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Les Films du Corbeau présente
Nymphea

Pour petits et grands à partir de 5 ans  

 

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La nuit était enfin tombée et tous les regards se posaient sur la chrysalide, pendue à la feuille de pissenlit depuis plusieurs jours déjà. Depuis la veille, elle avait commencé à émettre cette douce lumière qui indiquait à tous que le moment était proche. Cette lueur s’était faite étincelle au cours de la journée. Cette fois, c’était sûr : elle allait éclore ce soir.  

Glou (Nadia DOMINGUEZ) se tenait au milieu des autres et attendait le moment avec impatience, et une certaine angoisse. Y arriverait-elle cette fois ? Etait-ce enfin la bonne ? La quasi-totalité de leur communauté, qui ne comptait plus qu’une trentaine de nymphes, était rassemblée à ses côtés, les yeux rivés vers le ciel et la chrysalide. Le moment était intense, tous étaient fébriles et aux aguets. A plusieurs mètres de là, entourant la chrysalide de leur protection, les veilleuses étaient cachées sous les feuilles et à l’abri des tiges. Toute la journée, les nymphes s’étaient faites discrètes pour n’alerter personne de l’événement du soir.  

 

Ca y est, la naissance débutait. La lueur se fit incandescence. La chrysalide se durcit et se craquela. On apercevait les premiers mouvements venant de l’intérieur du cocon. Tout le monde retenait son souffle…  

(BO : http://www.youtube.com/watch?v=VJb-N-MStBo)  

Mais soudain, une agitation se fit entendre au-delà des feuillages de pâquerettes. Les veilleuses étaient en mouvement. Glou sentit son cœur se serrer. « Non, pas encore ! »  

C’est alors qu’elle aperçut les yeux rouges, énormes et globuleux, se détacher de la pénombre et fixer la chrysalide. La terreur s’empara de chacune des nymphes. Les veilleuses arrivèrent en courant et se ruèrent vers la forme immonde, armées de leurs minuscules piques de roseaux. Les nymphes n’étaient pas des guerrières. Elles n’avaient aucune chance. Il fallait que leur sœur nymphe sorte de sa chrysalide au plus vite ! Mais elle poursuivait sa lente renaissance, inconsciente du danger qui la guettait. Toutes les nymphes la fixaient avec angoisse, comptaient les secondes. C’est alors que, balayant les veilleuses, une longue langue, gluante et élastique, siffla dans l’air et se propulsa en direction de la chrysalide. En l’espace d’une seconde, elle se fixa au cocon et l’entraina vers la bouche béante et sombre de l’affreux monstre. Il la goba sans plus de cérémonie. Les nymphes hurlèrent leur désarroi, leur colère. Mais le monstre s’était déjà retourné et s’enfonça dans les eaux pour disparaître, une fois de plus.  

Les nymphes restèrent immobiles, abattues. La renaissance avait échoué une fois encore par la faute du grand Krouac, ce crapaud immonde. Depuis qu’il était arrivé dans cette parcelle de la rivière, il prenait un malin plaisir à terroriser les nymphes, et surtout, à savourer la plus précieuse d’entre elle, l’élue, celle dont leur survie dépendait. De cette chrysalide devait renaître une nymphe ailée, une fée. Seules les nymphes ailées étaient dotées de pouvoir magique. Autrefois, les bords de la rivière étaient peuplés de fées, virevoltant au gré des vents et prodiguant leur douce magie dans toute la contrée. Mais sans fée, plus de magie. Et sans magie, la nature était plus terne. Beaucoup de nymphe, à bout de force et à cours d’espoir, quittaient la communauté pour muer en lucioles anonymes et sans pouvoir.  

Si le grand Krouac ne cessait pas de dévorer leurs chrysalides, alors les nymphes disparaîtraient entièrement. La rivière serait peuplée de lucioles, mais il n’y aura plus aucune trace de magie et la nature ne perdurera que dans une demi-teinte.  

