- Hole City, 22 Septembre, 11h13 -  

La pluie tombait à grosses gouttes sur Hole City. Dans sa voiture, Malaury Richards (Courteney Campbell-Seasong) patientait sur le parking de l'hôpital. Le transfert du détenu allait bientôt avoir lieu jusqu'à la prison de la ville, et elle espérait pouvoir l'apercevoir, et lui montrer par sa présence qu'elle ne l'avait pas abandonné. A mesure de ses investigations autour de la mort de ce médecin, la jeune femme avait eut des soupçons de plus en plus lourds concernant la victime elle-même, et avait l'impression qu'on avait voulu cacher à l'époque qui elle était réellement. Quelques témoignages laissaient entendre que cet homme cachait quelque chose, mais on les avait accusé à l'époque de vouloir salire la mémoire d'un défunt, et rien n'était venu coroborer cette théorie.  

Décrit comme un médecin renommé, le Dr Becket avait eut le droit aux portraits les plus élogieux qui soient dans la presse. Pourtant Malaury avait découvert qu'à l'époque, sa mère avait enquêté sur ces soupçons d'actes délictueux, et avait découvert une piste mafieuse. Peu d'éléments venaient étayer sa thèse, mais Winona avait à l'époque récolté quelques indices laissant penser que le Docteur était en contact avec un réseau mafieux. Elle aurait poursuivi son enquête si sa hiérachie ne lui avait pas ordonné de classer l'affaire, le principal suspect ayant disparu de la circulation. Aujourd'hui, dix ans plus tard, il était difficile pour Malaury de découvrir si les soupçons de sa mère étaient avérés ou pas, mais elle espérait que le principal suspect de l'affaire puisse lui donner des éléments à ce propos.  

Or depuis qu'elle avait accepté la demande de Dean Mattews (Hugh Carlson) de reprendre l'enquête, le lieutenant Jeffrey Morgan (Shawn Green) avait interdit à la romancière d'approcher le suspect à l'hôpital. Très bientôt, elle allait pouvoir lui rendre visite au parloir de la prison, mais en attendant elle allait devoir faire avec le peu d'éléments qu'elle avait en sa possession.  

Une foule de journalistes était amassée devant l'entrée de l'hôpital, bravant les intempéries dans l'espoir d'obtenir un scoop sur cette affaire qui faisait les choux gras de la pressse. Pensez-vous ! Un criminel disparu de la circulation qui refait apparition dix ans après les faits, juste à temps avant qu'il n'y ait prescription, et dont on découvre qu'il a vécu à quelques kilomètres de là pendant tout ce temps, au sein d'un monastère. Il y avait de quoi alimenter les médias pour un moment.  

Le groupe de journalistes sembla tout à coup plus fébrile. Dean et son escorte arrivaient sans doute vers la sortie, devant laquelle les attendait déjà un fourgon de transfert. Malaury se décida alors à sortir de sa voiture, malgré la plus battante, et s'avança vers l'objet de toute l'attention du moment. Des flash explosaient en tous sens, et la foule de journaliste amassée autour de l'individu enchaînait les question dans un brouhaha dissonnant, suivant celui-ci depuis la sortie de l'hôpital jusqu'au fourgon. Se tenant quelque peu à l'écart, Malaury croisa le regard du lieutenant Morgan qui dirigeait le transfert, qui lui adressa un regard à la fois empli de respect mais également de reproches.  

Depuis bientôt une semaine, elle menait son enquête de son côté, tandis que lui tentait de récolter tous les éléments qu'il pouvait sur le suspect et ce qu'il était devenu pendant ces années d'absence. Le flic avait interrogé la direction du monastère, pour comprendre comment ils avaient pu loger ce criminel tout ce temps sans rien en dire à personne. Pendant qu'il menait sa propre enquête, il reprochait à Malaury de chercher à transformer une affaire criminelle en une fiction romanesque comme elle en écrivait si bien. Entre les deux personnes, le courrant passait mal. Et pourtant Malaury était convaincue qu'en son fort intérieur le lieutenant avait lui-même quelques soupçons quand à la véracité de la culpabilité de Dean Mattews.  

