"Ne prends pas une telle décision sur un coup de tête, Reed. Accorde toi un temps de réflexion, prends quelques congés, change toi les idées et nous en rediscuterons à ton retour" Le conseil d'Amanda Clarke ne cessait de se répéter dans la tête de Reed tandis qu'il était allongé dans l'herbe haute de cette île du Pacifique, observant le campement de ces pirates qui l'attendaient de pied ferme. Il savait qu'elle n'était qu'un appat pour l'attirer à eux, et qu'ils puissent régler enfin leurs comptes avec lui, mais Reed ne pouvait pas abandonner Dina entre leurs mains. Il n'avait pas d'autre moyen que de régler ça seul, à sa manière. Lui qui voulait tirer un trait sur cette vie avait été une fois de plus rattrappé par celle-ci, bien malgré lui. Et à présent, il n'avait pas d'autre moyen que d'y faire face. Saisissant le couteau de combat qui était attaché à sa ceinture, il se prépara à passer à l'attaque. Les vacances allaient être pour plus tard.  

Tout avait pourtant bien commencé. La veille encore, Mark Reed (Alan Evans) se prélassait un cocktail à la main au bord de la piscine du paquebot de croisière à bord duquel il avait embarqué en suivant le conseil que Clarke lui avait donné. Elle lui avait accordé un temps de réflexion après qu'il lui ait déposé sa démission du MR-4, suite à ses dernières mésaventures à Istambul, mais sa décision était déjà prise, et ces quelques congés n'allaient rien y changer. Pourtant, il avait décidé de profiter de ces quelques congés offerts par sa patronne et était monté à bord de ce paquebot sous l'identité de Kyle Anderson, l'une des nombreuses identités qu'il utilisait pour ses missions à travers le monde. Là, coupé du monde, il profitait du soleil des Caraïbes.  

Quelques jours après l'embarquement, il avait fait la connaissance de Dina Price (Laurie Patton) avec qui il avait sympatisé. Appréciant cette vie loin de tous les tracas qui faisaient autrefois son quotidien, il s'était petit à petit rapproché de Dina. Contrairement à ce qu'il faisait d'habitude, il avait préféré prendre son temps avec elle. Car à présent, il allait avoir beaucoup plus de temps à lui. Ce soir là, alors qu'une grande soirée était organisée pour la dernière nuit qu'ils allaient passer à bord du paquebot, Reed profitait d'une bonne douche, après laquelle il enfilerait le costume qu'il avait loué dans une boutique du bateau avant de rejoindre Dina. Ce soir là, il espérait définitivement la séduire.  

Lorsqu'ils débarqueraient, il espérait revoir Dina. Ayant totalement tiré un trait sur son ancienne vie, il imaginait un avenir à deux, avec elle. Dans un premier temps il retournerait voir Amanda Clarke pour lui confirmer que sa décision n'avait pas changé, puis il pourrait enfin faire ce qu'il voudrait de sa vie. Il avait laissé sa vie de côté bien trop longtemps, s'était sacrifié pour le MR-4 sans obtenir ce qu'il méritait en retour. Sa dernière mission en Turquie avait été pour lui révélatrice de cela, et il avait pris alors une décision sur laquelle il ne comptait plus revenir.  

La nuit était tombée sur la mer des Caraïbes déjà. Sous un ciel d'étoiles, le paquebot brillait de mille lumières, illuminant la mer autour de lui. Dans l'ombre, plusieurs hors-bord approchaient du bâtiment à grande vitesse, laissant derrière eux une traînée d'écume. Encerclant le bateau, ils abordèrent celui-ci et plusieurs hommes en tenue sombre grimpèrent à bord. La plupart des passagers s'étaient déjà réunis dans la grande salle de réception où le patron de la compagnie qui organisait la croisière les avait tous invités pour la grande soirée finale. C'est donc sans aucune difficulté que ces hommes se déployèrent sur le navire sans qu'aucune alerte ne soit lancée.  

Un groupe d'entre eux approcha de la cabine de pilotage et y pénétra en trombe. Le capitaine qui s'y trouvait n'eut pas le temps de comprendre ce qui arrivait, lorsqu'une balle lui traversa la tête, tirée par un pistolet muni d'un silencieux. Tandis que deux hommes tiraient son corps pour le jeter à la mer, un autre prenait le contrôle du paquebot, sous les yeux effrayés des autres membres de l'équipe de pilotage qui n'osaient rien dire face à ces hommes pointant sur eux une arme.  

Accompagné de plusieurs de ses hommes, Rubén Cordero (Aymeric Cruz) avança en direction de la salle de réception, et y fit une entrée remarquée. En apercevant les hommes armés de AK-47 et RPG-7, les passagers en tenue de soirée se mirent à hurler et à courir loin du danger sans réfléchir. Deux des hommes tirèrent en l'air avec leurs fusil d'assaut puis leur chef prit la parole.  

"Mesdames et Messieurs, pas de panique, ne bougez pas ! Nous ne vous voulons aucun mal, mais il nous est nécessaire que vous restiez tous bien sagement ici. Aussi si n'importe lequel d'entre vous tente de quitter cette pièce, nous n'hésiterons pas à tirer.  

