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Les Flims Plalstique présente
Vixen

Dans une pièce sombre où seuls quelques reflets métalliques laissent deviner la présence d'un lit, une silhouette se débat sur la fine couchette en poussant des cris terribles que personne ne semble entendre. La douleur paraît être intense ce qui déforme le visage de la jeune femme qui se redresse vivement. Mais ses poignets sont liés aux barreaux du lit.  

Tout à coup, deux grandes portes s'ouvrent inondant la salle de lumière éblouissante. Un homme à la figure dissimulée derrière un masque entre brutalement en trainant un charriot derrière lui. Sans un mot, l'homme se saisit des jambes de celle qui est allongée sur le lit et les lui écarte sèchement. Les hurlements redoublent mais au bout de quelques minutes ce sont les pleurs d'un bébé qui se font entendre. L'homme sectionne le cordon ombilical et quitte précipitamment la pièce, sans un mot pour la jeune mère qui sanglote alors que du sang noirâtre s'écoule de son entrejambe blessé. Mais elle pleure surtout parce qu'elle n'a pas vu son enfant, qu'elle ne connaît pas son sexe et qu'elle sait qu'elle ne le reverra jamais.  

 

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Posée sur le charriot, la petite fille a cessé de pleurer. Elle avance dans des couloirs interminables et labyrinthique. Ses yeux clairs sont attirés par la succession de néons qui rayent le plafond blanc. L'homme qui la pousse garde un air détaché et imperturbable lorsqu'ils arrivent dans une pièce de la taille d'un hangar. Il dépose le bébé dans un landau de métal et de verre et s'éloigne définitivement. La petite fille, malgré son arrivée toute récente, observe son environnement à travers le verre. Elle n'est pas seule. D'autres landaus sont rangés en lignes et en colonnes dans tout le hangar aux murs blancs. Plusieurs centaines de berceaux dans lesquels pleurent autant de bébés. Des employés en blouse blanche circulent entre eux.  

 

La petite fille a désormais quelques mois de plus. Elle se tient assise et observe d'autres enfants du même âge en train d'essayer d'empiler des cubes. Au-delà de trois, ça tombe. Pourtant, à ses côtés, il y a une tour d'une trentaine de cubes.  

 

La gamine a maintenant quatre ou cinq ans et arbore une jolie tignasse rousse. Elle n'écoute pas l'enseignante qui est vêtue d'un triste uniforme gris clair. Mais elle l'observe. Sans tourner la tête, la petite fille ferme rapidement son poing au-dessus de sa propre épaule. Elle ouvre sa main et jette un œil amusé sur la petite mouche capturée qui finit par s'envoler.  

 

Elle a maintenant dix ans et elle est assise à un bureau, comme la cinquantaine d'autres enfants présents dans la salle d'examen aux fenêtres noires. Elle coche les réponses à toute allure, comme si elle ne réfléchissait pas. Puis, en levant les yeux, elle voit sur l'horloge qui lui reste cinquante-cinq minutes. Du coup, elle gomme l'intégralité de ses réponses et recommence depuis le début. Puis encore une fois. Et encore une fois.  

 

C'est désormais une adolescente d'environ quinze ans. Sur le parquet du gymnase aux murs décrépits, elle surnage lors d'une confrontation de basketball. Sans effort apparent, et malgré une certaine nonchalance, la jeune fille intercepte toutes les passes à proximité d'elle et lance le ballon dans le panier à tous les coups.  

 

Ça ressemble à une cérémonie de remise de diplôme. La rouquine (Gaby Vigmarsson) est placée au premier rang et reçoit les félicitations de la part d'une vieille femme (Olivia Fallon) à la chevelure grise mais au regard particulièrement éveillé. Dans la salle, il n'y a personne d'autres que les étudiants.  