 

 

Les nymphes rejoignirent chacune leur abri, les épaules basses, en proie à la mélancolie et au fatalisme. Le grand Krouac était beaucoup trop fort pour elles. Les veilleuses étaient toutes revenues blessées, il n’y aurait bientôt plus aucune nymphe pour avoir le courage de veiller. Glou, au lieu de retrouver son abri, décida de rejoindre celui de leur Reine, Bezmabée (Drew ALEXANDER). Etant la moins jolie des nymphes, elle n’avait aucune chance d’être élue pour devenir la prochaine fée. Beaucoup auraient pu s’en réjouir, étant donné le triste destin qui était réservé à l’élue depuis l’arrivée du Krouac, mais aucune ne pouvaient s’empêcher d’espérer. Glou, elle, n’était définitivement pas assez jolie, elle ne serait jamais élue. Aussi, elle s’efforçait de servir la Reine plus intensément que les autres, car elle pensait que c’était la meilleure chose qui lui restait à faire pour sa communauté.  

La Reine était la dernière des fées, mais aussi la plus ancienne des nymphes, et aussi la plus fatiguée. Elle ne pouvait pas quitter ses nymphes, pas avant qu’une fée puisse prendre le relai. Aussi elle restait allongée dans son abri toute la journée, attendant le moment de désigner, par ses faibles restes de magie, celle qui serait élue pour entrer dans la prochaine chrysalide. Elle n’avait pas assisté à l’éclosion manquée. Ses premières suivantes s’étaient sans doute empressées de lui apprendre la triste nouvelle, mais Glou ne voulut pas aller se reposer avant de s’en assurer.  

Elle sautilla légèrement sur l’eau et rejoignit le nénuphar où se cachait la Reine. Elle s’enfonça dans les pétales de la fleur, mais s’arrêta lorsqu’elle entendit la voix de Bezmabée, qui s’entretenait visiblement avec une de ses suivantes.  

- Je suis désespérée, nous n’y arriverons jamais.  

- Pourtant il nous faut persister, ma Reine.  

- A quoi cela sert-il ? Nous ne ferons que perdre la prochaine. Nous avons besoin des meilleures d’entre nous, jusqu’à la fin…  

- Ma Reine, avez-vous pensé à revoir votre façon de nous choisir ?  

- Que veux-tu dire ?  

- Nous ne pouvons pas arrêter d’essayer, mais peut-être faut-il maintenant privilégier les moins précieuses d’entre nous pour entrer dans la chrysalide ?  

- Ce que tu dis n’est pas insensé, mais cela ne me paraît pas bien généreux…  

- Pensez à notre jeune Glou. Elle est si… simple ! Que peut-elle espérer de cette vie ? Au mieux, elle deviendra fée, ce qui ne lui serait sans doute jamais arrivé en temps normal. Et au pire… Finir dans l’estomac de cette affreuse bête ou devenir une luciole sans aucun souvenir de son passé de nymphe, quelle différence cela fait ?  

- … Ma petite Glou. Ce n’est certes pas la plus jolie ni la plus brillante, mais j’ai grand peine à l’idée de la vouer au Krouac. Si seulement nous pouvions nous débarrasser de lui !  

Glou recula en silence et quitta le nénuphar royal. Elle rejoignit son abri et, seule dans l’obscurité, elle pleura. On pensait à elle pour entrer dans la prochaine chrysalide ! Cela, elle n’aurait jamais osé l’espérer. Mais si même la Reine ne croyait pas en son succès, alors tout le plaisir en était ternit. Que la chrysalide devienne synonyme de mort, c’était bien le plus mauvais coup que leur avait réservé ce terrible crapaud. Le grand Krouac… Si seulement il pouvait disparaître…  

Glou se redressa. C’était cela ! Il fallait à tout prix qu’elle trouve un moyen de se débarrasser du grand Krouac ! Alors, elle pourrait devenir une fée.  

 

 

Il n’était plus question de trouver le sommeil ce soir-là. Aussi Glou se précipita en dehors de son abri et parti à la recherche de son ami Brizzi (Luis DIAZ). Elle le retrouva endormi à l’abri d’une fleur de digitale, juste au bord de l’eau, et secoua la libellule en agrippant ses ailes.  

- Réveille-toi !  

- Glou ! Quelle brute tu fais… Mais que t’arrive-t-il ? Ne me dis pas que vous avez une nouvelle fée ?  

Le visage de Glou se rembrunit.  

- Non. Le grand Krouac est venu, une fois de plus.  

- C’est bien malheureux. Mais que veux-tu ? Endors-toi, nous n’y pouvons rien.  

Brizzi refermait les yeux, mais Glou ne le lâcha pas.  

