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Les Films du Corbeau présente
Tristo et Isma

Le soleil se couchait sur la savane et l’aigle tourbillonnait dans les airs autour de l’épaisse fumée qui zébrait le ciel. Bien loin au-dessous de lui, les flammes dévoraient le corps du grand chef Anpura. Les guerriers masaï tournaient autour du bûcher funéraire en bougeant leur corps et sautant au rythme des tambours. Au loin, une horde d’hyènes assistait paisiblement à la cérémonie, semblant rendre hommage au grand guerrier disparu.  

Le sorcier du village terminait de dessiner les peintures traditionnelles sur le corps de Sumamba (Dale BROWN). Le fils du chef devenait chef, et à son tour il devrait effectuer la danse du crépuscule. Il s’exécuta, par la danse il livrait son corps et son âme à l’assentiment des esprits de la savane. Il était l’un des guerriers les plus courageux de la tribu et de l’avis de tous, il ferait un bon chef. Plus d’une heure durant, il se livra aux mouvements tribaux puis, exténué et le corps moite de sueur, il se laissa tomber à genoux. Le sorcier s’approcha de lui et, de sa main, il épongea la sueur sur le dos nu du jeune homme. Il égoutta ensuite sa main au-dessus des dernières braises du bûcher. Sur les crépitements, il prononça les formules d’usage, puis releva Sumamba. La cérémonie était terminée, Sumamba était leur chef.  

 

 

Le calme était revenu au village et, dans la nuit noire, on n'entendait plus que le chant des grillons et le cri d’un renard du désert. Les derniers guerriers quittaient la case principale, où tous étaient venus rendre hommage à leur nouveau chef. Sumamba garda Tristo (Terry FILLION) auprès de lui. Lui aussi était l’un des grands guerriers du village.  

- Tristo, je suis chef maintenant. Mais je n’ai pas de femme. Les anciens me l’ont rappelé ce soir.  

- Il suffit de choisir une femme du village, mon chef.  

- Non. Les anciens veulent que je prenne Isma pour épouse, la fille du chef des Masaï de l’Est.  

- Tout le monde connaît le nom d’Isma. C’est la plus belle femme qui ait jamais existé. On dit que même le grand esprit Lion rugit pour elle. Tu as beaucoup de chance, mon chef.  

- Je crois aussi. Mais la route pour son village est longue, et beaucoup ont peur des dangers. Tristo, tu es le meilleur d’entre nous, et tu es mon cousin. Je veux que ce soit toi qui aille la chercher.  

- C’est honneur, mon cousin.  

 

 

Le zèbre profitait de la rosée de l’aube pour brouter ses premières herbes. Il releva la tête pour regarder passer près de lui les guerriers masaï. Tristo menait quatre de ses amis guerriers à travers les brousses de la savane, le front haut et le pas léger, armés chacun d’une lance et d’un bouclier. Le soleil poursuivit sa route et, au moment le plus chaud de la journée, c’était à peine si on voyait le pas des hommes courageux s’appesantir. Ce n’est que le lendemain, à la fin de la matinée, qu’ils approchèrent du village des Masaï de l’Est. Kano, le vieux chef de cette tribu, les attendait aux côtés des autres hommes du village. Tristo et lui échangèrent des saluts chargés de coutumes ancestrales, mais néanmoins amicales. La valeur de Tristo était connue jusqu’ici, et Kano avait plaisir à découvrir son visage. Les deux tribus furent, il y a de cela plusieurs générations, confrontées dans des guerres incessantes. Mais l’arrivée d’autres tribus avait associée leurs forces contre ces nouveaux visages ennemis, et ils formaient depuis des alliés privilégiés. L’union de leurs deux tribus était un moment fort de leur histoire. Et la jeune fiancée était bientôt prête à les suivre.  

Dans une hutte à quelques pas de là, les femmes du village faisaient leurs adieux à Isma (Donzelle OUACHINGTONE). Bientôt, elle ne les reverrait plus. Seule Kaoré (Béatrice BOUMA), la fille de la sorcière de la tribu, l'accompagnerait. Elle était sa suivante et amie, et elle aussi devrait se construire une nouvelle vie auprès de la nouvelle mariée. Les femmes sortirent de la hutte pour laisser Isma finir de se préparer, et Kaoré resta auprès d’elle. Elle sortit de sa tunique une gourde faite de terre séchée.  

- Garde-la auprès de toi, Isma. C’est un filtre que j’ai préparé pour toi. Il te sera utile le moment venu.  

Isma accepta le présent sans dire un mot. Elle avait l’esprit ailleurs. L’honneur qui lui était fait était grand, mais elle ne pouvait s’empêcher d’avoir le cœur lourd à l’idée de quitter les siens pour toujours. Heureusement que son amie l’accompagnait.  