 

 

~~~~~~~~~~~ VIXEN ~~~~~~~~~~~  

 

Destiny City - 2099  

 

 

Les yeux verts de Roxie se seraient portés vers l'horizon, s'il y en avait eu un. Elle sentit un tapotement sur son épaule et elle tourna vivement la tête. Sa longue chevelure rousse tournoya en renvoyant des reflets dorés.  

- Tu rêves, Rox ?  

Elle tomba nez à nez avec un jolie brune (Lolà Gutiérrez) du même âge qu'elle.  

- Rita, tu ne t'es jamais demandé ce qu'il y avait derrière ?  

Elle désigna la ligne formée par les anciens immeubles, aujourd'hui abandonnés et à moitié écroulés. Malgré l'obscurité et l'absence de lumière au loin, on pouvait deviner les silhouettes de l'ancienne ville qui portait les stigmates d'affrontements que personne n'évoquait. L'autre haussa les épaules, comme si la question était d'une profonde stupidité.  

- Qu'est-ce qu'on s'en fout ? J'ai pas envie d'aller voir... En revanche, je suis très curieuse de savoir comment s'est passé ta première journée au labo.  

Roxie se tourna à nouveau vers l'ancien quartier à l'abandon.  

- Bien, je suppose. Mais je ne pensais pas que synthétiser des protéines serait aussi peu passionnant.  

Rita se mordit la lèvre. Son amie osait se plaindre de son boulot alors qu'elle avait obtenu un poste que n'importe quel jeune diplômé de Destiny City lui envierait. Rita, elle, devait se contenter d'un boulot de standardiste au SMO (Service of the Maintenance of Order) et elle aurait été prête à tuer sa mère pour un tel job. Sauf que, comme la plupart des habitants de la ville, elle ignorait l'identité de celle-ci.  

- Console-toi en comparant la taille de l'appartement qu'ils t'ont attribué à celle de mon studio minable. Mais puisque tu me le demandes, tout s'est très bien passé de mon côté également. Je crois que j'ai tapé dans l’œil de mon chef et il m'a fait comprendre que j'avais toutes les compétences requises pour monter en grade rapidement. J'te paye une bouffe pour fêter ça ? Chez Marty's, il paraît qu'ils ont du vrai jambon si tu leur demandes gentiment...  

La rouquine sourit tristement à son amie.  

 

Rien n'indiquait que la nuit avait déjà largement commencé. Roxie n'avait jamais vu la lumière du jour car Destiny City était plongée dans une obscurité épaisse depuis toujours. En tout cas, même dans ses plus vieux souvenirs, la ville était endormie dans une nuit éternelle. Elle poussa la porte en verre de son immeuble et pénétra dans le hall qui était richement décoré et éclairé, contrastant ainsi avec l'obscurité et la crasse de la rue. Derrière le comptoir, le vieux Billy (Axel Winthorp) lui lança un petit sourire amical. Roxie lui fit un petit signe de main discret et accéléra le pas. Le concierge la mettait mal à l'aise. Elle avait la désagréable sensation d'être observée quand elle passait devant lui. Ses yeux se portaient sur elle et même si son regard était vierge de toute lubricité, elle préférait éviter de s'adresser à lui. Et surtout, c'était l'un des seuls Aieux qu'elle connaissait. Elle ignorait ce que ce vieil homme quelconque avait réalisé de si incroyable pour avoir obtenu le privilège de vivre aussi longtemps. Pourtant, à Destiny City, la règle était simple : passé quarante ans, on devait laisser sa place. Cela pouvait paraître cruel, mais l'équilibre de la cité tournait principalement autour de ce principe immuable. Roxie parvint à la cage d'escalier et elle jeta un coup d'oeil rapide en arrière. Billy était désormais dissimulé derrière le dernier numéro du Times of Destiny sur lequel la Régente (Olivia Fallon) était encore une fois en couverture. Avant de monter les marches, Roxie perçut le rire du vieil homme.  

 

