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Gérard Cousin Prod présente
Dr. Edwards

Dans les brumes vaporeuses de l'opium, dans les saveurs douces-amères de l'absinthe, je recherche le réconfort que la vie ne m’a pas offert. Alors que ma place se trouve dans la haute société Londonienne à laquelle j’appartiens, que j'ai récemment obtenu mon diplôme de médecine, je suis pourtant le locataire volontaire des bas-fonds, le compagnon des femmes de petite vertu, le poursuivant de combats clandestins pour quelques livres...  

Certaines personnes pensent que je suis en train de m'autodétruire...  

A ceux-là je réponds: Cela n'a aucune importance!  

Je suis Charles Henry Edwards... ou plus simplement, "Docteur Edwards"...  

 

-1878, Londres- Un jeune homme au visage contusionné est étendu sur un lit, entouré de part et d’autre par deux belles femmes étendues lascivement à ses côtés, lui prodiguant des caresses et des baisers qui semblent pourtant sans effet.  

Charles Henry Edwards (Alex McBrain) fixe le plafond, son esprit flottant au gré du souvenir d’un combat qu’il vient de mener quelques heures avant. S’il s’en est sorti le visage légèrement tuméfié, l'autre type doit encore être dans les vapes ou peut-être même, n'est-il plus de ce monde? Charles s'en fout éperdument. L’adrénaline coule dans ses veines, une expression triomphante illumine son visage.  

 

Pour mieux comprendre la personnalité de ce jeune homme, il faut reprendre du début. Fils légitime d'un Lord Anglais épris de voyages et d'une Chinoise d'une excellente famille de Hong-Kong, Charles subit depuis son plus jeune âge les quolibets et les moqueries de ses petits camarades issus de la haute aristocratie Britannique. Bien sûr, physiquement, Charles n'a rien d'un Asiatique, ni dans ses traits, ni dans son regard bleu acier, cependant, son ascendance « exotique », cette mère, ni blanche ni anglaise, seront autant de motifs d’un rejet constant. Est-ce cela qui a fait de lui cet homme sombre et taciturne ? Certainement pas. Ce n'est qu'une cause parmi d'autres, parmi tant d'autres.  

 

En vérité, depuis toujours, Charles cherche sa place dans ce monde, se posant des questions existentielles auxquelles il ne trouve guère de réponses. C'est ainsi qu'il a commencé à sombrer dans le confort des paradis artificiels, lové dans les bras de filles faciles.  

 

Les rares moments où Charles se sent "vivant", sont ceux où il se bat! Initié depuis son jeune âge par son ancien serviteur Sikh au Kalarippayatt, un art-martial indien, le jeune homme est devenu, malgré sa carrure moyenne, un combattant redoutable.  

Incroyablement intelligent, passionné par les sciences en général et en particulier la médecine, il a suivi de brillantes études qui ont fait de lui le plus jeune diplômé de médecine du royaume. Malgré cette réussite évidente, Charles continue cependant à être le plus oisif des aristocrates, à passer ses nuits dans les bordels, à la recherche de sensations à défaut de réponses à ses questions.  

 

L'une des deux prostituées lassée de tant d’indifférence, vient le chevaucher, se penchant pour lui arracher un baiser. Charles réagit enfin et esquisse un petit sourire. Il est là pour une bonne raison! Il n’allait pas se priver !  

 

Le petit jour se lève sur Londres, Charles traverse des rues brumeuses pour rejoindre le magnifique hôtel particulier de sa famille. A contrecourant de son monde, Charles rentre se coucher alors que les gens "normaux" se lèvent et courent à leurs occupations.  

Par ce matin glacial de novembre, le fiacre à bord duquel se trouve Charles passe devant une modeste demeure où il est arrêté par l’évacuation d’un corps sur un brancard recouvert d'un drap blanc, sous le regard d’une famille éplorée et quelques membres de Scotland Yard. Le spectacle est sans intérêt pour le jeune homme qui entend tout de même l'un des policiers déclarer : « Un mort de plus... » .  

 

***  

« Il est l'heure, monsieur! »  

Charles ouvre les yeux avec peine, son corps rompu de douleur suite aux coups, sa tête bouillonnant encore du mélange d'alcool et d'opium... « hmmm… » Marmonne-t-il . « L'heure de quoi? »  

« Vous avez rendez-vous avec le docteur Reginald Adams au Reform-Club Monsieur! » répond le domestique stoïque avant de préciser face au regard interrogateur de Charles, « C'est vous qui m'avez demandé de vous réveiller à cette heure, afin que vous puissiez vous préparer! ». Se rappelant enfin ses propres instructions, Charles acquiesce en donnant congé au domestique.  