- C’est là que tu te trompes ! Brizzi, il faut que tu m’aides. Je sais comment régler tous nos problèmes.  

Brizzi comprit qu’il ne se débarrasserait pas de son amie aussi facilement.  

- Dis-moi tout…  

- C’est très simple ! Il faut tout simplement qu’on demande au grand Krouac d’aller voir ailleurs !  

Brizzi ouvrit grand ses multiples globes oculaires. Lentement, ses ailes frétillèrent, puis il se mit à siffler de rire sans réussir à s’arrêter. Glou fit une moue boudeuse.  

- Idiot, arrête de siffler ! Qu’est-ce qui te fait rire ?  

- Mais ma pauvre Glou, tu crois vraiment que le grand Krouac va t’écouter au lieu de te gober ? Et quand bien même, qu’il va accepter de partir simplement parce que tu lui demandes ?  

- Il ne se rend sans doute pas compte du mal qu’il nous fait. Personne ne le lui a jamais dit !  

- Il sait très bien ce qu’il fait ! Pourquoi crois-tu qu’il choisit justement votre chrysalide ? Pourquoi ne vous dévore-t-il pas toute, et pourquoi attend-il justement le soir de l’éclosion ? Crois-moi, tu perds ton temps. Vous feriez mieux de vous changer toutes en lucioles. C’est très joli, une luciole ! Ca décore notre rivière.  

- C’est affreux, ce que tu dis. Je refuse de te croire. Il faut essayer, je te dis. Il nous entendra !  

- Va te coucher, Glou, et laisse-moi tranquille. Nous en reparlerons demain.  

- Tu dois venir avec moi, Brizzi. Tu le dois, tu le dois, tu le dois, TU LE DOIS, TU LE DOIS…  

- Arrête ! Ca suffit ! Tu as gagné. Je t’emmènerai voir le grand Krouac. Mais demain. Laisse-moi dormir…  

Glou s’en alla toute guillerette. Quand elle était avec Brizzi, elle se sentait forte et capable de tout…  

 

 

Le lendemain pourtant, quand elle retrouva son ami, il chantait une toute autre chanson. Il ne pensait pas qu’elle était sérieuse, il avait autre chose à faire, il fallait qu’il se trouve une demoiselle libellule, et tout et tout… Mais Glou ne se laissait pas déconfire aussi facilement. Elle le gronda, elle le suivit partout, elle le supplia, elle lui chanta sans arrêt la chanson du canard qui mangeait les libellules… Bref, elle sut se rendre parfaitement insupportable. Aussi Brizzi céda, l’accueilli au creux de ses ailes et s’envola à travers les roseaux et les nénuphars, à la recherche du crapaud. C’est dans un recoin sombre qu’ils trouvèrent son repaire. Parce qu’il n’y avait âme qui vive, parce qu’aucun insecte, qu’aucune araignée ne venait frayer dans les parages, ils comprirent qu’ils étaient arrivés. Devant le trou béant et sombre de l’abri, Brizzi déposa son amie et s’envola se cacher derrière un roseau.  

- Glou, ne fais pas ça ! Il va te gober comme une mouche !  

Mais la jeune nymphe ne désarma pas. Elle se mit à crier bien fort :  

- Grand Krouac, sors de là ! Grand Krouac, sors, je te dis. Sors ! SORS !  

L’eau se mut de vaguelettes inquiétantes. Bientôt, l’immonde forme sombre et purulente apparut (Avi ELIAS). De ses yeux globuleux et tranquilles, il fixa la nymphe et se tint silencieux. Glou ne l’avait jamais vu en plein jour, et elle se sentit tout d’un coup moins sûre d’elle…  

- Grand Krouac, pourquoi viens-tu gober nos chrysalides ? Personne ne t’a jamais dit que c’était très mal ? Que les nymphes avaient besoin de nos chrysalides pour survivre ? Il faut que tu t’en ailles. Va te trouver une crapotte, et laisse nous tranquilles !  

Le crapaud la fixait sans rien dite et, lentement, comme Brizzi la veille, Glou vit sa peau flasque trembler. De sa voix caverneuse et lugubre, il riait.  

- Tu veux que je m’en aille ? Et que je renonce à ce festin de roi que vous me réservez si souvent ? Petite luciole, va donc me préparer une nouvelle chrysalide avant que je ne te gobe toi aussi…  

Aussi simplement qu’il était apparu, il se détourna et s’apprêtait à disparaître dans son repaire. Mais Glou n’avait pas terminé.  