Portant toujours quelques pansements dus à son récent accident, le détenu monta alors dans le fourgon et, jetant un oeil par-dessus la foule qui se pressait devant les portes du véhicule, aperçut celle entre les mains de qui il avait confié son destin. Elle lui fit alors un signe de tête lui indiquant qu'il pouvait compter sur elle. Rassuré de savoir qu'elle n'avait pas laissé tomber, il partit le coeur plus léger en direction du pénitencier.  

- Hole City, 22 Septembre, 13h07 -  

Assise dans un café, Malaury grignotait un sandwich tout en relisant les notes qu'elle avait prises récemment. Elle ne pourrait pas rencontrer Dean avant le soir, alors en attendant, elle mettait de l'ordre dans tous les éléments qui étaient en sa possession. Grâce à un vieux flic retraité qui avait travaillé avec sa mère à l'époque, et qu'elle avait rencontré le matin, Malaury avait découvert que Winona avait entamé une enquête sur le Dr Becket. Ce qui la surprenait le plus était qu'elle n'ait pas continué celle-ci bien que sa hiérarchie lui ait ordonné de classer l'affaire.  

A moins qu'elle n'ait poursuivi celles-ci sans en tenir informé personne... Malaury repensa alors à ces cartons appartenant à sa mère et qu'elle n'avait jamais jetés. Bien qu'elle ait quitté Shadow City depuis plusieurs années, elle n'avait jamais pu se résoudre à vendre l'appartement qui appartenait à sa mère, et où trônaient encore des cartons contenant toutes ses affaires. La jeune femme y avait vécu à l'époque où elle était journaliste au Shadow News, mais n'y avait presque plus jamais mis les pieds depuis. Peut-être pourrait-elle y trouver quelque chose sur cette affaire !  

Sans perdre un instant, elle emballa ses affaires et abandonnant le reste de sandwich sur la table, elle rejoignit au plus vite sa voiture pour rouler jusqu'à la ville voisine. Les visites au parloir n'avaient pas lieu avant 18 heures, elle avait largement le temps de faire un aller-retour et de fouiller les affaires de sa mère avant d'aller rendre visite à Dean.  

- Shadow City, 22 Septembre, 13h23 -  

Une odeur de renfermé lui sauta au nez dès que Malaury ouvrit la porte de l'appartement. Depuis combien de temps n'était-elle pas venu ici ? Il faisait un froid de canard à l'intérieur, et des tâches de moisissures étaient apparues sur les murs. En découvrant les lieux, la jeune femme fut frappée par l'état dans lequel se trouvait l'appartement. C'est ici qu'elle avait vécu avec sa mère. Ce n'était pas bien grand, mais elles y avaient été heureuses. Ne ferait-elle pas mieux de le vendre pour laisser une nouvelle famille y construire sa vie ? Là le minuscule trois pièces n'était que le triste témoignage d'une vie passée.  

N'ayant pas de temps à perdre avec ces considérations, Malaury fila vers le placard dans lequel elle avait entassé ces cartons qui appartenaient à sa mère, et se lança dans la fouille de ceux-ci. Les dossiers ne semblaient pas être classés, Malaury allait devoir les examiner un par un. Lorsqu'elle était une petite fille, elle reprochait à sa mère de ramener ces papiers à la maison. Winona ne vivait que pour son travail et sa fille, mais bien trop souvent le travail prenait le dessus sur le reste. Aujourd'hui, la jeune femme se trouvait en mauvaise position pour émettre la moindre critique envers sa défunte mère à ce propos, car elle aussi avait sacrifié toute sa vie pour sa passion, et aujourd'hui encore elle se lançait à corps perdu dans une enquête qui ne la regardait pas le moins du monde. Mais pour Malaury, cette affaire avait quelque part quelque chose de personnel. Car elle savait que sa mère avait toujours mal vécu les affaires qu'elle ne parvenait pas à résoudre. En achevant le travail que sa mère n'avait pas pu terminer elle-même, elle se disait donc que là où elle était, Winona serait d'avantage en paix.  