 

Les luxueux salons du Reform-Club sont remplis de tout ce que Londres compte de nobles, de capitaines d'industrie et autres membres de la haute société du royaume. Charles n'aime pas ce lieu, il ne s’y sent pas à sa place malgré l’aisance avec laquelle il s’y déplace. Il reconnait certaines personnes, les évite. Il a hâte de rejoindre Reginald (Hugh Darby). Il aperçoit finalement son ami, assis confortablement dans l'un des fauteuils du salon ouest, lisant un journal, qu’il s’empresse de saluer.  

Reginald et Charles se connaissent depuis qu'ils sont tous jeunes, leurs pères étant tous deux amis de longue date. Tous deux ont suivi les mêmes études de médecine et partagent les mêmes passions. Reginald, est surtout le seul "point d’encrage" de Charles à la réalité, il est comme un frère. Protecteur, il essaye d'empêcher son jeune ami de faire n'importe quoi... Sans trop y réussir hélas!  

Le regard désapprobateur de Reginald en dit long sur ce qu’il pense de la mise défaite de son ami. Cependant c’est d’un ton badin qu’il s’adresse à lui. « Charles! Par quel mari jaloux t'es-tu fait passer à tabac dans une des ruelles sombres que tu fréquentes la nuit tombée ? », désignant du menton le visage ecchymosé du jeune homme.  

 

Charles esquisse un sourire cynique se contentant de répondre d’un ton des plus détachés.  

«Tu te trompes Reg, je me suis juste malencontreusement pris les pieds dans le tapis et j'ai chu. A-t-on jamais vu pareille maladresse !"  

Tous deux se regardent sceptiques puis éclatent de rire. Reg redevient sérieux. Il a besoin de Charles.  

« Charles, avant de nous rendre à la réception, nous ferons un détour par l'hôpital St Thomas... »  

En effet, Reginald travaille actuellement auprès des autorités de la ville, sur l’affaire qui commence à agiter les rues de Londres : les multiples décès de ces dernières semaines. Charles n'en a pas entendu parler, et à dire vrai, cela l'indiffère. Il accepte pourtant de suivre son ami.  

« Tu as mentionné une réception? ». Le ton de Charles est surpris, il ne se rappelle pas d’un quelconque engagement. Reginald croit d'abord à une farce de son ami, mais est bien obligé de répondre.  

« Voyons, mais cela a lieu chez toi! Cette grande réception est organisée par ta mère... Ne me dis pas que tu l’avais oublié aussi ! »  

Charles hausse les épaules. Il l’avait oublié, ou plutôt occulté, comme beaucoup de choses dont il se moque éperdument!  

 

A l'hôpital St Thomas, Charles et Reginald se rendent à la morgue. Les cadavres y sont disposés : aucune blessure visible, aucun signe d’une quelconque pathologie, ils paraissent simplement endormis. Ces morts mystérieuses sont un casse-tête pour les autorités mais aussi pour le corps médical!  

« On a jamais vu rien de tel ! » explique Reginald.  

Alors que jusqu'ici, Charles semblait aussi ennuyé qu'à son habitude, en présence des cadavres et surtout de leur mystère, il redevient le jeune homme passionné de médecine et de sciences. Reg le laisse faire, plutôt content d’avoir réussi à éveiller son intérêt pour une fois ! Charles observe les cadavres, parcours attentivement les rapports d'autopsie. Rien, il n’existe absolument aucune cause plausible à ces décès ! Leurs cœurs semblent s'être arrêtés, tout simplement, sans la moindre raison...  

« C'est impossible et illogique! » s’exclame-t-il. Reginald approuve, mais est obligé de le rappeler à ses devoirs : ils sont déjà en retard à la réception! Charles semble complètement absorbé et prête à peine attention à Reg.  

« Tu pourras m'aider dans les prochains jours! Nous ne découvrirons rien de plus ce soir! » lança Reg en attirant Charles, la mort dans l'âme, qui se résigne finalement à se rendre à cette stupide réception.  

