Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

Loupieau Production France présente
Last Upon a Time

L’Histoire, avec un grand « H ». On l’entend toujours, mais jamais nous n’en retenons les leçons. Les faits entrent par une oreille et sortent par l’autre. Et, quand l’éternel cycle historique, façonné de pouvoir et de révoltes, reprend son cours, c’est bien trop tard que l’on s’en aperçoit. Il n’est alors déjà plus temps de réagir. Trop tard pour pleurer. L’Homme est ainsi fait : il n’est qu’une vulgaire créature à l’instinct primitif, trop accroché à ses terribles illusions pour regarder en face la vérité crue de son monde. Trop aveuglé aussi pour voir qu’il change. Et pas de la manière espérée. Et alors, la violence apparaît bien vite comme le dernier recours pour sauver une société déjà morte, pense-t-on. Le chaos engendre le chaos, comme la paix engendre la guerre. Et, avec toutes ces considérations, il semble évident que le coupable ne puisse avoir qu’un nom : la cupidité humaine.  

 

Gerardmerveille – Mars 2035  

 

Les grands patrons du cinéma de Cinejeu Island s’étaient tous réunis, comme de coutume en ce jour d’assemblée annuelle. Il y avait là les plus grands noms des salles obscures: Gérard Cousin (Conor Fox), Daphné Edward (Angela Ford) de Misterdada Studio, Nikolas Morcar (Albin Sbrizzi), MMP, Kelvin Pitbull (Franz-Erich Jürmann), LPF… Du très beau monde, donc. Les plus grosses trésoreries de la ville aussi. Tous ces hommes possédaient ce qui faisait la richesse et la renommée mondiale de GM : son cinéma.  

La réunion touchait à sa fin lorsqu’un corbeau majestueux, rentré on ne sait trop comment dans la salle, lâcha sur la table le journal qu’il tenait entre ses pattes. Morcar s’en saisit. Il lu le titre, et resta de marbre. Les autres producteurs, l’attention brusquement monopolisée par l’expression figée de son visage, attendaient qu’il parle. Enfin, il lâcha :  

- Cinejeu Island : le Parti Anti-Capitaliste (PAC) favori de l’élection présidentielle de Juin.  

Tous se regardèrent. Certains explosèrent de rire, n’osant croire à ces informations saugrenues. D’autres, plus sérieux, eurent un petit rictus. Morcar, lui, était pensif. Tout comme le PDG de Black Box Recorder, Panagiotis Dritsas (Adrien Mendel) : cela n’augurait rien qui vaille.  

Mais la joie des bons résultats financiers évoqués au cours de la réunion repris le dessus : Kelvin Pitbull déboucha le champagne.  

 

Gerardmerveille – Juin 2035  

 

Delmax (Blad Demeci) était calé dans son canapé, aux côtés de sa femme, Léa Risson (Marlene Somers). Tout deux attendaient devant leur télé que 20h sonne et que le présentateur du JT daigne bien divulguer les résultats de l’élection présidentielle.  

- J’ai un mauvais pressentiment, ne pu s’empêcher de marmonner Léa.  

Et 20h retentit lugubrement. Un tintement que Delmax n’avait encore jamais ressenti auparavant. Comme le cri d’alarme d’une âme en peine, comme écorchée, déchirée par d’injustes sentiments de colère et d’incompréhension mêlés. Et le présentateur ouvrit enfin la bouche. Mais les mots qui en sortirent ne furent pas ceux escomptés :  

- Et le nouveau président de Cinejeu Island est… Olivier Reviglio du PAC, élu avec 51,62 % des suffrages, selon nos premières estimations.  

Le silence fût total. Comme l’énorme surprise qui venait de happer le couple, et avec lui, toute l’industrie cinématographique. Cinejeu Island virait au rouge. Soudain, et alors qu’à la télé on montrait les habitants de Jolywood, de Fundanse ou encore de Lestrade, la capitale, en liesse, le téléphone de Delmax se mit à sonner, rompant ainsi le silence glaçant qui s’était installé. C’était Daphné Edward.  

 

Lestrade – Quelques jours plus tard.  

 

Olivier Reviglio (Richard Parker) se tenait fièrement sur le perron du palais présidentiel. La cinquantaine bien entamée, les cheveux grisonnant au niveau des tempes, il arborait un sourire éclatant. Un sourire de vainqueur, à vrai dire. C’est que, ce fils d’immigrés italiens n’aurait jamais imaginé pouvoir atteindre une telle fonction. Si honorifique. Si gratifiante. Si pourvue de puissance. Et pourtant, ce peuple qu’il chérissait plus que tout l’avait porté au pouvoir. Rayonnant, il serra la main au désormais ex-président pendant de longues minutes sous le crépitement incessant des appareils photo.  

Et puis, il leur tourna le dos et les deux hommes rentrèrent à l’abri des regards. Son mandat commençait véritablement. Enfin.  

 

Une quarantaine d'années auparavant...  

 

- Olivier, mange ta soupe.  

- Mama, j’en ai marre de la soupe. Je veux de la viande moi !  

