A l'heure du monde 2.0, les gens ont appris à évoluer avec leur temps, à se mettre à l'ordre du jour. Si jadis, les gens prenaient un réel plaisir de s'envoyer des lettres manuscrites, remplies de sincérité, d'émotions, aujourd'hui, on ne s'envoie plus que des mails platoniques, sans saveurs. Les gens ne se parlent plus que par téléphones interposés, même en étant l'un en face de l'autre au restaurant, autour d'une table ou parfois, l'un à côté de l'autre. Nous partageons tout de notre vie sur les réseaux sociaux, à la vue de milliers de personnes. Nous exprimons nos joies, nos colères, nos tristesses, nos souvenirs. La recherche d'informations est devenu aussi plus rapide, moins passionnante à l'époque où le dictionnaire a été remplacé par Internet. Ce monde-là, c'est un monde qui a été conçu par des ingénieurs qui ont voulu faire de la communication, quelque chose de totalement superficiel. Ils ont même inventé un être artificiel présent pour aider l'être humain dans ses tâches quotidiennes, un être artificiel qui devra prendre un place plus importante à l'avenir. Le "vintage" est donc devenu une source d'économies importantes. Des entreprises d'écriture de lettres manuscrites ont été créées, des lieux de contacts ont été installés, où les téléphones sont strictement interdits… Parmi les investigateurs de ce projet, il y a un homme, Dan (Alan Evans), un sentimental dans l'âme, un homme qui ne déteste pas le monde dans lequel il évolue mais qui pense que certains fondements sont importants pour l'épanouissement de l'être humain. Cet écrivain travaille sur un livre papier, une chose devenue rare de nos jours, un livre où le manuscrit a une place importante, offrant au monde sans lequel il vit des frissons à la lecture des mots, à la vision des typographies. Il est installé dans son bureau, regardant le monde se déplaçait. Le monde est en perpétuel mouvement, comme guidé par une manette radio-télécommandée. Dan a donné sa vie pour que ce projet naisse, délaissant beaucoup de choses, parfois l'essentiel.  

Depuis deux ans, il est séparé de sa femme, Anny (Alyssa Mitchell). Il se souvient de leur rencontre dans cette expo, de leur premier baiser sous ce porche les abritant de la pluie, de leur première nuit d'amour dans cet appartement minuscule, de cette première lettre manuscrite qu'il lui a écrit où il exprimait par des rimes son amour pour elle, leur premier appartement ensemble, les projets, le mariage… Cette rupture douloureuse, un soir de printemps, suite à une violente dispute, une dispute menée par Anny seule, face à un Dan qui était sans mots, sans sentiment, sans vie. Une dispute sur l'avenir de leur couple et surtout le manque, après douze ans de vie commune d'un enfant, un enfant que ne pouvait avoir Dan… Ce départ de la seule femme qu'il avait aimé dans sa vie, avec ses valises en main, laissant sur la table la clé de l'appartement. Une larme coule le long de la joue de l'homme. Il l'essuie et retourne à son bureau, pour continuer à travailler sur différents projets.  