 

***  

Il y a foule ce soir à l'hôtel particulier de la famille Edwards: Tout ce que Londres compte de gratin! Charles et Reginald arrivent enfin. Charles s’acquitte de son devoir et présente ses hommages à Lady Mei Edwards (Maria Yuen), la maîtresse des lieux, sa mère. Mei est une superbe femme, ses traits orientaux sont fins et délicats, elle parle un anglais parfait et semble plus "noble" que bien des femmes de la haute aristocratie du royaume. Son visage s’illumine à la vue de son fils qu’elle s’empresse de serrer contre elle, caressant sa joue de sa main gantée. « Charles! J'ai cru que tu ne viendrais même pas... »  

Mei sait les penchants de son fils, sait à quoi il passe ses nuits. Elle sait aussi qu'il est sur une bien mauvaise pente, se coupant petit à petit du monde. Aussi, est-elle heureuse de le voir ce soir.  

« Mère, pour rien au monde je n'aurai manqué votre réception! » Le ton est toujours aussi cynique et détaché. Mei sait que son fils ment, elle lui sourit avec indulgence, plus inquiète que contrariée de sa conduite scandaleuse qui ne manque déjà pas de faire s’élever çà et là des chuchotements indiscrets.  

 

Charles ne les remarque pas. Il est passablement ennuyé. Alors que Reg discute avec des connaissances, lui, observe la foule, se sentant plus que jamais étranger à ce monde. A cette pensée précise il entraperçoit au travers de la foule une mystérieuse jeune femme, se dirigeant à l’écart, près de l'immense fenêtre du salon. Charles ne la quitte pas du regard, subjugué autant qu’intrigué par cette beauté sombre pour laquelle il ressent un attrait presque magnétique. La jeune femme semble ailleurs, absorbée par une contemplation de la lune. Charles se rapproche doucement et la rejoint.  

 

« Belle soirée, ne trouvez-vous pas » lance Charles, conscient de la nullité de son approche. La jeune femme se retourne et plonge son regard dans le sien. Elle est vraiment d'une grande beauté, ses traits racés dégagent quelque chose de fascinant et de fragile à la fois. Son regard semble vibrer dans le sien. Il est conquis et bredouille avec peine « Docteur Charles Edwards… ». La jeune femme répond d’un sourire charmant, la voix cristalline, « Camille… ». Le langage est amorcé, ils font connaissance. Charles se sent bien, pour la première fois depuis des années. Du langage des mots à celui des corps il n’y a qu’un pas, et c’est une valse baroque qui les entraine dans une ronde endiablée ou leurs regards se sondent, leurs corps s’attirent inexorablement, la salle de bal laissant place à un sombre couloir de l’hôtel Edwards où les lèvres se collent, les langues s’explorent, avides, fougueuses, fébriles.  

 

Les jours se suivent et se ressemblent alors pour Charles et Camille (Jessica Foster). Là où il était seul, ils sont à présent deux, plongeant amarrés l’un a l’autre dans les mêmes dérives autodestructrices. Le couple est véritablement fusionnel, ne reculant devant aucun excès, des vapeurs d'opium, au bleu de l'absinthe, du plomb du laudanum au corps offerts des femmes...Leurs ébats sont violents, extrêmes, jouissifs...Ils sont le miroir de la déchéance de l’autre, ils s’aiment et c’est bien là tout ce qui compte.  

 

Charles avance dans un étroit corridor, les murs semblent organiques, presque vivants, ses pas produisent un bruit de chairs écrasées, cela semble irréel. Il marche, guidé par autant de plaintes et de cris de souffrance. Le jeune homme marque un temps d'arrêt perdu dans un néant qui ne fait que s’épaissir, mais tiraillé par sa curiosité, il ne peut s'empêcher de continuer à avancer. L'odeur de charogne putréfiée le prend à la gorge alors qu'il quitte le corridor pour aboutir sur une salle circulaire, aux murs suintant un liquide noir, visqueux et nauséabond. Charles se rapproche d'une forme se situant dans un renforcement et découvre une espèce de cadavre décharné, à la peau comme plaquée sur ses os, le regard plaintif et un râle presque sourd coulant de sa gorge: « Libérez-moi…Libérez-moi! »  

 

Charles se réveille en sursaut. Il est en sueur, son cœur bat la chamade, il a la chair de poule. Inquiète, Camille l’interroge de sa voix douce et apaisante qui le rassure. Il ne répond pas. Elle lui caresse le visage et entoure sa tête de ses mains fines et douces déposant un délicat baiser à ses lèvres.  

