Wendy (Rosie Imbert) ouvre les yeux et écoute la chanson que la radio diffuse. Des paroles dénuées de sens. Elle a des douleurs partout et le visage légèrement ensanglanté.  

(Mais à quoi pensais-tu, bordel ?)  

La réponse est rapide, quasi automatique.  

(A faire le bien. A aider.)  

Elle se rappelle soudain comment, cette nuit, au moment de rentrer chez elle, elle a songé à tuer cet homme... pour sauver sa vie.  

Et en un éclair, pendant qu'elle analyse la situation, tout devient clair. L'influence professionnelle de l'hôpital dans lequel elle travaille ne compte plus. Son point faible, cela n'a pas été de vouloir sauver cet homme, mais plutôt sa conscience. C'est elle qui est allé vers lui quand cette femme l'a poussé du haut du premier étage.  

Au volant de sa voiture, elle regarde ses mains attachées au volant. Elle n'arrive pas à couper les liens. Elle s'en veut d'avoir voulu le sauver, mais surtout à cette femme qui a été témoin de la scène et qui aurait pu crier de se sauver au lieu de partir à l'opposé comme une furie.  

(Vouloir aider son prochain... Mon cul, ouais !)  

En temps normal, Wendy n'est pas dangereuse mais les évènements qu'elle vient de subir remette les choses en question :  

Être témoin d'une tentative d'assassinat.  

Une aide à la personne.  

Un retournement de situation dangereux.  

Une bataille violente, voire mortelle.  

Évanouissement.  

Le néant.  

Le réveil.  

Endroit inconnu.  

Une voiture détruite suite à une collision.  

Piégée dedans.  

Wendy s'agite dans tous les sens. Elle regarde autour d'elle. Cet endroit lui est familier. Elle n'est pas bien loin de chez elle, mais lancer des appels au secours ne servira à rien. Elle est dans la base de sports et de loisirs en plein milieu de la nuit. Quoiqu'on ne sait jamais. Elle appelle au secours un certain nombre de fois mais seul le silence lui répond. Elle essaie de bouger les jambes pour récupérer son téléphone dans la boî... Une douleur intense aux adducteurs se fait subitement sentir. Elle crie de douleur.  

(Oh ! Seigneur ! Pourvu que je n'ai rien de cassé !)  

Elle repose sa jambe. Des larmes coulent sur ses joues qu'elle essuie avec les épaules.  

Ce n'est vraiment pas juste. Pas juste, putain de merde.  

Elle tire si violemment sur les liens afin de les briser qu'elle faillit se casser les poignets. Elle crie de rage. Elle voit qu'elle n'y arrivera jamais et laisse sa tête tomber sur le volant. Le bruit du klaxon la surprend mais une pensée soudaine et effroyable lui empêche de le faire sonner une nouvelle fois. Et si son agresseur revenait ?  

(Tu as gueulé comme une tarée tout à l'heure.)  

Non, elle va attendre le matin que quelqu'un passe par hasard ici, en espérant que son agresseur ne vienne pas entre temps.  

[…]  

A l'entente du bruit de la voiture, Susan (Nadia Dominguez) se cache derrière un arbre et attend, sans bouger, de voir si quelqu'un allait se montrer.  

Il peut se montrer à tout moment. Il a tenté de les tuer. Toutes les deux ! Susan a vu en ville cette femme au volant de la voiture, une personne qui est venue en aide à son agresseur. Elle l'a vu lui demander s'il voulait de l'aide et elle a préféré s'enfuir, terrifiée.  

Elle met sa main dans la poche de sa veste dans laquelle un couteau s'y trouve et se dirige le plus prudemment possible vers le véhicule. Si jamais Wendy ne se montre pas digne de confiance, Susan ne sait pas ce qu'elle ferait mais sait-on jamais. Vaux mieux être prudente.  

Elle observe la place du chauffeur. Wendy semble avoir le regard dans le vide, la tête appuyée sur le haut du volant. Elle se précipite vers elle pour la libérer en voyant qu'elle est attachée. Wendy sent un froid dans le dos la submerger et Susan, voyant qu'elle allait hurler de frayeur, lui dit :  

- Ne criez pas, je ne vais pas vous faire de mal.  

