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Philadelphia Productions présente
Le Motel ensanglanté

Adrian Goldenberg joue le rôle principal  

Lara Fusco joue le rôle de Sonia  

Sam Batson incarne Hitchkock  

 

"Prêt ? C'est parti, on tourne !". L'assistant du réalisateur parlait ainsi, d'une voix claire et forte. Il imposait le respect parmi l'équipe du film mais celui qui impressionnait le plus était le réalisateur. Il avait une longue expérience et avait fait des films très célèbres, tous des thrillers ou plutôt des films à suspense, qui ne laissent deviner aucune option plausible jusqu'à la fin. J'étais l'acteur principal, le grand blond aux yeux bleus, celui qui faisait tomber les femmes par la seule force de son charisme. Ce rôle me convenait assez bien, il était arrivé au bon moment pour relancer ma carrière, et marquer un tournant dans ma vie. J'incarnait un homme qui devait sauver une femme riche qui était tombée dans les bras de vils voyous. Une histoire classique, avec le baiser à la fin pour couronner le tout. J'étais assez timide quand j'étais petit, pas au point de s'évanouir au milieu de la classe mais il me restait de cette époque une appréhension du public et de l'oral. Etre acteur aurait bien été la dernière des choses que j'aurais voulu faire. Aucun talent dans le théâtre, et pourtant le destin en décida autrement. J'étais peut-être timide mais j'étais drôle, je me plaisais à faire rire de temps en temps les amis. De toute façon, les études ne m'intéressaient pas. Non pas que je n'avais pas les capacités pour, mais passer sa journée à écouter les professeurs parler sans cesse des grands évènements historiques, de l'algèbre ou des conjugaisons ne me réjouissait pas. Malgré cela, je réussis à m'en sortir en faisant mes premiers pas sur l'écran. Je déménageai de New-York à Los Angeles. Quelle grande surprise se fut ! Les belles avenues blanches, bordées de grandes villas luxueuses, la mer là-bas, pas loin, qui se mouvait en de lents mouvements. Bien sûr, je en pouvais pas encore m'offrir de telles résidences mais les regarder était apaisant. Rien à voir avec l'architecture moderniste et moderne de New-York, qui souvent couverte de nuages, est bien morne comparée à la vie à la "californienne". Je débutais dans le monde si dur et concurrencé du cinéma en qualité de figurant, jouant le passant ci et là, puis incarnant de nombreux rôles secondaires et enfin en jouant des rôles importants dans quelques films. C'était une passion, une passion que l'on se découvre un jour et qui envahit votre quotidien jusqu'à ne former plus qu'un dans vôtre être. Provoquer des émotions chez les spectateurs, les surprendre et les faire réfléchir. Tant de choses que le cinéma peut faire passer à travers des films simples et beaux. J'entendis une voix, qui me cria: "John réveilles-toi !".  

 

Je me retrouvai sur mon bureau, la tête appuyée contre le mur, j'avais encore rêvé des évènements de ma vie. Cela m'arrivait parfois, je me réveillais au milieu de la nuit, sans savoir pourquoi. Ces réveils nocturnes étaient mauvais car je ne me recouchait plus par la suite. Je restais assis, là, sur le lit, à attendre les minutes et les heures qui passaient à une vitesse folle. Et enfin le soleil se levait et j'étais très fatigué. Je suis assez solitaire, quelquefois je préfère la compagnie du silence à celle des personnes.  

Donc je m'étais ensuite relevé et j'avais vu le visage de Macy, une des scénaristes du film. Elle était plutôt en forme, elle portait de jolies lunettes rondes qui soulignaient la forme de son visage. Elle portait une jupe car il faisait chaud ce jour-là. Une chaleur agréable. Ma roulotte était assez désordonnée, des tas de magazines et de livres étaient disposés au sol. Sur mon bureau s'entassaient les lettres de mes admirateurs. Je sortis rapidement et pris la direction de l'entrée du plateau. J'entrai par une petite porte destinée au personnel, je montrai mon badge et me dirigeai vers le lieu de tournage. Là, se trouvaient déjà le réalisateur, visiblement un peu énervé pour mon retard. A ses cotés se tenaient le décorateur et le compositeur de la bande sonore. Ils me saluèrent tous d'une poignée de main mais alors j'entendis une voix me parler:  

 

"Alors, vous êtes encore en retard aujourd'hui ? John combien de fois je doit vous dire que la base de ce métier c'est la ponctualité. Si nous ne serions pas ponctuels , nous serions en retard, et le retard, les sociétés de production n'aiment pas ça. Donc tâchez d'y veiller la prochaine fois  

-J'essayerais de ne plus retarder le tournage, monsieur."  

