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Les Films du Corbeau présente
Nicéphore Arbogast et les Anarchistes magnétiq

PS : il semble y avoir un nombre de lettres limitées pour le titre. Vous l'aurez deviné, il s'agit des "Anarchistes magnétiques" ;)  

 

La cohue était totale et la foule hurlait en courant à tout-va dans ses habits d’apparat. Nicéphore (Weston Hatcher) était heurté de toutes parts alors qu’il essayait de se frayer un passage à contre-courant et de se rapprocher des lieux de l’explosion. Sa progression était difficile et rendue malhabile par l’harnachement de son équipement, mais l’ôter lui eut demandé trop d’efforts et trop de temps. Il appelait « Mathilde » à gorge déployée, mais les cris de la foule rendaient ses appels inutiles. Puis il l’aperçut enfin sur le perron de guingois de l’Ambassade des Etats-Unis. Elle (Nora Jachowicz) tirait par la main un homme âgé, sous le choc : le président McKinley. Leur visage et leurs vêtements étaient recouverts de poussière, mais ils semblaient saufs. Nicéphore eut un soupir de soulagement : Mathilde était parvenue à temps et avait sauvé le président.  

Mais au même moment, alors que la foule s’amenuisait aux abords de l’entrée, il distingua la silhouette d’Ida (Suri Pendragon) qui s’approchait, elle aussi, du président. Elle arriverait à les rejoindre bien avant lui s’il poursuivait à pied ! Aussi, il actionna le propulseur de son Aiglotron, dont le moteur démarra en lançant des volutes de fumée dans son dos. Il commençait à se soulever dans les airs et s’apprêtait à se propulser en direction de la jeune femme, quand une main l’empoigna par la cheville : Jeremy Posen (Chris Heath) avait agrippé Nicéphore et l’empêchait de prendre son envol. Il dut interrompre son engin et retomba lourdement sur le sol, entraînant Posen dans sa chute. Mais celui-ci fut le plus rapide à se redresser et il l’empoigna sauvagement au cou, qu’il serra de toutes ses forces. Nicéphore se débattait comme il pouvait mais son adversaire était incroyablement puissant, et ses yeux éclatants d’une lueur jaune sauvage étaient plongés dans les siens alors qu’il commençait à manquer de souffle.  

Nicéphore eut l’idée d’agripper, dans son dos, l’un de ses propulseurs qu’il dévia pour viser Posen, et l’enclencha. Le souffle brulant du moteur propulsa Posen dans les airs, qui retomba près de Nicéphore, la poitrine fumante. Nicéphore vit l’éclat jaune de ses yeux s’éteindre et leur couleur reprendre une teinte naturelle lorsqu’il rendit son dernier souffle. A travers sa chemise dépenaillée, qui dévoilait une poitrine brûlée par la chaleur des propulseurs, Nicéphore aperçut tatoué sur son torse ce signe, une fois encore, qui le suivait depuis le début de cette aventure : « KK »…  

Il ne prit pas le temps de s’y attarder et se redressa pour chercher Ida du regard. Elle rejoignait maintenant Mathilde et le président McKinley. Elle leur barra le passage et arma un pistolet qu’elle tendit en direction du président. Nicéphore hurla au moment où Mathilde se précipitait sur Ida, empoignant son arme. Mais le coup partit et, au même moment, Octave (Thor Degast) surgit derrière Ida et la frappa aussi fort qu’il le put sur le dos de la tête. La jeune femme s’écroula inanimée sur le sol. Octave redressa Mathilde, à terre elle aussi, et dont une flaque de sang recouvrait l’abdomen.  

Mais au même moment, survint un événement supplémentaire, cette fois au-delà des grilles de l’Ambassade. Dans la rue bondée d’une foule d’invités fuyant, de passants trépignant et de curieux se bousculant, des cris s’élevèrent à nouveau à l’instant où un cercle de lumières changeantes et incandescentes apparut dans les airs, une dizaine de mètres au-dessus de leurs têtes. Nicéphore eut aussitôt l’assurance qu’il s’agissait du fameux Vortex dont les témoignages avaient parlé, cette fameuse « porte » qui s’ouvrait vers l’inconnu. Les passants hurlaient de surprise et de terreur en s’éloignant comme ils le pouvaient, et c’est à ce moment que Nicéphore l’aperçut : sur le toit d’un immeuble haussmanien se tenait la silhouette d’un homme, qui se jeta dans les airs et plongea sur le Vortex où il disparut, littéralement avalé. Alors l’illumination lui vint soudainement : « KK »… « K.K. » ! Les initiales d’un homme ! C’était cet homme qui était responsable de ce cauchemar et quel qu’il soit, il venait de fuir sous ses yeux !  