Neal (Frank Mattis) prit son service en fin de matinée. L'inspecteur avait beau ne pas dépasser les vingt-cinq ans, il était déjà un membre important de l'effectif du bureau du SMO de la zone D. Son boulot consistait en grande partie à étouffer les tentatives de révolte qui gangrénaient le quartier. Fort heureusement, c'était généralement l’œuvre de désœuvrés accros aux psychotropes de synthèse. Ils étaient alors placés en cellule de dégrisement puis envoyés en cure de désintox dans un complexe médical à l'extérieur de la ville. Du moins, c'est ce que racontait la hiérarchie. Car Neal ne revit jamais personne en revenir. Mais là n'était pas son rôle. Il s'assit à son bureau et porta ses lèvres à un gobelet qui contenait un pétrocafé chaud. L'heure du déjeuner approchait et les lieux se vidaient. Alors qu'il allait dicter son rapport à l'unité centrale, son regard fut attiré par un reflet orangé. Il leva les yeux et aperçut une jeune femme, à peine plus jeune que lui, qui se dirigeait d'un pas décidé en direction de la nouvelle standardiste. Neal avait oublié son nom très vite mais s'était amusé du côté "m'as-tu-vu" de la nouvelle recrue. En revanche, son amie aux cheveux roux possédait une vraie classe naturelle et lorsque leurs regards se croisèrent, Neal baissa promptement les yeux.  

 

Le Malone's était plutôt vide. Ses hamburgers étaient carrément dégueulasses, mais les prix restaient pourtant au-dessus des moyens de la plupart des habitants de la ville. Au moins, Roxie et Rita savaient qu'on les laisserait tranquille pendant qu'elles déjeunaient autour d'une assiette de frites. L'ambiance un peu intimiste du restaurant leur permettait ainsi de plaisanter en toute décontraction. Roxie s'absenta un instant pour se rendre aux toilettes. Quand elle en ressortit, elle fut frappée par le silence qui régnait. Derrière le bar, le gérant du bistrot (le fameux Malone avait disparu depuis bien longtemps) levait les bras en tremblant. Face à lui, un homme cagoulé pointait une longue lame dans une attitude menaçante.  

- Mais que faites-vous ?  

Sans tenir compte du danger, Roxie s'approcha en tentant une médiation.  

- Dégage, salope !  

Le malfrat se tourna vers elle. La jeune femme put aisément admirer les reflets de lumière sur la lame effilée. Cependant, elle continua d'approcher.  

- Dégage, j't'ai dit !  

Et l'homme se jetta sur Roxie, couteau en avant. La jeune femme esquiva dans le mouvement en faisant un pas de côté. Le braqueur surpris par la réaction très rapide de sa cible en perdit l'équilibre et tomba à plat ventre sur une table. Malgré le choc, il se releva rapidement et se prépara à frapper de son arme. Mais l'homme regarda bêtement ses mains. Plus de couteau. En levant les yeux, il vit la jeune femme avec l'arme à la main. Vexé de s'être ainsi fait posséder par une proie aussi faible, il revint à la charge. Là encore, Roxie réagit avec une rapidité surnaturelle et l'homme heurta le comptoir de plein fouet. Mais cette fois-ci, le contact froid du canon du fusil du patron sur son front mit un terme au braquage. Le malfrat s'enfuit sans demander son reste. Rita, qui s'était blottie sous sa table, sortit enfin de sa cachette et s'approcha bouche bée de son amie.  

- Je savais que tu avais de super réflexes... mais pas à ce point là !  

Roxie la poussa à l'extérieur, l'air visiblement gêné. Avant de quitter les lieux, elle jeta un coup d’œil rapide pour voir si personne d'autre n'avait pu voir son exploit. Elle ne remarqua pas le vieil homme tapi dans l'ombre qui souriait à pleines dents. En effet, le vieux Billy semblait avoir apprécié le spectacle.  

 

- Mais tu te rends compte de quoi t'es capable ? Tu pourrais faire partie de l'élite du SMO, c'est certain.  

Roxie lança un regard mauvais à son amie, comme si l'envisager au service de la police de Destiny City était une insulte.  

- Laisse tomber, Rita, t'as rien vu.  

Depuis toujours, la rouquine cherchait à se faire discrète vis-à-vis de ses aptitudes. Roxie avait une perception du temps altérée. Ainsi, son cerveau et ses muscles réagissaient à une vitesse proche de celle du son. Mais jeune femme avait compris qu'on réservait un sort peu enviable aux gens comme elle. Car elle n'était pas la seule. Des légendes circulaient à propos d'autres individus extraordinaires.  

