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TTIP & Santé

Le TTIP est brandi comme une menace pour l'Europe. Menace pour le socialisme, il l'est résolument. Ce qui en fait tout son intérêt. Avec cet accord, l'Europe pourrait basculer dans un libéralisme bienvenu. Mais pour s'en convaincre, quelques explications s'imposent.  

 

À contre courant de l’opinion publique générale, et de la mauvaise presse qui est donnée au TTIP, il serait de bon ton de remettre l’Eglise au milieu du village et arrêter la lapidation arbitraire. Bien sûr, dans une mentalité profondément étatiste et socialiste, les changements que provoqueront le Traité Transatlantique de Libre-échange (Transatlantic Trade and Investment Partnership) feront l’effet d’une bombe, c’est certain. Mais cela ne veut pas dire que nos villes et villages seront rasés dans la déflagration capitaliste que d’aucun prédisent et redoutent.  

 

Il y a une différence entre libéralisme et capitalisme.  

 

Le TTIP n’est que pur libéralisme, c’est à dire un manifeste pour la liberté. Car en effet, la liberté de commercer, est bel et bien une liberté, comme les autres, pour laquelle des Hommes se sont battus. Elle se traduira, concrètement, par une suppression des barrières douanières, et des éternelles taxes qui vont avec. En résultera, pour le belge lambda, un gain dans son pouvoir d’achat. Le surplus de consommation entraînerait une création d’emploi. Bon, c’est sûr, personne ne dirait non à cela, et personne ne remet vraiment en cause ce point là.  

Non, là où les boucliers se lèvent, c’est plutôt pour la justice privée – que l’on appelle l’arbitrage – qui pourrait éventuellement condamner des Etats à dédommager des entreprises, s’il est démontré que les réglementations locales sont néfaste aux entreprises en question. Si l’on redoute la fin de la primauté des Etats, l’idée de cette clause est la déréglementation, ou plutôt la réglementation uniforme et cohérente entre les différents Etats, européens et américains. Une autre valeur profondément libérale. Rappelons également que l’arbitrage n’a aucune valeur légale, et aucun pays ni entreprise n’est légalement tenue de se plier aux jugements privés. Contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire, la justice privée ne mettre pas les Etats à genoux. Elle les incitera tout au plus à laisser une plus grande liberté d’action aux entreprises. Un vecteur d’emploi, parmi d’autres.  

D’ailleurs, les nouveaux règlements seront, conformément à l’accord TTIP, rédigés en concertation avec les représentants du monde de l’entreprise. C’est le principe coopération régulatrice.  

 

 

 

Les soins de santé  

 

Un autre angle d’attaque récemment brandi par les opposants est la question des soins de santé et des assurances maladie. On fait planer l’ombre du système privé américain, vendu comme un ogre affamé de petites gens en situation précaires. Les Etats-Unis ne sont pas des premiers de classe en matière de soins de santé, ce n’est un secret pour personne. Mais ce n’est pas pour autant qu’il font sensiblement moins bien que nous, et ça ne remet pas non plus en question le modèle d’assurances privées. Les pays largement consacrés comme les rois des soins de santé ont souvent opté pour ce système. Les USA possèdent un système hybride, avec une très grande part de financement public (Obamacare, Medicare, Medicaid, etc.). Mais encore, admettons. Que disent-ils vraiment à ce sujet ?  

Selon Xavier Brenez, DG de l’Union nationale des Mutualités libres, les Etats européens risquent de tomber sous la coupe des groupes pharmaceutiques. Via la fameuse justice privée, à cause des innombrables réglementations castratrices européennes, qui iraient tout droit à l’encontre des lois américaines beaucoup plus souples, mais également à cause de la baisse des prix qu’engendrerait le TTIP! Vous lisez bien, pour certains, la baisse des prix, le pouvoir d’achat, tout ça, c’est pas bon… Car cela pousserait le belge à surconsommer des « biens » médicaux. D’ailleurs, le Belge dépense déjà 550€ par an en médicaments, un record. Dans un système prétendument gratuit, admirez l’incohérence. Ce qui nous laisse dire que notre Ô toute Grande Sécu’ n’est pas si efficace que cela. D’un côté, elle est loin de rembourser le coût intégral des soins de santé (entre la quote-part à charge du patient, les impôts qui sont payés par le même patient, et les assurances privées qui représentent déjà 10 à 15% du financement) et de l’autre, n’est-ce pas le modèle « social » de pseudo « gratuité » qui pousserait les Belges à consommer plus que de raison des biens et services dont il n’a pas nécessairement besoin ? Sans être gratuit, les soins de santé sont relativement bon marché, du point de vue du consommateur, qui ne voit que ce qu’il a à sortir de sa poche, quelques euros par ci, quelques euros par là. Du coup, pourquoi ne pas en profiter ?  

 

Vous me direz, et alors ? Les Mutuelles ont raison, une baisse des prix empirerait la situation.  

Oui et non.  

 

Si le système public – ou plus véridiquement faussement public – demeure en l’état actuel, oui, il y a des craintes légitimes à avoir. Même s’il reste de la responsabilité du Belge de consommer ce dont il a besoin et uniquement cela. Il n’y a pas de raison de jeter la pierre aux vilains pharmas parce que les gens consomment des médocs plus que de raison. D’ailleurs, il n’y a pas besoin de publicité, de vente en ligne pour observer une surconsommation de médicaments, puisque la pub et la vente en ligne sont interdites en Belgique. La surconso’ n’a donc rien à voir avec une prétendue pieuvre capitaliste et les prix bas rendent les soins plus accessibles.  

 

Si le système changeait, s’il prenait exemple sur des expériences réussies, comme Hong-Kong, la Suisse, ou même des systèmes publics largement plus efficaces, comme celui de Singapour, alors non il n’y aurait pas de problème. L’expérience de la santé privée est menée en France (voir Je quitte la Sécu) par certaines personnes, pour un prix bien moindre. Car le système public nous épargne en grande partie le coût out-of-pocket, quelques euros à sortir pour chaque consultation, dérisoire. Mais nous oublions trop vite les coûts indirects, ceux liés à l’impôt, la TVA, toutes les taxes qui servent, en tout ou en partie à financer cette pieuvre qu’est la Sécurité Sociale. Xavier Brenez parle de « craindre une privatisation », alors que 25% des coûts sont supportés par le privé (à charge du patient, assurances complémentaires, etc.). De là à dire que notre modèle social est sous perfusion, il n’y a qu’un pas…  

 

Bien sûr rien n'est jamais acquis, les négociations sont et seront encore longues, d’apparence opaque, dans l'ombre des grands lobby de Bruxelles et Washington. Mais cette situation n'est pas nouvelle, ni à Bruxelles, ni à Washington. Tous les jours des hommes travaillent à leurs intérêts et tous les jours des lois sont passées en ce sens. Le Lobby écolo n'est par exemple pas moins manipulateur que les autres. Il a autant de poids et sert tout autant ses propres intérêts. Pour en revenir au sujet principal, il est bel et bienpossible de réduire le coût de la santé, tout en gardant une marge suffisante pour aider les plus démunis à se soigner. Le tout est de le vouloir. Alors si le TTIP peut nous mettre dos au mur, et mener les Etats à prendre en compte cette réalité, Go TTIP! GO !

Scénario : (3 commentaires)
une série B documentaire de Elias Epstein

Alexandre Ptouchko

Sabrina Sbrizi
Sorti le 11 juillet 2037 (Semaine 1697)
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