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Les Flims Plalstique présente
Une Vie de Mensonges

Un silence de plomb régnait dans le pavillon de la banlieue de Chicago. La porte d’entrée était pourtant ouverte et il régnait un certain désordre dans le séjour, comme les traces d’une lutte acharnée toute récente. Il y avait des éclats de verre et de vaisselle sur le sol, les chaises étaient renversées et les cadres des photos gisaient par terre. Sur l’une d’elles, on devinait une petite fille d’à peine quatre ans, assise sur une balançoire et poussée par une jeune femme souriante. Certainement sa mère. De nombreux autres clichés représentaient ces petits bonheurs simples de la vie de tous les jours. Sur un grand nombre de ces photos, on retrouvait souvent un homme qui dévorait des yeux la gamine, ou la femme. Cet homme, Jack Parker (Leonard Brumel), était un bon père de famille, respecté et admiré par tous. Et cet homme se trouvait alors, à ce moment précis, allongé et inconscient sur le tapis du salon, seul. Sous son crâne, se répandait une petite flaque de sang. Dans la cuisine, un sifflement aigu provint progressivement de la bouilloire qui attendait patiemment que quelqu’un vienne la retirer du gaz.  

 

Jack ouvrit les yeux quelques jours plus tard, dans une chambre d’hôpital. Immédiatement, son cœur se mit à s’emballer. Que s’était-il passé ? Où se trouvaient les siens ? Il se redressa et sentit une violente douleur qui le saisit à l’arrière du crâne. Mais cela ne l’empêcha pas de sortir de son lit après avoir arraché les différents capteurs qui étaient collés sur sa poitrine. Il n’y avait pas de vêtements dans la chambre et ce fut en blouse blanche qu’il mit le pied dans le couloir. Mais il fut stoppé net par une main ferme. Jack fut surpris de voir que l’homme qui le repoussait (Saka Khouïye) était plus petit que lui et semblait pourtant davantage puissant. Il comprit alors, tandis qu’il reculait vers son lit, que son corps ne répondait pas encore présent. Une grande lassitude l’absorba.  

- Vous comptiez déjà nous fausser compagnie, Mr Parker ? Je suis désolé mais j’aurai d’abord quelques questions à vous poser.  

L’homme sortit sa plaque et se présenta d’un ton neutre.  

- Inspecteur Larry Milligan.  

- Où est ma fille ? Et ma femme ? Que s’est-il passé ?  

- C’est justement ce que j’allais vous demander. Nous vous ont retrouvé blessé et inconscient chez vous, visiblement après une effraction.  

L’officier de police marqua une pause, comme s’il choisissait ses mots avec soin.  

- De quoi vous souvenez-vous ?  

Jack ferma les yeux et s’allongea sur le dos. Il ne vit que le noir total.  

 

Soudain, un rire lui parvint. Un rire qu’il connaissait bien, celui de Megan, sa fille. Les images l’assaillirent tout à coup. On était dimanche matin. Jack se préparait un café et avait pensé à remplir la bouilloire pour Gabriela, sa femme, qui préférait généralement prendre un thé noir et qui n’allait pas tarder à se réveiller. L'homme sifflotait et, à la fenêtre, il voyait les oiseaux qui faisaient de même. Le printemps s’était définitivement installé. Dans le salon, sa fille jouait gaiement avec une poupée et elle l’abreuvait de paroles que Jack ne parvenait pas à distinguer de la cuisine. Il sourit. Avec le passé qu’il se trimbalait, c’était un miracle de parvenir à une vie de famille aussi heureuse. Tomber sur Gabriela avait été la meilleure chose que le destin avait pu lui offrir. Elle-même se plaignait d'avoir connu une jeunesse difficile et elle n'aimait pas l'évoquer. Alors que ses pensées vagabondaient, Jack se rendit compte qu’il n’entendait plus parler sa fille. « Meg ? » Pas de réponse. D’un pas rapide, il descendit le couloir et se retrouva dans le salon. Elle n’était pas en vue. « Meg ! » La porte d’entrée était entrouverte. Il s’y précipita mais un choc violent sur la tête le fit basculer en avant. Dans sa chute, il emporta quelques chaises. Il rebondit sur le buffet, faisant choir les cadres des photos, et atterrit lourdement sur le tapis. Plus rien.  