Le Vortex diminuait déjà et Nicéphore savait qu’il allait bientôt s’évaporer dans les airs. Une rage subite s’empara de lui : il ne pouvait pas laisser fuir l’immonde personnage ! Il enclencha son propulseur avec fureur et s’éleva brusquement au-dessus des pavés. Réfléchissant à toute allure, peu sûr de son fait, il vrilla dans les airs pour empoigner Octave par le col qui hoqueta de surprise, et l’entraîna avec lui en direction du Vortex qui s’amenuisait à vue d’œil. D’ici quelques secondes, il serait trop tard. Nicéphore fila à une vitesse folle. Le Vortex n’était plus qu’une lucarne. Il fonça dessus tête baissée, ferma les yeux et, tenant Octave avec force, s’engouffra dans la faille une seconde avant qu’elle ne disparaisse complètement…  

 

 

******* NICEPHORE ARBOGAST ET LES ANARCHISTES MAGNETIQUES *******  

 

 

Quelques semaines auparavant  

 

Ida McKinley (Suri Pendragon) marchait paisiblement dans le jardin des Tuileries, aux côtés de Jeremy (Chris Heath). Derrière eux, à une distance raisonnable, avançait Octavia, la tante d’Ida, qui gardait un œil sur les deux tourtereaux avec la vigilance d’une chaperonne bienveillante. Les deux jeunes gens avaient choisi Paris pour se marier d’ici peu, et ils profitaient des derniers instants pour préparer la noce et profiter de la ville des Lumières. La Ville de Paris leur avait fait la grâce de mettre la cathédrale Notre-Dame à leur disposition pour la cérémonie religieuse, et l’ambassade des Etats-Unis recevrait la cérémonie civile. Des égards rarissimes, mais Ida n’était pas n’importe qui, puisque son père était le président des Etats-Unis, William McKinley. D’ici quelques semaines, le président en personne profiterait d’une visite officielle dans la capitale française pour marier sa fille en grandes pompes.  

Octavia gardait un œil sur eux mais gardait ses distances. Quand les fiancés s’arrêtèrent pour s’asseoir sur un banc, elle s’arrêta elle aussi. Elle les regardait avec affection, ils étaient très beaux. Quand soudain, la lumière changea et le ciel sembla se couvrir subitement. Elle eut un sursaut de surprise : il ne s’agissait pas de nuages, mais d’une étrange auréole sombre qui venait d’apparaître à quelques mètres au-dessus de la tête du jeune couple. Qu’était donc cette étrangeté ? Elle ressentit une peur subite et se précipita vers eux pour qu’ils s’éloignent. Mais alors qu’elle avait les yeux posés sur eux (elle le jurerait plus tard : « Je les regardais ! Je les avais en ligne de mire ! »), elle les vit disparaître. Pouf ! A l’instant ils se tenaient devant elle, et la seconde d’après, ils s’étaient évanouis dans les airs ! Elle était encore à se demander si elle n’avait pas la berlue lorsque la curieuse auréole disparut à son tour. Alors, elle hurla.  

 

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Euphrasie Arbogast (Olivia Fallon) se fraya un passage entre les broussailles du bois de Vincennes et, alors qu’elle apercevait la façade rongée par la vigne vierge de l’atelier de son fils, elle se reprocha de ne pas avoir encore prit la peine de payer un bon élagage. Depuis le départ précipité de Nicéphore, après les dramatiques événements qu’avait connu la capitale *, elle avait prit soin de venir chaque semaine entretenir l’atelier de son fils. Où pouvait-il être ? Elle espérait qu’il soit sain et sauf. Elle comprenait la raison de sa disparition, mais elle désespérait qu’il donne de ses nouvelles. Il était peut-être mort à l’autre bout de la Terre et elle n’en savait rien ! Il avait sauvé la vie de milliers de personnes, mais n’avait pas pu sauver celles de la femme (qu’il aimait, elle en était persuadée) et du garçon dont il avait fait ses plus proches partenaires. Elle aurait tant voulu pouvoir prendre soin de lui après cette épreuve, et le materner à lui en faire perdre la tête. Mais il avait choisi de disparaître sans donner de nouvelles. Cela faisait près de trois ans maintenant…  

Elle parvint à la porte d’entrée et découvrit que celle-ci avait été forcée. Elle jura : ce n’était pas la première fois qu’on s’immisçait dans cet atelier laissé à l’abandon. Aussi avait-elle prit soin, depuis longtemps déjà, de mettre à l’abri les plans des inventions de son fils, et ses machineries les plus abouties. Elle n’y avait laissé qu’un amas encombrant de bouts de ferraille dont elle n’avait pas su quoi faire. Elle pénétra silencieusement dans l’atelier. Il était sombre, mais une lueur s’échappait du fond du hangar. Elle s’avança précautionneusement et entendit des bruits de fracas sur de la tôle qu’on martelait. Alors, elle vit un homme, le visage camouflé par un casque de protection, occupé à travailler une planche de fer au burin à la lueur d’une lanterne. Quel toupet !  

« Vous n’avez aucun droit d’être ici ! Partez tout de suite ! »  

L’homme s’interrompit et releva son casque. Une barbe épaisse lui rongeait les joues, mais lorsqu’elle vit son regard, elle sentit une bouffée d’émotion monter en elle.  