Elle ne crie pas, mais pousse un énorme soupir de frayeur et devient toute blanche. Susan lui coupe les liens et aide Wendy a sortir de la voiture. A chaque mouvement de jambe, elle ressent une douleur atroce.  

- Je m'appelle Susan. C'est moi qui ait poussé votre agresseur du haut de l'étage, avoue Susan. Je suis désolée de ne pas vous avoir prévenu. Qu'est-ce qu'il vous a fait ?  

Wendy se présente et lui raconte tout en quelques phrases simples ; qu'elle l'a vu le jeter par dessus la fenêtre, qu'elle est allée à son secours en lui portant des soins brefs et rapides, qu'il a tenté de la tuer, qu'il y a eu une lutte entre eux deux, qu'elle a reçu un coup à la tête qui lui a fait perdre connaissance et elle s'est réveillée au volant de sa voiture maintenant détruite.  

- C'est une force de la nature. Ça se sent. Vous le connaissez ? demande Wendy.  

Susan ne répond pas, elle ne réussit pas à sortir un mot. Wendy est légèrement surprise de son silence mais n'insiste pas. Elle fait un hochement de tête compréhensif. C'est quelqu'un qui lui est proche, c'est évident. Il suffit de voir comment elle est pour s'en apercevoir.  

Renonçant à dire quoique ce soit, Susan lui propose d'aller voir la police mais Wendy refuse, voulant plutôt aller chez elle, sa maison étant largement plus proche. Elle ajoute qu'elles appelleront la police une fois arrivée.  

Un peu plus loin derrière elles, un homme (Joshua Kloss) les observe partir à l'opposé. Il se sent à la fois soulagé et déçu. En fait, il n'a pas réussi son coup. La fille n'est pas morte.  

Soudain, son intérêt se ranime. Elles ne se dirigent pas vers la police, Wendy se tenant au cou de Susan. Il les suit en silence et se concentre pour ne pas laisser échapper un rire ironique et fait très attention de ne pas faire le moindre bruit qui pourrait le trahir.  

Les femmes prennent une ruelle, puis une autre, en se souciant le moins du monde que leur agresseur les suit de près. Elles poursuivent leur trajet jusqu'à l'arrivée devant une porte d'entrée sur laquelle Wendy frappe pour alerter son petit frère Danny (Thomas Cordoue).  

- Danny, ouvre vite, c'est moi ! fait-elle.  

La porte s'ouvre au bout de quelques secondes. Avant d'entrée, Susan vérifie derrière elle que personne ne la voit entrer chez Wendy mais elle ne voit rien d'anormal.  

L'inconnu s'est caché juste à temps. Les filles ne vont pas tout gâcher finalement ? Il s'est arrêté à les observer. Il fait le tour de la question mais c'est assez évident. Elles vont appeler la police. Elles ne vont pas chercher bien longtemps avant de le faire. D'un bond, il se dresse, prends le premier gros caillou, légèrement plus gros que sa main, qu'il trouve au sol puis s'avance vers la maison de Wendy.  

C'est décidé, il doit agir avant qu'il ne soit trop tard. Il est encore à quelques mètres. Il voit la tête de Susan, puis celle de Danny - un petit gars qu'il connait pas, puis enfin Wendy. Il hésite un petit instant sur la personne à viser. Il cherche la meilleure manière de les aborder sans trop risquer de tout foirer et qu'un des trois s'échappe ou appelle de l'aide.  

Ça y est, il l'a choisie. En l'espace d'une seconde, le bruit d'une vitre qui se brise et une douleur à l'arcade se fait sentir pour Susan. Il est idiot, mais il ne manque pas de cran. Il vaut mieux tous les affronter seul dans cette maison.  

Susan le regarde avec peine. Elle sait qu'elle va mourir cette nuit. Rien que le regard noir que lui lance son frère jumeau la terrifie. Il n'est jamais seul quand il est comme ça.