La chaleur est étouffante dans le hangar désaffecté situé dans la zone de Castle Hill, dans le Bronx. Il faut dire qu'une forge débordante de métal en fusion n'est pas le meilleur moyen de rafraîchir l'atmosphère. L'immense fourneau est ouvert par le haut et il est la principale source de lumière de l'entrepôt. De nombreuses petites silhouettes s'affairent de tous côtés, alimentant la forge pour la maintenir à bonne température. Suspendus par un simple câble, quelques mètres seulement au-dessus de la masse rougeâtre et bouillonnante, deux corps descendent inexorablement, attachés dos à dos. L'un d'eux est une blonde aux formes pulpeuses et visiblement inconsciente. Sa tête penchée en avant empêche de discerner son visage caché par de longs cheveux aux reflets dorés. L'autre est un homme de plus grande carrure qui porte un costume sombre de ninja, ce qui dissimule également son visage. Celui-ci se débat, ignorant peut-être que s'il se libérait, il chuterait alors plus vite vers une mort brutale et affreuse.  

- Nooon ! Détache-moi ! Je t'en prie, papa ! On a tellement de choses à rattraper !  

Ses prières se destinent à un homme situé sur le côté, en retrait et en hauteur, derrière un pupitre de contrôle. Celui-ci porte un costume noir et un chapeau haut de forme. L'obscurité voile son visage (décidément...) mais on devine néanmoins un grand sourire sadique.  

- Mouahahahahahahahaha !  

* LE NINJA DE BROOKLYN FAIT LA SOURDE OREILLE *  

https://www.youtube.com/watch?v=AREppyQf5uw  

Brooklyn - 1977 - Quelques heures plus tôt  

- Tu vas me faire croire que ce guignol, c'est toi ?  

Sugar Belly (Geneva Backhouse), vêtue d'une robe à fleurs et d'un bandeau coloré dans les cheveux, tend un journal ouvert à la page des faits divers où l'on peut aisément déchiffrer le titre : "Qui est le Ninja de Brooklyn ?". En dessous, on trouve une photo amateur sur laquelle on aperçoit une silhouette en costume de ninja qui maîtrise un autre homme portant une cagoule.  

- Mmh. Moi, j'trouve que ça sonne bien, "Le Ninja de Brooklyn".  

- C'est du délire, Marcus.  

Marcus White (Lukas Hart) éclate de rire. Il est fier et soulagé de voir que ses récents exploits font leur petit effet sur Sugar. Il est vrai que la dernière fois qu'ils se sont vus, elle s'est malencontreusement fait tirer dessus par sa faute, ce qui l'a envoyée en séjour à l'hôpital.  

- Bon. Admettons. C'est toi. Pourquoi tu aurais fait ça ?  

- Il fallait que je mette hors d'état de nuire ces salopards qui ont fait la peau à Takeshi Sensei et qui terrorisaient tout le quartier.  

Sugar lève les yeux au ciel et pose le bouquet qu'elle est en train de préparer. Il faut dire qu'il n'y a pas foule dans sa boutique de fleurs.  

- Putain Marcus, c'étaient juste deux p'tits vieux qui s'étaient échappés de la maison de retraite de Paxton Heights et qui cherchaient à se faire un peu de blé pour se payer de la morphine. Tu parles d'un exploit.  

Profondément vexé, Marcus croise les bras dans une attitude enfantine. Après une longue réflexion, il finit par répondre d'un air boudeur.  

- Et alors ? Hitler aussi était un vieil homme !  

Cette fois-ci, c'est la jeune femme qui marque un silence, cachant difficilement sa consternation.  

- Bon, et pourquoi tu me mets dans la confidence ? Je suppose que tu ne veux pas que ça s'ébruite...  

Marcus retrouve très vite son enthousiasme.  

- Parce que j'ai besoin d'une associée. Moi je m'occupe des méchants, toi tu me fais de la pub ! Pas bête, hein ? Un peu comme Spiderman et Peter Parker !  

- Heu... Marcus, Spiderman et Peter Parker sont la même personne.  

Le jeune homme lève les yeux au ciel.  

- N'importe quoi. T'as vu la gueule de Peter Parker ? Et puis... Spiderman, c'est juste Spiderman, quoi.  

La jeune fleuriste insiste du regard. Du coup, Marcus hésite un peu.  