« Nicéphore ! »  

Elle se jeta dans ses bras en pleurant. Son fils était revenu ! Celui-ci se laissa étreindre sans dire un mot. Euphrasie caressa son visage sans émotion, alors que les larmes recouvraient déjà le sien.  

« Tu es revenu ! C’est bien ça mon fils, tu es revenu pour de bon ? »  

Elle voulut lui poser les mille questions qui lui encombraient l’esprit depuis toutes ces années, mais ils furent interrompus par la lumière de l’atelier qu’on venait d’allumer. Ils tournèrent la tête et virent plusieurs hommes et une femme qui étaient entrés sans s’annoncer. L’un d’eux (Shawn Green), mieux habillé que les autres, s’avançait vers eux. Euphrasie eut le réflexe protecteur de se positionner entre son fils et lui.  

« Qui êtes-vous ? Vous n’avez aucun droit d’être ici !  

- Madame, je suis confus de vous déranger. Je suis Théophraste Bourdelle, inspecteur à la sûreté de Paris. Je suis venu voir votre fils.  

- Mais comment Diable savez-vous qu’il est ici !  

- Nous nous sommes inquiétés, Madame. Nous aussi avons gardé un œil sur cet atelier.  

- Quel toupet ! Vous devriez…  

- Mère, laissez-nous. »  

Euphrasie se retourna vers son fils, surprise.  

« Mais… Nicéphore ! Nous venons à peine de nous retrouver, et…  

- Mère, nous avons tout le temps. S’il vous plait. »  

Choquée mais respectueuse, elle accepta de s’éloigner. Nicéphore prit un siège et regarda l’inspecteur.  

« Comment allez-vous, M. Arbogast ? »  

La question était superflue. Nicéphore avait les traits tirés et sa barbe lui donnait un visage de vagabond. Il ne répondit pas.  

« Navré de vous importuner si peu de temps après votre retour. Mais je vois que vous n’avez pas perdu de temps à vous remettre à l’ouvrage ? »  

Il désignait l’établi, sur lequel était amoncelé un amas de débris, de morceaux de tôle, de tubes en cuivre, d’engrenages rouillés… Mais Nicéphore le regardait toujours sans répondre. Il semblait vraiment usé. Aussi Bourdelle entra dans le vif du sujet. Il l’informa que la Sûreté enquêtait sur des disparitions à répétition : le secrétaire du Ministre des Affaires étrangères, l’épouse du Président de l’Assemblée nationale, le majordome du Palais de l’Elysée… Des disparitions inquiétantes et inexpliquées s’il en est, d’autant plus curieuses qu’elles semblaient avoir toutes un point commun : les disparus s’étaient littéralement « évanouis dans l’air », le temps d’un clignement d’yeux, parfois en plein milieu d’une discussion, au nez de leurs interlocuteurs. A chaque fois, une étrange auréole était apparue au-dessus de leur tête, comme un trou dans l’air. Mais ces disparitions avaient pris une tournure plus dramatique lorsque la fille du président des Etats-Unis et son fiancé avaient disparu à leur tour, le matin-même.  

« Nous sommes complètement démunis. Pas le moindre début de piste. Alors quand on m’a informé de votre retour, je me suis empressé de me tourner vers vous. Vous avez tant de fois eu affaire à de sombres projets, tous aussi incompréhensibles en apparence les uns que les autres. Et vous avez vaincu. J’ai besoin de votre aide. »  

Nicéphore tourna vers lui un regard noir.  

« Vaincu ? »  

Bourdelle comprit et sembla gêné.  

« Je ne nie pas que vos succès aient été accompagnés de pertes dramatiques. Mais… »  

Nicéphore l’interrompit.  

« Je suis vide, inspecteur. Je n’ai plus rien. Je ne puis vous être d’aucune utilité. Paris devra se débrouiller sans moi. »  

Son ton était froid et sans appel. Bourdelle comprit qu’il n’obtiendrait rien de plus ce soir-là.  

« Prenez ma carte. N’hésitez pas à passer me voir quand vous serez reposé. »  

Il s’apprêta à quitter l’atelier, suivi de ses hommes. Mais Nicéphore le retint.  

« Inspecteur… Que devient Napoléon Croquevieille ? *  

- Il coule des jours paisibles à Joinville-le-Pont.  

- Et…  

- La colonne vertébrale est en morceaux. Il ne remarchera plus. Mais il est heureux… je crois. »  

Les hommes quittèrent l’atelier et Euphrasie rejoignit son fils. Mais l’un comme l’autre ne s’étaient pas rendus compte que la femme qui était arrivée avec les policiers n’était pas partie. Elle s’avança doucement, visiblement gênée, et se racla la gorge. Euphrasie tourna vers elle un regard colérique.  