 

Il n'étais pas si méchant que ça le réalisateur. Il étais juste pointilleux sur des choses que la plupart des gens jugeraient comme inutiles: il fallait que ce soit le bon jour, ni trop froid, ni trop chaud pour commencer à filmer. Nous avions attendu des mois avant qu'il ne se décide un jour en me criant au téléphone:"C'est bon ! Venez au studio !". Mais les sociétés de production l'avaient laissé faire car il était expérimenté et connaissait son métier, elles savaient très bien qu'il était capable de créer des films à succès qui rapporteraient énormément d'argent. Alors elles le laissèrent faire, au gré de ses envies et de ses désirs. Paradoxalement, il avait en horreur les films commerciaux. Lui, filmait pour le plaisir pas pour le bénéfice. Cela le poussait à faire des choix qui dépassaient les normes du cinéma. Il avait accepté un peu à contre-coeur cette histoire, car elle n'avait rien de bien novateur et surtout il n'avait aucune emprise sur le scénario. Les scénaristes avaient été choisis indépendamment. En résultait d'incessantes disputes sur le déroulement du film. Nous devions subir cela au quotidien, sa volonté d'indépendance. Il n'était pas très intransigeant malgré qu'il se plaisait à corriger les fautes des uns et des autres.  

 

"Prise de Vue n°35, c'est parti !" Ce jour-là, je devait rencontrer une personne qui pourrait me donner l'adresse d'où se trouvait la femme. Je devais faire semblant d'être persuasif, convaincant. Je m'impliquais toujours à fond dans mes rôles, cherchant à en faire qu'un avec le personnage. Il fallait que j'analyse chaque facette de sa personnalité pour pouvoir mieux comprendre et mieux interpréter.  

 

Cette interprétation, il fallait la sortir de plus profond de son être, du fond du coeur pour être crédible. Il ne fallait pas surjouer, rester dans la simplicité sans pour autant raccourcir le caractère du personnage . Et je répétais inlassablement les mêmes phrases et les mêmes scènes, entendant toujours le réalisateur ajouter des remarques et des critiques par-dessus. Ce flot de paroles était déstabilisant au début mais avec le temps, tout cela était normal. Même le fait de mentir presque aux spectateurs en jouant des rôles et en prononçant des paroles que je n'aurais jamais pu dire dans la vrai vie. Je ment en faisant croire faussement des choses à l'écran, mais à ce moment-là tous les romans mentent ? A part les autobiographies ? Non, moi je suis juste un sous-produit du divertissement, les personnes qui vont au cinéma doivent surtout se rappeler que tout ce qui est dit à l'écran est pure fiction. Je suis juste le moyen qui permet d'atteindre le résultat. Parmi toute la troupe des acteurs, celle que j'aimais le plus s'appelait Sonia. Nous nous entendions bien, quelquefois, lors de la pause méridienne, nous nous rencontrions et parlions de multiples choses. Quand elle parlait, la seule chose que je cernait était son regard: intense et bleuté. Elle était plutôt grande en taille et avait de longs cheveux blonds. Elle occupait un rôle peu important dans le film, elle incarnait la domestique du personnage que je jouait. Ainsi nous pouvions rester ensemble même lors des séances de tournage. Ah qu'elle était belle. Le réalisateur ne la réprimandait jamais, elle exerçait une sorte de fascination sous-jacente, une fascination qui ne peut s'expliquer par la raison et l'intelligence.  

Je restais souvent tard auprès d'elle le soir. Elle me dit alors:  

 

"Veux-tu me raccompagner jusqu'à la chambre de mon motel ?"  

 

Elle occupait une petite chambre d'un motel à quelques kilomètres de là. Il faisait noir, très noir. L'atmosphère était assez lourde, un poids semblait écraser nos poumons. Elle sortit de la voiture, me fit un large sourire et entrai dans sa petite chambre. Cette nuit-là, je dormis profondément, comme si quelque chose d'important allait se dérouler le lendemain. Je sentais dans le plus profond de mon mort que cette journée n'allait pas être banale.  

