques imprécations à voix basse. Il n'est vêtu que d'un vieux caleçon blanc mais il s'en fiche. Il ouvre la porte, affichant son air le plus mauvais.  

"Putain de merde, c'est pas trop tôt".  

Une femme encore assez jeune entre dans la demeure de Spencer sans attendre d'y être invité. Marchant avec détermination vers la table de la cuisine, elle y dépose un dossier et commence à le vider de son contenu, étalant des documents et des photos dans un ordre apparemment bien réfléchi. Elle se met à parler rapidement alors que Spencer se tient toujours près de la porte qu'il vient de refermer d'un geste au ralenti.  

Doucement, il s'étire tout en se rendant lui aussi à la cuisine. Il part la machine à café.  

"Vous m'écoutez au moins?"  

"Pas vraiment. Z'êtes qui ? Vous vendez quoi ?"  

Spencer n'a pas la force de réfléchir et encore moins de reconduire la femme vers la sortie. Tandis que sa tasse se rempli, il fixe son panier de fruits sur le comptoir. "J'ai plus de banane", pense-t-il.  

"Je m'appelle Judy. Judy Floyd. Ça vous sonne une cloche ?"  

Évidemment.  

 

Judy Floyd, c'est cette jeune fille qui s'est pris une balle dans le bide et qui a survécut contre toute attente. C'est aussi la soeur d'Ann Floyd, victime de la capacité étonnante de Spencer à ne pas hésiter.  

 

"Vous venez pour me faire la peau ? Bonne chance."  

La voix de Spencer est tout sauf menaçante. Cela fait des années qu'il tente de mettre fin à ses jours, sans résultat. Peut-être que Judy Floyd est la solution à tous ses problèmes...  

"Je sais que vous êtes dans un sale état et c'est pour ça que je suis là. Roy Dietrich a été libéré hier. Je crains qu'il lui passe l'envie de finir le boulot et j'ai donc besoin de vous pour le supprimer."  

"Qui c'est Roy Dietrich ?"  

Spencer à beau se creuser la tête, ça ne fait qu'éveiller davantage sa migraine  

"Bon sang, vous êtes vraiment dans les vapes. Roy Dietrich est l'homme que vous n'avez pas tué. Le type qui m'a tiré dessus et qui a assassiné ma cousine."  

Là, Spencer retrouve ses souvenirs. Il ne s'est jamais vraiment attardé à connaitre le nom de l'agresseur. Seul le nom d'Ann Floyd hante sa mémoire depuis ce fameux événement.  

"Pourquoi voudriez-vous de mon aide ? J'ai abattu votre soeur d'une balle à la tête..."  

"Ça, c'est du passé. Aujourd'hui, je vous offre la chance de laver votre honneur et de vous reprendre en main. Je vous guiderai jusqu'à Dietrich et vous pourrez reprendre ce tir qui a ruiné votre vie."  

Curieux, Spencer s'approche de la jeune femme et jette un coup d'oeil sur les papiers étalés sur la table. Il s'agit de rapports de jugements et de photocopies d'un document de libération conditionnelle. Les photos montrent toutes le même individu. Un homme dans la trentaine, au regard inexpressif, ses lèvres minces formant un léger sourire.  

 

Spencer se dirige vers sa chambre. Il ouvre le tiroir de sa table de chevet et prend le revolver qui s'y trouve. Il le fixe longuement, hésitant, puis le dépose sur son lit. Il ouvre ensuite sa garde-robe et en ressort son complet le plus banal.  

 

Hier n'a pas été une bonne journée. Aujourd'hui, ce sera différent.  

Il est prêt à aller de l'avant.  

 

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Spencer - Dirk Delerue  

Judy Floyd - Tracy Lauber  

Roy Dietrich - Marcus Lee Bampton  

Ann Floyd - Gina Tager

Scénario : (1 commentaire)
une série A thriller de Lisa Joseph

Dirk Delerue

Tracy Lauber

Marcus Lee Bampton

Gina Tager
Musique par Quentin Courage
Sorti le 05 octobre 2030 (Semaine 1344)
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