« Que faites-vous encore là, vous ? »  

Elle était jeune et très élégante (Martha Ren). De toute évidence, elle n’avait rien de commun avec les policiers.  

« Je suis terriblement confuse… Le moment est visiblement mal choisi, mais…  

- Effectivement, vous ne pouvez pas choisir un plus mauvais moment ! Veuillez…  

- Mère, je vous en prie.  

- Ah non, Nicéphore ! Cette fois, je ne m’éloigne pas !  

- Laisse-la parler alors. »  

Il désigna un siège à la jeune femme, et Euphrasie choisit un tabouret légèrement en retrait, sur lequel elle s’assit avec la mine renfrognée et déterminée d’un cerbère mal embouché.  

« M. Arbogast, j’ignorais que vous étiez de retour, contrairement à ces messieurs. J’ai tenté ma chance à tout hasard… en désespoir de cause. J’ai terriblement besoin de votre aide ! »  

Elle était sur le point de fondre en larmes. Euphrasie sentit sa colère diminuer.  

« Je suis Justine de Clermont. Ma jeune sœur s’appelle Mathilde. Depuis quelques temps, elle a quitté notre foyer. Mon père est le président de la Banque de France, et le scandale éclabousse notre maison car ma sœur a choisi de s’installer dans un quartier de basse-fosse, et semble s’être acoquinée avec des gens inquiétants.  

- Oh, vos parents doivent être complètement chamboulés», interrompit Euphrasie. « Je les connais, ce sont des gens tellement…  

- Mère, s’il vous plait !... Continuez, Mademoiselle.  

- … Nous étions sans nouvelles. Mathilde a un tempérament tellement tempétueux, frondeur. Elle a toujours voulu autre chose et s’est toujours confrontée à mon père. Nous avons alerté la police, mais c’est un détective à qui j’ai fait appel qui a retrouvé sa trace.  

- Comme vous avez dû vous faire du souci…  

- Mère !!! Je vous en prie Mademoiselle, ne vous laissez pas distraire.  

- Je… Et bien, Mathilde s’est installée dans le quartier des Abbesses, dans une pension abominable. Et elle passe ses journées avec des gens qui ne semblent pas respectables. Et peut-être même dangereux. »  

Euphrasie avait les larmes aux yeux.  

« C’est tout à fait ce que je redoutais quand mon fils m’a laissée sans nouv…  

- Mamaaan !!! Laisse-nous, s’il te plait.  

- Mais…  

- Laisse-nous ! »  

Euphrasie accepta à contrecœur de s’éloigner et Justine de Clermont put terminer son histoire.  

« Le détective m’a parlé d’anarchistes, de personnes de mauvais aloi… peut-être même de terroristes ! J’ai terriblement peur pour ma sœur. J’ai essayé de la contacter, mais elle refuse même de me voir.  

- Que voulez-vous que j’y fasse ? »  

Cette fois, la jeune femme laissa échapper ses larmes.  

« Je ne sais pas… mais vous avez fait tant de choses pour tellement de monde ! J’ai pensé que si vous n’y pouviez rien, alors… Et puis il y avait Gabrielle Bellery.  

- Gabrielle ? »  

Nicéphore pâlit et revit distinctement le visage de la jeune femme, les yeux écarquillés alors qu’elle tombait dans le vide *.  

« Oui, Mathilde et elle étaient amies lorsqu’elles étaient enfants. C’est aussi pour ça que j’ai pensé à vous. »  

 

* revoir Nicéphore Arbogast et la Horde automate  

 

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C’était dans le café Au Chat noir, près de la place Pigalle, que Mathilde de Clermont (Nora Jachowicz) avait pris l’habitude de rejoindre les membres de la Ligue de Liberté. Elle s’était laissée entrainer dans cet endroit par le jeune Octave Grabeau (Thor Degast), dont elle avait fait la connaissance alors qu’il livrait des quartiers de viande à l’office de la maison de ses parents. Déjà coutumière des infractions à l’ordre établi, elle avait aimé s’entretenir avec ce jeune homme à l’accent des faubourgs de Belleville, mais elle s’était en plus laissée séduire par ses idéaux politiques très à l’encontre de ce que véhiculait le monde dans lequel sa famille évoluait. C’est lui qui l’avait décidé à franchir le cap en tournant le dos à son milieu privilégié et à entrer dans une vie de bohème et d’actions militantes.  