Alessandra Reviglio (Anusha Sahi) fit la moue. Elle ne rêvait que du meilleur pour son fils, mais ses revenus modestes ne lui permettaient pas de lui offrir tout ce dont elle aurait voulu. Elle soupira.  

- Olivier, ti amo, mais je n’en ai pas les moyens, figlio mio.  

Olivier (Edward Erotas) devait avoir à peine 7 ans. Ses cheveux blonds commençaient à virer au brun, et on lisait dans son regard azuré une compréhension triste. Sa mère avait raison.  

Elle, veuve depuis qu’il était âgé de 3 ans, avait émigré en Cinejeu Island pour suivre son mari, alors obscure cascadeur au profit de la plus grande production de l’époque : CIP. Malheureusement, son travail lui coûta la vie, fruit d’une mauvaise chute.  

Malgré tout, il avait eu une enfance plutôt heureuse, grâce à l’éducation gracieusement apportée par l’Etat. Mais Olivier avait grandi avec nombre d’enfants défavorisés, issus du peuple, comme lui. Et cela avait à n’en pas douter forgé son idéologie : de là venaient son amour des petites gens et sa haine des industriels en tout genre.  

 

Lestrade - 2036  

 

Olivier Reviglio était confortablement installé dans son fauteuil de velours pourpre et délicatement relié de cuir. De la belle ouvrage. Les pieds entrecroisés, il scrutait depuis son bureau la relative agitation qui avait cours dans la rue un peu plus bas. Un homme en costume par-ci, une femme, blonde, au pas pressé, par là. Rien d’inhabituel en somme. On frappa à sa porte. L’homme d’Etat se retourna :  

- Entrez !, cria-t-il  

Son plus fidèle conseiller, Francesco Vespucci (Peter Fishburne), qui n’était autre que son meilleur ami d’enfance, pénétra dans la pièce, un journal à la main. Il le tendit au président, qui, sans un remerciement, s’empressa de le feuilleter.  

- Olivier, la grogne commence à monter chez les industriels du cinéma. Nous ferions mieux de ralentir le rythme.  

Olivier tourna la tête et le dévisagea un instant :  

- Francesco, je ne peux plus freiner.  

 

Il fallait dire que les réformes avaient eu bon train dans le pays depuis l’élection victorieuse, il y avait de cela plus d’un an déjà maintenant. Beaucoup de choses avaient changé depuis l’avènement au pouvoir de ce véritable homme de gauche, aussi engagé de par ses paroles que de par ses actes, chose rare et appréciable en politique.  

Olivier était un homme de peuple, et son mandat lui était entièrement dévoué, disait-il. Même si, dans les faits, tout était un peu plus compliqué : les belles promesses entrevues durant les premiers mois laissèrent vite place à la doucereuse tentation du pouvoir.  

Il avait augmenté les impôts sur les industries, pour pouvoir donner aux plus pauvres, tel un Robin des Bois des temps modernes quelques peu utopiste. Le cinéma avait été très durement touché : chaque production était en effet vouée à reverser 90 % de ses gains.  

A quoi bon produire à perte alors ? Telle était la question qui revenait souvent parmi les producteurs.  

 

Les lourdes taxes avaient garnies les caisses de l’Etat comme jamais. Et, après avoir pressuré l’industrie cinématographique afin d’en extraire ce doux nectar dollarisé, Reviglio ne comptait pas s’arrêter là. Il avait un projet pour réformer durablement le pays.  

Mais, ce qu’il ne voyait pas, c’est qu’en s’attaquant à la principale manne économique du pays, il risquait de mettre hors service les finances gouvernementales. Les gens, aveugles, ne voyaient rien venir non plus. Pour eux, cet homme cumulait toutes les qualités requises pour exercer le pouvoir : il parlait bien, était plutôt beau et avait un charisme certain. Et surtout, des résultats : l’Etat embauchait et le chômage diminuait.  

Mais personne, Ô grand jamais, ne s’aperçut que d’élévation sociale il n’y avait plus.  

On privilégiait désormais la sécurité d’un emploi de fonctionnaire à la jouissance professionnelle d’une profession libérale – quelle qu’elle soit - . Et puis, tous ces bureaucrates étaient surveillés des heures durant : les meilleurs seraient à la base de la nouvelle œuvre politique qu’Olivier s’efforçait de mettre en place.  

 

Gerardmerveille – Décembre 2037  

 

Sinistres temps. Temps où il ne faisait pas bon entreprendre, penser, inventer, créer. Temps miséreux où seule la perfide bureaucratie semblait pouvoir tirer son épingle du jeu. Et quel jeu : un jeu où, à la fin, il n’y a qu’un gagnant, désigné dès le début. Ce gagnant : l’Etat, et sa tête, Olivier Reviglio. Les perdants se nommaient aussi bien Gérard Cousin qu’Alfred ou Maurice, des personnalités, comme d’illustres inconnus.  

L’implacable machine administrative était en marche. Les lois s’enchainaient et la minorité, lasse, ne contestaient même plus ces mesures plus qu’anticapitalistes. C’était la mort des riches que l’on souhaitait.  