- Tu m'fais marcher, hein ? Et puis comment Peter Parker pourrait prendre Spiderman en photo, si c'était la même personne ? Hein ?  

Le visage triomphant, Marcus ne se rend pas compte que Sugar a de nouveau le nez dans le journal.  

- Et que comptes-tu faire maintenant, monsieur le héros ?  

Les mains dans les poches, le garçon hausse les épaules.  

- Chépô.  

- Tiens, regarde.  

Elle désigne un petit article, toujours du côté des faits divers.  

- Le professeur McSchwhindhen a disparu. La police pense qu'il a été enlevé.  

- Qu'est-ce tu veux qu'ça m'foute ?  

- Lis l'article !  

Marcus se met à plisser des yeux et fixe le petit texte intensément.  

- L... le p.. po... porf... porfressèr... Maaaa... MacShhh.... MacShhhh... MacShhh... Bordel ! C'est quoi tous ces "H" !  

- Ok, attends, je vais t'aider. "Le professeur McSchwhindhen, mondialement réputé pour ses travaux en électromagnétisme, a été kidnappé sur le lieu de son travail, les laboratoires de l'Université de Columbia. Ses collaborateurs s'inquiètent de sa disparition car ses récents travaux étaient concentrés sur les applications militaires de sa fameuse théorie des neutrons. La police s'est refusée à tout commentaire mais..." Blablabla. Bref, tu vois le topo. Alors, tu te rends chez ce type et t'essaies d'y voir plus clair.  

Le soir-même, Marcus se dissimule dans un buisson en face de la grande maison du professeur McSchwhindhen. Il a évidemment pris la peine de revêtir sa nouvelle tenue de ninja. Celle-ci est noire car il ne veut pas se faire repérer lorsqu'il évolue la nuit. Il a réfléchi. Alors qu'il bougonne parce qu'il déteste quand c'est les filles qui donnent des ordres et qu'il ne comprend toujours pas ce qu'il fait à espionner une maison inhabitée, un fourgon se gare devant la demeure du professeur. Les portes arrières s'ouvrent brusquement et une demie-douzaine d'hommes de petite taille, portant tous un chapeau melon, s'en extirpe et force l'entrée de la baraque. De son emplacement, Marcus distingue des bruits de casse et rapidement, les petits hommes font leur retour avec une multitude de documents à la main. Ils sautent dans le fourgon qui redémarre dans demander son reste. D'un bond, Marcus s'extrait de son buisson et observe le véhicule qui remonte l'avenue.  

- Si vous croyez que je vais vous laisser partir comme ça, mes p'tits gars...  

Le ninja court vers le feu rouge le plus proche et pousse un vieux type qui attend sur sa moto, le faisant ainsi lourdement chuter sur le sol.  

- Dégage, j't'emprunte ça.  

En montant dessus, Marcus fixe la marque de la bécane inscrite sur le réservoir.  

- Du... ca... ti... Putain, une moto japonaise ! Takeshi Sensei serait fier de moi.  

Le ninja attend encore quelques secondes que le feu passe au vert, puis il se lance à la poursuite du fourgon.  

Marcus réussit l'exploit d'une part de ne pas perdre le fourgon de vue, et d'autre part de ne pas se faire repérer. Le trajet de la camionnette se termine sur les quais de Port Morris, dans le Bronx. Marcus gare sa moto le long d'un grillage qu'il escalade ensuite sans peine. Rapidement et malgré la nuit, il repère le fourgon puis ses occupants qui montent à bord d'un grand paquebot. Le ninja slalome entre les containers, se tapit dans l'ombre, saute sur des grues, fait des roulades arrières sans mettre les mains, et parvient enfin sur le pont du navire. Il trouve une trappe ouverte et il s'y glisse furtivement. Une discussion animée a lieu dans les profondeurs du bateau. Mais très vite, les voix se taisent progressivement et des bruits de pas se rapprochent. Marcus saute au plafond et se rattrape à de larges tuyaux juste à temps car les hommes de petite taille remontent le couloir en direction de la surface, visiblement satisfaits. Une fois qu'ils disparaissent à nouveau de sa vue, le ninja retombe sur le sol et se précipite dans la direction opposée. Après de longues recherches, il finit par découvrir une succession de cellules dans une pièce sombre. Une voix fatiguée se fait entendre.  

- Qui est là ?  

