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Les Flims Plalstique présente
The Boat Race

Université d’Oxford – Septembre 1936  

 

La brise de fin d’été faisait danser les longs peupliers qui bordaient la Tamise, ou plutôt l’Isis comme on l’appelait ici. Le soleil, toujours présent, arrosait de sa chaleur bienfaitrice les quelques étudiants qui paressaient sur les pentes herbeuses qui s’inclinaient vers le fleuve. La surface du cours d’eau était recouverte de longs bateaux sur lesquelles de nombreux jeunes hommes ramaient dans une organisation parfois aléatoire. De tous côtés, des cris jaillissaient, des insultes parfois, mais beaucoup d’encouragements également. Un pont de pierre enjambait l’Isis. En son centre, deux hommes un peu plus âgés observaient les va-et-vient des frêles embarcations, accoudés au muret.  

- Ce sera pas pour cette année non plus. Regarde-moi cette équipe de bras cassés.  

Le plus ancien désigna un bateau qui zigzaguait laborieusement avant de s’échouer lamentablement sur la rive. Les rameurs tombèrent à l’eau sous les rires des autres équipages. L’autre homme sur le pont (Shawn Green) plissa les yeux et lâcha un petit sourire en coin.  

- Je ne serai pas aussi catégorique. Y’a de bons éléments et on pourra en tirer quelque chose quand j’aurais fait ma sélection.  

Devant le regard interrogateur de son compagnon, le professeur McGuff désigna un jeune homme (Arthur Schutzer) qui menait son embarcation de main de maître. Il affichait un tonus incroyable et chaque coup d’aviron qu’il envoyait faisait bondir le bateau en avant. Après une ligne droite où la barque sembla presque décoller de la surface, le jeune étudiant prénommé Victor stoppa ses efforts et ses camarades en firent de même. Le bateau glissa encore sur les flots pendant une vingtaine de pieds et les navigateurs purent attraper les cordes qui pendaient de l’embarcadère. Victor sauta sur la plate-forme avec une grande dextérité, abandonnant ses rames dans le bateau. Quelqu’un se chargerait de les ranger à sa place. Le barreur (Lenny Slepers) – l’équipier assis sur la poupe et chargé de rythmer l’effort des rameurs – bondit à son tour de la barque et suivit Victor à la trace.  

- Hey Vic’, t’aurais au moins pu faire l’effort de respecter ma cadence. C’est pas en…  

- Fous moi la paix, Clarence. Tu les ménageais trop. Faut qu’on sache ce qu’ils ont dans le ventre.  

Clarence fit la moue.  

- Pour qu’ça s’finisse comme l’an dernier ? Non merci.  

- C’étaient des couilles molles. Rien de plus.  

Le visage fermé de Victor s’éclaira aussitôt qu’il aperçut une magnifique jeune femme (Elsa Foster) aux cheveux châtains et au regard mutin qui semblait l’attendre au sommet de la butte. Même s’ils n’étaient pas officiellement en couple, Victor et Rita se tournaient autour depuis quelques mois et le prestige de chacun rejaillissait sur l’autre.  

Dépité, Clarence lâcha l’affaire, les mains sur les hanches. Son capitaine était un putain de rameur, il n’y avait pas de doutes. Mais tant que personne n’osait lui rentrer dans le lard, Oxford pouvait s’asseoir sur un bon résultat lors de la Course. Il haussa les épaules de dépit. Après tout, tout le monde s’était fait une raison. Sur le campus, aucun étudiant – et peu de professeurs – n’avait connu autre chose que la défaite lors de la course d’aviron qui attirait tous les regards des sujets de la Couronne et qui opposait les universités d’Oxford et de Cambridge. La dernière victoire d’Oxford remontait à 1924, plus de douze ans en arrière. Une autre époque. La spirale négative de la défaite avait emporté les étudiants bien bas et le professeur McGuff, toujours accoudé à son muret de pierre, ne pouvait que le déplorer.  