- J'en ai trop vu, ouais ! Toi qui a toujours voulu changer les choses...  

- C'est pas aussi facile. Ma place est au labo, on ne m'a pas offert le destin d'une justicière.  

Rita ricana d'un air mauvais.  

- Depuis quand t'attend qu'on t'offre les choses ?  

 

De retour chez elle, après une journée barbante au laboratoire, Roxie fut surprise de constater l'absence du concierge au rez-de-chaussée. Mais la surprise n'en fut pas moins grande de le trouver assis confortablement sur son divan, en train de siroter un verre d'alcool modifié.  

- QU'EST-CE QUE VOUS FOUTEZ LÀ ?  

Pour toute réponse, la jeune femme obtint un grand sourire.  

- Content de te voir Roxie. Malgré les dangers, tu es toujours entière.  

Les yeux du vieil homme se plissèrent et on put y lire de l'ironie.  

- SORTEZ IMMÉDIATEMENT DE CHEZ MOI !  

Roxie se précipita sur le concierge mais celui-ci se leva promptement. D'un air de défi, il écarta légèrement les bras comme s'il disait "frappe-moi, si tu l'oses". Elle osa. En moins d'une demie seconde, Roxie attrapa la bouteille qui trainait sur la table basse et la brandit sur Billy. L'homme l'esquiva aisément d'un rapide mouvement de tête.  

- Comment...  

- Allez ! Enchaîne !  

Piqué au vif, la jeune femme enchaîna les coups en direction de l'invité surprise qui parait aisément tous ses assauts. Le combat dura une trentaine de secondes et alors que Roxie marquait une pause pour reprendre son souffle, le vieillard tendit son bras vers elle. La jeune femme posa un genou au sol et sentit toute son énergie s'envoler. Fort heureusement, Billy stoppa immédiatement. Roxie se releva, chancela et se rattrapa à une chaise.  

- Qui êtes-vous ?  

L'homme se rassit et arbora un sourire satisfait.  

- Je suis un ami. Tu ne dois jamais en douter. Je te suis depuis fort longtemps et je connais ton potentiel. J'attendais ce jour avec une impatience que je n'avais pas ressenti depuis une époque révolue.  

- Je ne comprends pas.  

- Tu es une Variante, Roxie. Tu le sais depuis toujours, mais c'est aujourd'hui que tu as enfin fait usage de ton pouvoir aux yeux de tous.  

- C'était... c'était pas prévu. Ce n'est pas mon rôle.  

- Mais qu'as-tu ressenti ?  

La jeune femme baissa les yeux et une mèche de cheveux roux tomba devant son visage. Billy répondit à sa place.  

- Tu t'es sentie vivante et grisée par l'adrénaline. Mais surtout, tu as compris que tu avais un rôle à jouer dans un système qui te dépasse encore.  

Roxie haussa les épaules alors que Billy se dirigea vers la porte de l'appartement.  

- Vas-tu laisser Destiny City te forger un destin minable à toi et aux autres citoyens condamnés par avance ?  

 

Ce soir-là, Roxie ne ferma pas l’œil de la nuit. Dans ces cas-là, elle se remémorait l'intégralité des moments importants de sa vie avec une précision chirurgicale. Elle n'avait compris que tardivement qu'aucune autre personne n'en était capable. Elle se souvenait de toutes ces fois où elle s'était sentie si différente. Aurait-elle dû se voir comme étant exceptionnelle ? Pourquoi elle ? Et pourquoi Billy était-il comme elle ? Qu'attendait-il d'elle ? Et qu'entendait-il par Variante ?  

 

Dans son cagibi qui lui servait de logement, au sous-sol de l'immeuble, Billy se mit à siffloter en rangeant quelques affaires. Il était de bonne humeur car, même si ce vrai premier contact avait été intense, il sentait que la gamine allait franchir le pas. Peut-être qu'il verrait les choses bouger de son vivant... Tout à coup, il ressentit une pression terrible dans sa poitrine. Son cœur se serra et il s'écroula sur sa couchette. Pourtant, ses yeux ne montrèrent aucun étonnement. Derrière lui, une silhouette s'avançait dans l'ombre.  

- Ça faisait un bail, William.  

- Ou... ouais...  

- Quoi de neuf ?  

- La r... routine...  

- NE ME PRENDS PAS POUR UN CON !  

Billy ferma les yeux. La douleur devenait insupportable. Dans son dos, la voix grave continua ses menaces.  