« C'est encore l'un de ces terribles cauchemars ? » demande t’elle doucement. Il hoche la tête. Depuis des semaines, il fait ces rêves à la fois terrifiants et dérangeants, qui lui laissent surtout cette impression terrible de réalité. Camille le serre dans ses bras alors que les deux prostituées qui les ont accompagnés durant la nuit sont toujours profondément endormies.  

 

***  

Reginald passe ses journées à l'hôpital St Thomas, chaque jour de nouveaux morts viennent occuper les locaux désormais exigus de la morgue. C'est incompréhensible. Cette épidémie sans "malades", qui se répand sans que l’on puisse identifier aucun symptôme! Il se frotte les yeux, n'ayant pas dormi depuis un certain temps, trop accaparé par ses réflexions et ses investigations. Il s’abandonne à un bâillement sonore, au moment-précis où Charles déboule dans son bureau. Reg se laisse surprendre par la physionomie de son ami: amaigri, le regard terne, d’un bleu désormais éteint, des cernes sous les yeux, une impression de fatigue extrême...  

« Charles ! Tu sembles encore plus épuisé que moi! Et cela fait des jours que je dors quasiment pas! »  

Charles grimace, prenant place tout en extirpant de la poche de son veston un étui dont il extrait une cigarette qu’il allume et sur laquelle il tire une grande bouffée. « Je préférerais encore ne pas dormir tu sais... ». Il se confie alors sur ses cauchemars, de cette immense fatigue qui l'envahit de plus en plus, des inquiétudes de sa mère qui exige qu’il consulte un médecin le soupçonnant de couver quelque chose. « J'ai beau lui dire que je vais bien, elle demande un second avis... Alors me voilà! »  

 

Les deux hommes échangent un sourire amusé. Reg examine alors son ami. Il ne découvre aucune anomalie, il ne présente aucun symptôme de maladie mais depuis leur dernière entrevue, son état de délabrement physique est impressionnant. « Ton amie t'épuise, Charles! » conclut Reg sur un ton badin évitant de pointer du doigt le style de vie marginal de son ami d’enfance. Alors que Charles prend congé, Reg reste soucieux et retourne  

rapidement à ses notes. Se pourrait-il que son ami soit atteint du même "mal" qui sévit dans tout Londres ?  

 

Dans l'immense salle à manger de l'hôtel particulier Edwards, Mei dine en compagnie de son fils et de Camille, qu'il lui a présentée "officiellement". Camille est très à l'aise et semble particulièrement bien disposée avec la mère de Charles qui semble l’apprécier. Dans la chambre d’un bordel, Charles se tient au-dessus de Camille, son regard plongé dans celui de son amante. « Ta mère m'aime-t-elle ? » demande t’elle pensive, ses mains glissant doucement sur la peau de son cou. Le jeune homme, complétement subjugué par sa belle amante laisse glisser ses mains contre sa cuisse qui l’enserre « Comment pourrait-il en être autrement? » répond-il dans un souffle.  

D’une pression de son bassin elle le repousse pour se retrouver au-dessus de lui, le dominant de son corps fin et nu, les mains appuyées contre son torse. « Et toi ? M’aimes-tu ? » Le regard qu’elle lui lance est brûlant, à cet instant Charles ne désire rien de plus au monde. Ses mains l’attirent à lui et sans un mot, c’est d’un fougueux et passionnel baiser qu’il lui répond, leurs corps s’emboîtant l’un à l’autre.  

 

Charles s'avance dans le corridor qu'il connaît à présent trop bien, les mêmes cris de douleur, la souffrance ultime qui se dégage de ce lieu impie...  

Les sanglots attirent le jeune homme: Ceux d'une petite fille qui semble chercher sa  

maman. Charles s’avance vers elle: L'enfant pleure, réclame sa mère. Le jeune homme tente de la rassurer. Elle semble soudainement plus terrifiée qu'avant. « Il arrive! Il arrive! » Lance-t-elle avec terreur. Alors que Charles l'effleure en voulant la rassurer d’une main sur l'épaule, la fillette se disloque, coulant tel un cierge sanglant, hurlant de douleur à mesure que ses chairs se liquéfient sous les yeux du jeune médecin, complétement impuissant...  