 

 

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=BXbL0iukdCo  

 

~~~~~~~~~~~~ THE BOAT RACE ~~~~~~~~~~~~  

 

 

 

Malgré l’obscurité qui régnait dans l’amphithéâtre du département de médecine, Victor avait les yeux fixés sur une petite silhouette fragile assise au premier rang. Mais si elle lui tournait le dos, le jeune homme devinait une jeune femme aux cheveux sombres et au visage émincé. Il ne la lâchait pas des yeux, ce qui n’échappa pas à Clarence, assis juste à ses côtés.  

- C’est pas vrai ! Les cours ont repris depuis trois jours et t’as déjà trouvé un moyen d’être distrait…  

- Hein ? Non… Je pensais à…  

- Laisse tomber. J’l’avais déjà repéré, moi aussi.  

Clarence affichait son expression rigolarde tellement caractéristique de sa personnalité. Il enchaîna, baissant un peu la voix comme s’il dévoilait un grand secret.  

- Elle s’appelle Leonore. Elle vient d’Allemagne. J’ai entendu dire qu’elle fuyait le régime d’Adolf Hitler.  

- Hein ? Mais pourquoi ?  

Clarence haussa les épaules.  

- J’sais pas trop. Il paraît que son père avait trop de fric et que ça commence à être mal vu.  

Les deux amis se turent alors que le professeur expliquait laborieusement la théorie des humeurs. Victor ne pouvait pas détacher son regard de la captivante Leonore (Suri Pendragon). Cela n’échappa pas non plus à Rita, assise seulement quelques rangées plus haut et qui fulminait en voyant que son prétendant faisait les yeux doux à la nouvelle élève.  

 

- Autant vous le dire tout de suite, je ne suis pas là pour perdre mon temps ! S’il y en a parmi vous qui viennent pour faire les beaux et ne pas se sacrifier corps et âme pour l’aviron, qu’ils passent leur chemin !  

Le professeur McGuff fixa la cinquantaine d’étudiants qui avaient osé se présenter aux sélections. Certains marquèrent une hésitation, se jaugeant du regard, mais tous restèrent.  

- Bien. Je vois beaucoup de nouvelles têtes parmi vous et je m’en félicite. Nous enchaînons les échecs depuis une éternité et seul un renouvellement de nos forces pourra nous permettre d’enfin devancer ces fils de pute de Cambridge.  

Un léger ricanement se fit entendre parmi les jeunes gens. Entendre un professeur s’exprimer ainsi n’était pas pour leur déplaire. En revanche, de son côté, Victor fixa le bout de ses chaussures. Il prit la remarque de McGuff personnellement. Cela faisait deux ans que le jeune homme menait l’équipe d’Oxford pour autant de défaites. Pourtant, il avait la certitude d’être l’un des meilleurs rameurs que l’Université ait connu. Mais ses coéquipiers n’étaient pas à la hauteur et il se devait de compenser leurs faiblesses. Ainsi, ses coups d’avirons avaient déséquilibre le bateau l’année précédente car il avait ramé trop vite et avec une puissance trop marquée. L’embarcation avait failli chavirer.  

McGuff enchaîna.  

- Comme vous le savez, la grande Course a lieu au printemps et dès cet hiver je formerai l’équipage qui y participera. Huit rameurs et un barreur, plus trois ou quatre suppléants. Pas plus.  

Les étudiants se dévisagèrent et une légère inquiétude circula parmi eux.  

- Aujourd’hui j’en garderai une vingtaine d’entre vous. Soyez performants.  

Sur la rive du fleuve, un grand nombre de petites embarcations attendaient d’être occupées. Bien plus courtes que les habituelles, celles-ci ne pouvaient accueillir que deux rameurs. Ainsi, McGuff pourrait aisément jauger le niveau de chacun d’entre eux. Victor et Clarence, même si celui-ci occuperait le poste de barreur par la suite, s’installèrent dans un bateau et se dirigèrent vers la ligne de départ, suivis par les autres embarcations. Malgré la grande largeur du fleuve à cet endroit, les bateaux étaient nombreux et de nombreux chocs eurent lieu. Sur les bords de l’Isis, la foule se pressait. Cette première course attirait toujours beaucoup de monde et chacun essayait de deviner avant les autres ceux qui formeraient l’équipage final.  

 