Mais nous ne sommes pas ici pour vous faire du mal, mais pour une seule raison, faire passer un message à votre gouvernement, et obtenir de lui ce que nous souhaitons, l'indépendance de notre pays. Vous n'êtes pas sans savoir que Puerto Rico est aujourd'hui encore sous la coupe des Etats-Unis, et cela ne peut plus durer. Malgré toutes les tentatives des nôtres pour regagner notre liberté, votre gouvernement ne veut rien entendre. Aujourd'hui, nous allons donc lui montrer jusqu'où nous sommes capables d'aller pour l'obtenir. Et nous sommes certains que votre Président écoutera notre message avec d'avantage d'attention que celle qu'il lui a accordé jusqu'à présent.  

Comme vous pouvez donc le deviner, notre avenir à tous, à vous comme à nous, est donc à présent entre les mains du Président Sullivan. Tout peut très bien se dérouler à merveille, à la condition qu'il sache prendre la bonne décision. Dès à présent, considérez donc que nous sommes seuls maîtres à bord, mais que tout peut très bien se terminer pour vous tous grâce à votre Président."  

Tandis que le chef des pirates Portoricains déclamait son discours maintes fois répété aux passagers de la croisière, ses hommes ratissaient le paquebot de long en large pour vérifier qu'aucun passager ne leur avait échappé. Certains retardataires n'avaient pas encore rejoint la soirée, d'autres encore avait préféré ne pas s'y rendre. Les hommes de Cordero vérifiaient donc chaque cabine une par une, et tiraient de celles-ci sans ménagement ceux qui s'y trouvaient encore.  

A l'intérieur de sa cabine, Reed avait été alerté par des cris tandis qu'il sortait tout juste de la douche. Jetant discrètement un oeil dans le couloir, il avait aperçu deux hommes armés à l'autre bout de celui-ci qui entraient dans les cabines les unes après les autres. D'ici peu de temps, ils arriveraient à la hauteur de la sienne. Sans perdre un instant, l'agent secret enfila les premiers vêtements à portée de main, ceux qu'il avait jetés sur un fauteuil avant de prendre sa douche, puis se planqua dans une penderie. Evidemment, il n'avait sur lui aucune arme. Comment allait-il donc faire pour se défendre lorsque ces hommes allaient pénétrer sa cabine ?  

Maîtrisant sa respiration pour faire le moins de bruit possible, Reed patienta le temps que les pirates approchent. La porte de sa cabine s'ouvrit soudain. Un homme armé d'un AK-47 entra alors pour inspecter les lieux. Jetant un oeil rapide, il ne remarqua rien de spécial dans un premier temps, mais fut surpris de voir un costume de soirée qui pendait encore à la porte de la salle de bain. Où pouvait se trouver son propriétaire ?  

Il ne l'entendit pas surgir de la penderie qui se trouvait dans son dos. Reed le saisit immédiatement à la gorge, et le fit plier en arrière. De son autre bras, l'agent secret tenait fermement le bras du criminel qui tenait son arme, et le força à lâcher celle-ci alors qu'il s'apprétait à tirer pour prévenir son co-équipier du danger. Tandis que son arme chutait sur la moquette au sol, il tenta de lutter à mains nues contre son agresseur, enchaînant de violents coups de coude dans les côtes de celui-ci. Reed tint bon, mais finit par fléchir suite aux coups. Profitant que celui-ci relachait sa prise, l'homme réussit à se dégager et se retourna pour lui faire face.  

Il attrappa d'abord un pistolet à sa ceinture mais d'un coup de pied rotatif Reed envoya l'arme voler à l'autre bout de la cabine, alors que le pirate n'avait pas encore bien affermi sa prise sur l'arme. L'homme attrappa alors un couteau de combat et le pointa vers son agresseur en hurlant. Mark Reed entendit des pas approchant dans le couloirs dans son dos. D'un violent coup de pied, il envoya la porte dans la figure du second pirate qui tentait d'entrer, et referma celle-ci grâce au clapet de sécurité qui ne tiendrait pas longtemps dès que l'homme s'y attaquerait. Immédiatement ensuite, il se retourna vers son premier adversaire qui avait profité de l'occasion pour bondir dans son dos armé de son couteau.  

Reed évita l'attaque de peu, et envoya valser l'homme contre la porte de la cabine qu'il venait de fermer. D'une roulade en arrière, il arriva à la hauteur du pistolet qui gisait à terre près de la salle de bain, tandis que dans le couloir le second pirate appelait de l'aide. Trois coup de feu retentirent, et son adversaire s'écroula à terre. Immédiatement Reed saisit le couteau qu'il tenait dans la main, puis le fusil d'assaut qui gisait aussi sur la moquette. Mais il était à présent bloqué dans sa cabine, et devinait qu'à l'extérieur un comité d'accueil l'attendait déjà.  