 

Il se réveille une nouvelle fois en sursaut. Souhaitant échapper au sommeil, il décide de rejoindre Reg à l'hôpital. La médecine est une passion pour Charles et cela l'aidera certainement à penser à autre chose. A son arrivée à l'hôpital St Thomas, Charles ne trouve pas Reg. Ce dernier est parti avec des policiers récupérer un nouveau corps.  

Lorsqu’il arrive enfin, il a la mine défaite. C’est au tour de Charles d’écouter son ami qui se confie à lui sur ce qui le secoue tant, lui habitué pourtant à côtoyer la mort. Le corps qu’il vient de récupérer est celui d’une enfant, une petite fille morte dans la nuit. Charles est pris d’une panique soudaine, la boule au ventre et terrifié, se rappelant de son cauchemar de la nuit.  

Il demande alors à examiner le corps. Sans comprendre pourquoi, Reg accepte et conduit Charles à la morgue, soulevant le drap recouvrant le petit corps. En découvrant le visage de l'enfant, le cœur de Charles manque de s'arrêter: cette petite fille est celle qu'il a vue dans son cauchemar, cette nuit même! Charles est blanc comme un linge par la conclusion qui s’impose et qui font trembler tout son être : ces cauchemars ne sont pas que des rêves imaginés par son cerveau! Ils sont "réels"! C'est impossible! Insensé ! Charles s’agite, Reg tente de le calmer.  

« Tu te trompes peut-être? Tu ne vas pas bien ces derniers temps, tes excès, l'opium, l'absinthe, Camille... C’est beaucoup plus que ton corps ne peut supporter… »  

Charles réfute les arguments de son ami. L'alcool et la drogue n'ont rien à voir avec tout ça, encore moins Camille. Il reconnait bien la petite fille, il n'y a aucun doute! « Elle semblait terrifiée... Je pouvais le sentir… Tout ce qu'elle répétait avant de disparaitre c'était : il arrive, il arrive... ».  

Reg de plus en plus inquiet regarde son ami.  

 

***  

Camille est plutôt contrariée. Elle déteste rester seule. Et le fait que Charles aie passé la journée avec Reginald l'a profondément agacée et elle exprime sa colère à un Charles déjà miné émotionnellement. Elle finit pourtant par se blottir dans ses bras, fragile tout à coup. « Je suis restée seule trop longtemps... Beaucoup trop longtemps avant de te rencontrer... » .  

 

Les cauchemars de Charles le ramènent dans le corridor aux murs de chair et suintant, les cris, les hurlements, les pleurs, tout est mélangé en un maelstrom sonore déchirant. Au milieu de ce tumulte, Charles reconnait pourtant une voix, une intonation familière. Il accélère le pas et découvre Reg, le visage et le corps se liquéfiant lentement sous ses yeux horrifiés! Charles se précipite, lui demande ce qu'il peut faire, il tente désespérément de l’aider. « Libère-moi Charles! Fais le pour moi! Libère-moi de "lui"! » . Charles se retourne et entraperçoit une ombre noire, visqueuse, luisante et fluctuante: Regarder cette chose, c'est comme regarder aux tréfonds des abysses... Il est figé de terreur.  

 

Charles se réveille: Est-il arrivé quelque chose à Reg? Il doit savoir! Il se lève et se rhabille, bien décidé à avoir le fin mot de l'histoire en se rendant au domicile de Reginald. Camille décide de l'accompagner, n'ayant guère envie de rester seule. Devant la demeure de Reg, Charles s'acharne sur la porte, il est comme dans un état second! Même Camille ne parvient pas à le calmer. Le domestique de Reg vient finalement ouvrir surpris de la visite nocturne.  

Le vieux domestique secoue la tête: Pour lui, Charles est à moitié fou! Il fait néanmoins entrer le jeune homme et Camille dans le vestibule pendant qu'il monte à l'étage réveiller Reginald. Charles est nerveux, anxieux et malgré la voix douce et apaisante de Camille, il reste profondément marqué par ce qu'il a vu dans son cauchemar! Un cri à l’étage viendra renforcer ses craintes et il s’élance suivi de Camille dans les escaliers. Dans la chambre, ils découvrent Reg, profondément endormi, insensible aux tentatives de réveil. Charles s'approche fébrile et trouve la force de prendre le pouls: Le cœur de Reg ne bat plus. Il est bel et bien mort. Camille vient se blottir contre son amant alors que ce dernier accuse le coup.  