- Alors tu es aussi mauvais qu’ils le disent ? Il faut que tu partes, Krouac. Va-t’en ! Va-t’en ! Va-t’en ! VA-T’EN ! VA-T’EN ! VA-T’EN !  

- ASSEZ !  

Le crapaud s’était retourné avec une agilité surprenante et envoya sa longue langue dans la direction de la nymphe. Surprise, Glou reçu la masse gluante de plein fouet, mais Brizzi avait aussi été rapide. Il l’agrippa de ses crochets et l’attira de toutes ses forces. Il put la décoller et, emplie de bave, il s’envola en la tenant solidement. Le crapaud riait.  

- Vole, petite nymphe, vole ! Avant que le grand Krouac te croque…  

 

 

Glou se nettoyait le corps embourbé de bave écœurante à l’eau fraiche, pendant que Brizzi la serinait de ses « Je te l’avais bien dit », « Tu n’en fais qu’à ta tête »… Une fois nettoyée, elle s’assit sur un caillou et resta songeuse, séchant au soleil, pendant que la libellule la regardait de son air renfrogné.  

- Tu avais raison, Brizzi. Cet animal est aussi bête que méchant.  

- Enfin une parole sensée ! Viens, rentrons.  

Brizzi vit vibrer ses ailes en attendant qu’elle remonte sur son dos. Elle était triste. Elle reviendrait au village, elle serait la nouvelle élue, et elle terminerait dans l’estomac du plus méchant des animaux… La libellule remarqua son visage attristé.  

- N’y penses plus, Glou. Dis-toi que s’il vous mange aujourd’hui, il sera bien mangé demain ! La nature est ainsi fai…  

- Oui, c’est ça ! Tu as raison !  

Le visage de Glou s’illumina à nouveau. Celui de Brizzi s’assombrit à son tour…  

- Oh non, non ! Je n’ai pas raison ! Je ne sais pas ce que tu as en tête, mais…  

- C’est toi qui l’a dit, Brizzi ! Si on ne veut pas qu’il nous mange, faisons en sorte qu’il se fasse manger !  

- Oh mes aïeux…  

- Réfléchis, Briz. Qui voudra manger notre crapaud ? La couleuvre ? Le hérisson ? Le héron, peut-être ? Eh bien allons trouver l’un d’entre eux, et disons-lui où faire un bon festin !  

- Mais andouille de nymphe, tu ne crois pas que la couleuvre, le hérisson ou le héron croquent des nymphes et des libellules de temps à autres ?  

- Pas si nous leur promettons mieux. Viens Brizzi, c’est décidé ! Nous partons à la recherche d’une couleuvre, d’un hérisson ou d’un héron !  

- NON ! Pas question. Moi je rentre.  

- Il faut que tu viennes avec moi, Brizzi ! Viens ! Viens ! Viens ! VIENS ! VIENS ! VIENS !  

- Oooh mais c’est pas possible…  

Déjà, elle était sur son dos. Et bientôt, ils s’envolèrent vers des contrées inconnues. La route serait peut-être longue et dangereuse, mais Glou ne reviendrait pas sans un secours. Elle débarrasserait les nymphes du grand Krouac, elle serait l’élue, puis elle serait la première des fées, la première de celles qui redonneraient tout son éclat à la nature, et au monde des rêves. Elle en était certaine. Sûre. Sûre. Sûre. SÛRE. SÛRE. SÛRE…  

 

BO : partir à l’aventure - http://www.lescitesdor.com/musiques/themeesteban.mp3  

 

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Un film d’animation pour enfants réalisé par Tim BONES  

Sur un scénario original du Corbeau  

 

Avec les voix de  

Nadia DOMINGUEZ - Glou  

Luis DIAZ - Brizzi  

Avi ELIAS - le grand Krouac  

Drew ALEXANDER - Bezmabée  

 

Sur une musique de Wayne HOPKINS  

 

Scénario : (2 commentaires)
une série B d'animation de Tim Bones

Luis Diaz

Nadia Dominguez

Avi Elias

Drew Alexander
Musique par Wayne Hopkins
Sorti le 26 décembre 2031 (Semaine 1408)
Entrées : 20 074 871
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