N'ayant pas beaucoup de temps pour élaborer un plan, sa priorité était d'abord de sortir de cette cabine. Ouvrant la baie vitrée qui donnait sur la terrasse, il sortit à l'extérieur et avisa de la seule solution qui s'offrait alors à lui. Sa seule possibilité pour s'échapper était de se hisser à l'extérieur du paquebot et de rejoindre une autre cabine à partir de laquelle il pourrait se glisser dans les couloirs et trouver un endroit où se planquer.  

Lorsque les pirates portoricains se décidèrent enfin à entrer, en poussant la porte bloquée par le cadavre de leur co-équipier, ils trouvèrent les lieux totalement vides. Reed avait déjà disparu dans la nuit.  

Rubén Cordero accompagnait le propriétaire de la compagnie de voyage dans une salle voisine à la grande salle de réception, accompagné de plusieurs de ses hommes. Stefen Irving (Paulo Fischer) était un homme d'affaire qui avait fait fortune dans le domaine du tourisme, et était un proche ami du Président Sullivan. Il devinait que ses relations avec le Président avaient été un élément décisif pour cette prise d'otage, et que ce chef terroriste comptait sur lui pour convaincre le chef d'état de céder à leurs requêtes.  

Cordero fit asseoir Irving sur une chaise, puis en tira une autre devant lui, sur laquelle il s'assit à son tour. Il plongea alors son regard noir dans celui de l'homme d'affaire qui ne cilla pas. Mais les mots qu'il prononça alors décontenancèrent Irving. "Mr Irving, vous devinez que je ne suis pas ici réellement pour l'indépendance de mon pays. D'ailleurs votre Président n'est même pas au courant de ce qui se passe actuellement sur votre paquebot. La raison pour laquelle moi et mes hommes sommes là est bien plus simple. Et je suis certain que vous avez une idée de quoi il s'agit."  

Voyant l'homme d'affaire perdre alors toute l'assurance qu'il affichait jusqu'alors, Cordero devina qu'il avait fait mouche. Irving commençait à comprendre de quoi il s'agissait réellement. Et si le gouvernement américain n'était même pas au courant de la situation, personne alors ne pourrait venir à leur secours. La vie de ses passagers était entre ses mains. Pourtant il ne pouvait pas leur donner ce qu'ils étaient venus chercher. Celui pour qui il travaillait ne le tolèrerait pas.  

Arrivant de la salle des moteurs, Kayla Rodriguez (Maria Lima) entra dans la pièce et fit un signe de tête au chef pirate pour lui confirmer que tout était bien en place. Cordero leva alors un regard satisfait vers sa compagne qui vint près de lui armée de son RPG-7. Elle avait d'abord cru le plan de son petit ami complètement fou lorsqu'il lui en avait fait part, mais à présent elle était bien forcée d'avouer que celui-ci semblait se dérouler comme prévu.  

La bombe était en place dans la salle des moteurs, et Irving n'allait pas avoir d'autre choix que de céder à Cordero. Ce dernier allait tout mettre en œuvre pour cela. Ils avaient toute la nuit devant eux, et il ne doutait pas que l'homme d'affaire cèderait avant le lever du jour.  

C'est à ce moment là qu'Elijah Ricardo (Carl M.) entra à son tour dans la pièce et vint glisser un mot à l'oreille du chef pirate. Le visage ce celui-ci se durcit soudain, et Irving s'interrogea sur ce qui pouvait ainsi le tracasser. Cordero donna alors des ordres sèchement en porto ricain à son second. Il devait immédiatement se débarrasser de ce problème.  

Elijah quitta la pièce alors que son chef reprenait sa discussion avec l'homme d'affaire. Cordero lui faisait confiance, et il était déterminé à ne pas le décevoir. Il devait au plus vite découvrir qui était ce Kyle Anderson, et se débarasser de lui. Avant de prendre d'assaut le paquebot, les pirates avaient analysé en détail tous les éléments à propos des passagers de celui-ci, et visiblement ce Kyle Anderson n'était pas celui qu'il prétendait être. Elijah devait donc tout mettre en oeuvre pour retrouver sa trace, découvrir de qui il s'agissait, et trouver si besoin un moyen de le faire fléchir.  

Cet homme avait abattu l'un des leurs, et ne semblait pas être n'importe qui. Il fallait à tout prix s'en méfier, et ne pas le sous-estimer. Ils étaient largement en position de force, mais lui était à présent invisible. Ils devaient au plus vite retrouver sa trace pour le mettre hors d'état de nuire afin qu'il ne puisse pas perturber le plan des pirates.  

Caché dans la salle de cinéma du paquebot qu'il était parvenu à rejoindre, Reed tentait de comprendre la situation, et de mettre en place un plan pour se débarasser de ces preneurs d'otages. Mais il ignorait quelles étaient leurs motivations et combien ils étaient. Pour le moment, sa seule force était d'être un total inconnu pour eux, et d'être encore invisble. Il allait donc devoir redoubler de prudence et les attaquer discrètement un par un pour parvenir à approcher leur chef et les mettre hors d'état de nuire.  

La nuit ne faisait que commencer, et il devinait déjà qu'elle allait être très longue. Lui qui était venu ici pour se changer les idées allait donc devoir une fois de plus faire ce pour quoi il était le plus doué. Et encore une fois, il allait pour ça devoir se débrouiller seul.