Après plus de trois heures de recherche, elle tomba enfin sur ce qu'elle cherchait. Sa mère avait cumulé dans un dossier en carton toutes les coupures de presse ainsi que des copies de dossiers de police sur l'affaire Becket. Et par dessus tout, elle y avait laissé ses notes. Malaury découvrit alors que, comme elle l'avait soupçonné, sa mère n'avait pas lâché l'affaire quand son patron le lui avait ordonné. Au contraire, elle avait approfondi son enquête sur le Dr Becket, et avait même enquêté sur la belle-fille disparue de celui-ci. A en juger par les anotations de Winona, celle-ci soupçonnait la mafia de s'être débarassé du Dr Becket, qui leur fournissait des produits médicaux pour leurs trafics de drogue, quand celui-ci était devenu pour eux gênant. Elle soupçonnait cette même mafia d'avoir élimité le principal suspect et l'avoir fait disparaître pour étouffer l'affaire, en usant par ailleurs de pressions sur la police de Shadow City.  

Mais par dessus tout, ce qui attira l'attention de Malaury fut une autre révélation. Car Winona avait cherché également à savoir ce qu'était devenu la belle-fille de la victime. Depuis le début, Malaury ne comprenait pas ce que celle-ci venait faire dans l'affaire. Elle ne parvenait pas à raccrocher d'une manière ou d'une autre sa disparition à la mort du Docteur. Visiblement, sa mère avait fait face au même problème et avait tenté d'approfondir la question. Elle avait alors soupçonné la mafia d'avoir kidnappé la belle-fille du médecin pour le faire chanter avant de finalement se débarasser de lui. Etait-elle morte ou bien avait-elle été envoyée à l'étranger, dans un réseau de prostitution ? Si jamais elle était en vie, elle serait un témoin clé pour cette affaire. C'est la raison pour laquelle Winona avait tenté de retrouver sa trace à l'époque. Comme sa mère, Malaury eut alors le sentiment qu'il fallait approfondir cette piste.  

Dans le dossier concoté par Winona figurait également une coupure de presse faisant état d'un cambriolage qui avait mal tourné à l'époque et dans lequel un couple avait trouvé la mort. Winona ne comprenait pas ce que cela venait faire là. Sans doute un document d'un autre dossier qui s'était mélangé à celui-ci. Sur l'article figurait la photo de la fille de ce pauvre couple, sous lequel son nom avait été surligné : Amara Balan. Fixé par un trombonne à l'article de presse, une photo de classe sur laquelle la tête de la fille avait été entouré, ainsi qu'un autre visage, celui de la belle-fille du Docteur, celle qui avait disparu.  

Aucune note de Winona venait expliquer ceci. Aussi, bien que dix années s'étaient écoulés depuis, Malaury nota le nom de la jeune femme, bien décidé à aller l'interroger dans l'espoir qu'elle puisse l'aider à approfondir son enquête.  

- Hole City, 22 Septembre, 17h35 -  

Au volant de sa voiture, Malaury roulait à présent en direction du pénitentier où était désormais en détention provisoire le principal suspect de l'affaire. Elle avait besoin de lui pour tenter de raccrocher les unes aux autres les différentes pièces du puzzle qu'elle avait en sa possession. En tout premier lieu, elle avait besoin de savoir ce que Dean faisait sur les lieux du crime ce soir là, et s'il avait vu la belle-fille disparue. Il n'avait lâché que très peu d'éléments depuis ce jour, et s'il refusait de parler à la police, elle espérait qu'il accepterait de lui parler à elle. Il lui avait demandé de mener l'enquête, il devait donc lui faire confiance.  

Sans doute en savait-il plus sur le Docteur Becket, mais craignait-il que la parole d'un junkie ne fasse pas le poids devant la réputation d'un médecin. Mais s'il avait fait appel à Malaury, c'est qu'il devait la considérer différente des autres. La voiture venait de quitter l'agglomération et n'était plus qu'à une dizaine de minutes de la prison. L'enquête de la jeune femme allait peut-être faire très bientôt un grand bond en avant.