Octave menait la discussion avec les autres membres de la Ligue, ce jour-là des artistes sans le sou, des petits artisans et des ouvriers. Mathilde se tenait silencieuse à une table du café, ne se sentant pas assez sûre d’elle pour apporter une opinion intéressante au débat. Les jeunes hommes exaltés péroraient contre les gouvernements européens et fulminaient contre leurs politiques colonialistes asservissantes. Mais Mathilde avait également du mal à se concentrer sur le débat car son attention avait tendance à se tourner vers cet étrange couple (Suri Pendragon et Chris Heath) qui avait pris un siège près de la fenêtre. Il était de tradition de ne pas interroger les auditeurs sur leur provenance tant qu’ils ne s’investissaient pas dans la Ligue, laissant le débat accessible à tous, mais elle ne pouvait s’empêcher de regarder leurs vêtements élégants et se demander d’où ils venaient. Ils se démarquaient assurément des autres membres, très populaires, de l’assemblée. Qui plus est, ils avaient une étrange expression : leur regard fixe dégageait une étrange lueur qui parût dorée à Mathilde lorsqu’ils tournèrent le visage vers elle. Ils se ressemblaient en ce sens, et elle n’aurait su dire s’ils étaient époux ou frère et sœur. De plus, ils semblaient se lasser du débat, voire excédés par lui.  

Quand ce débat arriva à une possible conclusion, le jeune homme distingué s’empressa de prendre la parole et entraina la discussion dans une autre direction. Il parlait un excellent Français, toutefois teinté d’un accent que Mathilde reconnût comme étant américain.  

« Pardonnez-moi, mais il me semble que vous vous attachez à une cause trop étroite. La lutte ne se restreint pas aux frontières de l’Europe, et quand je vous entends dénoncer l’asservissement, je crois que vous oubliez qui en conserve le monopole. Le pays d’où je viens, les Etats-Unis d’Amérique, est la pire dictature des politiques de ce monde. C’est lui qu’il vous faut frapper, parce que c’est par sa destruction que vous ouvrirez les esprits européens. »  

Le jeune Octave regarda le nouveau venu avec curiosité.  

« Que voulez-vous dire ?  

- Qu’une opportunité d’action, primordiale et d’une portée mondiale, s’offre à vous très bientôt. Je souhaite vous aider à y parvenir.  

- De quelle action parlez-vous ?  

- De l’assassinat du président McKinley, qui sera en France d’ici peu. »  

Le silence s’installa dans le café. Mathilde sentit son sang se glacer à entendre parler de meurtre. Jusqu’ici, il n’avait été question que d’attentats matériels, de dégradations urbaines pour se faire entendre, rien de plus. De son côté, Octave n’était pas choqué par ce type d’action directe, mais n’avait jamais envisagé une action avec une telle portée. Viser si frontalement une puissance telle que les Amériques, avec l’engrenage belliqueux que cela pourrait entrainer au niveau mondial, était-ce vraiment ce que la Ligue voulait ? Il lui semblait clairement que non. Il invita ce couple d’Américains à rejoindre leur action, mais leur idée « n’était pas de celles que la Ligue voulait prioriser ».  

Mathilde vit la mâchoire de la jeune américaine se crisper, pourtant elle comme lui acquiescèrent et acceptèrent de rejoindre la Ligue.  

 

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Le temps était au beau fixe et la brise légère. Nicéphore se décida à étrenner sa nouvelle invention et faire sa première tentative à l’air libre. Il sortit dans la clairière du bois qui longeait l’atelier en tirant derrière lui un étrange enchevêtrement de câbles, de boitiers métalliques et de tissus élastiques. Il hissa la machine sur ses épaules à l’aide d’un double harnais et testa l’amplitude de ses tissus. Etendus, ils lui donnaient l’apparence d’un aigle, comme l’avait souhaité Nicéphore. Son nom était tout trouvé : il venait d’achever son Aiglotron.  

Cette merveille lui tenait particulièrement à cœur car c’était Gabrielle qui en avait dessiné les premiers plans. Alliée à l’ingéniosité du jeune inventeur, la machine était prête à démontrer sa puissance.  

Il enclencha le bouton d’alimentation et le moteur qu’il portait sur son dos démarra, envoyant des volutes de fumées dans l’herbe haute. Il respira un bon coup et actionna ses leviers en étain. Alors, il s’envola doucement dans les airs, propulsé par la pression contenue de son moteur à hydrogène. Une fois soulevé à plusieurs dizaines de mètres du sol, il contempla l’étendue de la cime des arbres de la forêt, et apercevait déjà Paris s’étendant au-delà. Il piqua et déploya ses ailes, tout en actionnant le propulseur. Il fila alors dans les airs à toute allure, parvenant à se diriger avec dextérité. L’illusion d’être un oiseau, léger et rapide comme un aigle, le survolta. Il n’avait pas ressenti une telle bouffée d’oxygène depuis des années. Gabrielle continuait d’habiter ses esprits, mais pour la première fois, l’image de la jeune femme était accompagnée d’une illusion d’espoir, comme si elle n’était pas qu’une source de culpabilité mais aussi une compagne toujours présente dans ses travaux.  