- Tu as utilisé ton pouvoir, ce soir.  

- Ouais. J... je sais.  

- On avait un marché, William. Tu ne l'as pas respecté.  

- Désolé. Un connard de loc... locataire voulait pas me refiler mes étrennes. J'ai cr... j'ai craqué. J'le referai plus.  

- Je sais pertinemment que tu mens. Doublement. J'pourrais te faire disparaître, là, maintenant. Mais je vais attendre un peu. Disons que je fais ça en souvenir du bon temps. Mais je t'ai à l’œil, William. Tiens-le toi pour dit...  

En une fraction de seconde, le vieillard retrouva son souffle. Il se retourna, sa chambre était vide.  

 

(...)  

 

Les semaines, puis les mois, passèrent. Neal ne chômait pas. Depuis un certain temps, une grande partie du SMO était chargé de traquer une nouvelle criminelle qui commençait à faire de plus en plus parler d'elle. On ne savait rien d'elle hormis le nom qu'on lui donnait et qui apparaissait sur la plupart des murs de la ville. Vixen : ce qui signifiait à la fois 'renarde' et 'garce'. Les deux lui convenaient parfaitement car Vixen avait fait preuve d'une ruse remarquable pour échapper au service du maintien de l'ordre et elle ne se gênait pas pour les taquiner lorsqu'ils intervenaient. Dans un premier temps, la jeune femme costumée avait lutté contre les malfrats qui agressaient les citoyens, le soir venu. Mais au fil du temps, Vixen avait choisi de nouvelles cibles. Elle s'en prenait aux organisations officielles de Destiny City et si Neal avait eu de la sympathie pour elle à ses débuts, aujourd'hui il ne voyait en elle qu'une contestataire liberticide. En sabotant le matériel de la ville, elle dégradait la vie de ses habitants.  

Il fut tiré de ses pensées par une voix suave. En levant les yeux, il croisa le regard de Rita. Celle-ci lui tournait autour depuis qu'il avait obtenu la responsabilité de la traque de Vixen.  

- Neal ? L'agent Carpenter vous attend dans son bureau. Immédiatement.  

L'inspecteur sentit son cœur s'emballer. Carpenter était l'une des sommités du SMO. C'était comme s'il avait toujours été là et, même si son visage ne marquait pas un âge très avancé, Neal était persuadé qu'il était un Aïeul.  

 

Il poussa la porte du bureau. La petite pièce était plongée dans le noir et un homme (Richard Parker) observait la ville par la fenêtre en écartant les lamelles métalliques d'un store vénitien. Il tournait le dos à Neal.  

- Vous vouliez me voir ?  

L'homme répondit d'une voix caverneuse assez terrifiante.  

- Où en êtes-vous dans votre enquête, inspecteur ?  

Neal trembla. Il en était au point mort et il savait que ce n'était pas la réponse attendue.  

- On avance, on avance. On a quelques tuyaux qui devrait amener des résultats prochainement.  

- Cette délinquante n'est qu'une punaise à écraser. Mais si on ne le fait pas rapidement, elle pourrait contaminer d'autres citoyens. Avec de mauvaises... idées. Vous voyez ce que je veux dire ?  

- Bien sûr, agent Carpenter.  

Non, il ne voyait pas vraiment.  

 

Neal se laissa tomber sur sa chaise. Très vite, il entendit le pas de Rita qui s'approchait. Il leva les yeux au ciel.  

- Tout va bien, Neal ?  

Il souffla.  

- Ouais, nickel. Faut juste que je trouve la renarde qui fout le boxon dans toute la ville et je n'ai que quelques jours pour cela. Tu parles si ça va.  

L'inspecteur leva les yeux sur la pendule rétroéclairante. La fin de journée approchait. Rita s'était éloignée et revint avec un post-it griffonné.  

- Peut-être que vous pourriez commencer par ici.  

Elle posa le petit bout de papier et décampa sans demander son reste. Pour elle aussi le boulot était terminé. Neal attrapa le post-it d'un geste nonchalant. "La manufacture maternelle". Il ricana. Un joli nom pour désigner l'usine à bébés. Comme la quasi-totalité des habitants, Neal en était issu et il vouait un dégoût profond envers cet endroit. Tout à coup, un éclair transperça son esprit. Il se redressa et attrapa l'avis de recherche de Vixen. Le portrait-robot était sommaire mais la chevelure rousse était un élément tangible et Neal se remémora la jolie rouquine qui était venue chercher Rita, il y avait plusieurs mois de cela. Il tenait un truc.  

 