Un coup de feu retentit. Victor appuya de toutes ses forces sur les poignées de ses avirons et le bateau bondit en avant. La distance à parcourir était conséquente mais le jeune homme savait qu’il allait devoir tout donner s’il voulait marquer les esprits. Déjà, l’embarcation prit une avance considérable sur les autres. Concentré sur sa respiration et sur la décomposition de ses gestes automatisés, Victor sentit les muscles de ses bras qui chauffaient. Une sensation qu’il connaissait par cœur et qui le rendait plus vivant que jamais… Le jeune homme était dans sa bulle et ne percevait ni les hourras du public amassé le long des berges ni les cris de Clarence qui rythmait la cadence de leurs coups de rames par la force de l’habitude. Mais surtout, Victor ne remarqua pas immédiatement le bateau qui les rattrapait avec une facilité déconcertante sur leur gauche. Lorsque ce fut le cas, le jeune homme ne put cacher sa colère.  

- Qu’est-ce que… FAUT PAS LE LAISSER PASSER !  

Victor redoubla ses efforts et le mano a mano devint extrêmement serré. L’arrivée approchait et il était hors de question pour le capitaine de l’équipe de laisser la première place à qui que ce soit. Clarence, lui, ne pouvait suivre le rythme imposé par son ami et un déséquilibre s’empara de l’embarcation qui se mit à trembler et à se déporter légèrement sur la gauche. Presque pris de panique à l’idée de l’humiliation que lui apporterait la défaite, Victor tourna la tête pour jeter un coup d’œil furtif à ces adversaires qui leur donnait du fil à retordre. Il reconnut immédiatement Johnny, un bon rameur connu depuis longtemps et qui intégrait régulièrement l’équipe même s’il n’avait rien d’exceptionnel. L’autre garçon (Daniele Pope) lui était inconnu. Malgré un physique peu imposant et un âge en deçà du sien, il dégageait une impression de puissance et de contrôle peu commune.  

 

Ils dépassèrent enfin les fanions qui concrétisaient l’arrivée de la course. Un dernier coup de rames avait permis à Victor de garder la tête de la course jusqu’au bout. Clarence se pencha au-dessus du fleuve pour y vomir bruyamment. Du coin de l’œil, Victor observait l’inconnu qui avait failli lui voler la vedette. Déjà, les autres bateaux les rejoignirent. Les rameurs rejoignirent l’embarcadère où McGuff les attendait déjà, un sourire en coin et un carnet en main.  

- Les résultats seront affichés sur la porte de mon bureau dans la soirée.  

Et le professeur quitta les lieux en donnant une tape amicale à celui qui avait failli prendre la première place.  

- Bien joué, Bastian.  

Mais ce qui fut le plus douloureux pour Victor, ce fut de voir celui-ci partir à son tour en compagnie de Leonore qui le dévorait des yeux.  

 

Les jours puis les semaines passèrent. Les peupliers qui bordaient l’Isis prenaient une teinte orangée et le vent s’invitait de plus en plus fréquemment entre leurs branches. Les entrainements sur le fleuve s’intensifiaient et il ne restait plus qu’une vingtaine de postulants pour la grande Course. McGuff avait formé deux équipages avec Victor à la tête du premier et Bastian, son rival, à la tête du second. Les deux jeunes hommes s’affrontaient dans une concurrence positive malgré leur relation froide et parfois tendue. Ils n’en étaient jamais venus aux mains – McGuff les aurait renvoyés – mais Bastian avait une attitude hautaine et moqueuse envers son aîné qui le lui rendait bien. Mais depuis que Victor s’était rapproché de Leonore, celui-ci abordait cette rivalité avec un certain recul. En effet, après de multiples rencontres « hasardeuses », la jeune femme avait fini par apprécier Victor. Et quand il lui avait plus ou moins reproché de beaucoup fréquenter Bastian également, celle-ci avait éclaté de rire. Bastian était son petit frère. Elle ne lui demanda jamais de le ménager lors des entrainements et, bien au contraire, elle semblait s’amuser de cette lutte entre son frère et Victor… à l’inverse de Rita qui voyait le garçon le plus populaire de l’Université qui lui échappait. Elle ne pouvait s’empêcher d’exprimer son mépris le plus profond quand elle croisait Leonore.  

 