- Je suis le Ninja de Brooklyn ! Et je viens vous libérer !  

- Oh, je vois. Dieu merci. Je suis le professeur McSchwhindhen et je suis retenu ici contre mon gré par cet homme malfaisant qui m'a volé ma technologie. Maintenant qu'ils ont mes documents de recherche et qu'ils savent les interpréter, ils veulent me faire disparaître et...  

- Ok, ok, me racontez pas votre vie. Comment on ouvre ces grilles ?  

Le prisonnier désigne un trousseau de clé qui traîne sur une table. Mais à ce moment précis, dans une cellule adjacente, une autre silhouette se fait connaître.  

- S'il vous plait, sauvez-moi... Je m'appelle Cynthiana  

La voix féminine est douce et sensuelle. Marcus se retourne immédiatement dans sa direction, comme au ralenti. En s'approchant, il devine une jeune femme aux cheveux blonds et aux formes voluptueuses, un peu comme la chanteuse d'ABBA. Une vraie bombe.  

- Heu... professeur, je vais plutôt sauver la fille.  

- Mais enfin, vous n'y pensez pas ! Il y a une bombe dans la cale du bateau ! Celle-ci a été programmée à partir d'une technologie que moi seul suis en mesure de stopper !  

- Hého, la galanterie, vous connaissez ? Alors vous vous calmez. Je sauve la fille, j'ai dit.  

- Mais... mais... qu'est-ce qui vous empêche d'ouvrir également ma cellule ?  

- Heu... on va se faire repérer si on est trop nombreux. Et puis, je peux prendre qu'une personne supplémentaire sur ma moto.  

Ignorant les plaintes du vieil homme, le ninja ouvre la grille derrière laquelle est retenue la fille et lui attrape la main afin de la conduire en lieu sûr. Les premiers couloirs ne sont quasiment pas éclairés mais lorsqu'ils passent enfin sous un néon, Marcus stoppe sa marche et fixe Cynthiana avec des yeux exorbités. Celle-ci ne cache pas sa contrariété.  

- Quoi ? Qu'est-ce t'as ?  

- Sérieux... Mais... c'est... quoi... cette gueule ?  

Et le jeune homme se met à se tordre de rire. Il est vrai que le faciès de la demoiselle (Fiona Khudbà-Bouin) est peu commun. Ses lèvres sont totalement disproportionnées et on a l'impression qu'elle a le visage collé à une vitre. Marcus ne peut pas retenir ses éclats de rire.  

- Chuuut ! Tu vas nous faire repérer.  

Marcus retrouve temporairement son calme.  

- Ouais, ouais, t'as raison. Motus. Et bouche cousue. Pffrtmouahaha !!  

Cynthiana est abasourdie de voir son sauveur se foutre royalement de sa tronche alors qu'ils sont en danger de mort. Celui-ci penche légèrement la tête sur le côté.  

- Attends, attends, j'ai une question qui me brûle les lèvres... Pfffr... Est-ce ça ressemble à une grosse éponge quand t'as les lèvres gercées ? Bouahahaaaaahaha !  

Le ninja est littéralement plié en deux et ne peux plus avancer. Les mains sur les hanches, Cynthiana doit hausser le ton alors que ses yeux envoie des éclairs.  

- Ça suffit maintenant ! Ce n'est pas le moment de plaisanter ! Écoute-moi maintenant !  

- Rooh, ça va, tu vas pas faire la fine bouche. Pffrrhaha ! Allez, vas-y, je suis pendu à tes lèvres... Hmpfahah...  

La jeune femme attend que les rires s'étouffent pour de bon et enchaîne.  

- Tu as écouté ce qu'a dit ce pauvre professeur ? Il y a une bombe qui va exploser dans très peu de temps. Nous devons accélérer sinon on va y rester ! Alors moi, j'avance que tu le veuilles ou non.  

Et Cynthiana reprend sa course en avant.  

- Hé ! Cette histoire de bombe, j'suis sûr que c'est du botox... heu pardon, de l'intox ! Héhé !  

Voyant l'absence de réaction de la jeune femme qui est déjà loin, Marcus hausse les épaules.  

- Ouais, elle était pas terrible celle-là, j'te l'accorde.  