Le dernier étage du Marvel Building n'était qu'un grand loft qui surplombait la ville et offrait une vue particulièrement dégagée sur l'ancienne cité. La Régente errait dans le grand salon, un verre rempli d'un liquide ambré à la main, en passant devant les larges baies vitrées. Elle semblait pensive. Dans son dos, une voix grave se fit entendre.  

- Nous sommes sur le coup, madame la Régente.  

Un petit rictus apparut furtivement sur le visage de la vieille femme.  

- J'ai déjà entendu cela. Permettez-moi de douter de vos capacité à arrêter cette jeune fille, agent Carpenter. Et pourtant nous savions que cela arriverait un jour, forcément.  

Carpenter fit un pas en avant. Il ne cachait pas sa colère.  

- Vos menaces ne me font aucun effet. Je vous rappelle que vous n'êtes personne. Seulement une femme de paille. Vous êtes facilement remplaçable.  

Cette fois-ci, la Régente éclata de rire.  

- C'est plutôt amusant que ce soit vous qui me parliez d'être remplacé. C'est à mon tour de vous rappeler que vous n'êtes pas unique. Vous devez être le numéro 7 ? ou 8 ?  

Carpenter grogna. Et la Régente se mit à plisser imperceptiblement les paupières en le fixant. L'agent se mit alors à sourire.  

- Vos petits tours de passe-passe ne fonctionnent pas sur moi et...  

Il s'interrompit et jeta un coup d’œil à sa montre. Son sourire s'élargit avant de disparaître.  

- Votre compagnie est très agréable mais je vais devoir vous quitter. Le devoir m'appelle.  

L'Aïeule l'observa quitter les lieux avec soulagement. Elle vida son verre d'un trait.  

 

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Neal rangea son comlink. Parker avait renvoyé l'accusé de réception en confirmant son arrivée. L'agent en aurait pour son argent. Neal resta dissimulé derrière la caisse et observa la jeune femme qui avait pénétré dans le hangar par effraction. Il reconnut immédiatement son épaisse chevelure rousse et ses yeux verts, malgré un masque posé sur son visage. Elle arborait une combinaison orangée avec un renard dessiné sur la poitrine. Vixen avançait discrètement entre les rayonnages de l'entrepôt avec une discrétion stupéfiante. Elle sautait parfois à plusieurs mètres de hauteur, sans émettre le moindre son. Neal anticipa sa trajectoire, comprenant que la jeune femme masquée cherchait à pénétrer dans le bâtiment principal. Alors qu'elle allait forcer la porte, il s'interposa et pointa son revolver à photons dans sa direction.  

- Ça s'arrête ici, Vixen.  

La jeune femme ne put cacher sa surprise, puis sa peur. Elle leva lentement les mains. Neal s'approcha et, en une fraction de seconde, la jeune femme lui sauta dessus et lui lança un terrible coup de pied dans la main. L'inspecteur ne comprit pas ce qui lui était arrivé tellement le mouvement avait été rapide.  

- Vous allez me laisser passer, inspecteur. Que vous le vouliez ou non.  

Et voyant que celui-ci restait dans le chemin, Vixen lui sauta par-dessus puis le faucha d'un coup de pied au niveau des genoux. Puis, elle tapota rapidement sur le clavier inséré dans le mur. Alors qu'elle allait enfin entrer dans la manufacture, une voix puissante se fit entendre.  

- Enfin je vous trouve.  

Elle se retourna et aperçut un homme situé à l'autre bout de l'entrepôt. Neal, qui avait été projeté sur le sol, fut soulagé de voir apparaître Carpenter.  

- Et comment m'empêcherez-vous d'entrer ?  

L'agent attrapa une silhouette de son bras puissant. Une jeune femme était en sa possession.  

- Rita !  

Roxie ne pouvait pas cacher qu'elle la connaissait.  

- Attendez ! Que voulez-vous ?  

- TOI !  

Penaudement, Vixen se rapprocha de Carpenter, sachant qu'elle ne pouvait se résoudre à sacrifier la vie de son amie. Dès qu'elle fut à portée, elle stoppa sa marche.  