Les toits de Paris défilaient sous ses yeux, et bientôt il longea la Seine. Soudain, le moteur toussa et décontenança le pilote, qui vrilla dangereusement de haut en bas. Quelque chose clochait. S’il pouvait poursuivre son vol encore quelques centaines de mètres, il se poserait sur le quai où il avait prévu d’atterrir. Mais il ne parvenait plus à maintenir son cap et le moteur toussa une dernière fois avant de s’éteindre. Au lieu de se poser délicatement sur le quai des Orfèvres, il plongea dans la Seine qui le bordait la tête la première…  

 

Bourdelle regardait avec amusement l’inventeur se sécher en face de lui. Son arrivée avait déclenché un sacré remue-ménage dans les bureaux de la Sûreté, croyant à une attaque aérienne. Lorsque Nicéphore fut suffisamment sec, il put proposer à l’inspecteur de reparler du sujet qui l’avait amené jusqu’à son atelier.  

« Eh bien j’allais vous envoyer un pneumatique, figurez-vous. Car il semble que l’on se soit inquiété pour rien. Melle McKinley et son fiancé ont refait surface au moment-même où je m’entretenais avec vous !  

- Ont-ils pu dire ce qui s’est passé ?  

- Non, c’est là que le bât blesse. Ils ne se souviennent de rien. Ils sont venus sonner à la porte de leur maison à la nuit tombée, comme si de rien n’était.  

- C’est étrange.  

- Oui, cela reste étrange. Suffisamment pour que nous poursuivions notre enquête, mais pas assez pour que je vous embête avec ça.  

- Si vous le dites… Alors ils sont en bonne santé ?  

- Oui… Enfin, si j’écoute la tante de la demoiselle, non. Elle est très perturbée, elle nous dit que les jeunes gens se comportent bizarrement, qu’ils sont « changés ». Et effectivement, mes services me rapportent qu’ils s’intéressent à l’activité anarchiste des bas-fonds de Paris. Mais à vrai dire, je ne connaissais pas Melle McKinley ou son compagnon avant leur disparition. J’ignore si cet intérêt est nouveau ou non. La tante a été trop chamboulée par l’événement pour être tout à fait fiable.  

- Ils s’intéressent à l’anarchisme ? Etrange pour une jeune femme d’une illustre famille américaine, non ?  

- Si on veut. Ils ont participé à une réunion de la Ligue de Liberté. Pour l’instant, rien de quoi fouetter un chat. »  

La Ligue de Liberté… La coïncidence troubla Nicéphore, car il s’agissait du même groupe qu’avait rejoint Mathilde de Clermont. Elle le troubla trop pour qu’il puisse se résoudre à oublier toute cette histoire, comme Bourdelle l’invitait à le faire…  

 

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Nicéphore n’en croyait pas ses yeux : dans la cave du café, ce petit crétin d’Octave Grabeau, ce leader prétentieux et inconscient dont il s’était efforcé d’écouter les palabres illuminées toute la journée en feignant d’être ébloui pour gagner sa confiance, était en train de lui dévoiler son projet d’action le plus secret en dépliant devant lui le plan d’une machine « qu’il avait conçue » pour pouvoir s’immiscer dans n’importe quel bâtiment officiel parisien à l’insu de tous. Et Nicéphore reconnut immédiatement la machine ! Ce petit avorton avait entre les mains l’un des propres plans imaginés par Nicéphore, celui de sa Tauposphère ! Et il lui exposait fièrement en lui expliquant comment elle fonctionnerait… alors qu’il ne voyait même pas que le plan était inabouti et inutilisable ! Quel petit crétin… Nicéphore se mordait les joues pour ne pas se laisser aller à lui foutre une torgnole… Sa mère lui avait bien dit que quelques uns de ses plans avaient disparu avant qu’elle les mette à l’abri.  

Néanmoins, cette dernière preuve finissait de rassurer Nicéphore : cet Octave brassait beaucoup d’idéaux anarchistes, certains tout à fait défendables, mais n’avait pas les moyens de ses ambitions. Pour autant, il était parvenu à embrigader plusieurs personnes qui ne juraient que par lui, et dont il parviendrait assez aisément à obtenir des actions téméraires. La frontière entre elles et des actes terroristes était fine. Il fallait donc bien garder un œil sur ce jeune homme.  

Et parmi ses acolytes, Nicéphore avait pu retrouver Mathilde de Clermont. La jeune femme était parmi eux et, si elle semblait acquiescer aux plus grandes envolées lyriques d’Octave, ne paraissait pas la plus frondeuse. Mais Nicéphore n’avait pas réussi l’approcher, concentré qu’il était à se faire accepter par Octave.  

Il avait aussi retrouvé la jeune Ida McKinley et son fiancé Jeremy, qui avaient rejoint le groupe au cours de la journée. Il s’était rendu compte de ce que l’inspecteur Bourdelle avait appelé un « comportement étrange ». Ils étaient étonnamment rigides, avec une étrange lueur dans le regard, et s’échangeaient parfois des paroles à demi-mots sans participer aux débats. Ils restaient en retrait et Nicéphore se convainquit qu’ils étaient là pour des raisons différentes des autres. Mais lesquelles ?  

Sa priorité restait néanmoins Mathilde. Quand il la regardait, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait été proche de Gabrielle, et il devait se retenir de ne pas aller la voir pour lui en parler.  