En quelques minutes, les deux jeunes gens parviennent sur le quai seulement éclairé par la lune. Ils aperçoivent la camionnette qui démarre et, au volant, ils voient une grande silhouette coiffée d'un chapeau haut de forme. Celui-ci tient une télécommande à la main et, avec un sourire cruel, appuie sur un bouton rouge. Cynthiana plonge au sol alors que le fourgon s'éloigne déjà.  

- Vite ! Bouche-toi les oreilles !  

Mais Marcus ne bouge pas.  

- Vas-y, j'suis pas un bouff...  

L'explosion dans son dos est assourdissante et, pendant une fraction de seconde, toute la ville de New York est plongée dans la lumière.  

***  

Le docteur Cosby se veut rassurant et il affiche une expression rassurante envers son patient.  

- Et surtout ne vous inquiétez pas, monsieur White. Vous n'êtes atteint que d'une surdité partielle et temporaire. Vos capacités auditives devraient faire leur retour dans les heures prochaines. Il va juste vous falloir un peu de patience. Et garder ce pansement.  

Avec son bandage, Marcus ressemble à un œuf de Pâques arborant un sourire candide.  

- Hein ? Vous êtes en train de me parler, c'est ça ?  

***  

De retour chez Sugar, Marcus est accueilli par le visage contrarié de cette dernière.  

- C'est qui cette pouf boursouflée ? Et pourquoi t'as pas ramené le professeur ?  

Derrière elle, la voix de Cynthiana se fait entendre.  

- Heu, j'te rappelle que la pouf, elle est pas loin.  

- Toi, on t'as pas sonnée.  

Marcus lève les mains.  

- Oh, oh, laissez-moi parler. Moi aussi je suis content de vous revoir mais il faut que je vous annonce que je n'entends quasiment plus rien. Alors, si vous voulez qu'on communique, va falloir ar-ti-cu-ler. Et comme ça, je pourrais lire sur vos lèvres.  

Et il lance un petit coup de coude à Sugar, en désignant Cynthiana du menton. La blonde ne relève pas.  

- Je sais qui a enlevé le professeur et l'a fait exploser avec le bateau. Ou plutôt, je sais où le trouver.  

Sugar ne cache pas sa méfiance.  

- Ah ouais ? Et comment tu le sais ? Et comment il s'appelle ce type ?  

- J'ignore son nom. Mais je connais sa base. Il m'avait embauché pour que je réponde à tous ses fantasmes, ce mec est un sacré vicelard. C'est... c'est lui qui m'a défigurée. Il a voulu utiliser son agrandisseur de pénis en même temps que... enfin bref, vous voyez. Ça a dérapé.  

- Mais pourquoi accepter de telles choses ? Même les blondasses ont droit à une dignité !  

- Je... je suis une escort girl.  

- Ah, tu m'étonnes...  

- Oh, mais ta gueule ! T'es qui, toi, d'abord ?  

Marcus, les mains dans les poches, s'approche des deux jeunes femmes qui commencent à hausser le ton.  

- Alors les filles ? De quoi vous parlez de beau ? De maquillage ?  

Le bâtiment désigné par Cynthiana est un énorme hangar désaffecté qui trône fièrement dans le Bronx, au centre d'une zone industrielle abandonnée et squattée par quelques junkies. Le ninja et les deux jeunes femmes s'approchent silencieusement de l'entrepôt dans lequel il règne apparemment une grande activité. Sugar résume la situation en quelques mots.  

- Bon. Le malade mental doit être à l'intérieur. Si j'ai bien compris l'affaire, il a volé la technologie du professeur McSchwhindhen afin de préparer une arme surpuissante. On ignore ses motivations mais il faut le stopper à tout prix.  

Cynthiana, dans un magnifique pantalon violet en pattes d'éléphant, acquiesce d'un air grave alors que Marcus, en tenue de ninja, observe un papillon de nuit qui lui tourne autour. Sugar les pousse en avant.  

- Allez-y, je couvre vos arrières.  