Le jour de la dernière course préparatoire était enfin arrivé. Le mois de décembre était déjà largement entamé et, malgré le froid, la plupart des étudiants s’était à nouveau rassemblé sur les berges de l’Isis afin de ne pas rater l’affrontement final entre Victor et Bastian. Depuis plusieurs semaines, toutes les discussions tournaient autour de cet événement. Les professeurs les plus éminents avaient fait le déplacement et il se disait même que des observateurs de Cambridge se dissimulaient dans la foule. Victor et son équipage attendait sur le ponton que les bateaux soient débarqués du camion dans lequel ils dormaient depuis plusieurs jours. Malgré la pression, le jeune homme ressentait une grande sérénité. Il ne laisserait pas son rival lui prendre sa place. S’il ne faisait aucun doute que les deux intégreraient l’équipage final, la place de capitaine était en jeu. D’ailleurs, il aperçut Bastian à quelques mètres de lui qui affichait un visage confiant. Victor sentit une pression sur son bras et la douce voix bienveillante de Leonore se fit entendre.  

- Tout va bien se passer.  

Les portes du camion s’ouvrirent et l’on déchargea les embarcations. Celle de l’équipe de Victor glissa jusqu’à la surface de l’eau. Le jeune homme se pencha et attrapa la poupe afin de stabiliser l’engin.  

 

Soudain, de grands éclats de rire se répandirent dans la foule. Certaines voix, plus rares, exprimaient une grande désapprobation. Victor se redressa, tâchant d’en savoir plus sur le motif de ces réactions étonnantes. Le coup fut tout aussi inattendu que brutal. Leonore venait de le gifler violemment. Ses yeux rougis le fixaient d’un air accusateur.  

- Tu n’es qu’un salaud… Tu ne vaux pas mieux que les autres, finalement…  

Elle tourna des talons et disparut dans la foule qui ne se calmait pas. Ne comprenant rien à ce qui se passait, Victor s’approcha car les gens désignaient quelque chose qu’il ne distinguait pas encore. Face à lui, Bastian avait perdu toute son assurance. Il baissait les yeux et ses poings serrés tremblaient. S’avançant davantage, Victor aperçut enfin l’embarcation de son rival. Sur la proue du bateau, d’une couleur jaune éclatante, avait été peinte une étoile de David. Victor en resta abasourdi. Contrairement à Rita et Clarence qui, à ses côtés, s’échangeaient des sourires complices.  

 

 

 

 

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Les Flims Plalstique présentent  

"The Boat Race"  

 

Un film de Cynthia Kya (Rocco Marchegiano)  

Sur une musique de Bernie Julyan (L'enfant et la dictature)  

 

Avec  

Arthur Schutzer (Western Union - Dissolution) dans le rôle de Victor  

Suri Pendragon (Un Ange trépasse) dans le rôle de Leonore  

Daniele Pope (Nouveaux Ancêtres) dans le rôle de Bastian  

Elsa Foster ( Mrs. Turnipfield) dans le rôle de Rita  

Lenny Slepers (Replica 2 - Distorsions) dans le rôle de Clarence  

et  

Shawn Green (Les Enfants du Monde - l'Age de Fer) dans le rôle du Pr McGuff

Scénario : (1 commentaire)
une série A sentimentale (Amour, chantage et aviron) de Cynthia Kya

Arthur Schutzer

Suri Pendragon

Daniele Pope

Elsa Foster
Avec la participation exceptionnelle de Shawn Green, Lenny Slepers
Musique par Bernie Julyan
Sorti le 01 juin 2035 (Semaine 1587)
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