Je me réveillai vivement, m'habillai et fit ma toilette. Je sortais de ma roulotte, il faisait beau, le soleil resplendissait au-dessus de ma tête. Il y avait peu de monde dans les rues, quelques gens qui marchaient ici et là. Il était 9h00. Dès que je franchis la porte du studio, je vis des voitures de police et des policiers en uniforme. A côté d'eux se tenait toute l'équipe du film, ils faisaient de drôles têtes: ils regardaient par terre et fuyaient tout regard. C'est alors qu'un inspecteur, bien habillé, vint me dire clairement:  

 

"Sonia est morte, hier soir."  

 

Je m'écroulai sur le sol, tout était fini. Un flot d'émotions me submergea, je ne savais pas comment réagir, je restai là, allongé sur le sol, à compter les minutes s'égrenant. Je ne pensais plus à rien, un vide s'était crée, mon esprit avait été balayé par cet évènement. N'en restait que des décombres, des ruines d'avant le meurtre. Je restai comme cela toute la journée, à attendre que le temps passe.  

Par la suite, j'eus des précisions à propos de son décès: elle était morte juste après que je l'avais accompagné, dans sa douche, avec des coups de poignard dans le coeur. Quel homme aurait pu commettre un tel crime ? Quel homme aurait pu toucher à une si belle femme de cette façon ? Ces questions restaient sans réponse comme l'identité du meurtrier. Aucune trace ou empreinte digitale fut relevée. A l'évidence, il s'agissait d'un meurtre passionnel ou pulsionnel car l'argent n'avait pas été volé. Un psychopathe assouvissant ses désirs et ses envies les plus folles. Je n'aurais jamais été capable d'imaginer qu'une telle chose pourrait lui arriver. Tout le monde en étais profondément touché même le réalisateur qui proposa d'arrêter le tournage du film définitivement pour respecter sa mémoire. Cela m'étonnait de lui car il n'était pas très complaisant envers les personnes des fois, il n'avait eu aucun scrupule a congédier une de ses scénaristes pour en prendre une nouvelle. Ce film qui devait relancer ma carrière, avait été annulé, et je n'avais alors plus aucun rôle à jouer.  

 

Un soir, M.R (comme ça nous l'appelions le réal) était de sortie dans une cérémonie cinématographique. Je profitai de cette occasion pour aller faire une petite visite à l'improviste dans son appartement. Il m'avait confié les clés car avait confiance en moi, peut-être trop. C'était une jolie habitation, il y avait de nombreuses décorations et médailles accrochées au mur, dans le salon, un grand canapé faisait face à une petite table basse en bois. Il y avait un vieux tapis au sol, gris et blanc, qui donnait un aspect presque délabré à la pièce. Un gros lampadaire en verre de Murano s'offrait au dessus de moi. "Il doit avoir de l'argent, pensais-je" En effet les matériaux des meubles et des décorations étaient chers et même hors de prix pour l'époque: ébène, bakélite, cuir de haute qualité... De nombreuses portes menaient à des pièces diverses. Une porte m'intrigua particulièrement, elle était un peu à l'écart, comme si l'on avait voulu que personne ne veuille la voir. J'entrai, j'allumai la lumière et alors. Je vis des dizaines de photo de Sonia accrochées au mur, des cartes, des plans avec ses localisations et des papiers qui servaient de bloc-notes. Dans la poubelle se trouvait un couteau, un couteau plein de sang. Si il avait été jeté là c'était sûrement pour s'en débarrasser. Alors je compris. C'était lui le meurtrier ! Il faisait devenir réalité ses fantasmes et ses films les plus fous ! Il devait se plaire à voir ses créations devenir enfin réelles. Je ne savais par quelle façon il arrivait à tuer aussi sauvagement une jeune femme. Seuls les aliénés en étaient capables. Je revint dans le salon, je lut un nom puis un prénom sous les médailles: "Alfred. Alfred Hitchkock.".

Scénario : (1 commentaire)
une série B thriller de Paul Birdnam

Adrian Goldenberg

Lara Fusco

Sam Batson
Sorti le 03 octobre 2031 (Semaine 1396)
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