La blonde et le ninja se rapprochent du hangar à pas de loups. Tout à coup, une voix dans leur dos les fait sursauter. Un des hommes de mains de l'inconnu les interpelle. Celui-ci, vêtu tout de vert dans un costume typiquement irlandais, ne mesure pas plus d'un mètre vingt mais il fait preuve d'une grande détermination. Avec un grand cri, le petit homme saute sur Marcus qui fait un pas de côté en levant la jambe pour le frapper en plein vol. Le coup est puissant mais inefficace car le petit adversaire retombe sur ses pieds. Puis, il affiche un petit sourire amusé et fait craquer sa nuque avant de repartir à l'assaut. Les échanges de coups sont rapides et, malgré leur différence de taille, le combat est équilibré. Fort heureusement, Marcus se souvient des cours de Takeshi Sensei dans lesquels il affrontait surtout des enfants de dix ans. Ainsi, il n'est pas dépaysé. Les coups pleuvent et Marcus note mentalement de penser à s'équiper d'une coquille la prochaine fois qu'il affronte un ennemi aussi minuscule.  

Alors que le combat semble s'éterniser, l'adversaire tombe tout coup dans les pommes. Derrière lui, Cynthiana tient une brique dans les mains. Marcus prend une moue boudeuse.  

- T'es pas cool, j'avais presque terminé et...  

Il ne peut pas finir sa phrase. En quelques secondes, le duo est encerclé par une vingtaine de combattants, tous du même gabarit que le précédent et toujours avec des chapeaux melon sur la tête. L'affrontement est violent mais très vite, Marcus et Cynthiana sont submergés sous cette mini-marée humaine et ils perdent connaissance.  

Quand il rouvre les yeux, Marcus sent immédiatement qu'il a les mains attachées dans le dos. Derrière lui, il perçoit le corps inerte de Cynthiana. Mais surtout, il remarque une silhouette qui le dévisage. L'homme s'approche davantage et Marcus distingue enfin son visage. C'est un homme d'un âge indéterminé (Matthew Sorensen) au regard débordant de cruauté. Le ninja, malgré sa surdité toujours présente, le toise du regard.  

- Qui es-tu ?  

L'homme affiche un sourire malicieux et pose son chapeau haut de forme sur un pupitre recouvert de boutons et de manettes en tous genres.  

- Je suis le prochain maître de la ville. Grâce à la technologie du regretté professeur McSchwhindhen, je vais mettre en place une arme qui pourra me permettre de contrôler le... J'me trompe où tu m'écoutes pas ?  

- Désolé, mais faudrait que tu parles plus fort. J'ai des petits soucis de santé. Rien de grave, hein.  

L'homme ne se décontenance pas et se contente de parler plus fort.  

- Je te disais, donc, que j'allais contrôler la ville. Et tout le monde retiendra...  

- D'accord, mais pourquoi t'embauches que des nains, en fait ?  

- Hein ? oh, et bien au départ, j'ai estimé que... peu importe. Je reprends. Je disais donc que tout le monde retiendra mon nom. Car je suis... le Baron du Bronx ! Mouahahaha !  

- J'ai pas compris. T'as dit quoi ?  

- J'ai dit, le Baron du Bronx !  

- Le marron de quoi ?  

- LE BARON DU BRONX !  

Le baron perd, l'espace d'un instant, tout son flegme. De son côté, Marcus sent une émotion incontrôlable l'envahir.  

- Daron ? Mon... daron ? C'est toi mon père ! Mon dieu, je comprends tout maintenant !  

- Hein ? Mais qu'est-ce qu'il raconte ?! Non, le baron, pas le daron, le baron, avec un "B" ! AVEC UN "B" COMME DANS ABRUTI !!!  

Le baron remet son chapeau sur la tête et d'un signe de main blasé, il s'adresse à l'Irlandais miniature.  

- Allez, faites moi cramer tout ça et qu'on n'en parle plus.  

Le petit homme abaisse une manette et Marcus sent le câble dans son dos qui se tend. En compagnie de Cynthiana toujours inconsciente, il sent qu'il s'élève dans les airs. La panique commence à le gagner lorsqu'il aperçoit la forge de métal en fusion qui se rapproche...  

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Les Films Plalstique présentent  

"Le Ninja de Brooklyn fait la sourde oreille"  

Un film d'Esteban Del Rincòn (Ghetto Blast)  

Sur une musique de Morena Levanon (Black Karatéka Frappe Toujours)  

Avec  

Lukas Hart (Cibola, La Cité des Morts) dans le rôle de Marcus White  

Fiona Khudbà-Bouin (Strate dit Varius) dans le rôle de Cynthiana  

Geneva Backhouse (Pandémie) dans le rôle de Sugar Belly  

et pour la première fois à l'écran  

Matthew Sorensen dans le rôle du Baron du Bronx