- Relâchez-la, maintenant.  

De son autre bras, Carpenter attrapa la jeune femme masquée et elle sentit une force extraordinaire qui la maintenait. Rita sanglotait.  

- Je suis désolée, Rox. Il m'a promis qu'il ne nous ferait pas de mal.  

Roxie baissa les yeux devant la naïveté de son amie. Carpenter l'illustra parfaitement.  

- J'ai menti.  

Il lâcha Rita puis lui donna un violent coup dans la nuque. Un craquement sinistre se fit entendre et le corps frêle de la brunette s'effondra au sol. À l'autre bout de l'entrepôt, Neal sentit un frisson de dégoût traverser sa poitrine. Il regretta surtout d'avoir mentionné le nom de Rita dans son message. La standardiste avait probablement juste voulu que Vixen et Neal entrent en contact.  

Satisfait de lui, Carpenter relâcha temporairement son étreinte et Roxie en profita pour s'en extirper. Elle sauta sur une structure métallique qui servait de stockage de marchandises. Carpenter se rapprocha, l'air décidé, et attrapa l'une des poutrelles qui maintenait l'ensemble. Il la tordit comme si elle avait été faite de guimauve et plusieurs tonnes de métal s'effondrèrent devant lui, dans un vacarme tonitruant. Il chercha le corps de la jeune femme parmi les débris. Il sentit un coup rapide dans son dos. Il se retourna et fit face à Vixen qui était égratignée sur une bonne partie de son corps, déchirant en partie son costume au niveau des jambes.  

- Salopard ! Vous l'avez tuée !  

Elle se rapprocha de lui et enchaîna une série de coup de poings que l'agent ne se donna même la peine d'esquiver. Il encaissa sans douleur apparente. Puis il parvint à attraper la jeune femme et la lança à travers le hangar sur une bonne dizaine de mètres. Elle roula dans les débris et se releva péniblement. Il approchait vers elle. Roxie sentit une douleur insoutenable qui lui paralysait la jambe droite. Elle recula en boitant et se retrouva dos à un mur en béton. Déjà, Carpenter était là. Il lança son poing et Roxie parvint à l'esquiver. Le colosse explosa une partie du mur derrière elle.  

- Ici se termine ta courte et dérisoire histoire, Vixen.  

Et le visage de Carpenter explosa. Roxie tourna la tête et aperçut l'inspecteur qui était immobile à quelques mètres d'eux sur le côté. Son arme fumante était toujours dressée en direction du corps de Carpenter qui finit par s’écrouler lourdement sur le sol.  

 

(...)  

 

La manufacture maternelle n'avait subi aucun dégât profond. Dans un laboratoire du sous-sol, une ombre s'activait devant un pupitre qui alimentait une grande cuve remplie d'un liquide opaque. Il baissa une manette et une ouverture apparut. Le liquide se vida à travers une grille et un corps s'en extirpa. L'homme refit la même opération à deux reprises sur deux autres cuves.  

- Cette fois-ci, vous multiplierez vos chances par trois.  

Les corps nus et dégoulinants se levèrent lentement. Les trois froncèrent les sourcils en s'observant mutuellement. Ils avaient le même visage : celui de l'agent Carpenter.  

 

 

 

 

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Les Films Plalstique présentent  

"Vixen"  

 

Un film de Greg Hammer (Lost Shadows)  

Sur une musique de Joan Jodorowsky (Hijo de la Luna)  

 

Avec :  

Gaby Vigmarsson (La Pièce manquante) dans le rôle de Roxie  

Frank Mattis (Noël chez les Pardakine) dans le rôle de Neal  

Richard Parker (Last Upon a Time) dans le rôle de Carpenter  

Lolà Gutiérrez (Le Dada en Folie!) dans le rôle de Rita  

Olivia Fallon (Twist & Shoot) dans le rôle de la Régente  

et  

Axel Winthorp (Black Karatéka Frappe Toujours) dans le rôle de Billy

Scénario : (1 commentaire)
une série A fantastique (Hero in Dark Times) de Greg Hammer

Frank Mattis

Gaby Vigmarsson

Richard Parker

Lolà Gutiérrez
Avec la participation exceptionnelle de Axel Winthorp, Olivia Fallon
Musique par Joan Jodorowsky
Sorti le 25 novembre 2034 (Semaine 1560)
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