 

***  

En cette matinée neigeuse, il y a foule dans le cimetière de Highgate, pour l'enterrement de Reginald. Le professeur Arthur Adams (Isaac Chenowith), éminent membre du "Reform-Club", donne la main à sa fille d'une dizaine d'années, elle aussi vêtue de noir. Le professeur ne peut retenir ses larmes: Son épouse bien-aimée est morte voici quelques années maintenant, voici à présent que son fils lui est pris aussi, le laissant seul avec Elizabeth. Reginald adorait sa petite sœur et l'enfant est inconsolable. Charles est présent aux obsèques, accompagné de Camille, qui est très présente à ses côtés depuis la mort de Reg. Sans elle, il ne sait pas ce qu'il ferait! Après la mise en bière, Charles se rapproche du professeur Adams. Ce dernier sait à quel point Charles et son fils étaient proches. « Merci d'être venu, Charles. J'espérais voir Henry, ton père, parmi nous. » Charles ne relève pas: Son père est un sujet qu'il préfère ne pas aborder. Le professeur comprend et fait quelques pas, tenant toujours Elizabeth par la main, mélancolique.  

« Quelle ironie, n'est-ce pas? Reginald tentait de comprendre cette mystérieuse maladie et voilà qu’il a été emporté par cette dernière... » Charles serre la mâchoire. Le décès de son ami est une véritable tragédie. « Je vais découvrir ce qui se cache derrière ce mal! Et tout faire pour un y mettre un terme! » Déclare-t-il au professeur. Le jeune homme se baisse et dépose un délicat baiser sur le front d'Elizabeth, comme pour lui promettre qu'il va tout faire pour découvrir ce qui a tué Reg...  

 

Dans les jours qui suivent, Charles prend la relève de Reg et passe ses journées à l’hôpital, consultant les rapports, examinant les cadavres des malheureuses nouvelles victimes. Sa santé décline de plus en plus mais qu'importe, il a une mission à accomplir! Camille comme ses proches s'inquiètent de cela mais rien ne semble pouvoir l’arrêter. Lejeune homme passe désormais tout son temps à ses recherches, tentant de "comprendre". Ses cauchemars le poursuivent avec de plus en plus de vigueur, mais il est persuadé qu’il ne s’agit pas de simples rêves. A chaque réveil, il consigne à présent tout ce qu'il a vu ou entendu.  

 

« Vas-tu me rejoindre amour ? » demande plaintivement Camille. La jeune femme se tient dans l'encadrement de la porte du bureau de Charles dans l’hôtel particulier Edwards. Cette pièce était en réalité le bureau de son père, Henry Edwards.  

« Je vais encore continuer un peu... » Souffle t’il sans perdre sa concentration. Il surprend néanmoins le regard sombre et brûlant de la jeune femme exprimant une sourde colère alors qu’elle quitte la pièce. Une fois seul, Charles soupire et se frotte et les yeux. Il est en train de tout perdre, la santé, Camille, la raison…  

 

Son regard se porte sur les carnets de voyage de son père, alignés dans la bibliothèque qui lui fait face. Charles en attrape un au hasard, le feuillette, lit quelques lignes. Lorsque son père était aux Indes, une étrange épidémie s'est abattue sur une région reculée du pays. Les gens du coin affirmaient que ce n'était pas une maladie mais le fait d'une entité volant les Âmes des vivants dans leur sommeil et les dévorant...  

Les notes de son père à ce sujet font un étrange écho à tous les événements qui agitent Londres ces derniers mois. Charles referme le carnet, fébrile. Ce ne sont que des histoires, tout cela n'existe que dans les esprits naïfs et crédules! On est au 19e siècle quand même! Pas au Moyen-Age...  

 

Il n’y avait pourtant aucune logique, aucun fait scientifique expliquant les cauchemars, les victimes de cette maladie, cette chose horrible qu’il avait aperçue… Charles a un rictus méprisant en faisant voler le carnet au travers de la pièce, excédé. Il n'est pas comme son père, chasseur de mythes et de légendes, croyant plus au "surnaturel" qu'a la science! Un verre de bourbon ne suffira pas à passer la sourde colère mêlée de désespoir qui agite son être.  

C’est finalement auprès de Camille étendue sur le lit dans une posture lascive, qu’il va trouver refuge. Charles ne pense plus à ces morts, il ne veut plus y penser. Il se laisse glisser sous l’emprise rassurante de son autre, s’abandonnant à la douceur de ses baisers, à l'odeur de sa peau et à la chaleur de ses bras...  