Soudain, Gérard Cousin fût réveillé au son de la bienvenue chanson « Back in the USSR ».  

L’homme robuste et rebelle que tout le monde connaissait depuis belle lurette en cette ville avait quelque peu perdu de sa superbe. Et pour cause, son business s’était avéré beaucoup moins fluctuant depuis l’arrivée au pouvoir de ce rouge. Il avait dû mettre en stand-by une bonne partie de ces projets. Et cela tenait du miracle que sa société ne soit encore pas morte. D’ailleurs, c’était une des seules encore présente. Mais « l’Ours de Baltimore » avait son plan. Il prit son téléphone en main en s’empressa d’appeler quelques amis.  

 

 

Lestrade – pendant ce temps  

 

Francesco était pensif. Il se demandait comment les bonnes réformes du début du mandat avaient pu disparaître au profit de cette politique trop excessive qu’il ne cautionnait pas. Il ne reconnaissait plus son ami de toujours. Ses cheveux s’étaient fait blancs, et même le regard d’Olivier avait changé. Au fond, on n’y percevait plus cette lueur d’espoir, mais plutôt une froide lueur de cupidité.  

Le pouvoir. Serait-ce dont ce qui pouvait changer à ce point cet homme autrefois si bon ? Francesco refusait d’y croire. Il devait bien y avoir autre chose, ce n’était pas possible.  

En tout cas, lui refusait de cautionner un instant de plus cette politique injuste. Il refusait d’asservir les gens, de leur enlever tout espoir d’ascension sociale, de leur ôter tout rêve de leur esprit. Non, ce n’était pas le monde qu’il souhaitait.  

Assis à son bureau, sa main se laissa aller à signer sa lettre de démission. Cette fois, s’en était fini pour lui. Il la remettrait demain au président.  

 

Gerardmerveille  

 

Dans un lieu tenu secret, Gérard Cousin avait réuni tous les producteurs qui disposaient encore un tant soit peu de moyens. Force était de constaté que l’assemblée était bien plus maigre qu’il y avait 2 ans à peine. Outre l’organisateur, on retrouvait Morcar, Delmax, Pitbull et Daphné Edward. Ari Golan manquait à l’appel. Tous se regardèrent, étonnés de ne pas apercevoir le grand producteur. Delmax prit alors la parole :  

- S’il faut en croire les rumeurs, ils ont assassiné Ari. Sa voix commençait à devenir gênante : il ne fallait pas que le peuple ouvre les yeux.  

Stupeur. Consternation. Colère. Tous se levèrent d’un même homme, vociférant, pleurant parfois. Pas Ari. Pas lui. Ils étaient allés trop loin. Gérard Cousin reprit la parole. - J’ai un plan. Nous allons unir nos moyens pour leur proposer un dernier film qu’ils ne seront pas près d’oublier. Un film, fait dans les règles de l’art, qui dénoncera cette putain de dictature !  

- Je veux voir Michael Cannon tirer du canon dans leur palais, s’écria Pitbull.  

Gérard sourit. Au moins, on pouvait toujours compté sur ses amis. Pensait-il.  

 

Francesco Vespucci remettait sa démission au président. Celui-ci ne sourcilla pas, et, ne prenant même pas la peine de regarder son ami, le congédia. A peine la porte se fût-elle refermée qu’un bruit sourd retentit. Francesco baigna dans son sang la nuit durant. Agonisant à même le sol, tel un animal lâchement abattu.  

Olivier se frottait les doigts : il allait enfin pouvoir venger la mort de son père. Les derniers obstacles à son pouvoir tombaient un à un. Il serait bientôt en mesure d’éradiquer le cinéma de l’île. Et de s’adjuger les pleins pouvoir.  

A Gerardmerveille, la lutte s’engageait. Les producteurs travaillaient d’arrache-pied pour sortir non pas leur plus beau film, mais leur plus important. Le film d’une vie. Un film, qui, ils l’espéraient, sauverait Cinéjeu Island d’un avenir terrible.  

Pourtant, ils étaient loin de se douter qu’un traître sévissait parmi eux. Et, en cette nuit noire comme l’encre, le majestueux corbeau s’envola, sans que quiconque ne s’en soit aperçu.  

Fidèle à ta réputation, Ô oiseau de malheur !  

 

 

------------------------------------------------------------------------------------------------  

 

BO: Back in The USSR - The Beatles : https://www.youtube.com/watch?v=kO9WGR_FDgY  

 

Participe au concours Crossover organisé par Corbeau. Désolé de ne pas vous avoir prévenu de votre apparition à beaucoup dans ce film, il en allait de l'avenir du cinéma de la ville ;) En espérant que ça vous plaise.

Scénario : (2 commentaires)
une superproduction dramatique de May Elbez

Richard Parker

Angela Ford

Blad Demeci

Marlene Somers
Avec la participation exceptionnelle de Franz-Erich Jürmann, Adrien Mendel, Peter Fishburne, Conor Fox, Albin Sbrizzi, Edward Erotas, Anusha Sahi
Musique par Sharon Ireland
Sorti le 12 août 2034 (Semaine 1545)
Entrées : 25 639 343
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=22821