Mathilde, de son côté, avait remarqué les regards insistants de cet inconnu. Mais elle ne savait pas si elle devait se sentir mal à l’aise ou flattée, parce que ce regard n’avait rien d’inamical. Cet homme à la barbe touffue dégageait certainement une grande mélancolie et une certaine obscurité. Pourtant, il lui donnait envie de s’intéresser à lui plutôt que de le fuir.  

A la fin des discussions, la plupart des participants étaient restés dans le café pour boire un verre et échanger sur des sujets plus légers. Elle vint s’asseoir à la table de l’inconnu, auprès d’Octave. Les deux hommes échangeaient encore autour de la Ligue et Octave ressassait à nouveau les propos qu’il avait tenu toute la journée. Il s’était visiblement trouvé un auditeur totalement soumis à ses idéaux.  

« Nous pensons qu’un autre monde est possible, et que les pays tels que le nôtre nous en empêchent. Leurs bureaucraties, leurs despotismes économiques et leurs politiques de conquêtes dénigrent complètement les libertés des peuples. »  

Nicéphore tourna la tête vers la jeune femme.  

« Et vous Mademoiselle, qu’en pensez-vous ? »  

Mathilde fut surprise par sa question.  

« Moi ?… je… Je pense effectivement que les forces qui gouvernent les peuples sont animées par des ambitions qui ne correspondent pas à ce que veut l’ensemble.  

- Comme un père qui déciderait pour ses enfants sans les écouter, en quelque sorte ? »  

Elle ne sut pas comment interpréter son sourire en coin.  

« Oui… c’est une façon de voir les choses.  

- Mais une façon de voir les choses très réductrice ! », intervint Octave. « Les hommes qui… »  

Nicéphore saturait complètement d’entendre le jeune homme et il n’hésita pas à l’interrompre, maintenant qu’il pouvait s’adresser à la jeune femme.  

« Pensez-vous que ces enfants doivent pour autant tourner le dos à cette figure du père ? Le dialogue est-il rompu ?  

- Je… je ne sais pas, l’image est difficile à placer dans le contexte de notre pays…  

- Seriez-vous vraiment prête, Mademoiselle, à combattre votre propre famille pour lui montrer qu’elle a tort ?  

- … Je ne sais pas. »  

Cette discussion prenait une tournure qui déplaisait à Mathilde. Que cherchait-il à lui faire dire ? Ses arguments la troublaient. La connaissait-il ? Faisait-il allusion à sa propre histoire ?  

« Excusez-moi. »  

Elle se leva et s’éloigna pour récupérer sa capeline. Elle s’apprêtait à quitter le café quand l’inconnu la rattrapa et la saisit par le bras.  

« Mathilde, êtes-vous sûre d’être à votre place ? Ces hommes parlent de violences et sont prêts à bien des extrémités. Est-ce cela que vous voulez vraiment ?  

- Mais… Qui êtes-vous, bon sang ? Comment connaissez-vous mon nom ?  

- C’est votre sœur Justine qui m’envoie. Elle voudrait seulement…  

- Lâchez-moi.  

- Mathilde…  

- Lâchez-moi ! »  

Elle s’éloigna rapidement. Elle était choquée, elle ne s’attendait pas à entendre le nom de sa sœur. Et cet homme, au ton si énervant et moralisateur, venait de lui envoyer des questions qu’elle se posait elle-même ces derniers temps. Mais elle n’était pas encore prête à y faire face. Nicéphore quitta le café également et marchait derrière elle. Aussi, quand elle aperçut le couple d’Américains monter dans un fiacre, elle les rejoignit.  

« Pardonnez-moi, pouvez-vous me raccompagner ? »  

Ida regarda Jeremy de son regard froid. Il répondit à la jeune femme.  

« Je ne sais pas si nous allons dans la même direction.  

- Ce n’est pas important. Je vous en prie, ne me laissez pas seule ici.  

- … Bien, montez Mademoiselle. »  

Nicéphore regarda le fiacre s’éloigner en se demandant s’il devait vraiment forcer cette jeune femme à l’entendre. Peut-être était-il déjà allé trop loin, sans subtilité. Il rebroussa chemin. Il croisa à nouveau Octave, qui quittait le café à son tour. Il n’avait plus aucune envie de l’écouter, mais le jeune homme l’alpagua.  

« Monsieur… Nicéphore, c’est bien ça ? Il faut que vous reveniez demain. Je souhaiterais connaître votre opinion sur les colonies. »  

Il avait envie de gifler ce jeune imbécile. Il ne voyait rien de ce qui se tramait dans son propre groupe, ni ce que ses actes pouvaient avoir de conséquences. Et il n’en avait cure, à l’évidence.  