 

 

********** Une Vie de Mensonges **********  

 

Les mois, puis les années, passèrent. L’enquête n’avait rien donné de concluant et avait fini par être plus ou moins mise de côté. Depuis, Jack vivait seul dans un petit appartement. La disparition de sa fille et de sa femme l’avait conduit dans une dépression qui lui avait fait perdre son boulot de vendeur de voitures et replonger dans l’alcool. Il vivotait avec quelques combines foireuses et négligeait son apparence, portant des vêtements sales et malodorants ainsi qu’une longue barbe dans laquelle on pouvait trouver des restes de nourriture. Depuis quelques temps, Jack avait fini par se faire une raison. Cette chienne de vie lui avait offert cette parenthèse enchantée pour mieux lui faire comprendre à côté de quoi il allait passer pour le restant de ses jours. Il avait merdé dans sa jeunesse, et il était écrit qu’il en paierait le prix toute sa vie. Les quelques proches qui lui restaient s’inquiétait devant ce fatalisme qui ne lui ressemblait pas. Pourtant, les premiers temps, Jack s’était totalement impliqué dans la recherche de sa fille et de sa femme. Il avait arpenté les rues de la ville pendant une éternité et il avait offert son aide à la police. Mais l’inspecteur Milligan avait toujours refusé. Pire, il avait interdit à Jack de sortir de l’État de l’Illinois et une certaine tension était née entre eux.  

 

Ainsi, lorsque Jack reçut un appel du policier presque cinq ans après leur dernier contact, il hésita à l’envoyer paître. Finalement, il décrocha.  

- Parker, j’suis en bas de chez vous. La sonnette doit pas fonctionner dans ce taudis. Je vous attends.  

Jack ne sut quoi répondre. Il enfila un bas de survêtement et fut accueilli par un regard dédaigneux de la part de Milligan, adossé à sa voiture de fonction garée le long du trottoir.  

- On a eu un appel des collègues de Great Falls dans le Montana. Ils ont trouvé une gamine qui correspondrait à la description de Megan.  

Le cœur de Jack explosa et il dut se rattraper à un réverbère pour ne pas tomber lourdement sur le sol. En voyant la scène, Milligan calma le jeu.  

- Pas de faux espoirs, mon grand. La gosse a été retrouvée dans un sale état et rien ne nous dit qu’il s’agit bien de Megan. De plus, elle a pas sorti un mot depuis qu’elle a été découverte dans une forêt du comté. Apparemment, elle y errait depuis plusieurs jours. Mais elle va bien. Elle est en route pour Chicago et devrait arriver au commissariat dans la soirée. On aura besoin de vous pour l’identification.  

Jack bredouilla quelques mots inaudibles et l’inspecteur se remit au volant de son véhicule.  

- Un petit conseil : prenez une douche. J’suis pas sûr que le look clochard soit en mesure de la rassurer.  

La voiture de police démarra et s’engagea dans la circulation. Perdu dans ses pensées, Jack croisa furtivement le regard d’une femme asiatique (Jocelyn Gunning) au volant d’une berline noire, garée de l’autre côté de la route. Celle-ci ne s’attarda pas et lança à son tour sa voiture dans la grande avenue.  

 

Quand il la vit assise, derrière le miroir sans teint, Jack eut enfin la certitude d’avoir retrouvé sa fille. La petite silhouette blottie sur la chaise (Beverly Gilstrap) s’approchait désormais de la dizaine d’années, mais aux yeux de son père, elle n’avait pas changé. Bouleversé par l’émotion, il ouvrit la porte sans attendre qu’on le lui autorise et prit sa petite fille dans ses bras, posant un genou au sol et sanglotant toutes les larmes de son corps. Il se mit à bafouiller des paroles de remerciements tout en serrant davantage la petite fille entre ses bras. Pourtant, celle-ci ne réagit pas. Elle ne montra ni joie, ni peur. La neutralité de son visage échappait à son père qui pleurait dans le creux de son épaule, mais pas à l’inspecteur Milligan qui observait froidement la scène.  

 

Pas un mot ne sortit de la bouche de Megan. Pourtant, tout fut essayé. Des pédopsychiatres se succédèrent afin de chercher d’en tirer quelque chose avec diverses méthodes. Mais la gamine restait impassible, le regard perdu dans le vide. Elle se nourrissait, regardait la télévision (ou plutôt regardait dans sa direction) et ne pleurait jamais. Mais, avec douleur, Jack comprit au fil du temps que sa fille ne ressemblait plus qu’à une coquille vide. Et il ressentit les mêmes émotions que cinq ans en arrière. L’homme se sentit impuissant devant une situation dramatique qui lui échappait et devant laquelle même la police se retrouvait démunie. Ainsi, après une phase d’enquête qui se révéla stérile, Jack put rentrer chez lui avec sa fille.  

- J’vais te faire un peu de place. D’accord ? Ouais, évidemment, t’es d’accord.  