 

Il replonge, ses recherches stagnent, ses cauchemars se poursuivent autant que les cadavres. Dans un dernier sursaut de volonté, Charles décide d'aller voir Ismael Valentin (Axel Winthorp), un ancien compagnon de voyage de son père, cloué depuis sur un fauteuil roulant. Valentin vient de Port-au-Prince. C'était un homme extrêmement débrouillard avant son accident. Charles ne sait pas ce qu'il s'est passé d'ailleurs. Lorsque la domestique conduit Charles devant Ismael, ce dernier esquisse un petit sourire.  

« Cela fait des années que je me demande quand est-ce que le petit Charles franchira cette porte? »  

Face au sourire mystérieux de son hôte, Charles se sent bête et stupide. Il ne sait même pas pourquoi il est là! C'est vrai, c'est ridicule!  

« Tu veux parler des morts... Malgré ta logique, ta foi en la science, tu te dis que peut-être, tout cela n'est pas naturel... »  

Charles regarde Ismaël sans répondre. Avant de finalement tout avouer sur ses cauchemars. Ce dernier se montre de plus en plus attentif à mesure que la discussion se prolonge. Puis gravement, l’homme en arrive à une conclusion.  

« Charles, il existe des entités qui se nourrissent de la peur, de la souffrance et du malheur. Elles s'en nourrissent telles des sangsues, aspirent la vie et dévorent les âmes... »  

Charles a la boule au ventre en écoutant les révélations du vieil homme. Il y a quelques temps, on lui aurait tenu un pareil discours, il aurait balayé cela d'un revers de main comme on en ferait de délires d'ivrognes. Aujourd’hui, ce n'est pas le cas, il a peur, il est terrorisé car il sent qu’il s’agit de tout sauf d’élucubrations d'ivrognes. Et cela, c'est le plus terrifiant.  

« Demande-toi pourquoi tu fais ces cauchemars et surtout pourquoi tu en reviens au contraire des autres? »  

Charles ne répond rien. Alors qu'il s'apprête à quitter les lieux, Ismaël le prévient.  

« Tes capacités physiques ou ta maitrise du Kalarippayatt ne te sauveront pas... D'ailleurs, regarde-toi: Tu as déjà commencé à dépérir... Si tu ne trouves pas la solution en toi-même, tu en mourras... ».  

 

***  

Charles rejoint Camille. Il se blottit contre le corps tiède de sa belle maitresse. Il est exténué, il a l'impression de devenir complétement fou. Il a de plus en plus besoin de la jeune femme, elle est sa bouée pour éviter de se noyer.  

« Amour, calme-toi! » le rassure t’elle, en baisant doucement son front. « Nous sommes tous les deux…Tu ne risques rien. »  

Malgré sa résistance, Charles sombre dans le sommeil dans les bras de son aimée. Camille le regarde, passant sa main délicate dans la chevelure de Charles.  

« J'ai mis longtemps pour te trouver mon aimé! Ton Âme torturée et ton désespoir sont à la fois délicieux mais raisonnent en moi comme un appel...Tu es mien et personne ne nous séparera désormais... »  

La main de Camille devient une ombre noire et visqueuse pénétrant dans la tête abandonnée de Charles Edwards...  

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Après six ans d'absence des écrans Gérardmerveilleux, voila le fameux "Dr. Edwards" enfin de retour comme vous ne l'avez jamais vu! Ecrit par Katrina Debney et par Daresha Mandown, le film est réalisé par May Elbez! Au générique, on trouve le débutant Alex McBrain dans le rôle-titre, avec à ses cotés Jessica Foster, Hugh Darby, Maria Yuen, Isaac Chenowith et par Axel Winthorp entre autre! La musique est l'oeuvre de Ray Halligan. Plongez dans les ténèbres du Londres Victorien pour suivre le Dr. Edwards dans sa plus éprouvante enquète! "Dr. Edwards" le nouveau film d'horreur/fantastique de Gérard Cousin Prod et de DMD Tristana Prod!  

(Remerciement spécial au Corbeau qui sait pourquoi...)

Scénario : (1 commentaire)
une série A d'horreur (Fantastique) de May Elbez

Alex McBrain

Jessica Foster

Hugh Darby

Maria Yuen
Avec la participation exceptionnelle de Axel Winthorp, Isaac Chenowith
Musique par Ray Halligan
Sorti le 12 février 2033 (Semaine 1467)
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