 

Mathilde était mal à l’aise, assise aux côtés des deux Américains. Elle se sentait de trop. Et leur compagnie, au fur et à mesure des jours, ne lui avait jamais été agréable. Ils étaient froids, distants, et leur visage semblait sans émotion. Pourtant, dans cette lueur étrange qu’elle avait déjà perçu dans leur regard, elle sentait du mouvement, du secret, et une personnalité décidée et brutale. Que voulaient vraiment ces gens ?  

Ils s’étaient largement éloignés de la place Pigalle, et Mathilde se disait justement qu’elle allait leur demander de la laisser descendre, quand l’Américain fit stopper le véhicule. Ils avaient rejoint un quartier luxueux et se trouvaient devant un bâtiment officiel. Mathilde lut l’écriteau aux lettres dorées : « Ambassade des Etats-Unis d’Amérique ». Le couple descendit du fiacre.  

« Nous avons quelque chose à faire ici. Mais si vous voulez nous attendre quelques minutes, nous pourrons vous ramener chez vous ensuite. »  

Elle les regarda rejoindre le perron de l’Ambassade et s’adresser au militaire qui faisait le pied de grue devant la grille. Puis la jeune femme se retourna vers Mathilde, la regarda d’un air pensif, et échangea une parole avec son compagnon. Elle rejoignit le fiacre.  

« Voulez-vous nous accompagner ? Il fera plus chaud à l’intérieur. »  

Mathilde les suivit donc dans le bâtiment, curieuse. Que pouvaient-ils faire dans un tel lieu à une heure si tardive ? L’Américaine l’éclaira.  

« Nous allons nous marier ici dans quelques jours. Nous devons juste veiller à un dernier préparatif. »  

Ils rejoignirent la salle de réception luxueuse. Jeremy s’approcha de la tribune où se tiendrait vraisemblablement le magistrat qui les marierait. Alors, il sortit de son manteau un objet que Mathilde distingua nettement : un assemblage de tubes pleins, reliés par des fils et un cadran à aiguilles. Une bombe de dynamite !  

« Mais que faites-vous ? »  

C’est Ida qui lui répondit.  

« Vous savez quel illustre personnage doit venir ici dans quelques jours ?  

- Le président ? Vous avez donc décidé de mener votre attentat contre le président McKinley ? »  

Alors que Jeremy insérait la bombe dans les pieds du pupitre, un militaire pénétra dans la pièce et les surprit.  

« Sir, what are you doing ? »  

Jeremy ne s’interrompit pas. Mathilde avait les sangs glacés, mais Ida ne semblait pas se préoccuper de cette intrusion. Le militaire s’approcha de Jeremy et le regarda faire.  

« For Christ sake, what is this ? Is this a bomb ? »  

Jeremy se redressa et se tourna vers lui. Brusquement, il agrippa le militaire au coup et le fixa d’un regard implacable. Mathilde vit ses yeux s’éclairer d’une intense lumière dorée, et un cri s’étrangla dans la gorge du militaire, dont le corps était prit de convulsions. Lorsque Jeremy relâcha son étreinte, le militaire s’écroula sur le sol, les yeux inertes et grands ouverts. Il était mort.  

Mathilde était terrorisée et reculait lentement.  

« Mon Dieu, mais qui êtes-vous ? »  

Ida s’avança vers elle et l’agrippa à son tour par le coup. Mathilde tenta de se libérer de son étreinte, mais la poigne de la jeune femme était d’une solidité désarmante. Pourtant, elle ne cherchait pas à l’étrangler. Ida jeta son regard dans le sien, et Mathilde fut saisie par son éclat doré, qui s’intensifiait.  

« Notre maître attend beaucoup de nous, Mademoiselle. Et vous allez nous aider. Vous avez compris ce qu’on attend de vous ? »  

Les oreilles de Mathilde bourdonnaient. Elle perdit conscience de ce qui l’entourait. Quand Ida relâcha son étreinte, elle s’entendit répondre d’une voix qui lui parut si lointaine :  

« Oui, j’ai compris ce qu’on attend de moi. »  

 

 

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Un film de Fano TOENGA TE POKI  

Sur un scénario original du Corbeau  

Et une idée originale inspirée par Gérard Cousin  

 

Avec  

Weston HATCHER - Nicéphore Arbogast  

Nora JACHOWICZ - Mathilde de Clermont  

Thor DEGAST - Octave Grabeau  

Suri PENDRAGON - Ida McKinley  

Chris HEATH - Jeremy Posen  

Shawn GREEN - l’inspecteur Théophraste Bourdelle  

Olivia FALLON - Euphrasie Arbogast  

Martha REN - Justine de Clermont  

 

Sur une musique de Jessica BERRY  

Scénario : (3 commentaires)
une superproduction de science-fiction (steampunk) de Fano Toenga Te Poki

Weston Hatcher

Nora Jachowicz

Thor Degast

Suri Pendragon
Avec la participation exceptionnelle de Chris Heath, Shawn Green, Martha Ren, Olivia Fallon
Musique par Jessica Berry
Sorti le 23 novembre 2035 (Semaine 1612)
Entrées : 28 498 269
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