Elle rejoignit le cœur du village, entourée des autres femmes du village. Dès qu’il la vit, parée d’atours précieux et de tissus soyeux, Tristo se dit que ce qu’on disait d’elle était vrai, et qu’il fallait bien l’esprit du Lion, le roi de la savane, pour être en tombé en amour pour elle. Il se prosterna devant elle, elle lui répondit avec discrétion.  

L’équipée se mit en route très tôt, dès la fin du repas. Ils marchaient en file indienne, Isma et Kaoré étaient entourées et protégées des guerriers de Tristo contre les éventuels dangers de la savane. Ils progressèrent en silence durant de longues heures sous le soleil brutal. Isma se protégeait le visage du shuka traditionnel de son village.  

 

 

La nuit tombée, Tristo choisit le creux d’un grand baobab pour installer le bivouac et permettre à Isma de se reposer en paix. Ses guerriers étaient exténués et s’assoupirent très vite. Lui resta éveillé pour surveiller les alentours. Isma non plus ne dormait pas encore. Elle était allée se recueillir auprès d’un plan d’eau voisin, et regardait les étoiles en écoutant le lointain barrissement d’un éléphant énervé. Tristo voulut se désaltérer, mais sa gourde était vide. Aussi rejoignit-il la belle, et voulut-il puiser de l’eau.  

- Ne fais pas ça, guerrier.  

Tristo l’interrogea du regard, elle lui désigna quelque chose. A la lueur de sa torche enflammée, il découvrit le cadavre d’un buffle qui débordait de l’eau sur l’autre rive proche. L’eau pouvait être contaminée par sa vermine. Tristo renonça donc et vint s’asseoir auprès d’elle. Elle-même n’avait plus d’eau à lui proposer. C’est alors qu’elle songea à la gourde que lui avait confiée Kaoré, et elle la tendit au jeune homme.  

- Bois-en. Elle contient un quelconque remède que m’a préparé Kaoré, mais il ne pourra pas te faire de mal. Kaoré ne prépare que des bonnes choses pour le corps et l’esprit.  

Tristo but, et Isma s’y désaltéra à son tour. Alors la savane rugit : le lion sortit de son sommeil et porta son regard au loin, le guépard interrompit sa course nocturne et laissa filer la gazelle pour humer le changement d’air, la girafe sortit la tête du magnolier, la bouche pleine, et contorsionna son cou pour chercher d’où venait cette impression de tonnerre. Quelque chose venait de se produire, et la savane entière l’avait ressenti…  

Tristo regardait Isma d’un regard ardent. La jeune femme sentait son regard la pénétrer et lui réchauffer tout le corps dans cette nuit fraiche. Ni l’un ni l’autre ne pouvait détourner les yeux, et l’un comme l’autre semblait se reconnaître. Tristo avança les lèvres, Isma les accepta. Leurs deux corps se lovèrent l’un contre l’autre, et la quiétude revenue dans la savane fut témoin de leur union.  

 

 

Le village n’était plus très loin, et Kaoré ne pouvait s’empêcher d’être inquiète. Depuis le début du jour, elle voyait que quelque chose avait changé : Isma avançait maintenant la tête haute, elle ne redoutait plus rien. Lorsqu’ils croisèrent un python, elle n’eut pas peur et le prit même de ses propres doigts pour l’éloigner du sentier. Alors que bien souvent au village elles avaient hurlé ensemble à la vue de la moindre vipère. Le guerrier Tristo aussi était différent : il marchait toujours en avant, mais se retournait souvent pour les regarder. Isma et lui échangeaient de nombreux regards, alors qu’hier ils semblaient s’ignorer. Un sombre pressentiment l’habitait, elle n’osait demander à son amie si sa gourde était toujours pleine…  

Tristo sentit son ventre se serrer lorsqu’il aperçut les premières huttes. Il ne voulait pas terminer le voyage, pourtant ses pas continuaient de le porter en avant, presque malgré lui. Le village s’était rassemblé pour les accueillir. Et lorsque Tristo déposa la main d’Isma dans celle de Sumamba, il lui fallut de longues secondes, quelques secondes de trop, pour lâcher la main de sa belle et se reculer. Mais Sumamba ne remarqua rien : il était électrisé par la beauté de sa promise et plus rien n’existait autour d’elle.  

Le soir même, Isma et Sumamba furent unis selon les rites ancestraux. Une grande flambée brûlait au centre de la tribu assise à même le sol, et pour l’occasion on avait fait rôtir des onyx, des ibis, et même quelques crocodiles. Isma se tenait auprès de son nouvel époux, mais n’avait pas le cœur à la fête. Elle cherchait Tristo du regard, mais elle ne le trouvait nulle part. Puis vint le temps pour les époux de se retirer. On emmena Isma et Kaoré dans leur case, pour que la belle puisse se préparer à rejoindre celle de Sumamba. Isma n’arrivait pas à lever le regard et laissait Kaoré la préparer en silence. Kaoré sentait son désespoir mais n’osait dire un mot. Elle comprenait quelle faute avait pu être commise, et s’en sentait responsable.  