Une oie indique l'arrivée d'un mail. C'est un mail de son avocat (Chris Heath) lui rappelant le rendez-vous de ce jour pour finaliser son divorce. Dan le supprime rapidement, nous voulant pas penser à cela. Il sait qu'aujourd'hui, il redeviendra un homme solitaire, libre… Une situation qui déprime notre homme. L'inspiration lui vient. Il commence alors l'écriture d'une nouvelle lettre manuscrite, avec des lignes plus sèches, plus strictes, dégageant une nouvelle émotion, une émotion poignante, prenant aux tripes. Il écrit encore et encore, à la force de son coeur, avec la rage de son esprit. Il ne mettra que dix minutes pour écrire cette lettre de coq pages, remplies d'amour, de haine, de pardon et de rancoeur. Le téléphone sonne à nouveau, lui rappelant que le rendez-vous est dans moins d'une heure. Dan se lève de sa chaise, il enfile son manteau et quitte l'appartement. Sa démarche au milieu des robots actifs attire les yeux de personnes prêtant attention. Ils sont peu à le regarder, peu à détourner leur regard d'un objectif abstrait qui pourrait être prendre le métro d'avant, arriver à l'heure au bureau, prendre leur café latte vingt-six minutes avant de commencer le travail le temps suffisant pour qu'il soit suffisant à température pour le boire. Dan prend le métro l'amenant vers cette grande avenue où tous les sièges sociaux sont implantés, tous les notables aussi. Il arrive devant le numéro 47. Il tape le code et entre. Il monte les marches, une à une, de plus en plus lentement, repensant au passé, repensant à tous les merveilleux moments qu'il avait vécu. Il est devant la porte de son avocat, une grande porte en bois. Il passe de longues minutes avent qu'il ne l'ouvre, qu'il accepte de franchir le pas de cette porte. Il voit dans le bureau Anny. Dan la contemple durant de longues secondes, comprenant que ce sera la dernière fois qu'il la verra ainsi, comme sa femme, son amour, l'être partageant sa vie. Il entre dans le bureau, doucement, comme un enfant ne voulant pas faire de bruit. Il salue tout le monde et s'assoit à l'opposé d'elle. durant une heure, ils parleront tous de ce divorce, de la séparation des biens, de détails qui plongent toujours un peu plus notre homme dans un profond mal-être, un lent spleen. il n'osera pas dire un seul mot, laissant son avocat affirmer pour lui. Il quittera rapidement ce bureau, une fois tout cela fini. Il rejoindra rapidement son domicile, pleurant à chaudes larmes, tremblant de rage, de tristesse. Il se posera sur son lit, coupant toute forme de contact possible avec le monde extérieur. Il s'endormira difficilement, recherchant une présence.  

les jours passèrent et l'état moral de Dan n'évolua pas aussi rapidement que le monde extérieur. Anny lui manquait, sa présence, ses baisers doux et sensuels, ses caresses, ses yeux… Il se trouvait seul face à la solitude, face à la misère sociale. Ce n'est pas son téléphone qui pourrait l'aider, même s'il est là pour lui parler à chaque question qu'il peut poser, tentant accessoirement de le réconforter. C'est alors, qu'en allumant la télévision qu'il vit une pub des plus étranges mais attirant son regard, monopolisant son esprit. Cette pub parle d'un site de rencontres nouvelle génération, un site où l'on peut trouver "la femme de sa vie". Dan n'y crut pas un instant. Il regarde la pub avec intérêt mais n'osera aller plus loin. Il se remet à son bureau et tente d'écrire une nouvelle lettre manuscrite. Une page blanche, voilà ce que verra Dan durant de longues minutes, de longues heures même. L'inspiration a disparu, il ne trouve pas de mots, pas d'idées, rien! Il décide d'aller au lit et de tenter de faire le vide dans son esprit. Il regarde le plafond et imagine sa nouvelle vie, une vie totalement différente maintenant, une vie sans contrainte. Il commence à pleurer, regrettant tout ce qui s'est passé. Il regarde le téléphone, le scrute tel un rapace sur sa proie. Il a envie de l'appeler, de mettre fin à cette mascarade mais il sait qu'elle est passée à autre chose. Il lui faut en faire de même. Il se rappelle alors de ce site qu'il avait vu à la télévision plus tôt dans la journée, ce site dont il ne voulait pas entendre parler. Il se lève, allume son ordinateur et tape l'adresse. Il arrive sur le site et soudainement, il reste statique, presqu'envoûté. Une voix le ramène sur Terre, une voix robotisée. Cette dernière lui pose quelques questions comme ce qu'il cherche, ce qu'il désire… Dan répond avec quelques hésitations, se croyant en plein délire nocturne. Soudainement, il entend une voix féminine, sensuelle. Il est surpris.  