L’homme entra dans la petite pièce où il avait stocké une grande quantité de cartons contenant divers souvenirs ou babioles retrouvées dans le grenier de leur ancienne maison. Ainsi, il put aménager une chambre à Megan. Celle-ci s’endormit rapidement, sur un vieux matelas qu’il avait emprunté à un voisin. Du coup, le soir même, Jack mit le nez dans les cartons afin de retrouver quelques affaires de sa fille. Peut-être réagirait-elle en tombant sur ses vieilles poupées. La soirée fut longue et la bouteille de whisky bon marché qui l’accompagnait n’aidait pas Jack à agir avec discernement. Et il se perdit dans la multitude de choses que l’on peut entasser au cours d’une vie et qui s’étalait sur le sol de son appartement, perdant de vue son objectif premier. Il se tordit de rire en tombant sur un chapeau mexicain et éclata en sanglots en découvrant de vieilles photos de Gabriela dans une enveloppe kraft. Il ne se souvenait pas les avoir déjà vues auparavant. Elles semblaient anciennes et sa femme n’avait pas plus de vingt ans. En compagnie d’individus inconnus, dans un environnement apparemment militaire, Gabriela offrait à son mari tout un pan inconnu de sa vie passée. L’homme découvrait avec stupéfaction que sa femme n’était pas celle qu’il croyait. Sa vie d'orpheline de la campagne n’était visiblement que du vent, des foutaises. Il hésita entre la colère et l’effroi devant tant de mensonges. Mais qui était-elle ? Son regard fut attiré par une photographie qui semblait avoir été prise dans la rue d’une petite ville. Gabriela (mais était-ce bien son nom ?) posait avec un homme, adossé à un camion. En s’approchant un peu, Jack remarqua des lettres blanches dans le reflet de la vitre du véhicule. Immédiatement, il se leva en titubant et manqua de dégringoler dans les cartons. Il se plaça face à un miroir et scruta le reflet de la photo. « Douglas & Carpenter Grocery ». Une recherche rapide sur son smartphone lui indiqua qu’un tel établissement existait toujours. Un seul. L’épicerie était située dans la ville de Choteau, Montana. Son esprit percuta en voyant le nom de l’état. Jack se précipita sur une carte et chercha fébrilement la localisation exacte de la ville. Il la pointa du doigt. Elle n’était qu’à quelques kilomètres de la forêt où l’on avait retrouvé sa fille. Les idées se mirent à tourbillonner dans son crâne et il partit en courant en direction des toilettes. Il s’accrocha à la cuvette et vomit bruyamment.  

 

***  

 

Megan ouvrit les yeux. À travers la vitre de la voiture, elle voyait défiler les grands arbres du nord du pays. Cela faisait de nombreuses heures que le ronronnement du moteur la berçait et elle s’était lovée dans un sommeil long et agréable. Mais lorsque ce paysage familier lui apparut, elle ne put s’empêcher de hurler. À ses côtés, son père perdit le contrôle du véhicule pendant quelques secondes. Depuis son retour, il n’avait encore jamais entendu sa fille émettre le moindre son. La surprise n’en était que plus forte. Il stoppa la voiture sur le bas-côté.  

 

***  

 

Miranda n’aimait pas tellement le « Choteau Diner Club », notamment parce qu’elle y avait l’habitude de se faire traiter de face de citron par tous les ploucs du coin. Et elle prenait sur elle pour ne pas leur casser les jambes sur le parking. Et puis les pancakes au sirop d'érable valaient le coup de se faire un peu emmerder… Son téléphone vibra. Un coup d’œil rapide lui apprit que le type était bientôt arrivé. Elle haussa les épaules. Elle n’avait toujours pas compris si relâcher la gamine avait été une erreur fortuite ou délibérée. De toute façon, ce n’était pas elle qui décidait et elle attendrait les ordres suivants. Comme d’habitude. Elle leva les yeux et adressa un majeur tendu à un gros barbu qui avait déclaré un peu trop fort que ça sentait le riz cantonais.  

 

***  

 

Jack fut rassuré de voir Megan retrouver son calme. Elle ne répondait pas à ses questions mais sa réaction avait été la preuve qu’ils ne faisaient pas fausse route. Il attrapa la main de la petite fille et celle-ci accepta de remonter dans la voiture, toujours sans un mot et sans un regard pour son père. Mais celui-ci fut déconcerté en se rendant compte que Megan lui serrait la main en retour. Son cœur tambourinait comme jamais et il ne remarqua pas la voiture qui s’approchait d’eux en ralentissant l’allure. À son volant, l’inspecteur Milligan serra les dents et exprima un petit rictus de satisfaction.  

- J’t’avais dit de pas sortir de l’état, fils de pute… Qu'est-ce que t'as à cacher ?  

 

 

 

 

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Les Films Plalstique présentent  

"Une Vie de Mensonges"  

 

Un film de Lisa Joseph (Les Profanateurs)  

Sur une musique de Luke Julyan (Le Médecin du Tucumán)  

 

Avec  

Leonard Brumel (Nicéphore Arbogast et les Voleurs de Tour Eiffel) dans le rôle de Jack  

Jocelyn Gunning (Blackness Street) dans le rôle de Miranda  

Saka Khouïye (Mon Père... Le Dictateur!) dans le rôle de Milligan  

et  

Beverly Gilstrap (Ti' Blanc, l'Histoire d'un battant) dans le rôle de Megan  

Scénario : (3 commentaires)
une série B thriller de Lisa Joseph

Leonard Brumel

Beverly Gilstrap

Saka Khouïye

Jocelyn Gunning
Musique par Luke Julyan
Sorti le 17 juin 2034 (Semaine 1537)
Entrées : 11 089 908
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