Soudain, un homme pénétra dans la case, alors qu’Isma était à moitié dénudée. C’était Tristo. Il avait la mâchoire serrée. Sans égard pour la présence de Kaoré, il implora :  

- Tu ne peux pas le rejoindre. Je suis à toi, et tu es à moi. Les esprits se sont trompés, cela ne peut pas être autrement.  

Isma se releva et plongea dans ses bras.  

- Je ne le peux pas non plus.  

Ils s’enlacèrent. Ils se sentaient piégés et ne savaient pas quoi faire. Kaoré les regardait, désemparée. Ils lui confirmaient ses pires craintes. Tous deux avaient bu dans la même gourde, de ce filtre destiné à rendre les futurs époux fous l’un de l’autre pour quelques heures seulement, le temps que leur première nuit soit inoubliable. Elle ne comprenait pas pourquoi l’effet de la potion persistait encore, alors qu’ils avaient dû la boire la nuit précédente. Elle se releva et leur dit :  

- Ce qui arrive est ma faute. Le charme était trop grand. Partez, je m’occupe de tout.  

Les deux amants la regardèrent sans comprendre.  

- Partez ! Je veille ici, on ne vous poursuivra pas cette nuit.  

Alors Tristo et Isma fuirent dans la nuit.  

Kaoré fouilla dans ses affaires et en sortit une petite fiole. Elle se dirigea vers la case de Sumamba, qui afficha sa surprise en la voyant entrer à la place de son épouse.  

- Grand chef, ta femme m’envoie pour te demander de boire de cette fiole. C’est une préparation que m’a confiée la sorcière de notre village. Elle te donnera la fougue dont tu auras besoin pour la nuit entière.  

Charmé de l’attention de sa belle et des promesses de la nuit à venir, Sumamba but d’un trait le liquide sucré. Kaoré sortit, rejoignit sa case, et se vêtit du voile traditionnel de la mariée qui lui cachait le visage. Elle revint alors auprès du chef du village. Sa silhouette n’aurait trompé personne, beaucoup plus petite et épaisse que celle d’Isma. Pourtant, quand Sumamba la vit entrer, il n’en fit aucune remarque. Ses yeux reflétaient un désir intense. Il se leva, enleva sa propre tunique, puis dévêtit la jeune femme. Aveuglé par les effets de la potion, il dévorait des yeux le corps de Kaoré que l’illusion lui faisait voir à l’image de celui d’Isma. Il l’allongea sur sa couche et, la nuit entière, en prit possession avec une soif inaltérable…  

Au matin, Kaoré avait rejoint sa case, secrètement comblée. Mais elle ne put bien longtemps cacher la fuite d’Isma. Et celle de Tristo fut vite découverte également. Sumamba ne comprit pas comment, après une telle nuit, son épouse avait pu rejoindre un autre homme. Il entra dans une fureur innommable et, accompagné de plusieurs de ses meilleurs guerriers, parti sur les traces de son traître de cousin et de sa femme, qui dans son esprit ne pouvait qu’avoir été enlevée à son corps défendant.  

 

 

Loin, bien loin de là, alors que le soleil prenait possession du ciel, les deux amants fuyaient. Ils avaient marché toute la nuit durant, et avaient réussi à mettre beaucoup de distance entre eux et le village. Tristo ne savait pas où il emmenait Isma, mais il savait que l’expérience des guerriers de son village ne les empêcherait pas de retrouver leurs traces. Pourtant, ils s’arrêtèrent à l’ombre des rochers, car ils étaient à bout de force. Ils en eurent néanmoins quelques unes encore pour se retrouver, pour poursuivre la découverte du corps de l’autre. Près de là, une termitière fourmillait d’activité sans se préoccuper d’eux. Mais un couple de lémuriens, posé sur un rocher au-dessus d’eux, observait avec des yeux avides les démonstrations de leur passion…  

Les esprits de la savane étaient en ébullition, et dans ce tonnerre de passions humaines, ils allaient peut-être devoir choisir leur camp…  

 

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Un conte romantique et fantastique de Bernie HOWELL  

Sur un scénario du Corbeau, adapté librement de la légende Tristan et Yseult  

 

Avec  

Terry FILLION - Tristo  

Donzelle OUACHINGTONE - Isma  

Dale BROWN - Sumamba  

Béatrice BOUMA - Kaoré  

 

Sur une musique tribale de Wayne HOPKINS  

Scénario : (2 commentaires)
une série B fantastique (Légende/Romance) de Bernie Howell

Terry Fillion

Donzelle Ouachingtone

Dale Brown

Béatrice Bouma
Musique par Wayne Hopkins
Sorti le 12 décembre 2031 (Semaine 1406)
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