Bonjour Dan, je me présente, je suis Tina (Lola Gutiérrez).  

Dan n'en croit pas ses yeux! Une fille lui a parlé, à travers l'ordinateur. Il engage la conversation timidement, tentant de savoir qui est la jeune femme, ce qu'elle aime… Ils parleront ainsi toute la nuit, se découvrant l'un et l'autre. Lorsque Dan revient devant sa page blanche, une idée lui vient. Il écrit une lettre de rencontre où il y exprime tout son bonheur, le premier contact. Cette rencontre virtuelle avec Tina l'aide profondément à se renouveler, à découvrir un autre lui. Il écrira ainsi trois papiers avec une plume différente, un regard différent, une émotion nouvelle.  

Durant de nombreux jours, Dan se découvre un attachement pour Tina, cette femme virtuelle avec qui il parle tout au long de la journée. Elle est devenue une drogue pour lui. Il ne passe pas un moment où il ne put s'empêcher de lui parler, de lui demander un avis. Tina est devenue une sorte de confidente, l'autre moitié qui manque à Dan. Ce dernier a conscience de donner un rôle plus important à Tina, un rôle qui n'est pas forcément le sien, un rôle qu'on ne peut confier à une femme que l'on ne connaît finalement que trop peu même s'il a l'impression de la connaître depuis toujours. Chaque échange avec elle est unique, chaque échange rime avec une émotion différente mais pourtant très similaire. Lors de ses sorties dans la ville, à explorer les ruelles, les monuments, il s'imagine savoir qui pourrait être cette Tina, la cherchant à travers la foule, tentant d'apercevoir son regard et de le croiser. Mais, au final, Dan se rend compte de quelque chose, quelque chose de très flagrant et d'embarrassant… Il ne sait pas exactement à quoi ressemble la femme avec qui il passe le plus clair de son temps! Il décide de rentrer chez lui et de lui poser la question. Tina reste très évasive sur le sujet. Elle ne donne aucune réponse claire, ce qui étonne Dan. Il lui propose alors de la rencontrer, en lui donnant rendez-vous à la grande fontaine située sur la place de l'hôtel de ville. Il n'attend pas la réponse de Tina et fonce à la fontaine. il attend, plusieurs minutes, plusieurs heures, dans l'espoir de la voir, un espoir qui va se dissiper au fur et à mesure que la nuit va défiler. il rentre chez lui, déçu de ne pas avoir vu celle qu'il apprécie, dont il commence à tomber amoureux. Il se couche, les larmes commençant à couler le long de son visage. Il est triste, il se sent trahi par elle, elle qui n'a pas daigné venir à un rendez-vous, daigné se montrer au grand jour réellement, privilégiant ce format sans saveur, sans sentiment qu'est le virtuel. Il cogite durant toute la nuit, se demandant où peut mener une relation pareille, une relation qui sonne faux, une relation qui n'apporte rien à part une simple compagnie, une relation qui fait plus de mal que de bien… il reste toute la nuit éveillé à peser le pour et le contre de cette histoire sans fin, peut-être même sans lendemain… Il se lève à l'aube, allumant son ordinateur et l'interpellant, elle qui est déjà en ligne.  

Il faut qu'on parle Tina lui dit-il.  

Tina est à l'écoute, se doutant de ce qu'il va dire. Dan lui explique son ressenti, sa déception… Mais Tina lui coupe la parole, lui demandant de la laisser parler. Dan est d'accord. Tina commence alors à s'expliquer.  

Il faut que je t'avoue quelque chose… Je te dois la vérité dès maintenant, je ne dois plus te mentir de la sorte mais je t'en prie ne m'en veux pas…  

Dan commence à écouter ce que Tina a à lui dire. Son visage se décompose chaque minute qui passe, chaque phrase que Tina lui dit…